tout ça pour un Mâcon Viré Clessé ?

le seul Thevenet mythique que je connais, c'est un coureur cycliste. Pas né en 47, mais 48, mince !

Superbement dit et tellement vrai.

Jmm

absolument d'accord avec Oliv sur le fait que les rencontres avec des grands vins, c'est rare, très rare et que nous avons sans doute la capacité à dégainer ce vocable un peu vite, exaltés que nous sommes, passionnés.
et d'accord également que cette notion de mythe renvoie à la statistique, c'est bien moins romantique. (le premier qui fait un jeu de mot avec Rome Antique, ....)

Finalement le mythe s'il y a mythe serait la croyance en un vin capable de dépasser le meilleur de nos meilleurs souvenirs sans avoir la certitude de la rencontre. Dès le moment où elle a lieu, si elle a lieu, ce mythe disparaît et laisse place à un autre après avoir eu une influence terrible sur le dégustateur : pousser l'exigence un peu plus haut. Entre temps, l'émotion aura été au rendez-vous et qu'on la qualifie ou caractérise comme l'on veut, c'est bel et bien cette émotion que l'on recherche tous et qui peut expliquer bien de choses irrationnelles dans le monde du vin.

Jmm

Encore une accusation gratuite sur un "ego en quête de sa propre mythologie" ce qui est du grand n'importe quoi.

Bon les vins de légende, il ne faut pas en parler, sauf si c'est oliv qui les boit à la Villa d'Este....

Ah, si je savais qu'Oliv' allait faire presque mon hagiographie sur LPV... heu...:><

Allons au fond avant de passer à autre chose. La vérité, ma vérité est que la révolution intérieure que tu évoques, Oliv’ m'est tombé dessus, il y'a un peu plus de 30 ans, à la faveur du second mouvement de Daphnis et Chloé de Ravel ; un moment d'exception qui a duré une dizaine de jours, actualisation d'une potentialité dont chacun d'entre nous est porteur, qui a sérieusement révisé mes certitudes sur ma propre identité et la prétendue objectivité de ce qui nous entoure.

Si cette révélation ne consumait pas tous les avant et les après, je dirais effectivement qu’il y’a eu un avant et un après cela. La Chute pour moi, n'est pas un mythe, je peux en témoigner avec une précision d'orfèvre, j'en suis là aujourd'hui. Pareil pour l'unité fondamentale de ce que nous sommes, que l'on ne peut atteindre que par la révélation instantanée, sous forme d'une aperception, que rien ne nous en sépare et sur laquelle je peux apporter un témoignage de première main.

On ne peut atteindre le vrai que par le faux. L’être humain est une vague assoiffée ; ce que l’on cherche n’est pas devant nous, mais derrière nous, anime notre recherche. La seule vraie rencontre est avec soi même ; tout ce qui semble nous entourer, dont le vin figure privilégiée de l’altérité, porte la potentialité de nous révéler à nous même ; tout ce qui nous émeut profondément dans le vin, est un reflet de cette valeur qui nous fonde ; c’est une expérience qui ne peut pas s’expérimenter, se penser, c’est elle qui vous saisit, mais elle...c’est vous ; elle ne prétend rien, ne s’oppose à rien, car elle est sa propre cause, coiffe une chose et son contraire, le plus et le moins, le haut et le bas, mais comment faire passer çà, sans passer pour un allumé ou pire un exalté. Les humains sont persuadés qu'ils ont inventé les mythes sans se douter qu'ils font partie d'un mythe plus vaste qu'eux même, c'est de ce dernier dont je parle.

Pourquoi je raconte tout çà, de surcroit ici ? Je ne sais pas, pour en témoigner, les vrais grands vins, loin de se limiter aux icones, reflètent cette évidence.

Merci Oliv', non seulement tu aimes les gens, mais je crois sincèrement que tu es un mec bien.

