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DELICIARUM ET CONCLUSUS.

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DELICIARUM ET CONCLUSUS. a été créé par Thémistocle.

L'espace libre, apaisé et décalé de ce samedi midi entre noël et nouvel an pour se retrouver à quatre à goûter malicieusement, les assiettes étant préparées par monsieur Husser à Marlenheim. La description analytique ne trouve pas sa place ici, le propos étant bien plus dominé par le bonheur de profiter en amis de la proximité de ces caractères forts.

Le matin même au petit jour ouverture et aération ménagée du muscat de monsieur Kientzler en 2001 sur le Kirchberg (marno-calcaro-gréseux sur Ribeauvillé) sur la réserve, Du clos Ste Hune 89 VT de Trimbach (calcaire sur le ban d'Hunawihr) paresseux au réveil, de la Romanée Saint Vivant 1986 de la DRC (argilo-calcaire ) réduit à l'ouverture sur le viandox avec une robe qui aurait pris un coup de vieux, du chateau Lafite-Rothschild en 1982 ( graves fines mêlées de sable éolien sur un socle calcaire), jeune de robe et d'emblée sur une belle précision du nez, enfin le Rieslaner Beerenhauslese du Monsheimer Silberberg du domaine Keller 2006( Rheinhessen en Allemagne.) avec le nez d'emblée le plus ouvert sur son fruit.

L'idée de serrer ces monstres dans une accolade fruitée m'a amené assez naturellement au muscat qui en 2001 et sur le Kirchberg a fait merveille par sa tension minérale mêlée au menthol avec pour fil conducteur le croquant des baies avec cette amertume caractéristique des peaux en fin de bouche, le vin étant parti pour une longue vie.

Rien de plus réjouissant que d'aborder le Clos Ste Hune en pareille condition, la bouche apprêtée, le rhinencéphale demandeur. La robe est dorée modérément; le nez plein , suprématiste, la bouche qui a mangé son sucre oscillant entre force, complexité et finesse, le pâté en croûte à la langouste, coquille St-Jacques et saumon avec une délicate sauce aux herbes étant le bienvenu pour donner la réplique , tantôt amortissant, tantôt mettant en exergue les diverses composantes du grand vin qui entre dans une maturité autorisant son usage gastronomique. La finale est prégnante, ce qui ne manque pas de m'inquiéter pour la bouteille à suivre.

Le débat s'engage, Lafite ou La Romanée pour monter au casse pipe. Finalement, après palabres mettant en jeu considérations tant historiques qu'esthétiques appuyées sur une brève gustation en paire, priorité est donnée à la raison, libérant ainsi la passion. Nous entrons gaillardement dans cet Hortus Déliciarum. Pour ses 25 ans, la robe et le nez du vin de Lafite restent merveilleusement jeunes, la construction d'une rigueur Palladienne, la paume qui réchauffe la panse du verre amenant peu à peu cette chair subtile. Les impressions sont fugaces et multiples, toujours renouvelées dans le cadre raisonnable d'une organisation kaléidoscopique, vous mettant dans cette situation intellectuellement inconfortable qui accompagne le fait d'être au niveau de l'interprétation toujours avec un temps de retard par rapport à la sensation.

Nous sortons de cet Hortus conclusus pour nous livrer à cette énigme de couleur, le vin des Saints Vivant ayant remonté le temps en récupérant de sa densité au cœur de la robe, seule la frange gardant cette mémoire orangée. Le nez s'est débarrassé de ses oripeaux, suit sans mal la grande civilité du Pauillac mais navigue brillamment sur le fil et sans filet, la notion de prise de risque dans la création s'affirmant clairement dans cette sucession. La bouche est écartelée entre terre et ciel, l'homme entre les deux, le foie d'oie délicatement épicé enrobant par son gras la subtilité tannique du vin, la rétro étant pleine d'enseignements. L'hortus déliciarum est bien là.

