Pour cette dégustation de janvier, c’était un peu comme pour
LPV Lutèce
: pas d’organisateur et un thème mélangeant celui de "grosses quilles" et celui de "joyeux bordel".
Seuls les types de vins étaient annoncés à l’avance (bulle, blanc sec, rouge, oxydatif et sucre) et finalement on s’en est bien sorti !
A l’arrivée c’est un mix de découvertes de très bon niveau et de valeurs sûres plus très faciles à dénicher…
On commence par deux bulles de producteurs indépendants au top…
Domaine Jean-Marc Sélèque – Champagne – Partition – 2008
L’or de la robe est bien dense.
Le nez allie puissance et finesse, sur une aromatique de fruits secs, de massepain, de brioche et d’agrumes, ainsi que d’un fin grillé.
La bouche se montre impactante et en même temps d’un grand raffinement, avec une bulle crémeuse. L’aromatique se recentre sur les agrumes et les fruits secs, bien accompagnée par une superbe tension. La finale saline et d’une persistance remarquable vient parachever ce beau tableau.
Excellent (+)
Domaine Ulysse Colin – Champagne – Les Maillons
Dégorgement en 2014.
La robe se présente sous un or ambré.
Le nez très intense et complexe offre des fruits confits, des fruits secs, de la cire, du bois précieux, des épices, et même un soupçon de caramel !
D’une très belle élégance, la bouche fait également preuve d’une certaine vinosité. La bulle caressante met en valeur les arômes du nez que l’on retrouve pour l’essentiel en rétro-olfaction. La très bonne allonge se termine sur de beaux amers en finale.
Très Bien ++ / Excellent
Après cette attaque de très haut niveau, nous poursuivons avec six blancs.
Domaine des Poëte – Vin de France (Reuilly) – Orphée – 2017
La robe arbore un or clair.
Expressif sans plus mais fin, le nez juvénile sauvignonne dans le bon sens avec du bourgeon de cassis, de beaux fruits blancs et une touche mentholée.
La bouche est bâtie sur un bel équilibre, avec une bonne tension, une chair assez dense, et une aromatique avenante. C’est dans la longue et très belle finale qu’apparait une sensation crayeuse.
Très Bien (+)
Domaine Danjou-Banessy – Côtes Catalanes – La Truffière – 2016
L’or de la robe n’est pas très dense mais tire un peu sur l’ambré.
Le nez très intense et classieux s’affirme en associant un cocktail étonnant de fruits confits et de notes finement terpéniques.
La grosse matière en bouche donne une impression de mâche, et se renforce par une aromatique décadente. Mais elle se révèle en même temps d’une superbe fraîcheur, ce qui peut paraître contradictoire mais c’est bien la réalité ! La finale persistante et de grande définition ravit.
Très Bien ++
Domaine Henri Germain – Meursault – Limozin – 2016
C’est sous un or moyen que la robe nous accueille.
Le nez de belle intensité propose des fruits jaunes et des arômes floraux avec de la camomille.
La bouche monte d’un cran, d’une grande pureté, habillée d’une fine pellicule de gras, sans maquillage de bois. Bien enlevée grâce à une belle tension, elle fait preuve d’une grande salinité en finale.
Très Bien +(+)
Domaine Richard Leroy – Vin de France – Noëls de Montbenault – 2014
La robe n’est pas d’une limpidité d’école et se présente sous un doré légèrement ambré.
Très intense, le nez signale un jus d’exception et sortant des sentiers battus : des fruits secs et des épices s’appuient sur une base de fruits blancs.
La bouche est perlante mais cela s’estompe si on secoue énergiquement le breuvage. La matière racée est animée par beaucoup de force et le liquide semble progresser par vagues ou par vibrations. La finale se termine en queue de paon.
Très Bien ++ pour cet OVNI qui ne peut laisser indifférent
Domaine Ganevat – Côtes du Jura – Florine – Chardonnay – 2014
La robe est teintée d’un vieil or.
Le nez offre généreusement des arômes exotiques et déjà des touches de truffe.
La bouche est d’une grande droiture, conférée par une acidité tranchante, fort heureusement contrebalancée par une matière charnue qui lui sert de fondation, avec un minimum de sapidité. Sans surprise, l’allonge est superbe et la finale bien salivante.
Très Bien +(+)
Bodega Contador – Rioja - Dué bonito Cacareaba – 2012
Assemblage de grenache blanc, malvoisie et viura.
La robe est parée d’un or ambré.
Le nez très intense prend des airs baroques, sur les fruits exotiques, nuancés d’une infime touche de pétrole.
La bouche est hors norme, aux dimensions XXL, et construite sur une matière très mûre. Une grande acidité la porte mais c’est sa puissance qui emporte tout jusqu’à une finale dotée d’une pointe de sucrosité.
Très Bien +(+) mais, vous l’aurez compris, pas pour un pdf.
On passe maintenant à six vins rouges.
Domaine Gallety – Côtes du Vivarais – La Syrare – 2014
La robe très sombre paraît encore toute jeune.
Généreux et bien gourmand, le nez virevolte entre le cassis, la violette et des arômes finement lardés.
La bouche est un délice, succulente et séductrice. Elle se développe avec ampleur et une rare qualité tactile évoquant le satin, jusqu’à une finale savoureuse.
Très Bien ++
Domaine Richeaume – Vin de France – Columelle – 2011
L’assemblage comporte 50 % de syrah, 40 % de cabernet sauvignon et 10 % de merlot.
La robe très sombre a commencé timidement son évolution vers une parure à peine tuilée.
Le nez racé et d’une grande élégance exhale des fruits noirs, des notes balsamiques et d’autres mentholées.
