Quelques remarques sur ce qui a déjà été écrit.
-Je pense que nous avons eu le temps de nous intéresser à chaque vin bu ce dimanche. C'est à cet effet que j'ai organisé ce repas un dimanche "midi". Nous avons "attaqué" vers 13h et nous nous sommes levés de table (hors délire ponctuel de dégustateurs semi extatiques
) vers 20h30, l'avantage parfois d'être chez soi, ne pas se poser de question sur la gêne occasionnée par ce genre d'organisation sur le fonctionnement d'un restaurant. Les vins ont été servis par paires (et un trio), chaque plat étant accompagné d'une ou deux "série". J'ai la faiblesse de croire que je ne me suis pas trop loupé sur les accords, pas parfait mais ne faisant pas souffrir les vins.
-Je pense néanmoins avoir fait une erreur en ouvrant juste les 2006 dans la matinée, peut-être auraient-ils apprécié d'être carafés avant dégustation. Mais j'avoue avoir encore du mal à carafer les bourgogne rouge.
-La note de Didier doit (je pense) être comprise comme une "note d'enseignant", vous savez, ces gens qui (pour certains d'entre eux) utilisent toutes les notes de 0 à 20
. Ce qui en fait une note meilleure que le même 12 donné par un critique qui ne note que de 10 à 20, non?
-La préparation des vins: J'ai déjà décrit celle des blancs, les rouges ont été débouchés le matin (soit environ 6-7 h avant dégustation), seuls Pichon Baron 98 et Mouton Rothschild 98 ont été carafés, environ 3-4 h avant dégustation. Le Château Chalon 1997 de Macle a été ouvert et "épaulé" (pas seulement parce que voulais y goûter, bande de mauvais esprits
), le Bourdy 1947 a été ouvert le matin, environ 9 h avant sa dégustation. Les 2 Yquem ont été carafés environ 9-10 h avant dégustation.
Concernant les vins:
Le
Gosset Celebris 1995 est un très bon champagne, , avec une bonne complexité, une matière fine et dense, il présente une belle aromatique, avec une pointe d'oxydation qui apporte à sa complexité. Bonne entrée en matière.
J'ai été vraiment impressionné par le
Meursault "Les Narvaux" d'Auvenay 03. Nous étions restés sur une petite déception pour
l'auxey duresses 04, et je m'étais dit que j'aurais dû le carafer, ça a été fait cette fois. Un grand vin blanc dense et fin, complexe, frais, long, tout ce qu'on pourrait lui demander en fait, vraiment un superbe Meursault. Mon préféré de la série en fait (mais je savais ce que nous buvions, moi, donc... voir les autres CR), le
Meursault 1er cru "les caillerets" Coche Dury 2004 n'a pas non plus déçu, plus "démonstratif" avec cette explosion de saveurs que nous pouvons connaître dans les vins du domaine, tout en restant très frais et agréable, mais il a rendu un peu de terrain au niveau de la longueur en bouche, qui était pourtant déjà très belle.
Très joli
Meursault "les Tillets" 2004 de Roulot, un beau village d'une grande finesse qui ne fait pas dans l'arachnéen, parce que supportée par une belle structure dense, "il y a du jus". Le
Meursault "narvaux" 2004 de Balland-Curtet a beaucoup souffert, moins bien dessiné, moins précis, plus brouillon. Pas mal pour autant, mais clairement un ton en dessous de tout ce qui l'entoure.
Egalement impressionné par la tenue du
Mouton Rothschild 1980, je ne l'attendais pas à ce niveau, et ça m'a fait plaisir. Les 2 vins de
1979, Château Figeac et Château Lafleur Gazin, se sont également bien comportés, je pensais qu'au moins un des deux serait mort, ça n'a pas été le cas. Certes, les 2 vins sont plutôt dans la pente descendante, mais ils procurent encore du plaisir, même si
Lafleur Gazin a un peu souffert entre
Figeac et
Mouton Rothschild.
J'ai eu aussi une très jolie confirmation de l'excellent rapport qualité-prix du
Saint Aubin 1er cru "en bas des vermarains à l'Est" 2007 de S. Langoureau, un très beau premier cru à moins de 20€ caviste. Le
chablis 2006 de V. Dauvissat est apparu nettement plus "pataud" à ses côtés, effet millésime?
