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La petite sœur

  • Jérôme Pérez
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La petite sœur a été créé par Jérôme Pérez

la petite sœur

Voilà plus de trente ans que le vin est au cœur de mes préoccupations, qu’il fait partie de ma vie en en prenant une part importante : je pense avoir fait tous les types de dégustation, sur tous les formats, dans tous les contextes : salons, domaines, clubs, soirées de copains, concours, repas, et même symposium luxueux. J’ai également eu la chance de déguster tous les styles à tous les prix. Je ne provoque pas en affirmant qu’à mes yeux, Le Pin, Petrus ou Romanée Conti ont autant d’intérêt (et d’ailleurs le même) que la découverte des vins d’un domaine du Bugey.

En matière de dégustation, j’ai eu des mentors et surtout un : Bertrand Le Guern, même si nous n’étions pas toujours d’accord et même si j’ai souvent trouvé ses jugements abrupts. Avec lui, j’ai réellement appris, en creux ou en bosse, en accord ou en opposition (l’important est la naissance de l’avis).

J’ai appris que la recherche de l’objectivité et de l’indépendance du jugement était vaine quand bien même nous en faisions un point d’honneur, mais que sans aucun doute « tendre vers » était une démarche, presque une quête.

C’est sans doute pour cette raison que plus j’avance dans cette passion ou cette culture ou encore cette connaissance, plus je fuis les dégustations marathon et plus je me centre sur des dégustations d’un vin unique sur plusieurs jours : je ne vois absolument rien qui peut remplacer un tel contexte d’analyse si on veut comprendre une bouteille de vin. Et surtout ne jamais dissocier le vin de ce pour quoi il est fait : accompagner un met (et je peux admettre que le met peut également accompagner un vin).

Les biais sont trop nombreux pour accréditer les dégustations aux multiples vins :

 - groupes importants avec forcément des leaders d’opinion : j’ai vu souvent dans des dégustations importantes, des sous-groupes se constituer avec des avis  unanime à l’intérieur de chaque sous groupe, opposés entre groupe, parfois strictement contraires.
- des effets séquences qui favorisent ou défavorisent l’appréciation d’un vin : j’ai vécu le fait, toujours grâce à Bertrand LG, que des vins identiques mis à différents moments des dégustations peuvent se goûter totalement différemment.
- des focalisations des dégustateurs à se centrer d’abord sur eux-mêmes et leurs connaissances et oubliant l’essentiel, c'est-à-dire la perception du vin.
- bien entendu, l’absence de la variation du niveau d’aération de chaque vin quand bien même dans le meilleur des cas, l’hôte a pris soin de préparer les bouteilles.
- les a priori, impossibles à neutraliser : ils sont multiples, nous les connaissons tous : pseudo connaissance du prix, pseudo connaissance du vin (celui que l’on croit deviner et que l’on déguste comme si c’était réellement lui dans notre verre, dans le cas de dégustation à l’aveugle).
L’émergence même de cet a priori est en soi une marque de non effacement de soi-même face au vin.
- absence de met ou met en contradiction avec le vin
- une sorte de manque de respect envers des vins fabuleux auxquels, paradoxalement on voue un culte et auxquels on n’accorde pas l’intérêt minimal au cours d’une soirée dégustation marathon.

A la limite, les seuls contextes où je peux comprendre et accepter ce « jeu » de la dégustation multiple, c’est dans le cadre d’une dégustation où les vins ont des points communs : région, millésime, cépage ou la visite chez un vigneron dans un but d'achat.On oublie trop souvent que le vin est fait pour la table et qu’il ne saurait en être dissocié. Je rêve d’un dîner entre amateurs où pas plus de trois vins soient servis. Chaque vin accompagnant chaque plat. Si  le vin est très bon et qu’il donne du plaisir, alors on le boit plus qu’on ne le goûte et on ouvre la petite sœur.
J'aime bien cette expression qui n'existe pas par hasard : c'est une sorte d'hommage que l'on rend et d'hymne au plaisir que l'on joue, pour ne pas dire "j'ai goûté", mais "j'ai bu" ce vin.

C'est ainsi qu'a évolué ma façon de goûter les vins depuis un moment déjà, même si je continue parfois à m'adonner à d'autres types de dégustation : sans doute est-ce justement la dégustation que je remets en cause. Bien évidemment, je ne porte aucun jugement sur des pratiques différentes même si je dois bien l'avouer, certaines lectures me laissent parfois songeur.

Jérôme Pérez
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27 Mai 2022 16:54 #1

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Réponse de Jeanveux sur le sujet La petite sœur

Totalement en phase avec Jérôme.

En quarante-cinq années de passion du vin j'ai beaucoup pêché.

- J'ai arpenté bien des salons d'où je sortais un rien entamé avec pour résultat d'avoir acheté des vins dans une certaine euphorie pour me rendre compte qu'une fois à la maison ils étaient nettement moins bons. Ça, c'est fini.
- J'ai massacré (verbalement) des vins - des petits, des renommés, des mythiques - dans des dégustations marathon à l'aveugle. Ça, c'est fini.
- J'ai participé à des dîners où il y avait beaucoup plus à boire qu'à manger et où tout le monde finissait éméché, à minima. Ça, c'est fini.