Une macaronade avec son coco, ses amandes la mangue, le citron vert et l'ananas rôti à la vanille fait la place belle à cette merveille de fusion entre la roche et la plante née du croisement entre sylvaner et riesling sur de vieilles vignes septuagénaires. L'équilibre est souverain entre l'alcool (8°), le sucre (100 gr de résiduel) et l'acidité fondus dans la minéralité. Le réchauffement dans les verres ne parvient pas à enrayer la pleine expression de cet exemple de spontanéité, le vin s'étant déjà révélé aux premières heures ce matin.
Il nous tarde de nous retrouver le dernier samedi de l'année prochaine.

Bien à vous,

Lionel.

L. VAN DER GUCHT.
29 Déc 2007 19:36 #1

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Réponse de charlesv sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Je comprends, Lionel, que vous évoquiez déjà l'année prochaine... (tu)

Il faut effectivement un vin rouge de très haute lignée pour passer derrière Sainte-Hune VT 1989.

Laquelle des 2 cuvées avez-vous eu le privilège de boire ?

" Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour une entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps. " Jorge Luis Borges
29 Déc 2007 21:13 #2

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Le Clos Sainte Hune 1989 est un vin immense, et c'est un compagnon de gastronomie de grande pointure.

La couleur du Romanée Saint Vivant 1986 du DRC n'est pas du tout surprenante. Elle doit être comme ça.
Le beerenauslese (sans h) n'était-il pas trop jeune ? Il est vrai que c'est très bon dans la première phase de sa vie.

Pour les emprunts au latin, je n'ai pas spontanément compris, aussi je suis allé me documenter. Si je comprends bien le hortus conclusus est un jardin (à vocation plutôt potagère), clos de murs. C'est une image de rigueur qui lui est associée.
Au contraire le hortus deliciarium, jardin des délices, est associé à la notion de bonheur, car c'est l'exubérance débridée (si j'ai bien compris).

Si ces deux images doivent différencier le vin de Bordeaux et le vin de Bourgogne, je ne suis pas très opposé à cette image, d'autant que le monastère de Saint-Gall a un jardin qui s'inspire de ces deux concepts. Comme ma femme a fait ses études à Saint-Gall, je ne me sens pas perdu. :)

Mais si on colle à Lafite l'hortus conclusus plus la rigueur palladienne, ça fait quand même un peu trop pour lui, car comme tu le dis il a l'organisation kaleïdoscopique (qui est tout sauf raisonnable, si on ne retient pas la géométrie primaire de la construction mais l'effet créé), ce qui redonne un peu de poésie à ce vin qui mérite d'être aimé. Le choix de boire Lafite d'abord était le bon.

Je n'ai pas tout compris, mais j'ai essayé, et j'ai retenu que ces vins ont brillé, dans un repas de haute volée.

C'est ça le principal: Bravo.


Cordialement,
François Audouze
29 Déc 2007 21:14 #3

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Réponse de Thémistocle. sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Charles,

Après mûre réflexion, j'ai choisi de laisser en cave la cuvée hors choix qui bien qu'équilibrée, est née avec plus de sucre restant.

François,

La thématique de l'hortus conclusus est largement ilustrée dans la peinture rhénane de la renaissance. La nature est contrôlée dans cette enceinte à l'image de ces magnifiques jardins médiévaux dont il existe une restitution acollée au musée notre dame de Strasbourg. Concernant l'hortus deliciarium, le mieux est de faire une recherche concernant Herrade de Lansberg dont le riche ouvrage a malheureusement péri sous le feu du bombardement de Strasbourg en 1870.
La visée dans le kaléidoscope fait entrer des micro-évènements qui surprennent mais qui restent cantonnés dans leur cellule.
Merci d'avoir réagi.
A bientôt de vous lire,
Lionel.

L. VAN DER GUCHT.
29 Déc 2007 21:41 #4

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Quelle belle série !
Nous avions bu aux Morainières, avec Jean Luc Milleret, un fantastique Clos Ste Hune VT 1989 !

