Soirée improvisée chez Romain qui me permet d’inviter un autre compagnon de dégustation esseulé pour le WE. Nous serons cinq, d’horizons différents dans le monde des vins et spiritueux. Nous dégustons à l'aveugle sauf pour les apporteurs.
Champagne 1 :
Nez qui évoque la pomme jaune, en bouche il y a une sensation “pleine” : le fruit est mûr et le couple maturité/dosage est très maîtrisé pour donner un champagne avec une certaine structure. Les notes exotiques/mirabelle apportent de la gourmandise, cela reste bien vif et termine sur la tatin de fruits rouges. C’est
très bon +
Je pronostique une majorité de pinot meunier new style (ie mûr et bien conduit) pour ce côté à la fois gourmand et tendu, bingo car c’est
Champagne - Françoise Bedel - Dis, Vin Secret (base 2017)
(80% PM, 10%PN, 10% Chardo, dosage de 4,8 g/l et 5 ans sur lattes).
Champagne 2 :
La robe est légèrement rosée, le nez est engageant sur la groseille, la bouche en revanche est un peu simple, ou bien est-elle plutôt sévère ? La finale est très légère.
Moyen +, à attendre. car on sent qu’il y a du vin mais en l’état ça ne parle pas. Aurait peut-être gagné à prendre un peu plus de dosage et de temps sur lattes.
Champagne - Bourgeois-Diaz - BD Meunier - Brut Nature
On passe aux blancs,
blanc 1 :
La robe est jaune citron bien mûr, au nez je trouve que cela fait un peu aligoté new age, ceux qui sont vendus >15€ et qui bénéficient des mêmes traitement à la vigne et à la cave que le reste des vins des propriétés bourguignonnes de la Côte de Beaune. C'est-à-dire un nez sur l’églantine, le melon d’eau, avec une pointe de gourmandise liée à l’élevage. En bouche c’est un peu plat, et la finale est un peu maigre.
Moyen. Surprise à la tombée de l’étiquette car il y a des inconditionnels à table de
Muscadet - Jérôme Bretaudeau - Gaïa - 2019.
Ni chaud ni froid de mon côté, je préfère les muscadets plus tendus que ça (bien qu’avec le RC ils ne soient plus si fréquents). Bu récemment avec LPV quedubon/noraw un Statera du même vigneron qui m’avait laissé de marbre aussi (sauf le nez qui était top, rendons lui cela). Comprends pô la hype.
Blanc 2 (mon apport) :
La robe est bien jaune là également, et alors le nez concentre tout ce que j’aime. Chair de lime et de pomelo, écorce d’orange, poivre timut, un peu de mirabelle.
La bouche est vive, puissante et d’une structure altière, l’acidité et l’extrait sec se répondant parfaitement. Cela termine sur une salinité qui évoque celle du cachet d’aspirine. C’est signé chenin de manière unanime pour la tablée, c’est
excellent, et cela en a sous le pied car c’est
Savennières-Roche-aux-Moines - Domaine aux Moines - Savennières-Roche-aux-Moines - 2021
A noter que je l’ai carafé avant de l’amener ce qui lui a fait perdre des délicates notes de poire et une certaine fringance qu’il ne présentait plus tant que ça au moment de la dégustation : plusieurs ont imaginé un vin plus évolué.
Blanc 3 :
Argh, le premier nez est sans appel :
échantillon oxydé.
Dommage car en bouche la structure laissait présager un très beau vin. Cela fera un superbe vinaigre.
Côtes du Jura - Domaine Labet - Fleur de Savagnin - 2016
On passe aux rouges :
Rouge 1 :
La robe est rubis translucide, le tout premier nez légèrement floral, puis cela fait très, beaucoup trop mûr. Il y a de la cerise au kirsch, de la cannelle, de la réglisse. Cela évoque le PN, puis en fait le cinsault qui aurait eu trop chaud, avec une pointe de syrah en plus, même si la couleur ne tend pas vers cela. La bouche n’est pas très vive, voire un peu plate, enfin il y a un énorme volume qui chauffe un peu, suivi d’une finale cacaotée. Finalement je m’arrête sur un PN nouveau monde.