Le
Chateau Chalon 1947 de J. Bourdy est d'une complexité et d'une tenue, force tranquille dans sa pleine maturité, qui m'inspirent une grande admiration pour les vigneron jurassien, capables de produire de tels vins, immortels. Un vin magnifique, sur lequel il m'est impossible de me prétendre objectif, car cette bouteille a été achetée dans un contexte particulier, qui fait qu'elle m'aurait de toute façon apporté beaucoup d'émotion. J'aime toujours autant les vins de chez
Macle, et ce
Château Chalon 97 était très très beau, mais les sentiments ont pris le dessus. Et puis nous verrons les vins de Macle dans quelques décennies
.
Les 2
Château d'Yquem m'ont apporté ce que j'attendais d'eux, et c'est parfait ainsi, car j'en attendais beaucoup. La comparaison des 2 millésimes est intéressante, car les personnalités des 2 vins sont vraiment différentes.
J'ai trouvé une maturité plus importante dans le
1990, peut-être dans une phase intermédiaire de son évolution, et une jeunesse insolente au
1996 (normal me direz vous), avec une plus grande fraîcheur sur ce dernier, mais 2 vins excellents, superbes d'équilibre, de complexité et de longueur.
Très belle découverte avec le
Château Fonsalette 2000, très beau vin élégant, parfumé, entêtant, une vraie complexité et une très belle tenue.
Le
Gevrey Chambertin 1er cru "les Cazetiers" 2001 de Rousseau a un peu souffert de la comparaison, dans le sens où l'élégance qu'il présentait également ne s'accompagnait pas d'une puissance similaire, ce qui fait peut-être qu'il était un peu en dedans, quoique j'avais pris la précaution de le faire goûter en premier dans le "duel". Un Gevrey bien parfumé, mais d'une constitution moins solide que les meilleurs crus du domaine qui lui a fait un peu de tort dimanche. Joli mais pas exceptionnel (un 2001 pourtant (
) ). J'en boirais par contre volontiers plus souvent.
Le
Chambolle Musigny 2006 Amiot Servelle a besoin de temps pour se fondre un peu je pense. Le fruit est mûr, mais il est accrocheur en finale, et je ne sais pas s'il gagnera beaucoup de complexité en vieillissant. A suivre. Le
Nuits Saint Georges 1er cru "Clos de la Maréchale" 2006 de chez Mugnier est pourmoi bien plus à son avantage, et présente déjà une aromatique du plus bel effet, un fruit mûr, un petit côté plus "sauvage, une touche d'élevage? une rondeur nettement plus aimable, un bon vin. Je pense qu'il faudrait l'attendre un peu, même s'il peut déjà donner du plaisir.
Les deux
1998 sont bien nés, déjà pas mal du tout à boire, mais.... je vais attendre un peu les autres bouteilles. La différence est assez marquée entre le
Pichon Baron, pour lequel tout le monde identifiera un Pauillac, bien fait, déjà aimable, pouvant à mon avis encore attendre un peu, possédant un fruit mûr avec quelques notes plus évoluée qui commencent à pointer leur nez, et
Mouton Rothschild, pour lequel chacun ira de son hypothèse, en parlant plutôt tard de Pauillac (plus par déduction qu'autre chose
après avoir localisé et écumé toute la rive gauche ) et en parlant de Mouton en dernier (ben oui, "on vient d'en boire un"
). En tout cas, une vraie différence de classe je pense, reconnue par tous avant d'avoir les identités des 2 protagonistes. Le
Mouton Rothschild a montré ici une complexité et une constitution supérieures au
Pichon Baron, mais sans doute plus en devenir que ce dernier, qui devrait être prêt d'ici 3-4 ans alors que nous subodorons une maturité réelle bien plus tardive pour le
Mouton Rothschild.
Ma déception principale vient de la
cuvée Edmond 1996, qui présentait un très joli nez mais une bouche particulièrement courte et manquant singulièrement de complexité.
Les 2 rouges 2006 ont sans doute souffert d'être servis juste après les 2 superbes Meursault, je dois avouer que je les avais mis à cette place pour faire une "transition" avec les rouges suivants, je ne pensais pas qu'ils souffriraient autant. A revoir peut-être à une autre occasion, zut on va encore devoir y goûter
. Laissons leur encore un peu de temps.
A noter l'absence de problème de bouteilles, et j'avoue que je ne m'y attendais pas non plus, surtout concernant les quelques vieux millésimes ouvert.
Enfin, je tiens à (re)dire que j'ai passé une magnifique journée, un très beau moment de partage et d'amitié, et c'est surtout pour ce genre de moment que ma passion du vin et de la table ne fera sans doute que grandir avec le temps.
Merci à tous pour l'aide dans l'organisation ( et pour le prêt des carafes, parce que je n'en avais pas assez...), et encore un grand merci de votre présence et de votre bonne humeur.