Bonjour à tous,
Hier soir, j'ai organisé avec un collègue qui officie à mes cotés à la cave, notre dégustation de fin d'année.
Nous débutons par une mise en bouche simple mais tout à fait désaltérante, tout ce que l'on peut attendre d'un champagne d'apéro. Cette cuvée Hugues de Coulmet de la maison Pierre Moncuit se livre parfaitement sur sa fraicheur, la minéralité est bien présente et équilibre parfaitement l'ensemble. C'est un jeune garçon bien élévé....
Suit un Corton Charlemagne 04 du trop méconnu domaine Maratray Dubreuil situé à Ladoix. J'ai pris soin d'informer l'assistance de l'emplacement précis des vignes du domaine sur la colline, coté est. En toute logique c'est à un CC rectiligne, fin presque austère, le parfait contre exemple d'autres CC exposés coté sud qui sont très séducteurs (souvent sur les fruits exotiques...). Mais passé cette première impression un peu abrupte et si on se donne la peine d'analyser un peu plus en détail ce qui se passe dans le verre, c'est à un vin d'une finesse incroyable et surtout d'une longueur tout simplement digne d'un excellent Corton Charlemagne. La noisette me saute au nez, l'amande ansi que l'accacia se livrent un combat en 15 rounds.... Ce vin fut coup de coeur dans le guide hachette 2004. C'est une jeune fille un peu timide mais tellement jolie....
J'ai ensuite placé mon petit chouchou : RAYAS 2003. Je me souviens de nos impressions à la fin de la dégustation avec mon collègue, "je ne sais pas si c'est meilleur que le reste en tout cas Rayas c'est toujours autre chose". Je place ce cru sur une autre planète du vin. Avec sa robe timide et son bouquet digne d'un Tyson de la grande époque...
Ce 2003 est assez atypique par rapport à ce que j'ai pu boire de ce domaine jusqu'à présent, un nez animal sort du verre et nous prend à la gorge ! C'est envoutant. Puis ensuite passé cette prise de contact un peu violente c'est la palette habituelle, le clou de girofle, les épices. En fin de soirée le vin trouve un équilibre que je n'avais encore jamais trouvé sur Rayas. Très très grand ! Fabuleux même. Pour dans 20 ans minimum. C'est un jeune homme qui part dans tous les sens mais dont on sais très bien qu'il trouvera la sagesse.. mais quand ?
Nous enchainons sur un Morey 1er cru les Loups 2003 du domaine des Lambrays. Un vin facile qui se donne tout de suite sans discuter. La vanille est présente (ce n'est pas mon truc mais je me souviens m'être fait la remarque : la matière le supporte). La structure du vin se livre tout en rondeur, mais une minéralité surprenante se fait jour pour rappeler que nous sommes à Morey. Cette signature du terroir donne de la fraicheur à l'ensemble et équilibre parfaitement un vin qui termine sa partition sur la cerise burlat (à l'image de la robe d'encre d'ailleurs !). C'est une fille pas trop farouche mais qui s'assagira certainement !
Suit un Corton Pougets 2004 du domaine De Montille. La robe est bien dense, le premier nez se montre un peu léger. Pas de doute ce vin est très fermé. Mais à force d'aération ce Corton montre finalement une ébauche de son génie. La lecture du terroir est translucide, aucun doute, nous sommes en Corton ; sur la figue (elle se montre puis repart, puis revient... mais elle est bien présente). Une pointe de verdeur apporte (déjà) de la compléxité à l'ensemble. J'adore mais il est certain que c'est un bébé et il a fallu se concentrer pour identifier toutes les qualités qui furent parfois fugaces, mais encore une fois bien présentes ! C'est un petit poulain pur-sang !
C'est ensuite le tour d'un Chambertin 2004 de Trapet. Autre propriété d'exception, qui a à mon sens un petit déficit de notoriété par rapport à la qualité exceptionnelle de ses vins.
Le premier nez est un peu cocolactum (c'est nady Foucault qui m'a appris ce ce terme, c'est un mélange de réduction et de boisé) mais qui n'est en rien désagréable. Puis le fruit reprend vite le dessus avec une intensité incroyable. Nous n'avons pas trouvé un vin plus structuré enBourgogne sur ce millésime. La signature du Chambertin se fait ensuite jour : une matière fine (a l'opposé des grands crus de Vosne qui se donnent sur une matière ronde, onctueuse, pulpeuse) et une intensité aromatique incroyable et violente par rapport à la finesse du vin. C'est un peu sauvage tout en étant policé, c'est déjà complèxe. C'est grand, c'est même très grand. Je le compare à un cheval sauvage, mais Robert Redford est dans les parages...
C'est ensuite au tour d'un Echezeaux du DRC 2004. Absolument fabuleux. Si Rayas est sur une autre planète du vin, le DRC en est une à lui seul, une autre planète. Un élevage discret est immédiatement supplanté par un complèxe constitué notazmment de cette légendaire note de rafle qu domaine. Puis la partition habituelle des très grand bourgognes y passe (fruits rouges, noirs, bleus, jaunes, violets, turquoises... je blague). L'intensité aromatique est frappante, si le Chambertin est un modèle de longueur, cet Echezeaux rivalise sur ce point mais simplement en plus intense. On a l'impression d'en avoir plein la bouche, tout en restant fabuleusement long. Je suis sur les fesses ! La finale est très poivrée (une première sur moi pour un Bourgogne..). Rien à faire le DRC c'est autre chose. C'est un petit génie très très précoce, je dirai Tiger Woods à 17 ans quand il gagnait déjà ! (et quand tous les observateurs savaient qu'il étant parti pour très longtemps.
Enfin Yquem 1991, très atypique. Au nez c'est le miel, la verveine (je suis frappé par la similitude avec un vieux Savennière). Puis le registre s'enrichit de notes oxydatives. La longueur est exceptionnelle (simplement normal pour un Yquem). Très bon en l'état. C'est un fils cadet qui à du mal à s'affirmer dans une famille de riches héritiers. Mais j'ai un faible pour les gens pour qui tout n'est pas facile dans la vie.
En conclusion, ce fut une soirée très agréable ponctuée de vins au potentiel fabuleux. Nous savons avoir procédé à quelques infanticides mais il fallait bien se faire une idée de ce que l'on avait rentré cette année !