Comme "jardin des délices" il y a pire: celui de Jerôme Bosch par exemple:)
29 Déc 2007 22:02 #5

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Réponse de milleret jean luc sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Quelle belle série !
Nous avions bu aux Morainières, avec Jean Luc Milleret, un fantastique Clos Ste Hune VT 1989 !

Raymond ...c'est un appel pour le service du " rabe " ::o( souvenirs du resto U ) !!
A envisager en Février avec notre ami Charles ...il me tarde de retourner à Jongieux !!
29 Déc 2007 23:14 #6

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Réponse de Xtof sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Superbe récit!

J'aime beaucoup l'expression "La bouche est écartelée entre terre et ciel".

Pour ce qui est de l'ordre de service, je crois que j'aurai choisi la même option. Je vois en tout cas que rares sont les repas ou ce dilemme ne se pose pas, surtout lorsque grands Bordeaux, Bourgognes et autres Rhônes doivent se séquencer tout en respectant des accords mets/vins pré-établis.

L'art de la Sommellerie!

Christophe
30 Déc 2007 00:41 #7

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Pfff...
Personnellement, je n'ai rien compris.
Qui pourrait me traduire ce CR dans un langage intelligible ?

Luc
30 Déc 2007 01:46 #8

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

"Pfff...
Personnellement, je n'ai rien compris
"

Pjij...
Luc ne te fais pas plus ignare que tu ne l'es !:)

Mais il faut avouer qu'un débat pjij- Themistocle ça oblige à une certaine concentration pas toujours présente dans les vins....;)
Bravo à tous les 2 pour le maniement si brillant de la langue qui nous tire vers le haut !
30 Déc 2007 03:31 #9

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

A propos d'Herrade de Lansberg, voici ce que je lis :
"En effet, d’après l’Hortus deliciarium de l’abbesse Herrade de Lansberg, la Philosophie était toujours représentée par une femme à trois têtes, ceinte d’une couronne unique où on lisait : Ethique, Logique, Physique."

Dans ce cas là, je suis comme Luc Javaux.
Car qui doit faire l'effort de compréhension ? Celui qui écrit un texte ou celui qui le lit ?
Je suis tout à fait d'accord que l'on manie des concepts enrichissants, à la condition de les expliquer.

A noter que cette brave abbesse est citée dans un texte sur : "Manneken-Piss et fontaines ubérales". Ubérales, moi je ne connais que Deutschland ;)

mais en fait, c'est : "Telles étaient, ce qu’on appelait alors les fontaines ubérales, invention assez singulière et qui consistait à faire jaillir les jets d’eau, des seins de femmes, nymphes ou syrènes, couchées ou debout, isolées ou en groupe ".
C'est peut-être ce qu'on appelle faire pisser la vigne ;)

On peut manier des mots avec des sens différents. J'apprends que Thémistocle donne de kaléidoscopique une vision étroite alors que je lui donne une vision étendue. Sur ce sujet, les différences d'opinion peuvent être comprises.
Pour moi un vin qui a un jeu d'arômes kaléidoscopique est comme un bouquet luxuriant, et non pas comme la rigueur géométrique froide et simplifiée de l'instrument kaléidoscope.

Il me semble que c'est au scripteur de faire l'effort d'être compris. Sinon, c'est abstrus.

Comme j'ai appris des choses nouvelles, je remercie Thémistocle.
Je rêve aussi d'un dialogue entre pjj et lui, car ce serait enrichissant.
Et ça enrichit Google !!!


Cordialement,
François Audouze
30 Déc 2007 11:33 #10

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Réponse de Martinez sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

'Il me semble que c'est au scripteur de faire l'effort d'être compris. Sinon, c'est abstrus.

Comme j'ai appris des choses nouvelles, je remercie Thémistocle.'

Tout pareil.

Maintenant, tout dépend de l'objectif et du public que l'on vise.

