fortissimo écrivait:
> " tu nous expliqueras pourquoi une syrah à
> Meursault ne pourrait être un vin de terroir "
>
> Alors là j'avoue que je ne sais pas quoi répondre.
> C'est comme expliquer pourquoi le ciel est bleu.
> Donc pour toi, une syrah de meursault peut être un
> vin de terroir ?
Oui, seulement si c'était autorisé et si c'était la norme historique à Meursault.
@ Michel : le droit positif, c'est l'ensemble des normes applicables dans notre ordre juridique, donc j'aurais pu écrire "droit français" à la place.
Bon, ok pour les 56 pages. On y lit quand même (page 42,
lapassionduvin.com/p...) ces propos d'un "Utilisateur anonyme" :
"Des travaux réalisés par l'INRA et l'INAO ont abouti à cette définition complexe du terroir. C'est celle qui est OFFICIELLEMENT reprise par l'OIV :
Le terroir est un espace géographique délimité dans lequel une communauté
humaine construit, au cours de son histoire, un savoir collectif de production fondé sur un
système d’interactions entre un milieu physique et biologique, et un ensemble de facteurs
humains.
Les itinéraires techniques ainsi mis en jeu révèlent une originalité et aboutissent à une
réputation pour un bien originaire de cet espace géographique."
L'OIV, c'est quand même une institution internationale, dont la France est membre et à l'origine de la définition de terroir telle que l'entend l'OIV.
Je ne confonds pas AOC et terroir - mais les 2 notions se recoupent partiellement. Le Code de la consommation donne une définition de l'AOC (art. L 115-1) : "Constitue une appellation d'origine la dénomination d'un pays, d'une région ou d'une localité servant à désigner un produit qui en est originaire et dont la qualité ou les caractères sont dus au
milieu géographique, comprenant des facteurs naturels et des facteurs humains."
Un terroir ne se réduit pas à un territoire, il y a bien la réalité du sol et du climat, mais ce sont aussi des usages de production qui résultent eux de la création humaine. Ce dernier point est incontournable et là on revient à la notion de savoir-faire.
D'autre part, concernant le cas précis des cépages, l'article L 641-5 du Code rural ajoute des exigences à propos de l'AOC, selon lesquelles elle doit bénéficier d'une notoriété, et faire l'objet de procédures de contrôle et d'habilitation, d'un contrôle des produits et des conditions de production, enfin d'un décret reconnaissant l'appellation. Les cahiers des charges des appellations prévoyaient jusqu'à une date récente les cépages qui devait être obligatoirement utilisés. Maintenant le choix est libre, certes, mais l'histoire fait que chaque région a sélectionné ses cépages phares. Et le choix des cépages fait partie des "facteurs humains", terminologie que l'on retrouve à la fois dans la définition de l'OIV du terroir et dans la définition de l'AOC qui ne peut pas ignorer ce qu'est le terroir dont elle est justement le premier instrument de reconnaissance (et donc de protection) par le droit.
On peut par exemple dire que Haut-Brion est le reflet de son terroir avec un encépagement 55% Cabernet-Sauvignon, 25% Merlot et 20% Cabernet-Franc dans la mesure où ce sont les 3 cépages principaux du Bordelais, et le Cabernet-Sauvignon et le Merlot les 2 principaux de l'AOC Pessac-Léognan. Si demain Haut-Brion s'amuse à faire un vin 60% Malbec, 25% Gamay et 15% Pinot Noir, alors ce vin ne sera plus représentatif de son terroir car ne correspondant plus à l'histoire et au savoir collectif propres à son espace géographique. Les vins issus d'un même terroir ont une ressemblance globale (qui permet d'en identifier l'origine géographique, au niveau d'une région ou plus précisément d'une AOC et, encore plus loin, d'une propriété) : l'encépagement, le rendement, la densité de plantation, les soins viticoles, la vinification, l'élevage... et le type de sol (chaque parcelle a sa propre composition) différencieront les vins issus d'un même terroir. Et comme le sol entre effectivement en compte dans cette notion de terroir, si Haut-Brion intègre 100 hectares d'un autre type de sol typique de Bordeaux, et que cela modifie ses qualités, le vin en sera affecté (en bien ou en mal), mais pas le terroir. Pour moi, il me parait logique qu'un vin de terroir est typique de son appellation (d'où mon affirmation que ces 2 notions se recoupent en partie). Pour revenir au sujet, cela n'a par contre rien à voir avec le goût car si les cépages ont un effet direct sur le goût, on peut certainement, dans n'importe quelle région, faire de bonnes choses avec certains cépages qu'on n'utilisait pas avant. Rien ne dit qu'un Haut-Brion produit avec l'encépagement a priori fantaisiste que je rapporte ci-dessus ne serait pas excellent, dans un autre style, non représentatif de son terroir.