Merci JD pour avoir lancé la vague de CR ! La vie est parfois assez simple : une course faite par 3 des gaillards de Lutèce, la proposition de l'un pour se retrouver chez lui et c'est parti !
Au fur et à mesure, c'est l'ensemble des 11 membres qui sont sur la ligne de départ et malgré une défection, nous serons tout de même 10. Pour une telle tablée, il faut donc voir les choses en grand aussi bien au niveau du solide que du liquide.
J'ai donc innocemment signalé que je préparerai un croissant au jambon avec ma petite idée derrière la tête : acheter un croissant xxl chez conticini et le transformer. Résultat après 15 tranches de jambon, 500g de comté cyclamen 9 mois et la béchamel qui va bien pour couvrir le tout, le petit bébé (monstre ?) de 3 kilos était né.
Le monstre pris après la préparation et après cuisson/tranché
Vin 0 : Domaine William Fèvre, Chablis Grand Cru, Bougros, 2008
Non à l'aveugle et révélé au groupe avant même notre arrivée
Le nez fait déjà très évolué avec ce melange de croûte de fromage, du miel, de la cire et surtout de la truffe. On trouve aussi des arômes plus typiques de coquille d'huître et de citron (mais le citron un peu fatigué).
En bouche, le vin présente une matière grasse avec une légère acidité et des aromes citronnés et miellés. Un léger creux en milieu de bouche fait croire que le vin possède une longueur moyenne mais il reprend ensuite sur des arômes truffé et avec une acidité plus importante.
Une bouteille qui m'est apparue plus évolué qu'un précédent GC de ce producteur sur ce millésime. Sur cet échantillon, il est grand temps de boire ce vin mais si c'est sympa, je n'ai pas été grandement emballé notamment à cause de ce côté évolué. À noter que d'autres degustateurs ont trouvé ce vin super.
Vin 1 : Champagne Egly Ouriet, Les Prémices, Extra Brut
Encore une fois pas à l'aveugle et utilisé comme bulle d' introduction pour attendre les différentes personnes. Le format magnum permet aussi à certains gourmands d'y revenir toute la soirée.
Le nez est assez joli et délicat, avec un léger brioché, du citron mûr, des agrumes et un léger fumé qui donne une belle profondeur au vin.
En bouche on a une acidité importante compensée par une matière élégante sur le citron majoritairement. L'ensemble est sapide avec une longueur correcte (10/15 secondes).
Un champagne tout à fait correct, parfait pour se faire le palais et se poser tous ensemble. Par rapport aux autres cuvées de ce producteur, on est cependant clairement en dessous.
Allez, les différents gaulois sont arrivés (certains plus tard que d'autres) et on peut commencer à se mettre à table.
Vin 2 : Champagne Selosse, Version Originale
Le nez envoie directement sur une dimension connue avec des gros arômes oxydatifs sur la noix, du citron mûr, presque confit, de l'orange et son zeste, quelques arômes floraux, un léger pain grillé. C'est d'une complexité diabolique et en même temps délicat. J'adore et m'oriente vers Selosse mais l'apporteur nous induit en erreur en nous laissant croire que ce n'est pas ça.
La bouche est à la hauteur du nez avec une très grosse matière puissante avec une bulle présente mais fine. La matière s'étend et donne une énergie folle au vin qui reste rond et agréable malgré une tension folle. L'ensemble est parachevé avec une longueur à la hauteur de ce feu d'artifice avec plus de 40 secondes en bouche.
Diantre, qu'est-ce que c'est bon ! Un vrai coup de cœur.
Vin 3 : Champagne Selosse, Rosé
Un des camarades signale qu'il n'y a pas assez de bulle avant de passer aux blancs. Un passage dans la cave de notre hôte, un coup rapide au frigo et c'est parti !
Le nez est assez complexe sur un mélange de pointe d'orange confite, des fruits rouges, du sésame et du pop corn.
La bouche est jolie avec un oxydatif non perçu au nez, une belle matière enveloppante sur la peau d'orange. La longueur est moyenne 10/15 secondes) et présente une finale sur les agrumes.
Difficile pour cette bouteille d'enchaîner après le vo, je suis pour ma part peu enthousiaste même si c'est un joli champagne, je n'ai pas la claque habituelle sur les selosse (surtout quand on en prend une 5 minutes avant). D'autres personnes ont été bien plus enthousiastes que moi et ont trouvé une parenté évidente avec le vin précédent.
Vin 4 : Estate Argyros, Santorini, Monsignori, 2021
Le nez présente un mélange d'agrumes, de pamplemousse, d'herbe coupée et un leger fumé. Bref on dirait un sauvignon mais c'est assez simple.
La bouche présente une attaque avec du citron, du pamplemousse ensuite, on sent l'acidité jusqu'en milieu de bouche puis vient les agrumes avec des amers fortement présents. Mais c'est surtout la finale avec un léger résiduel et une sensation de chaleur qui est à noter avec une longueur moyenne.