Si l'objectif premier est de livrer à tous un compte-rendu sur des vins, c'est loupé.
Si l'objectif premier est de livrer un exercice de style sur la langue française à certains ( dont ceux suscpetibles d'y trouver un intérêt en piochant ici et là quelques connaissances ), c'est réussi mais je doute que le public soit large.
Si l'objectif est de se servir du vin pour oeuvrer sur des connaissances diverses pourquoi pas mais le public sera moins large.
Si l'objectif est de se servir de connaissances diverses et compliqués ( ;) ) pour décrire un vin, pourquoi pas mais le public sera moins large.

Après chacun fait ce qu'il souhaite mais il faut avoir conscience du : pour qui et pourquoi on écrit.
Mias comme le dit F Audouze, quand on explique, c'est déjà mieux.

Jmm
30 Déc 2007 11:52 #11

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Qu'importe si on ne comprend pas tout, l'essentiel c'est d'essayer !

Il existe une formule orientale qui dit à peu près: "je baise les pieds de celui qui m'enseigne".

Ce n'est pas toujours le cas dans nos écoles actuellement8-)

Ca serait plutot: "Fais attention Isa tu vas t'en prendre une !" :X (je ne ris plus).
30 Déc 2007 12:10 #12

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Thémistocle a raison d'utiliser sa grande culture, et nous devons être heureux d'en profiter, si nous comprenons.

Je suis sensible à la logique.

Aussi quand Thémistocle dit : "La description analytique ne trouve pas sa place ici,", ça me va bien.

Mais s'il dit : "Kientzler en 2001 sur le Kirchberg (marno-calcaro-gréseux sur Ribeauvillé) ... clos Ste Hune 89 VT de Trimbach (calcaire sur le ban d'Hunawihr) ... Romanée Saint Vivant 1986 de la DRC (argilo-calcaire ) ... chateau Lafite-Rothschild en 1982 ( graves fines mêlées de sable éolien sur un socle calcaire), ... Rieslaner Beerenhauslese du Monsheimer Silberberg du domaine Keller 2006( Rheinhessen en Allemagne.) " ne s'agit-il pas de description analytique des terroirs, sauf pour le dernier ?

On pourrait dire que je cherche la petite bête. Non, car je suis heureux d'apprendre. La preuve, j'ai essayé de trouver sur Google les explications. Mais un "beau" texte comme on dit un "beau" livre se doit d'avoir une bonne orthographe et une construction ciselée.
Et si on comprend, c'est évidemment le pied ... que je baise ;)

Alors, j'embrasse les pieds de Thémistocle, en lui demandant de continuer dans cette voie, car comme dit Raymond, toute occasion d'apprendre est bonne à prendre.

En un mot, Thémistocle, continue !


Cordialement,
François Audouze
30 Déc 2007 14:18 #13

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Raymond,
Tu n'as pas relevé mon "ubérales" ?


Cordialement,
François Audouze
30 Déc 2007 14:20 #14

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

François Audouze écrivait:

> Raymond,
> Tu n'as pas relevé mon "ubérales" ?

Bien sûr que si François ((tu) ) , mais c'est ubérales que je ne connaissais pas!
30 Déc 2007 15:17 #15

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Réponse de Nidal H sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Magnifique compte rendu à insérer, à l’instar d’une filiation spirituelle, dans cette lignée de beaux vins, de beaux plats et de beaux amis, le tout magnifiant un contexte, à l'évidence, beau et prometteur!

Merci, cher Lionel !
30 Déc 2007 16:46 #16

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Je ne sais pas pourquoi, mais je me doutais que le style plairait à Nidal...

Luc
30 Déc 2007 17:12 #17

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Réponse de Nidal H sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Merci Luc pour cette remarque qui me flatte, par ricochet !
Mon admiration pour le style de Lionel ne date pas d'hier !

Il n’y a qu’à voir ses derniers comptes-rendus…
30 Déc 2007 17:35 #18

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Réponse de davidr sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Bonjour Lionel et les autres!

