[size=x-large]Visite du domaine Gallety, 15 novembre 2008[/size]
Le Cercle Rhône Vallée a donc repris le chemin des vignobles et des caves, ceux du Domaine Gallety cette fois-ci. Rendez vous en Ardèche, à St Montant, près de Pierrelatte.
C’est David-Alexandre, le fils, qui nous accueille en cette belle journée ventée de novembre. On se sent tout de suite à l’aise et prêt à passer une belle journée.
David Alexandre, le fils Gallety
Le Domaine Gallety existe depuis 1974 avec l’achat des vignes et de la maison par le grand-père Gallety. A l’époque, les raisins étaient menés à la coopérative et la cave n’existait pas. Avec l’achat des vignes, Alain Gallety commence tout de suite à vinifier, en apprenant sur le tas (ses voisins de l’époque lui mettant plutôt des battons dans les roues !).
En 1978 sort le premier millésime du Domaine.
Aujourd’hui, David Alexandre, 23 ans, a rejoins son père (43 ans). A eux deux, ils s’occupent aujourd’hui de tout, aidés par la famille.
Le Domaine est en appellation Côtes du Vivarais, peu connue, d’environ 750ha répartis sur une zone assez vaste et hétérogène (15 communes, 9 en Ardèche et 5 dans le Gard, avec 3 crus (Aven l’Orgnac, Saint Montant, Saint Rémèze), pour une production d’environ 30000hl dont 85% est assurée par les structures coopératives (rendement de base de 52hl/ha). La création de l’Appellation date du 23 septembre 1999, et l’on y trouve 70% de vins rouges (grenache, syrah, carignan et cinsault), 26% de vins rosés, et 4% de vins blancs (grenache, clairette, marsanne).
Quelques photos des membres de la bande du CRV ! Il en manque certes ! Mais que faisaient les paparazzi !!
Fredo et le Mistral !
Un coin surement plus abrité !
Notre Gerardmansoif national !
Patrice !
Patrice, le voisin ardéchois
Nicolas !
Phillipe, le nouveau !
El Pepito !
[size=large]Le Domaine et son vignoble, une aventure de père en fils :[/size]
Le Domaine Gallety comporte aujourd’hui entre 12 et 15ha. En effet, certaines parcelles sont laissées au repos en vue d’être replantées prochainement, selon une stratégie de rénovation du vignoble savamment réfléchie.
Les rendements oscillent entre 15 et 25hl/ha, pour une production moyenne de 60000 bouteilles.
Les vignes sont d’un seul tenant, autour de la cave, exposées plein sud, sur de très beaux coteaux.
La visite commence bien entendu par une ballade dans les vignes, et nous arpentons gaiement la colline entre les parcelles et les bois, observant au passage les traces de sangliers (véritable plaie pour la récolte, pose de clôtures électrifiées obligatoire), et la fuite d’un beau lièvre.
Les Syrah sur les parties hautes de la collines.
Le Domaine est exclusivement composé de grenache et de syrah. Une parcelle de blanc, au cépage mystérieux, existe aujourd’hui et commence juste à entrer en production (une nouvelle aventure !).
Sur le haut des coteaux (environ 150m d’altitude), l’argile très majoritaire se prête parfaitement à la culture de la Syrah (taillée en cordon de Royat), sur le bas, une terre rouge et assez caillouteuse est réservée au Grenache (cordon de Royat et gobelet). Les densités de plantation varient entre 4500 et 5000 pieds/ha.
Malgré une belle insistance de notre part, l’identité du porte-greffe restera secrète….
Le matériel végétal est d’origine clonale.
Les grenaches en partie basse.
Le Domaine est en agriculture biologique depuis 1979, aujourd’hui certifié par Qualité-France. Le sol est donc travaillé mécaniquement, avec côtes de melon et interceps (Eggretier). Les traitements sont basés sur l’utilisation de soufre (poudrage et soluble) et de bouillie bordelaise (Cu). Les principales pressions cryptogamiques sont le mildiou sur Grenache et l’oïdium sur Syrah. Pressions très fortes en 2008 et qui ont entraînées la perte de 65% de la récolte !
[size=large]Une particularité intéressante du Domaine :[/size]
Le Domaine est aujourd’hui géré par Alain et David-Alexandre, qui à eux deux assurent quasiment tout le fonctionnement, aidés par la famille pour les moments forts (notamment le tri, importantissime pour le grand-père !). Pour les vendanges, en caissettes, le domaine fait appel à quelques saisonniers.
Ils sont donc deux à gérer 15ha, en plus du côté administratif et commercial. Cela explique aussi qu’il leur est impossible de mener les vignes selon les règles de la biodynamie, mode de culture pourtant intéressant à leurs yeux.
Il faut aussi noter que le père et le fils réfléchissent ensemble et prennent les décisions en commun. Depuis le début, père et fils travaillent en autodidactes, apprenant au contact des autres vignerons, mais aussi en fonction de leur inspiration et de leurs sensations.
