Julien nous a effectivement sorti de sa botte secrète quelques bouteilles exceptionnelles, parmi les plus réputées d'Italie, pour une dégustation de très haut niveau, la plus relevée en ce qui me concerne pour ce pays que je connais malheureusement encore très mal.
La liste des vins est connue.
Les blancs sont dégustés bouteilles découvertes, non carafés, les rouges sont dégustés à l’aveugle après un passage en carafe.
Nous dégustons les vins par série de deux, d’abord seuls, puis accompagnés d’un plat.
La soirée commence par la dégustation d’un mousseux accompagné d’un ravioli aux truffes.
Bruno Giacosa – Spumante Extra Brut 2000 - ***
Elaboré à partir de pinot noir exclusivement, il présente une robe jaune paille avec des bulles d’une belle finesse. Au nez, il délivre des notes de pommes, de fruits rouges et de sous-bois. Il se montre très vineux en bouche, ample, mais manque malheureusement un peu d’acidité. La finale est de longueur moyenne.
LES BLANCS
Les deux premiers vins sont présentés sur un roulé de saumon aux légumes de saison, sauce aux herbes.
Coffele – Ca’Visco – Soave Classico DOC 2004 - ***(*)
Issu du cépage garganega, il se présente sous une belle robe jaune paille. Le nez est fruité, sur l’ananas et le pamplemousse, sans boisé perceptible, avec quelques notes d’anis. En bouche, l’attaque est franche, puis le vin gagne en gras et en volume tout en restant bien équilibré. La finale est d’une longueur correcte. J’ai bien aimé.
Bruno Giacosa – Roero Arneis DOC 2004 - ***(*)
La robe est semblable au précédent. Au nez, on a également l’impression d’un air de famille alors que tant la région (ici le Piémont) que le cépage (arneis) sont différents. Celui-ci semble cependant un pu plus flatteur, avec un fruité un peu plus exotique et un côté floral plus net.
En bouche, il se montre gras, ample, avec peut-être un léger déficit en acidité qui semble provoquer un petit creux en milieu de bouche, mais la longueur est par contre d’un bon niveau. Même si j’aurais préféré un peu plus de peps, ce vin offre tout de même beaucoup de plaisir.
La série suivante accompagnera une petite assiette de pleurotes au vinaigre de Xérès, poireaux et carottes, suivie de fusilli à la Toscane.
Livio Felluga – Terre alte – Colli Orientali del Friuli DOC 1999 - ****(*)
La robe est d’un beau jaune or pâle. Le nez, au départ sur la réserve, présente des notes de fruits secs, d’écorce d’agrumes, de fleurs, avec une petite touche vanillée et beurrée. La bouche est remarquable d’équilibre, avec une attaque fraîche, que le gras tentera de dompter, mais sans y parvenir, avec un retour magistral de l’acidité dans la très longue finale. Un superbe vin, qui a encore de beaux et longs jours devant lui. Mon préféré de la série des blancs, et de loin !
Antinori – Castella della Sala – Cervaro della Sala – IGT Umbria 2001 - ****
La robe est plus intense et plus dorée que celle du précédent. Le nez, flatteur, est marqué par le bois, la vanille et les épices, accompagnés de notes exotiques, de pêche, d’agrumes et de fleurs blanches. L’attaque en bouche est précise, le corps est volumineux et gras, mais la finale semble, par rapport au précédent, un peu molle et moins longue. A ce stade, il se montre cependant très agréable à boire, mais ne gagnera à mon sens rien à vieillir.
LES ROUGES
La première série accompagne un gratin montagnard au speck du Tyrol
La Carraia – Fobiano – IGT Ombrie 1998 - ****
Il s’agit d’un assemblage de merlot (70 %) et de cabernet franc (30 %). La robe est de belle profondeur avec des reflets rubis. Le nez est sanguin, avec des notes de fruits noirs, de poivrons bien mûrs et de torréfaction, dans un style qui évoque irrésistiblement le Bordelais (avec la maturité en plus…
). La bouche fait montre d’une très belle fraîcheur, avec un style tout en finesse, un équilibre superbe et une belle longueur. Elle commence bien cette série de rouges !