Merci pour ce magnifique texte, relatant un moment unique et nous laissant rêveur.

Certains d'entre vous connaissent mon amour pour les vins allemands, et mon amitié pour le domaine Keller à Flörsheim-Dalsheim. Julia et Klaus Peter sont en effet des amis proches, avec qui je partage de nombreux moments lors de mes passages en Allemagne ou lors de nos visites en Bourgogne. Ce jeune couple trentenaire est à la tête de l'un des domaines les plus prestigieux d'Outre Rhin. Grâce aux nouvelles parcelles, notamment dans le Westhofener Morstein et Kirchspiel, ainsi qu'à la vision de Klaus Peter pour la production de très grands rieslings secs, le domaine est aujourd'hui internationalement reconnu.

Je voudrais donc apporter quelques précisions sur le vin que vous avez dégusté.

Le rieslaner est effectivement né d'un croisement au début du 20ème siècle de riesling et sylvaner. Ce cépage a pourtant souffert de sa difficulté de culture. Il est notamment très sensible aux maladies, et ne produit que très peu. Il n'en reste qu'à peine 50 hectares dans toute l'Allemagne. Et pourtant, lorsqu'il est réussi, il peut produire des vins liquoreux d'une noblesse extrême et aux parfums envoûtants d'ananas et de maracuja.

Le domaine Keller possède deux parcelles de rieslaner sur le cru Silberberg (la montagne argentée) sur la commune de Monsheim. La cuvée d'où provient votre bouteille est la 'normale', c'est-à-dire celle vendue au domaine. Elle est issue d'une vigne de 15 à 20 ans d'âge, sur des cailloux rouges mélangés à de l'argile sur sous-sol de calcaire blanc. Il y a treize rangs sur cette parcelle, les vignes étant relativement espacées (environ 1,5 mètres entre rang). Le millésime 2006 a été récolté vers le 15 octobre (je n'ai plus la date précise), le degré oechslé était de 130 (environ 17° potentiel) et l'acidité de 12,5 g/l (de quoi faire pâlir de nombreux liquoreux!). Le rendement était de 10 hl/ha.
Pour information, l'autre cuvée est issue d'une parcelle voisine (de l'autre côté de la route), les vignes ont quasiment 50 ans. Ce vin (millésime 2006) a été vendu aux enchères de Bad Kreuznach le 23 septembre 2007. Il a 170° oechslé pour quasiment 17 g/l d'acidité!!!

Grâce à Klaus Peter Keller, j'ai pu découvrir le terroir de ce cru durant les vendanges. Non loin des vignes se trouve une grande carrière, où la coupe du sol peut être observée avec précision. Le calcaire est très blanc, à quelques mètres sous le sol.

Le rieslaner a également une histoire toute particulière au domaine, car les parents de Klaus Peter Keller se sont rencontrés grâce à une bouteille de ce cépage. Il tenait à coeur à Madame Keller. Les 2007 sont très prometteurs, mais il faudra rester prudent jusqu'à la mise au moins.

Cordialement.
David Rayer.
30 Déc 2007 21:15 #19

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Réponse de Thierry Debaisieux sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

David,

Merci pour cette intervention qui, pour moi, a été très instructive.

Cordialement,
Thierry
30 Déc 2007 21:26 #20

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Réponse de charlesv sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

David,

Je rejoins l'éloge de Thierry.
Bravo et merci ! :)

" Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour une entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps. " Jorge Luis Borges
30 Déc 2007 21:52 #21

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

C'est en effet une très jolie histoire que celle de ce croisement de riesling et de sylvaner.
On aura donc appris beaucoup de belles choses : le hortus conclusus et le hortus deliciarium, concept qui m'a énormément plu, et ce cépage dont j'ignorais l'existence, malgré un penchant que j'ai pour les vins de Würzburg.

On en apprend tous les jours sur LPV.

