LPV Versailles prétexte un faux-départ pour déguster quelques vrais vins !
Un faux départ très certainement !
Disons que nous avons fêté la fin de mon temps plein, car je compte bien faire encore du temps partiel au sein de LPV Versailles...
J’avais donc proposé un thème assez vague à Maître Philippe, le maître de cérémonie. Je lui avais dit que je ne voulais pas être au pain sec et à l’eau… et que je préférais être au SEC et au vin ! Par SEC il fallait comprendre
Suisse –
Elégance –
Caractère comme François l'a explicité.
Vérifions donc si la consigne a été suivie…
Mais auparavant je reconnais bien volontiers également un petit manque d'objectivité et une notation globalement élevée, mais c'est constant chez moi : je suis très ouvert, comme François l'a souligné, et très bon public !
Paire de vins effervescents : deux Champagnes du même beau domaine
Philippe avait bien noté que je désirais mieux connaître le domaine Françoise Bedel, n’ayant goûté qu’une seule fois à sa cuvée Origin’elle.
Françoise Bedel – Champagne – Entre Ciel et Terre
Assemblage de 50 % chardonnay, 35 % pinot noir et 15 % pinot meunier. Base 2007. Vieillissement de 6 ans sur lattes.
Robe hésitant entre paille et or.
Le nez bien intense associe grillé et agrumes.
La bulle est très abondante en bouche mais bien caressante, le profil est rectiligne, porté par une belle acidité jusqu’à une finale salivante sur la finesse.
Très Bien (+)
Clairement à classer dans la catégorie «
Elégance ».
Françoise Bedel – Champagne – L’âme de la Terre – 2002
Assemblage de 42 % pinot noir, 36 % chardonnay, et 22 % pinot meunier. Vieillissement de 13 ans sur lattes.
Robe d’un or bien dense.
Le nez très intense ravit par la complexité de ses arômes : pâtisserie, fruits jaunes et fruits secs marquant une belle évolution.
La bouche est bien équilibrée entre une matière riche et ample d’une part, et une belle finesse d’autre part. La grande persistance est appréciable d’autant que la finale dévoile de beaux amers.
Très Bien ++
A classer dans la catégorie «
Caractère ».
Un blanc esseulé pour me piéger : un sauvignon d’un style non classique.
Domaine Alexandre Bain – Pouilly-Fumé – Mademoiselle M – 2014
Robe d’un bel or.
Le nez très intense se montre presque puissant par son aromatique riche et exotique, teintée de notes de rose et d’une touche crayeuse.
La bouche allie volume et tension, avec un avantage au premier. La belle allonge se termine sur des accents salins.
Un style précis avec beaucoup moins d’emphase qu’au nez.
Très Bien
A classer dans la catégorie «
Caractère ».
Paire de blancs : monocépage savagnin ouillé par deux grands vignerons du Jura
Domaine Pierre Overnoy – Arbois Pupillin – Savagnin – 2011
Robe d’un or moyen.
Le nez intense propose un floral très pur, caractéristique de ce cépage lorsqu’il est ouillé, ce qui a sans doute permis à Denis de le trouver et à d’autres de le confirmer. Mais d’autres arômes de fruits blancs tels que la poire et des notes mentholées ont pu aiguiller d’autres dégustateurs, dont moi, sur l’autre cépage blanc du Jura et surtout sur une région plus au Sud…
La bouche ronde et avenante présente un léger gras à l’attaque puis une superbe élégance domine avant une finale d’une grande précision.
Très Bien ++ / Excellent
Clairement à classer dans la catégorie «
Elégance ».
Domaine Ganevat – Côtes-du-Jura – Les Chalasses Marnes Bleues – 2011
Robe d’un or moyen.
Très généreux, le nez développe un beau grillé très fin, sur une jolie base à la fois florale et fruitée.
La bouche racée est dotée d’un superbe volume et d’une matière mûre et concentrée habillée d’un beau gras. Des arômes toujours grillés et une acidité incisive la propulsent très loin.
Excellent (+)
A classer dans la catégorie «
Caractère ».
Première paire de rouges : une même cuvée d’un très bon domaine du Roussillon
En fait c’est la même cuvée qui a changé de nom.