Daniel

Le vin, c'est la vie, l'émotion, mais le mythe... même les Grecs, nos Anciens ne croyaient pas en leurs mythes comme nous l'interprétons aujourd'hui cf. les études de Paul Veyne, par exemple). Ces mythes avaient valeur de phares, d'exemples à suivre, à valeur éducative, rien de plus. Ce serait cela pour ma part, un vin "mythique", si tant est que cela ait un sens : celui à l'aune duquel tous les autres se compareraient et se jaugeraient, voire plus prosaïquement, celui qui éduque et façonne, à un instant donné, la passion pour cet objet étrange qu'est le vin. L'un de ceux que je pourrai classer dans cette catégorie est le vin irréel, que j'ai croisé jeune étudiant, un Saint-Estèphe anonyme, qui m'a marqué physiquement, apportant un plaisir, une jouissance immédiate qui reste encore gravé en mémoire, plus de vingt ans après.

Cordialement,
Phil

[size=x-small]PS : la version initiale était fort inutile. Je me suis autocensuré.[/size]

Daniel, Phil, puisque l'on parle maintenant des vrais mythes, ceux qui sont constitutifs : je susi d'accord avec Daniel sur le fait qu'ils sont inhérents à la nature humaine, autant que les connexions d'ADN. ILs sont en nous : du reste les retrouve-t-on presque à l'identique d'une culture à une autre sans lien géographique possible : du serpent à plume jusqu'à Orphée, ils ont bien une valeur révélatrice de ce qui nous constitue, jusque dans notre inconscient.

Et je maintiens pour faire un parallèle avec le vin que notre conception du grand vin nous appartient et que justement nous connaissons ces si belles émotions, ces si beaux frissons quand il y a une sorte de concordance, ou un lien partiel entre ce que nous buvons et ce que nous rêvons. C'est sans doute ce qu'a voulu exprimer Daniel en parlant de vin mythique et dans ce sens là, nous pouvons sans doute accepter ce terme.

Désolé, Blackmania, encore une fois et tous ceux qui pensent que le vin est trop intellectualisé, mais à mon avis ne pas vouloir regarder en profondeur ce qui sous-tend notre passion est une voie que je respecte, même si je pense que d'une façon ou d'une autre personne n'échappe à ces fondements.

Exact. Et, de façon plus terre-à-terre, pour montrer la relativité des choses et qu'on est bien dans la mythologie personnelle, voici le genre de commentaire plutôt laconique qu'on peut trouver sur Internet à propos de ce Clessé EJT 2005 : Très sympa! Qques ressemblance avec le vin jaune. Avouez qu'on est loin de la sensation quasi orgasmique (psychologiquement s'entend, quoique) décrite avec émotion par Daniel. Concernant le 2004, voici ce qu'on peut lire, le dégustateur allant jusqu'à envisager la possibilité d'une bouteille défectueuse : Nez confit, notes de coing et de fleurs fanées. La matière devait être présente mais hélas le vin est fade, fatigué et sans intérêt. Vin en fin de vie, quelle déception.. Le genre de contretemps à vous faire tomber les mythes en lambeaux !
Il arrive parfois que le fantasme rencontre la réalité et qu'on se sente en phase avec le monde d'une façon inédite, toute empreinte d'une harmonieuse acuité qui ouvre sous vos yeux ébahis des horizons insoupçonnés. Attendez, j'essuie une petite larme au coin de mon œil humidifié par l'émotion (je parle de la beauté de ma phrase, hein. Le reste, je m'en tape). Je rappelle dans la foulée que le schmilblick... pardon, le mythe est une fable, qui trahit notre ardent désir de croire en des choses qui nous dépassent, sans doute dans l'idée qu'il est possible de se dépasser soi-même pour échapper à sa condition (ou alors, suivez mon regard, dans le secret espoir qu'à force de boire du mythe on finira par en devenir un soi-même).

Hannibal merci. Enfin.

