Je serais très étonné que quelqu’un connaisse, Paul Mercier ne vend qu’au caveau à Courthézon. C’est un vieux gaulois bourru, qui travaille comme il aime. Propriétaire de ses vignes depuis longtemps, il n’a que faire de rater un millésime.
Ses vignes justement, en quasi totalité grenache avec des pieds de 80 ans. Il vendange « quand c’est mur » et se contente de « laisser faire la nature ». Chez lui la fermentation alcoolique dure parfois jusqu’au printemps et sur certains millésimes ils flirtent avec les 16°. Ses fûts ont vu passer beaucoup de millésimes mais font encore leur office.
Malgré la confidentialité de ce vin, vous avez peut-être déjà bu du Paul Mercier, probablement dans un Châteauneuf du Pape Guigal. En effet, l’essentiel de sa production part au négoce mais je prélève annuellement mes quelques bouteilles de rouge et de blanc.
Voilà donc mon
du
Châteauneuf du Pape rouge de Paul Mercier, millésime 2000 :
Bouteille à 15°C en sortie de cave, ouverture immédiate.
Une explosion d’arômes dès la sortie du bouchon, le cassis domine.
Dans le verre la robe est grenat, indiquant une bonne maturité, et très légère, on croirait du pinot noir ! Les larmes épaisses et lentes témoignent néanmoins de la richesse de ce vin (15° !)
Le nez extrêmement puissant a beaucoup d’ampleur et est dominé par le fuit et le cuir : On croirait des Cassis, pruneaux et mirabelles très mures écrasés sur les murs d’un étage de Direction Générale !
En bouche on est un peu désarçonné, une attaque très vive avec une acidité franche, des tanins très présents mais moyennement astringents et un alcool qui dégage une grande bouffée de chaleur tout cela manque d’équilibre mais la finale est persistante. Un vin qui fait l’effet d’un coup de poing !
Une heure après, en mangeant un onglet de blonde d’Aquitaine cuit au beurre brun avec une purée de Bintje, c’est une autre histoire. L’équilibre est là, les tannins sont fondants, l’acidité n’est plus un problème, elle est juste dosée pour conserver une attaque franche et une fraicheur en fin de bouche. Coté arômes, une étonnante impression de fruit exotique ressort, un peu comme de l’ananas trop mur.
C’est tout pour ce soir. Un p’tit coup de Private Preserve et on verra ce que ça donne demain...
Thomas