Argiolas – Turriga – IGT Isola dei Nuraghi 1998 - ****(*)
Assemblage de sangiovese, canonau, carignano et bovale sardo, ce magnifique vin sarde présente une robe intense aux reflets grenats. Le nez est complexe et mûr, sur les fruits noirs, le café, le chocolat, le cuir, la réglisse et l’écorce d’orange. La bouche est ample, puissante, tout en restant remarquablement équilibrée et longue. J’adore !
Comme on a une petite faim, la maîtresse de maison nous sert un Chateaubriand, tagliatelles au pesto rosso, roquette et pignons de pin. Même pas bon…
Antinori – Tignanello – IGT Tosane 1998 - ****(*)
Un super Toscan qui ne sacrifie pas à la mode bordelaise, puisqu’il contient 80 % de sangiovese, complété par 15 % de cabernet sauvignon et 5 % de cabernet franc. La robe est d’intensité moyenne, avec des reflets rubis tirant sur le grenat. Le nez est sauvage, torréfié, épicé, avec des notes de fruits noirs très mûrs. Après une belle attaque toute en fraîcheur, le vin se montre d’une grande finesse, remarquablement équilibré, avec des tannins encore bien présents mais d’une texture suave. Très belle longueur. Superbe !
Antinori – Soliaia – IGT Toscana 1998 - ****
Le sangiovese se fait ici discret (20%) et laisse la part belle au cabernet sauvignon (75%), complété d’un peu de cabernet franc (5%).
La robe est intense aux reflets rubis. Le nez, moins sauvage, peut-être un peu plus flatteur pour les dégustateurs habitués aux vins de Bordeaux, est marqué par le poivron très mûr, le cassis, avec des notes de fumée, de bois de santal et de réglisse. Attaque en bouche franche, de la finesse, du volume, une finale marquée par des tannins encore imposants, qui me semblent à la limite de la sécheresse. Très belle longueur. Peut-être, sans doute même, cueilli un peu jeune, je lui préfère à ce stade son compagnon d’écurie.
Un petit plateau de fromages italiens accompagnera la série suivante
Tenuta San Guido – Sassicaia – Bolgheri DOC 2000 - *****
La robe est d’intensité moyenne, aux reflets rubis. Le nez est magnifique de complexité, évoluant sans cesse et délivrant des notes lactées, fumées, légèrement animales, avec des fruits secs, des fruits noirs, de l’écorce d’orange et un boisé sur la noix de coco qui a le bon ton de rester en retrait. La bouche est grandiose, toute en finesse, fraîche, remarquablement équilibrée et longue, en un mot parfaite. Quand je pense que j’avais déjà dégusté ce vin il y a deux et que j’étais passé complètement à côté… Un grand vin dans toute son évidence.
Antinori – Ornelaia – Bolgheri DOC 1998 - ****(*)
La robe est intense aux reflets rubis. Le nez est très marqué par le poivron rouge, assez peu complexe à ce stade, avec néanmoins quelques notes de fruits noirs et de sous-bois. Après une attaque souple, le vin se montre d’une puissance phénoménale, écrasant tout sur son passage, sauf le souvenir de la grande finesse de son concurrent direct…
Mais il ne faut pas faire la fine bouche, Ornelaia est un vin remarquable qui parvient, malgré sa puissance, à conserver un grand équilibre et est doté d’une longueur qui n’a rien à envier à quiconque.
Nous aurons encore droit au dessert, à un Barolo dont j’ai oublié le nom et qui a eu du mal à montrer qu’il existait après une telle série, et à un très beau Raï 2001 de Murfatlar, liquoreux roumain au rapport qualité-prix exemplaire, dont Julien serait bien inspiré de me trouver 6 bouteilles rapidement sous peine de représailles sanglantes…
Au final, une magnifique soirée concoctée par un amoureux de l’Italie et de ses vins. Au vu de ce qu’on a pu boire, comme je le comprends !
Luc