Un cahier retrace d’ailleurs chaque année de cette aventure, et les données sont chaque année confrontées à une verticale des vins, afin de mieux les comprendre, et de perfectionner encore un peu plus l’approche viti-vinicole. Ce n’est en effet que le début de l’aventure au Domaine Gallety, avec déjà de très belles réussites comme nous l’indiquera la dégustation !
[size=large]La cave et la vinification:[/size]
La cave est semi-enterrée, afin d’utiliser au mieux l’isolation thermique et la gravité. Les cuves sont de marque Burgaud, en béton revêtues, de capacité de 70hl.
La vendange est encuvée par gravité après un égrappage partiel (celui-ci n’est jamais total, mais varie en fonction des années). Un léger sulfitage à 4g/hl est ensuite pratiqué. Ensuite, le vin ne verra plus de SO2 (thème très intéressant et que nous n’avons malheureusement pas assez développé). Les raisins sont vinifiés cépage par cépage, et parcelle par parcelle, pour laisser à la fin une plus grande latitude d’assemblage.
La fermentation alcoolique est assurée par les levures indigènes, après une étape de macération pré-fermentaire à froid (méthode permettant de renforcer le fruité). Pendant la phase fermentaire, la vendange subit un remontage et un pigeage quotidien. Les cuvaisons varient entre 20 jours et un mois pour la cuvée Domaine Gallety, et entre 1 mois et 1,5 mois pour la cuvée Syrare.
Les fermentations malo-lactiques sont faites en cuves, avant l’entonnage. L’élevage des différentes cuvées durera 2 ans.
Le domaine est équipé de sa propre ligne de mise en bouteilles, permettant une complète autonomie. Il est à noter que les mises pour chaque cuvée et par millésime sont uniques.
Les cuvées du domaine sont les suivantes :
Cuvée Domaine Gallety : assemblage syrah-grenache.
Cuvée Syrare : 100% syrah.
Cuvée Ligure : assemblage syrah-grenache.
A noter, l’existence d’une cuvée Emma en magnum uniquement pour les millésimes 2003-2004-2005.
[size=large]La dégustation, le repas et la Syrah dans tous ses états :[/size]
Après la visite du vignoble et de la cave, nous passons donc à la dégustation.
Des vins du Domaine Gallety tout d’abord. Des vins où le maître mot est la recherche de la finesse et d’une belle longueur, à l’image des Bourgognes, ou des vins de la Vallée du Rhône, principales sources d’inspiration des Gallety.
Domaine Gallety 2002 (50% grenache, 50% syrah) :
Belle couleur pas très prononcée et assez peu évoluée, même si un peu trouble. Nez épicé, de sous-bois, de garrigue. Belle attaque tout en rondeur, suite un peu courte. Manque un peu de matière, tanins discrets mais soyeux, finale assez courte, classique du millésime.
Domaine Gallety 2005 :
Belle couleur pas très profonde. Nez fermé, légèrement sur la réduction. En bouche, belle attaque, belle fraîcheur, belle structure, tout en finesse. Tanins plus serrés. Légère amertume en finale (élevage, rafle ?).
Très beau vin. Un grand vin à attendre.
Domaine Gallety 2001 :
Belle couleur assez peu évoluée. Nez fumé, légèrement animal, de romarin, garrigue, laurier. Belle structure, belle matière, belle fraîcheur, tanins serrés, très bel équilibre et très belle finesse.
Grand vin, au potentiel de garde encore important. Très belle réussite.
Cuvée Emma, 2005 (60% grenache, 40% syrah) :
Couleur plus profonde. Nez plus rustique sur la réglisse, les fruits noirs, assez intense. Belle fraîcheur. En bouche, belle structure, vin assez chaleureux, avec peut être un manque de fraîcheur en bouche. Présence d’alcool. Malgré tout une très belle finesse.
Nous passons ensuite à la cuvée Syrare, 100% syrah comme son nom l’indique. Cuvée qui existe depuis 1999 après 7 à 8 années de tâtonnements et recherches, issue d’une parcelle isolée de 82 ares.
Syrare 2000 :
Couleur moyenne. Nez fumé, rappelant l’encre, l’herbe coupée, cuir et animal. Pointe d’acétate. Vin tendu, assez fermé, assez monolithique sur une grosse structure tannique. Légère amertume en finale qui laisse échapper un peu de fruit.
A attendre !
Syrare 2003 :
Belle couleur, nez très expressif, profond, sur les fruits rouges, avec des pointes de noix de coco, garrigue, huiles essentielles, notes compotées.
En bouche, belle fraîcheur, belle matière. Arômes de pruneaux, de réglisse, de chocolat. Encore sur l’élevage, manque un peu de finesse, tanins plus secs.