J'ai été effectivement un peu rebuté par la forme : "L'idée de serrer ces monstres dans une accolade fruitée" ou "la bouche aprêtée, le rhinencéphale demandeur". Mais le fond prime sur la forme et je suis ravi de ces découvertes.

Une fois de plus bravo.


Cordialement,
François Audouze
30 Déc 2007 21:55 #22

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Réponse de Thémistocle. sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

La discussion qui suit ma contribution me vivifie un peu comme à la lecture d'un cadavre exquis, les foisonnement d'idées ,qui, partant du jardin avec son contenu et ses limites, associe le tricéphale , l'ubéral et bien d'autre concepts, signant votre vitalité et surtout ce merveilleux défaut qu'est la curiosité, défaut qui sans aucun doute nous lie tous autour de la passion du vin.

Plus le temps passe et plus je rattache cet amour du vin à la notion de perte, ( le coeur de François, en train de cicatriser, sait de quoi il en retourne). L'écriture s'inscrit dans cet exercice vaniteux qui tend à compenser cette perte. C'est sans doute pour cela, qu'à peine mes amis partis, j'ai ressenti ce besoin de mettre en mot l'immatérialité de nos sensations partagées. Effort sans doute vain, produit dans une heureuse confusion, sans souci du lectorat, dans l'innocence du partage.

Je voudrais que l'année prochaine et les années qui suivent nous puissions continuer ces échanges.

Je suis à vous tous,

Lionel.

L. VAN DER GUCHT.
31 Déc 2007 00:00 #23

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Réponse de pjij sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Ad vinum disertus Themistoclès ! Magnus felices in legendo fuis ! ;)

Isabelle Laetitia
31 Déc 2007 14:32 #24

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Isabelle est aussi bonne latiniste que cuisinière.
Qu'en conclure ?

Pour reprendre l'image du titre de Thémistocle : conclure sur des (h)orties ne serait pas délicat. Mais ça ne manquerait pas de piquant.. ;)


Cordialement,
François Audouze
31 Déc 2007 15:31 #25

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

L'écriture s'inscrit dans cet exercice vaniteux qui tend à compenser cette perte

"Tentative désespérée de retenir des sensations vertigineuses et fugaces . Mais vous etiez bien là mes amis de partage seuls témoins que je n'ai pas rêvé ."
31 Déc 2007 19:10 #26

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Réponse de charlesv sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Raymond,

Tu es d'une admirable clarté... dans la droite ligne d'un enchaînement Meursault Narvaux d'Auvenay 1999, Clos Sainte-Hune 2000 ! ;)

Ce résumé de nos misères à exprimer le beau me touche infiniment. Quoi qu'il arrive, tu auras dit ce qu'il faut dire, dût ton raccourci ne pas survivre à cet échange.

" Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour une entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps. " Jorge Luis Borges
01 Jan 2008 20:04 #27

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Réponse de pep sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

François Audouze écrivait:
> Isabelle est aussi bonne latiniste que
> cuisinière.
> Qu'en conclure ?
Elle parle aussi le latin macaronique?
25 Jan 2008 20:22 #28

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Réponse de pjij sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

Bonjour,

Elle parle aussi le latin macaronique?
Peut-être bien... parce que "[size=x-small]Academiae proprium meae, quod et[/size] [size=large]Herme[/size]s [size=x-small]commune omnium[/size] "
[size=x-small]Traduction (la mienne!) : tous les fondements de ma philosophie sont du nom d'Hermes...[/size]
Isabelle
28 Jan 2008 09:26 #29

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Réponse de François Audouze sur le sujet Re: DELICIARUM ET CONCLUSUS.

pjj et Kelly (Grace) sont à mettre dans le même sac...

Isabelle,
En pensant au latin, il y a une expression qu'il faudrait actualiser ainsi :

"doctus cum interneto".

Et notamment grâce à Wikipedia.


Cordialement,
François Audouze
28 Jan 2008 12:41 #30

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