Vins préparés avec deux à trois heures d'aération avant service, verres universels Lehmann. Très didactique avec brochure et informations en rétro projection. Seulement quelques gressins et tranches de baguette de campagne à se mettre sous la dent, mieux vaut venir le ventre plein. Les bouteilles partagées en dix-huit mais à l'épreuve de la densité des vins proposés, étonnement c'est assez pour apprécier et chavirer de plaisir ce qu'il faut.
J'apprends l'existence de Gaston Lenoir au sujet des notes empyreumatiques. Avant de toucher quoique ce soit, des flacons "nez du vin" sont distribués olfaction et bonne esgourde. J'ai des progrès à faire, l'un des flacons pile poile muscat et défini sur notes "massepain, pâte d'amande, fleur d'oranger", pas si mauvais renifleur finalement.
Le vin défini comme "jus de raisin fermenté", huit paramètres : cépage, terroir, climat, effet millésime, viticulture, vinification, élevage, conservation. Le rappel de l'étiquette : mentions, millésime, parfois cépage(s) pour une vérité valable à 85%.
Chambolle-Musigny 1er cru "Les Fuées", René Bouvier, 2016.
Un des 1247 climats bourguignons, icelui d'une vigne partie des 3775 hectares de Côte de Nuits. 18 mois délevage.
Robe rubis sombre, pourpre avec la transparence caracteristique du pinot noir.
Nez cerise, fruits rouges en plénitude et fraîcheur, touche vanillée, à l'aération ronce et fruits noirs.
Bouche suave et équilibrée, la persistance du fruit sur une certaine puissance qui prend le pas sur l'alcool, discrète pointe végétale. C'est excellent.
J'entends parler de Pavelot pour la qualité de ses blancs, Auxey-Duresses et Corton-Charlemagne.
Côte-Rôtie, Domaine Clusel-Roch, "Classique" 2012.
15% chêne neuf, deux années d'élevage, complantation et cofermentation viognier.
Robe rubis dense avec de l'évolution orangée.
Nez avec de la réduction (que je n'ai pas de mémoire ressentie avec le délicieux millésime 2015 sur cette cuvée) qui efface les fruits noirs sur des marqueurs cuir, animal limite sudation, viande forte.
La bouche est heureusement plus avenante, matière en épaisseur avec ce qu'il faut d'équilibre. Trame tendue avec une certaine acidité. Fruits noirs massifs.
Châteauneuf-du-Pape (rouge), Château de Beaucastel 2011.
L'AOC 1936, Château Fortia mentionné.
Robe pourpre, larme en densité, bord du disque plus clair.
Le nez superbe, fruits rouges et noirs, cerise, sous-bois en fraîcheur, figue, fruits compotés.
En bouche richesse et complexité, complétude des fruits rouges, touche fruits des bois, réglisse, charge sudiste en charpente et gourmandise.
Une fois de plus, Grand Vin Perrin.
Saint-Émilion premier grand cru classé, Château Pavie-Macquin, 2012.
85%merlot, 14%cabernet franc, 1%cabernet sauvignon; élevage 16 à 20 mois (60% barriques neuves).
Robe pourpre bien sombre, bord du disque à peine plus clair.
Nez fruits, élevage présent mais bien intégré, épices poivre noir. Tanins en force et puissance s'annoncent.
Bouche séduisante, fraîcheur et tension, acidité pour trame. Le fruité un peu massif et fermé pour toucher à l'excellence, malgré une certaine finesse que j'attribue au cabernet franc assemblé. J'embarque la bouteille et son fond restant à l'issue de la dégustation, le surlendemain avec une saucisse de pays c'est parfait, la matière s'est mieux équilibrée, le fruité délié à sa bonne mesure aussi hédoniste que sérieux. Ça rappelle une certaine étiquette de Pomerol Thienpont à mon bon souvenir.
Palette (rouge), Château Simone 2009.
Avec la carte au tableau voilà que je confonds la rade de Toulon avec l'étang de Berre, le profil de Giens pour me remettre le compas dans l'œil. Des vignes pas si près de la côte.
Robe pourpre un peu jaune, homogène et de moyenne densité.
Nez fruité, épicé en finesse, épices douces safran un peu passées, iodé salin si on veut.
Bouche suave, fruits en finesse, mâche, sous-bois léger, boisé sciure. Jolie matière de belle longueur, plus en demi corps qu'en épaisseur.
En discutant conservation, la bouteille est proposée comme à son apogée avec encore un certain potentiel de garde toujours possible.
Vin de France, Languedoc (rouge), Peyre Rose "Marlene N°3" 2003.
En 2011, "coteaux du Languedoc", devient "Languedoc". La forte personnalité de Marlene Soria de Cahuzac sur Vère pour son "Vin de France". Je pose une colle avec mon "numéro trois?". Le vin en plus d'élevage long, 3/4 cuve et 1/4 foudre, bénéficie d'une commercialisation après garde en bouteilles (10 ans).
Robe pourpre brunie.
Nez fruits en force, épices douces, boisé vanille.
Matière en maîtrise, c'est fruité, l'alcool limite la finesse ressentie, l'acidité hors fraîcheur indissociable de cette finesse, vin un peu desservi par l'ordre de dégustation c'est forcé. Pour tous et celui ci plus encore, vins de gastronomie.
Une belle série cohérente, les vins impairs gagnants. Difficile de rivaliser avec un Chambolle d'un bon domaine pour la cuvée et le millésime qui vont bien, mais lauriers à Beaucastel.