Mais ça, c'était avant. Avant que cette façon de boire le vin ne finisse par me fatiguer et que je n'y trouve plus ni plaisir ni envie. Et ça commence à faire un bail.

Aujourd'hui, même si je participe encore de loin en loin à quelques rares soirées de bamboche (c'est bien de ressortir parfois des mots de l'ancien monde), le vin c'est à table et nulle part ailleurs, avec mon épouse, la cuisine qui va bien, et à l'occasion quelques amis qui permettent d'ouvrir plus qu'une bouteille mais sans trop. Fini les dégustations marathon et surtout fini l'aveugle (à part de rares fois sur un vin, pour rigoler) car l'objectivité quand je bois un vin n'est plus au centre de mes préoccupations, seul le plaisir et l'échange avec mes convives m'importe, et tant pis si je surcote un vin à l'étiquette flatteuse alors que je devrais être plus mesuré.

Jean 
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27 Mai 2022 19:03 #2

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Réponse de jlcc sur le sujet La petite sœur

Sympathique discussion, qui en d'autres temps aurait déchainé le village gaulois !

J'adhère totalement : le vin est fait pour être bu lors d'un repas et c'est vraiment sa raison d'être. Et lorsque l'accord fonctionne le vin ne s'additionne pas au plat, il le multiplie d'un facteur exponentiel. Et quand ça ne fonctionne pas tant pis. Mais cela ne m'empêche pas de servir la plupart de mes bouteilles à l'aveugle, juste pour qu'un premier avis soit donné sans l'influence de l'étiquette. Et je pratique toutes les dégustations citées sauf les symposiums luxueux, je ne vois pas ce que c'est ! Et une dégustation amicale c'est forcément avec un thème, même s'il peut être large.

L'effet de séquence est un phénomène amusant, qui fait qu'on juge un vin en fonction du précédent. Alors de plus en plus souvent, en dégustation dans un domaine, je demande si je peux faire le chemin à l'envers et les regoûter en sens inverse. Je trouve ça instructif, surtout quand la cuvée d'entrée de gamme résiste à l'exercice voire s'est bonifiée !

Façon Astérix en Corse : "Comment ça elle te plait ma sœur ?" Suite à des déconvenues pénibles, j'ai arrêté d'ouvrir la sœur jumelle surtout quand la première est excellente. La seconde peut facilement être banale même si elle sort du même carton mais ça c'est la magie du vin.
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01 Jui 2022 14:56 #3

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Réponse de Gastronomix sur le sujet La petite sœur

La dégustation de vin c'est comme le backgammon. On peut déployer tout les efforts du monde pour tout savoir et s'assurer de mettre Bacchus de son côté, si les dés sont contre vous, ce sera en vain.
01 Jui 2022 15:24 #4

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Réponse de barbare46 sur le sujet La petite sœur

Je rejoins entièrement Jérôme sur le sujet.
La plus part du temps quand j'ouvre une bouteille (étant le seul buveur à la maison), elle me dure 3-4J
Voire 1 semaine selon mes horaires de travail.
Ca ne m'empêche pas d'en ouvrir plus quand j'ai des invité mais jamais de trop.
A mes yeux mon réel plaisir est de trouvé des pépites a moindre cout et de voir l'évolution de celui-ci sur plusieurs jours.
Déjà parce que je n'ai pas forcément la bourses pour des DRC, Petrus et autres mais surtout je trouve incroyable l'envolée des tarifs.
N'ayant pas eu la chance de gouter c'est célèbre appellation je ne me prononcerais pas dessus mais je reste perplexe sur le faite qu'il y ai une aussi grande différence de qualité qui puisse justifié leur prix.
La je commence à faire du hors sujet, je sens que la fatigue me guète.
Tout ça pour dire que je préfère analyser une bouteille sur plusieurs jours, sauf quand j'ai des invité ou la je préfère passé une soirée à me faire plaisir
sans me prendre la tête et si le vin est bon ce n'est qu'un plus mais pas le principal.
 

Julien
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02 Jui 2022 00:09 #5

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Réponse de sly14 sur le sujet La petite sœur

Le marathon des dégustations est juste un exercice. 
Or je ne suis pas un pro et donc c’est plus une découverte, un partage, un repas, un plaisir simple mais parfois très coûteux (dans tous les sens du terme : financier, santé, etc).
Donc tout dépend où on se situe dans la passion œnologique.
Et la petite sœur, je n’ai pas trop compris pour cela! Cela veut dire le même vin à ouvrir après avoir bu la première ?

cordialement,

Sylvain
02 Jui 2022 17:05 #6

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Réponse de Eric B sur le sujet La petite sœur

Dans plusieurs soirée dégustation que j'ai pu organiser, il est arrivé que les participants avaient envie de boire une "petite soeur" du vin qu'ils avaient apprécié. Ca s'est avéré la plupart du temps décevant, car le vin n'avait pas été ouvert 6-8 heures à l'avance comme son grand frère et était souvent moins fin et plus fermé. 

Eric
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02 Jui 2022 19:01 #7

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