Clairement pas ma came, trop chaleureux pour moi.
Vin 5 : Domaine Dagueneau, Pouilly Fumé, Silex, 2014
Et un bouchon ! Bref ça va pas me réconcilier avec le domaine (souvent décevant pour mon goût)
Vin 6 : Domaine Labet, Côtes du Jura, La Bardette, 2016
Le nez présente au départ une forte réduction sur l'allumette. Puis la complexité prend le pas avec un mélange de citron mûr, du sésame. On sent qu'il y a du vin là dedans !
La bouche présente une attaque avec une belle acidité, une belle matière ronde et enveloppante et une finale sur un délicat sésame fumé. Très belle longueur pour parachever le tout.
Cette réduction au départ et le jus derrière nous orienté fortement vers Labet, bingo. Toujours un plaisir et une belle bouteille.
Vin 7 : Domaine Roulot, Meursault, Les Tillets, 2009
Le nez est "parfait" : tout est en place sur des arômes de citron frais, un léger lacté, quelques épices du style cardamone. À point, complexe et évident.
La bouche est aussi du grand art avec une matière importante mais contrebalancée par une acidité donnant une impression de laser. La finale est sur une légère cire, signe d'un vin avec un peu d'âge. Le vin reste plus de 30 secondes en bouche. Quel vin ! Clairement un coup de cœur alors que mes précédentes rencontres étaient plutôt sur un vin extrêmement bien fait mais qui manquait un petit quelque chose. Là c'est totalement ma came et un gros coup de cœur sur ce très joli vin. Il n'y a pas à dire : c'est quand même bon le chardo.
Vin 8 : Domaine Michel Bouzereau, Meursault 1er cru, Perrieres 2010
Le nez fait plus vieux que le précédent avec un beurré bien présent, de l'orange et des arômes un peu évolué style coing et même un léger miel.
En bouche on a un certain équilibre mais on est encore une fois sur une évolution notable avec du miel et du coing en finale. Longueur correcte d'une dizaine de secondes.
À la levée de l'étiquette, on peut se demander si la bouteille n'a pas un soucis car c'est clairement décevant eu égard au producteur, climat et millésime.
Vin 9 : Champagne Henriot, Cuvée des Enchanteleurs, 1988
Quelle est encore cette sorcellerie de bulle ? Le nez mélange l'orange confite, des épices avec un mélange de curry, la noix de muscade fraîchement moulue, des agrumes en tout genre, un léger brioché. Un champagne évolué certes mais tout à fait prenant.
La bouche est très jolie sur une acidité marquée en attaque, une bulle fine qui reste pendant de longueurs secondes, puis fait s'étendre les arômes de citron, d'orange confite pour donner j'e finale sur le curry. La longueur est superbe avec plus de 30 secondes.
Encore un coup de cœur ! Ah si j'étais riche, je remplirai ma cave de ces têtes de cuvées de plus de 20 ans.
Vin 10 : Les Cailloux du Paradis (Courtois), Vin de France, Racines, 2019
Le nez possède des arômes de vins natures sur une très légère volatile laissant la place aussi sur les fruits rouges gouleyant, un léger végétal et de l'eucalyptus.
La bouche est à l'avenant, très fraîche, souple sur les fruits rouges avec une bonne longueur (20/25 secondes) et une finale avec une légère amertume.
Clairement pas mauvais, c'est sûrement lié au fait que nous ne mangions pas mais je ne suis pas convaincu (alors que j'ai déjà bu ce type de vins avec une bien meilleure opinion).
Vin 11 : Domaine George Roumier, Chambolle Musigny 1er cru Les Cras, 2010
Le nez m'emporte sur de la framboise, la fraise, la rose, de l'eucalyptus, complexe, une force tranquille et un vrai nez de Pinot classique.
La bouche est superbe, fine et gourmande sur ces petits fruits rouges équilibrée, tannins de taffetas et une finale florale tout en permettant au vin de s'exprimer pendant plus de 30 secondes.
Il y a des vins qui marquent, celui-là en fait clairement parti. Première rencontre de Roumier, je suis conquis.
Vin 12 : Domaine Mugneret Gibourg, Vosne Romanée, 2020
Le nez présente une autre expression du Pinot : une vrai puissance sur les fruits noirs, le noyau de cerise burgat, quelques épices chinoises. C'est clairement complexe, concentré.
La bouche présente une grosse concentration et une certaine matière puissante sur la confiture de fruits noirs. Très bonne longueur (plus de 20 secondes) et des tannins fins.
Sûrement trop jeune, c'est une comparaison de style intéressante qui ne me donne cependant pas autant de plaisir que la finesse du Roumier. La tablée est divisée : certains préfèrent le Roumier, d'autres le Mugneret. Dans tous les cas, du bel ouvrage pour ces deux Pinots.