Domaine Roc des Anges – Côtes du Roussillon – Vieilles Vignes – 2008
Robe très sombre qui marque encore quelques reflets de jeunesse.
Le nez très intense est axé sur des fruits noirs très mûrs, avec du pruneau, avec quelques accents épicés.
La bouche est du même tonneau, avec une matière fruitée de grande envergure et d’une évidente densité. Une légère acidité et des petits tanins viennent contrebalancer cet ensemble riche.
Très Bien
Clairement à classer dans la catégorie «
Caractère ».
Domaine Roc des Anges – Côtes du Roussillon – Reliefs – 2015
Robe sombre et vraiment très violette sur les bords et même le disque.
Le nez puissant présente un fruité envahissant et presque excessif, assez massif et monolithique.
De façon étonnante la bouche est dotée aussi d’un certain fruit mais d’une part la trame est plutôt fluide et d’autre part les tanins dominent, qui plus est en apportant un côté végétal vraiment inattendu.
Bien sans plus mais à revoir en espérant que tout se fonde avec l’âge.
Je classe le nez dans la catégorie «
Caractère » et la bouche … nulle part.
Triplette de rouges : la papesse Suisse avec trois cépages différents
Marie-Thérèse Chappaz – Valais – Grain cornalin – 2008
Robe sombre et assez jeune.
Le nez très élégant s’ouvre sur des fruits noirs, des épices et du cuir noble.
La bouche de demi-corps possède un fruité croquant et une belle finesse. Les tanins encore sensibles mais souples participent à l’allonge de la finale. Un vrai régal !
Très Bien ++
A classer dans les catégories «
Suisse » et «
Elégance ».
Marie-Thérèse Chappaz – Valais – Grain syrah – 2012
Robe très sombre et plutôt jeune.
Le nez puissant exhale des senteurs de fruits noirs et d’épices. La richesse de parfums est exacerbée par une légère acidité volatile qui va s’assagir après une longue aération.
La belle charpente de la bouche est habillée d’une chair ronde, très fruitée et bien épicée, et de tanins gras et déjà bien fondus. C’est sur la finale persistante que le côté lardé fait son apparition.
Très Bien ++ / Excellent
A classer dans les catégories «
Suisse » et «
Caractère » mais ce vin ne manque pas d’élégance.
Marie-Thérèse Chappaz – Valais – Grain pinot – Chamoson – 2014
Robe claire et plutôt jeune.
Le nez bien ouvert est irrésistible de sensualité et de finesse, sur des arômes purs de cerise complexifiés par des notes florales du plus bel effet. On y revient et revient sans cesse.
La bouche est à l’unisson, toute en dentelle et en fruité pur. La matière propose une chair délicate mais qui a suffisamment de tenue, bien emmenée par une belle tension. La finale sapide invite au revenez-y. C’est déjà grand mais l’acidité et les tanins d’une rare finesse laissent augurer un grand avenir, peut-être pas dix ans quand même…
Excellent
A classer de façon évidente dans les catégories «
Suisse » et «
Elégance ».
Quelle triplette mes amis ! Une des plus belles à mon avis des dégustations de LPV Versailles.
Deuxième paire de rouges : un cépage assez rare par les deux mêmes grands vignerons jurassiens
Domaine Ganevat – Arbois – Cuvée de l’Enfant Terrible – 2014
Robe claire aux reflets bien fauves.
Le nez très intense allie des arômes floraux et de petits fruits rouges, rehaussés par un peu de volatile.
La matière en bouche est assez légère, sur un fruité déjà secondaire. Une très grosse acidité structure l’ensemble et l’allonge.
Bien ++
A classer dans la catégorie «
Elégance », même si pas au niveau de la plupart des autres vins d'après moi.
Domaine Pierre Overnoy – Arbois Pupillin – Poulsard – 2012
Robe également bien claire aux reflets très brique.
Très ouvert, le nez frappe par l’élégance de ses arômes floraux teintés de touches de fruits rouges acidulés.