La bouche classieuse mêle harmonieusement les qualités chaleureuses de la syrah et celles plus austères des cépages bordelais. Une grande fraîcheur et un élevage bien dosé se mettent au service du vin. Le toucher délicat et la finale très persistante complètent le tableau avec panache.
Très Bien ++ / Excellent
Tous ceux qui étaient à l’aveugle sont partis sur Trévallon : pas mal !
Château Simone – Palette rouge – 2008
La robe moyennement sombre oscille entre deux âges.
Pas très expressif mais beau, le nez propose une palette
de fruits rouges et noirs, une note poivrée et une touche vanillée.
La bouche est clairement axée sur le raffinement, avec un toucher très fin et une grande verticalité, sur un profil droit et long.
Très Bien ++ / Excellent et sans doute un des meilleurs Simone rouges dégustés à ce jour.
Domaine de la Grange des Pères – Vin de Pays de l’Hérault – 2008
La robe sombre montre des reflets fauves sur la frange.
D’une très belle intensité, le nez exhale une aromatique riche, composée de fruits compotés et de cuir. Une touche d’anchois est perçue, mais uniquement étiquette découverte !
La bouche extra large et cossue campe sur une belle ossature et une chair très dense et mûre, avec même des arômes de chocolat. L’alcool est bien sensible (et pourtant pas plus de 14 °) jusque dans la finale.
Très Bien + quand même car il y a du vin et que je ne suis pas un pdf, mais ce vin n’est pas du tout fidèle au millésime et il est tellement loin du remarquable 2012 !
Cantina Santadi – Carignano del Sulcis – Terre Brune – 2012
La robe sombre est nettement évoluée sur le bord du disque.
Le nez d’une intensité prononcée part sur une confiture de fruits noirs, de belles épices et du cuir noble.
La bouche délicieuse et harmonieuse affiche une belle finesse de grain qui enveloppe une matière charnue et de grande maturité mais sans esbroufe. La finale passe et perdure en force avec une aromatique très agréable.
Très Bien ++
Domaine Les Menhirs – Vin de France – Cabernet Franc – 2017
La robe sombre et les reflets neutres ne donnent pas d’indice sur l’âge du vin.
Le nez d’une certaine puissance est marqué par une forte acidité volatile qui inquiète.
La bouche est sans appel : quasiment du vinaigre !
ED ou alors le vin est passé du côté obscur
de la force des vins nature.
Pour se remettre de ce qui sera le seul raté de la dégustation et pour accompagner du comté, nous avons droit à trois vins jaunes ou oxydatifs.
Domaine Ganevat – Côtes du Jura – Cuvée Prestige – Savagnin – 2009
Cette cuvée a été élevée pendant quatre ans sous voile.
La robe affiche une couleur ambrée bien dense, d’autant qu’elle n’est pas très limpide.
Très intense, le nez est d’un classicisme d’école avec le triptyque gagnant : noix, curry et céleri !
La bouche réussit un équilibre sur le fil, en combinant amplitude et droiture. Le toucher délicat fait preuve d’une grande subtilité. La finale se prolonge avec plus de rigueur.
Très Bien ++ / Excellent
Domaine Jean Macle – Château Chalon – 2014
La robe vieil or s’affiche avec de la densité.
Le nez déroule, avec une grande élégance et une belle profondeur, des arômes de céleri, de tourbe et d’épices, mais pas de noix. C’est très distingué !
La bouche n’est pas en reste, avec toujours ce raffinement comme qualité première, développant une belle rondeur, avec même un certain gras, et une acidité structurante. La finale nette et sapide ne sature aucunement le palais et invite à une nouvelle gorgée.
Excellent
Domaine Labet – Vin Jaune – 2008
La robe ambrée brille de mille feux.
Le nez est intense mais sans plus, et offre délicatement une aromatique complexe, très florale, avec des touches de curry et de rhum.
La bouche est concentrée, puissante, maintenue dans ses rails par une acidité gaillarde. L’aromatique est plus tournée vers les fruits jaunes, jusque dans la grande finale où le caractère oxydatif passe au second plan.
Excellent (+)
Et pour finir, deux sucres :
Domaine Prince Poniatowski – Vouvray moelleux – Aigle blanc – 1989
L’âge de la bouteille est trahi par une robe de couleur vieil or bien dense.
Le nez est présent mais assez monolithique sur les fruits exotiques.
La bouche étonne par ses sucres très peu présents, presque en filigrane, sans doute pas dans le haut de la fourchette des moelleux au départ et s’étant bien fondus après plus de trente ans. La richesse de la belle aromatique est amortie par suffisamment d’acidité.
Très Bien (+) pour ce vin qui a dépassé son apogée.
Domaine Marcel Deiss – Alsace Vendanges Tardives – Gewurztraminer – 2004
La robe est semblable à celle du Vouvray, vieil or bien dense, avec de la brillance en plus.
Le nez très épanoui exhale de l’ananas, de la truffe et des notes de rose.
La belle liqueur de la bouche est réjouissante, d’autant qu’elle s’accompagne d’une aromatique enchanteresse. La bouche est rythmée par une acidité vibrante. On retrouve dans la finale plus effilée les fins amers du gewurztraminer.
Très Bien ++
Au final, c’était pas mal pour une sélection avec quatre vins de France et un VDP !
C’est la série des jaunes qui a emporté les suffrages
, avec un niveau moyen très élevé, suivie par celle des bulles
.
Pour la première fois nous avons élu domicile au Zin’s à Versailles et ne l’avons pas regretté : un patron très grand connaisseur, une cuisine excellente et copieuse, une salle quasiment privatisée : on reviendra !
Jean-Loup