Alors quoi Hannibal, le mythe serait donc relatif ?

le seul Thevenet mythique que je connais, c'est un coureur cycliste

Si Thevenet est à 100/100 alors Merckx vaut 300/100... sans plagier qui que ce soit...
J' ai failli mettre 500 mais on m'aurait traité de chauvin...
Et si c'est pas assez avec un seul, je peux aussi vous faire toute une liste!

jlj

Les différentes interventions de ce fil en général, le dernier post d’Hannibal et les applaudissements d’Enzo en particulier n’ont eu de cesse de me ramener à un kôan Zen que cite de mémoire :

Un jeune moine demande à son maître :

- Maître, est-ce que tous les êtres vivants ont la nature de Bouddha ?
- Oui, assurément tous les êtres vivants ont la nature de Bouddha.
- Est-ce que moi aussi j’ai la nature de Bouddha ?
- Non, vous ne l’avez pas !
- Pourquoi ne l’ai-je pas ?
- Parce que vous, vous posez la question !

Ce kôan est destiné uniquement à illustrer le fait que la rencontre d’un vin extraordinaire (un vin qui se situe à 300 sur une échelle de 100 comme l’a écrit avec pertinence F. Audouze) se situe en dehors de toute rationalité et donc des moyens d’expression usuels. C’est l’expérience poétique ultime. Dès lors, il convient aussi d’appliquer à ce « bouleversement intime » un autre précepte, qui lui, aurait été prononcé par le Bouddha en personne : « Ce que l’on ne peut pas dire, mieux vaut le taire ».

Compassionnellement,
jfrdz

Et c'est important de l'avoir la nature de Boudha?

Bonjour
je suis de plus en plus "décontenancé" par ce fil:S
On parle de vin et on "caresse" pour ainsi dire l'expérience Mystique. Entre le tout à l'Ego de monsieur Audouze qui sur tous les sujets nous dresse ses listes ineffables et le verbiage incompréhensible de certains j'y perds mon .... (je ne sais plus d'ailleurs:D)
Je me demande si en dehors de Lpv on retrouve des traces écrites de telles "expériences" au travers du vin? Quid de Nerval, Baudelaire, Rimbaud, Cendrars et tant de grands poètes? p Je n'ai pas souvenir d'avoir lu sous leur plume qu'ils avaient vu la Vierge en buvant un bon canon!
Allez messieurs redescendez sur le plancher des vaches et racontez nous simplement

Bien cordialement

R

Je rejoins complétement Rachid...

Beaucoup de verbiage, de mots compliqués, mais pour dire quoi ? fondamentalement ?

L'excès de forme nuit au fond...c'est dommage.

jfrdz,
merci d'avoir donné ce Kôan Zen. Je suis allé en lire dans l'anthologie des Kôan. C'est assez fascinant et parfois déroutant.

On pourrait en faire un pour cette discussion (c'est un essai) :

- Maître, est-ce qu'on peut décrire un mythe ?
- on ne peut pas décrire un mythe puisqu'un mythe est insaisissable
- Maître, j'ai bu un vin mythique, est-ce possible ?
- c'est possible mais tu ne pourras jamais le décrire

Le plus trapu que j'ai lu c'est :
L'ensemble de tous les ensembles qui ne se contiennent pas eux-mêmes comme élément, se contient-il lui-même ?

Bonne soirée

Bonjour,

après quelques jours d'absence, quelques citations dont beaucoup récoltées dans "Les bacchuseries de Marie-France"

« Qui sait déguster ne boit plus jamais de vin mais goûte des secrets. »
Salvador Dali (1904-1989)

Rachid, il ne s'agit pas de "voir la vierge", mais de se rencontrer [size=x-small]sur le plancher des vaches[/size] ; ce qui implique d'avoir le gout de cette intimité entre le vin et nous, ainsi que celui des mots pour tenter toujours et plus de le raconter. Rien d'obligatoire, évidemment, mais je ne te ferai pas l'insulte d'imaginer que ce que tu ressens se limite au plaisir de boire un bon canon qui a évidemment toute sa place. Pour le reste, considérer ce que l'on ne comprend pas, comme un verbiage...