C’est en fait
Beaune PC - Domaine des Croix - Beaune Cent Vignes 2019
et c’est
bon, mais pas au dessus à mon goût, du fait de l’énorme manque de délicatesse, loin de ce que j’attends d’un PN bourguignon. A voir si cela tend vers du mieux, mais avec ce déficit d’acidité vs. si haut niveau d’alcool (14° affichés tout de même, tirant plus vers le 14,5° en ressenti).
Rouge 2 :
Robe tirant sur la violine, il y a au début de la réduction, et un côté sueur de cheval qui me fait penser à des brett. Pas jojo au départ mais finalement cela finit par se dissiper et s’ouvrir, sur l’eucalyptus, le menthol, l’encre de chine, le poivre moulu. En bouche c’est puissant tout en restant frais, il y a pas mal de tannins mais ceux ci sont assez polis, et tiens il y a de la gourmandise avec ces notes de gelée de mûre. C’est
très bon, et cela nous balade pas mal, d’abord sur de la syrah de type cornas sur une année un peu fraîche, puis à bordeaux sur un médoc ou un rive droite riche en cabernet franc… En prime les tanins font quand même un retour légèrement accrocheur sur le finish, que n’a-t-on pas une viande rouge ? Beh c’est un
Bourgueil - Domaine de la Butte - Haut de la Pente - 2015
Pas la première fois que je suis baladé de la sorte par ces vins, avec toujours un vrai plaisir à la dégustation je dois le dire.
Rouge 3 :
La robe est très sombre, et le nez extrêmement gourmand. Il y a de la prune, du thé, des raisins secs, un peu de jus de viande, une pointe de volatile. Le nez nous balade bien ici aussi, un tout petit peu de coco/caramel nous emmène en Rioja, avec ce jus de viande qui fait penser au tempranillo, et puis en fait je pense à l’italie et au cépage barbera, qui pour moi est un des rares à présenter tous ces curseurs acidité/tanins à fond avec un peu de volatile.
La bouche est puissante mais extrêmement soyeuse, bien déliée et aux tanins parfaitement polis. Il ne devait pas y en avoir des tonnes à l’origine d’ailleurs. Seul défaut du vin : il finit légèrement sucraillon. D’ailleurs on soupçonne quelques petits sucres résiduels d’être à l’origine de cette sensation de confort en bouche.
Très bon +, et nous pouvions courir longtemps, car c’est un
USA - Californie - Dry Creek Valley AVA - Ridge - Lytton Springs 2015.
(74% Zinfandel,16% Petite Sirah, 8% Carignane, 2% Mourvèdre)
Très belle expérience, mon premier Ridge et je ne suis pas déçu. Le côté sucraillon, c’était donc le zinfandel en fait !
Rouge 4 : est-ce l’effet de séquence ou bien mon palais qui fatigue ? Je passe à côté du vin suivant qui sous sa robe très sombre s’approche juste, il est aristocratique, il est frais et vous en dit sans trop en dire pour le moment. C’est quasiment crayeux, ça parle peu.
Bandol - Domaine Tempier - Pour Lulu - 2017.
Pas d’appréciation car dégustateur plus assez fiable, mais je pense que cela se serait très bien présenté avec un plat en sauce adapté : la table s'accorde pour se dire que cela commence à s’approcher.
Final :
L’hôte apporte un clavelin, à partir de là le suspense sur le guess vin jaune est limité, mais nous jouons quand même : quel âge ? vieillissement en cave chaude et sèche ou froide et humide ?
Le nez évoque le curcuma et la noix verte. En bouche c’est bien vif, et le “jaune” n’écrase pas tout loin de là, c’est même assez citronné à mon goût, voire variétal sur la fane de carotte, avec une longue finale saline et finement “sotolonnée”.
Excellent
Château-Chalon - Domaine François Mossu - 2003
Nous le voyions beaucoup plus jeune : 2012 ou 2013. Quels vins que ces jaunes…
Merci aux compagnons de cette soirée improvisée et éclectique !