Charnue et ronde, la bouche est très harmonieuse et d’une grande finesse. L’infime perlant n’arrive pas à gâcher le grand plaisir ressenti. La longue finale très goûteuse et tendue à la fois parachève le beau travail.
Très Bien +(+)
A classer dans la catégorie «
Elégance » mais il est permis d’hésiter avec «
Caractère ».
Un rouge esseulé pour mieux le mettre en valeur
Domaine Jayer-Gilles – Echezeaux – 2000
Robe entre sombre et très sombre, aux nets reflets tuilés.
Le nez d’une grande intensité affiche nettement des arômes grillés de réduction, plus souvent rencontrés dans les blancs que les rouges. Après une oxygénation énergique à la méthode de Gilles, des arômes racés de fruits noirs et de fruits rouges reprennent le dessus.
La bouche charpentée est d’une grande profondeur : sa belle matière mûre et fine est enveloppée d’un toucher au grain soyeux. La finale sapide est dans la droite lignée.
Très Bien ++, mais encore un peu mieux si on fait abstraction du nez trop réduit pendant un temps certain.
Je classerai la bouche à la fois dans les catégories «
Caractère » et «
Elégance ».
Troisième paire de rouges : de vénérables Bordeaux, dans un très beau et un grand millésime, qui auraient pu être du même Domaine s’il n’y avait eu une mauvaise compréhension.
Château Roc de Cambes – Côtes de Bourg – 1996
Robe sombre et bien évoluée.
Le nez très intense et avenant affiche un fruité secondaire et des arômes de bois précieux d’une belle finesse.
La bouche est bien harmonieuse, donnant ainsi une impression de plénitude et d’apogée, confirmé par sa chair fondue et sa fraîcheur. D’une belle allonge, ce sont des petits tanins un peu asséchants qui empêchent de noter plus haut.
Très Bien +
A classer dans la catégorie «
Elégance ».
Château Calon Ségur – Saint-Estèphe – 1982
Robe grenat sombre et vraiment très évoluée.
Complexe et d’une intensité qui confine à la puissance, le nez virevolte entre arômes animaux, de fruité secondaire, de havane et de vieux cuir. Très joli !
La bouche est loin d’avoir dit son dernier mot, par sa charpente, sa belle matière, sa grande fraîcheur, son toucher très fin et sa bonne allonge.
Très Bien ++
A classer dans la catégorie «
Elégance ».
Paire de liquoreux : très différents, voire à l’opposé mais vive la diversité !
Hattenheimer Engelmannsberg – Rheingau – Riesling Auslese – 1995
Sans doute entre 120 et 140 g de SR et 9 ° d’alcool.
Robe d’un or moyen.
Le nez frappe par sa puissance et réalise un mariage heureux et équilibré entre de nobles arômes pétrolés et d’autres d’agrumes, citron et cédrat.
La bouche a choisi le camp de la finesse, combinant une trame longiligne et une liqueur en filigrane d’une aromatique très précise. La persistance est incroyable, sur une finale aérienne.
Excellent
Impossible de le classer ailleurs que dans la catégorie «
Elégance ».
Domaine Bott-Geyl – Alsace Grand Cru Sonnenglanz – SGN – 2005
Robe très ambrée mais sans densité.
Le nez épate par son côté luxurieux et complexe : les raisins secs, les fruits légèrement exotiques, le miel et même le coing ont fait pas mal voyager…
La liqueur puissante et l’aromatique superbement fruitée de la bouche emportent tout sur leur passage. La faible acidité a du mal à résister, sans doute aussi desservie par la comparaison avec le premier liquoreux. C’est néanmoins généreux et captivant.
Très Bien +(+)
Impossible de le classer ailleurs que dans la catégorie «
Caractère ».
Quelle dégustation, mes amis ! Rarement le niveau moyen n’aura été aussi haut… je vais encore plus regretter ma retraite (attention, il ne s’agit pas de battre en retraite !) mais je trouverai bien des opportunités pour vous rendre visite.
Bravo à Philippe qui a su, parmi toutes les belles propositions, trouver des paires et triplettes très variées, de grande qualité et parfois de belles découvertes pour moi. Et bravo à tous pour vos apports.
Amitiés œnophiles,
Jean-Loup