« Le Vin est le professeur du goût, le libérateur de l’esprit, l’illuminateur de l’intelligence. ».
Paul Claudel (1868-1955)

« Le vin met à jour les secrets cachés de l’âme. »
Horace (65-8 av. JC)

"En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l'éternel Semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! "
Charles Baudelaire

pour Jérome :

« Un grand vin n’est pas l’ouvrage d’un homme, il est le résultat d’une constante et raffinée tradition. Il y a plus de mille années d’histoire dans un vieux flacon. »
Paul Claudel (1868-1955)

jfrdz

n'oublie pas que le Bouddha a dit aussi "si vous voulez rencontrer le Bouddha, tuez le Bouddha".:

Daniel

Daniel,
Merci de ces citations !!!

Je me retrouve dans celle de Paul Claudel puisque dans l'exergue de mon livre, j'ai écrit :
"je dédie ce livre aux vignerons des années 1000 à 1400 qui ont inventé les vins d'aujourd'hui"
pour signifier que l'histoire du vin est longue et qu'il y a très peu de vignerons qui ont inventé la lune, même si beaucoup de progrès ont été faits.

Celle de Dali me plait beaucoup.

oui... et il y a un proverbe chinois qui dit que quand l'on a plus rien à dire, il suffit de citer un proverbe chinois...

Le sage Lao Tseu cita : « Quand le doigt montre la lune, l’imbécile regarde le doigt ! ».

just for joke, quand le vin nous parle de nous même, l'imbécile n'y voit que du vin.

Daniel

Comme je n'ai pas la réputation d'être un grand intellectuel, j'orienterai les échanges vers une citation qui devrait réconcilier tout le monde :

"quand mon verre est vide, je le plains
quand mon verre est plein, je le vide"

(le beurré anonyme : 1771 - 2071)

Je connais quelqu'un (authentique) qui n'était pas capable de dire : "je préfère le vin d'ici à l'eau de là" dans une confrérie dont c'était le ralliement et qui, malgré toutes les remarques disait : "je préfère le vin d'ici à l'eau de l'au-delà". D'où rigolades que l'on peut imaginer.

Ce message, c'est pour faire avancer le schimili, schimili métablick et faire baisser la tension.

et ce n'est pas parce que c'est Claudel qui l'a dit que c'est une vérité : juste la sienne.

Bonsoir

Cela fait plusieurs fois que cela m'arrive et je me dis que je ne dois pas être le seul : le fait de boire un vin m'a donné frissons et la chair de poule dès la première gorgée.
Pour en être sur , j'ai réitéré et cela le refait à chaque fois. Pas que lié au vin mais plus précisément au millésime.
Pour être plus factuel : j'aime beaucoup Léoville Barton mais Léoville Barton 89 me donne la chair de poule à chaque fois.

Avez vous aussi connu cela? A quoi est-ce dû d'après vous ?

Merci pour vos éclairages

Ludovic

Au froid ? Il faut se méfier du redoux

Je serais tenté de dire que ça peut le faire quand on attend beaucoup d un vin et qu il est à la hauteur. Ca m'est arrivé une fois ou deux... Je pense que ça vient du dégustateur, de son propre conditionnement.

Après ça m etonne que ça te le fasse a chaque fois... A moins que tes bouteilles soient très régulières, et que tu aimes particulièrement te mettre en condition.

Justement non pas régulières. De mémoire , j'ai bu LB 89 à deux reprises sur 2015 et à chaque fois celà le fait . Idem pour les autres fois sur les années précédentes où je l avais bu.
J ai eu ca sur Guiraud 90 bû qu'une seule fois àlors que rien sur Yquem sur les 3 millésimes que j'ai dégusté par exemple. Pas de conditionnement particulier .
J'en déduis que cela n'est pas lié à l'étiquette mais bien au vin tel qu'il est . Celà arrive tout simplement .

Bon cela doit venir de moi

mgtusi écrivait:

---

> Au froid ? Il faut se méfier du redoux

Mais non, Michel, c'est quand on boit en ayant la grippe !

Ou alors tu as une cave très froide

Sinon demande à Audouze, c'est le spécialiste de la chair de poule (mais seulement de la Dong Tao élevée au riz complet et à la pousse de soja avec complément de truffe et larves de scarabée sacré)