Ligure 2004 (100% grenache) :
Belle couleur profonde. Nez assez évolué (pointe d’acétate et de volatile), pruneau, cacao, café, avec un côté crémeux. Belle souplesse en attaque, puis vin marqué par l’élevage (café et chocolat ressortent, peut être la chauffe des fûts ?), et une légère sécheresse. Vin s’ouvrant ensuite après l’avoir recraché (ou bu !!). Grosse trame tannique.
Vin ayant eu de mal à s’ouvrir, mais qui finalement offre une belle finesse et une belle élégance.
Une fois la dégustation des vins du domaine effectuée, nous passons à table !
Pour un véritable régal ! Grand merci à la famille Gallety pour ce superbe accueil !
Au menu, grives puis sanglier ! Un régal !
Pour accompagner tout cela, nous avions décidé de choisir le cépage Syrah comme thème. La Syrah dans tous ces états comme nous allons le voir !
Domaine Gramenon, Sierra du Sud, 2007 :
Couleur profonde, nez confituré, fruité, assez fermé.
Bouche très « nature », très « raisin », avec une belle structure, mais aussi une belle fraîcheur. Vin de soif très agréable.
Tandem 2006 (Alain Graillot, Maroc, Ouleb Thaleb) :
Vin assez particulier, déroutant, mais néanmoins agréable. on sent une jolie syrah, mais au caractère plus gourmand et épicé. Jolie bouche, assez juteuse, très mûre mais sans tomber dans la mollesse. Joli vin.
Syrah du Valais 2006 :
Nef vif, frais, de bonbon anglais. Bouche très douce, avec une sensation de sucrosité résiduelle. Déroutant.
Domaine du Trapadis, Rasteau, cuvée Harys, 2005 :
Belle couleur profonde. Assez fermé. En bouche, souple et frais, avec une très belle fraîcheur, belle acidité, tout en finesse. Belle structure, encore jeune, à garder.
Domaine Allemand cuvée Chaillots, Cornas, 2005 :
Belle couleur, nez très expressif, frais et fin. Belle complexité. Très belle fraîcheur, souple, sur la finesse, avec une belle longueur sur les épices. Superbe vin !
Hervé Souhaut, Arlebosc, VDP de l’Ardèche, 2004 :
Problème, dommage !
Vina Errazuriz, Max Reserva Schiraz 2004, Chili :
Couleur très profonde. Nez presque acidulé, confit, très mûr, sur les fruits noirs (mure, cassis, notes de poivron vert, assez caractéristique du Chili). En bouche, belle fraîcheur et belle structure, même si le bois ressort un peu. Un vin typé nouveau monde, sans être caricatural.
Laurent Tardieu, Côte Rotie, 2004 :
Nez expressif, un peu végétal et grillé (l’élevage ressort nettement). Bouche souple mais massive. Un peu court, assez (trop ?) boisé.
Jasper Hill, Schiraz, 2001, Australie :
Nez assez discrêt, mentholé, eucalyptus. En bouche on retrouve le côté mentholé. Vin assez monocorde, sans grande complexité.
Domaine Colombier, Hermitage, 2000 :
Superbe couleur profonde. Au nez, encre et eucalyptus. En bouche, très belle souplesse et belle fraîcheur. La finesse des tanins, bien intégrés, est superbe.
Très beau vin.
Domaine Peyre Rose, Sierra Leone, 1998 (LA star !) :
Belle couleur, peu évoluée.
Nez sur la finesse, assez expressif. Belle fraîcheur, notes de réglisse, de chocolat, de mure, un peu sanguin. Bouche vive, très puissante, un côté confituré, gras, ressort ; l'alcool est assez présent.
A noter surtout, une évolution très peu marquée pour un vin de 10 ans !
Enfin, pour finir, sur des chocolats et pâtes de coing, nous dégustons la première tentative de blanc du Domaine Gallety, liquoreux cette fois-ci. Vin qui restera mystérieux, le maître des lieux ne voulant pas trop nous en dire, notamment quant au cépage (pourtant les propositions ont fusées !). Après une longue tradition de vins rouges, le domaine s’essaye donc au vin blanc, élevé en barrique.
Domaine Gallety, blanc, 2007 :
Tiré sur fût depuis la veille.
Belle couleur jaune orangée.
Nez très fin (abricot notamment). Superbe équilibre en bouche, avec une sucrosité parfaite. Arômes d’agrumes. Très belle longueur.
Une belle première, qui ne pourra que s’améliorer !
Nous finissons notre visite en discutant de tout et de rien, profitant du moment présent.
Très belle visite d’un domaine en pleine ascension. Des vins de grande qualité, et une approche très intéressante.
Notre dégustation nous a ensuite permis d’avoir un bel aperçu du cépage syrah à travers les appellations et à travers le monde. De très belles bouteilles, pour une superbe journée.
Nous tenons à remercier encore une fois au Domaine Gallety pour son merveilleux accueil, et ce superbe repas ! Mille mercis !
Et vive l’Ardèche, le Grenache et la Syrah !
Pablo et la bande pour les corrections et ajouts ! Merci à tous !