Vin 13 : Domaine Jean-Louis Chave, Saint Joseph, 2008
Le nez présente une certaine profondeur avec un léger côté ferreux, des fruits noirs, une note poivrée et même du poivron presque végétal.
La bouche présente une attaque avec une forte acidité (presque vernis) puis vient des fruits noirs gourmands, un côté terreux. La finale présente des épices (poivre) mais aussi un végétal bien présent et des tannins accrocheurs.
Je n'ai personnellement pas reconnu la syrah, ce côté végétal/vert m'a un peu décontenancé et je n'ai pas eu beaucoup de plaisir. Dommage.
Vin 14 : Domaine de l'Anglore, Vin de France, Terres d'Ombres, 2019
Le nez est glouglou sur le fruit, presque une grenadine avec un côté pain d'épices.
La bouche est légère sur un mélange de groseille et de fraise écrasée. Mais dès le milieu de bouche, une amertume importante arrive et la finale présente un mélange de groseille métallique tout en laissant un côté asséchant et tannique.
Le nez promettait une belle gourmandise mais la bouche était plus compliquée. Lié à l'ouverture au débotté ?
Vin 15 : Domaine Chapoutier, Ermitage, Le Pavillon, 2001
Le nez me charme immédiatement sur un mélange de feuilles mortes, un fruit noir mat, du tabac mais aussi un certain lardé, un côté animal. Une grosse complexité à parfaite maturité.
La bouche présente une belle concentration sur ce fruit noir mat, des petits tannins arrivent en milieu de bouche et une finale cendrée et poivrée. La longueur est bonne (20 secondes) sans être extraordinaire.
Une superbe bouteille à maturité même si je n'ai pas retrouvé le côté rond/gourmand de certains parcellaires de Chapoutier rencontrés.
Vin 16 : Domaine de la Grange des Pères, VDP de l'Herault, 2011
Le nez est classique et le doute est vite effacé. La GDP est trouvée avec ce mélange d'olives noires, de la tapenade, des fruits noirs, du poivre.
La bouche possède une belle matière sur les fruits noirs avec une acidité importante dès le milieu de bouche qui permet au vin de garder une belle fraîcheur. La finale présente un petit eucalyptus et de l'olive noire avec une belle longueur.
Un très joli vin mais je commence à fatiguer.
Vin 17 : Domaine Stephan, Côte Rôtie, Coteaux de Bassenon, 2014
Le nez est sur un mélange de fruits noirs frais, un léger vernis, des arômes animaux et en cherchant bien un léger lardé.
La bouche présente une acidité marquée dès l'attaque puis vient le fruit frais et quelques tannins. Bonne longueur sur ce fruit assez mur mais aussi froid.
La fatigue est définitivement présente. Un joli vin qui a eu le désavantage d'être le dernier rouge de la soirée. En revanche, difficile de placer une syrah là dessus.
Vin 18 : Domaine Zind Humbrecht, Clos Winsbuhl, Pinot Gris Vendanges Tardives, 2000
Un nez extrêmement fruité et gourmand sur un mélange d'orange, de floral, un beau miellé et même des fruits exotiques. C'est très charmeur.
La bouche confirme ce charme avec une attaque bien ronde qui emplit le palais sur ces arômes d'orange et de fruits exotiques en gardant une certaine fraîcheur mais sans acidité. La longueur est bonne.
Un beau vin à parfaite maturité, il aura eu le mérite de remettre les papilles en place et de faire débattre sur les vertus du Pinot Gris souvent oublié (et un débat passionné sur Riesling : plutôt allemand ou alsacien ? Let thé fight begin.)
Vin 19 : Grahams Vintage Port 2000
Le nez présente un mélange de fruits noirs compotés, presque cuits et du pruneau ainsi que du chocolat. On a une certaine puissance et un alcool ressenti des le nez. Sans même avoir goûté, je dis Porto ruby.
La bouche est sur les fruits cuits et du pruneau. Mais c'est surtout l'alcool qui me brûle. La longueur est moyenne.
Content d'avoir reconnu le Porto et clairement mon palais était cuit à ce moment là. Pour l'avoir goûté à Vila Nova de Gaia, j'avais assez aimé même s'il y avait ce côté chaud déjà noté.
Vin 20 : René Badé, Monbazillac (années 1950/1960)
Non goûté car voyant mes camarades tomber un à un après ce sucre très peu agréable.
La traditionnelle photo de famille
C'est déjà la fin. Merci encore les amis. Je laisserai le mot de la fin à l'un de mes camarades qui a une conclusion très juste :
"[...] Il y a en revanche une chose qui ne souffre aucun débat: le plaisir de se retrouver et de partager une excellente soirée entre amis.
Il y a quelques années, on se retrouvait pour partager des vins. J’ai le sentiment que, désormais, le partage des vins est une bonne excuse d’avoir le plaisir de se retrouver
."
Bonne dégustation,
Matthias