Depuis 4 ans bientôt, nous sommes une petite bande d'hédonistes qui se réunissent régulièrement le temps d'une journée ou d'un weekend que nous agrémentons de dégustations. Notre dernière dégustation datant de Novembre dernier, il me tardait d'arriver à celle-là puisqu'elle s'étalait sur 3/4 jours et que pour l'occasion, un gîte au pied des Dentelles de Montmirail avait été loué. Bon passons à l'essentiel!

Jeudi midi:

alors que le groupe n'est pas encore au complet, nous ouvrons sur un pique nique improvisé, quelques bouteilles de Ventoux du domaine qui fait gîte.

Ventoux 2017 - Domaine de Cassan:

un vin sudiste en version glouglou, du fruit, une bouche qui n'agresse pas. Le nez faisait ressortir des notes de violette qui me faisaient penser à de la Syrah, mais il n'y en a pas, c'était un assemblage de Grenache et de Cinsault (je crois). Joli petit canon pour BBQ entre potes.

Jeudi soir:

La bouteille de gaz étant vide, le repas initialement prévu est repoussé et nous partons sur une séance grignotage improvisée elle aussi, avec planche de charcuterie, pâté en croute, rillettes de thon,... Et un ami nous fait découvrir quelques vins d'un domaine de Chablis:

Chablis 2016 - Château de Chemilly:

Nez très expressif sur le fruit mûr, mon voisin de table me dit qu'il y trouve du coing, j'acquiesce totalement. C'est bien bon, mais ça ne me fait pas penser à l'image que j'ai du Chablis "standard" dirons-nous.

Chablis 1er Cru Vosgros 2017 - Château de Chemilly:

Là, par contre, on est sur un style plus chablisien à mes yeux. C'est tendu, plus en élégance, ça "iode" au nez, une odeur de pierre fraiche et humide, une pointe de fleur blanche. Mon préféré des 3.

Chablis Vieilles Vignes 2017 - Château de Chemilly:

Nez moins complexe, plus massif. Bouche ronde et compact, gorge qui chauffe un peu en finale. À attendre quelques temps que ça se délie.

On passe ensuite à:

Hautes-Côtes de Beaune Clos des Dames 2017 - Manoir de Mercey:

Nez beurré et vanillé, bouche large. C'est très marqué par le bois. Sur les blancs, ça ne me dérange pas trop selon les cas. Mais il faut aussi dire qu'à ce stade, ça manque de finesse et que passé un ou deux verres, ça doit vite écoeurer même si ça reste bon à mon gout.

En parallèle des blancs, une bouteille de Prosecco était ouverte pour les dames souhaitant se faire un cocktail à base d'Apérol. Oui, nous tolérons les hérétiques parmi nos rangs.

Bon, c'est pas tout, mais ça manque un peu de rouge. Et ça tombe bien, un copain avait prévu un Jéroboam destiné à être bu sur les 4 jours du weekend. Servi en aveugle, je pars vite sur le bordelais car ça poivronne un peu au nez, avec un côté un peu boisé dans mes souvenirs également. Le côté poivron virera champignon au fur et à mesure de la dégust'. En fait, pas vraiment bordelais puisqu'il s'agissait de:

Madiran Vieilles Vignes 1999 - Château Bouscassé

Sur mes rares expériences sur cette cuvée, j'ai à chaque fois trouvé le vin très différent, le 98 plus fin et le 2006 diablement gourmand sur les fruits rouges (fraise entre autres) à l'alcool.

Bon par contre, on n'a pas fait gaffe, mais la soirée s'étirant un peu, le Jéro s'est totalement évaporé dans les heures qui ont suivi son ouverture...



Vendredi midi:

On se dit qu'il faut faire soft les midis car les chaleurs de l'été commencent à arriver et qu'il y a des randos bien sympathiques au programme. Il serait dommage de les louper à cause de siestes digestives trop longues.

Côtes de Thongues Caringole 2017 (Magnum) - Domaine de la Croix Belle:

souvenir d'un rosé très digeste, sur les agrumes (pamplemousse). Idéal pour un repas light à l'ombre des arbres.

Côtes du Rhône 2017 - Domaine Charvin:

Un rosé plus taillé gastro et qui, je trouve, a gagné en complexité par rapport à la bouteille que j'avais bue l'été dernier. J'ai bien aimé ce rosé!

Morgon La Voulte Saint Vincent 2016 (Magnum) - Louis Claude Desvignes:

Un très joli Gamay, avec les marqueurs habituels mais aussi un petit quelque chose en plus qui ne le rendait pas commun sans que je n'arrive à expliquer ce que c'est. Une bien jolie bouteille que j'essayerai de recroiser à l'occasion pour me refaire un avis, j'ai beaucoup aimé.





Vendredi soir:

Bon, là on décide de passer à la vitesse supérieure. Au programme, une dégustation de blancs du Mâconnais (dont un pirate) puis une verticale de Grandes Places de JM Gerin. Les Mâconnais seront servis en aveugle car j'y ai glissé un petit pirate (assez facilement identifiable ceci-dit).

-Vin n°1:

Un vin tendu, et à l'aromatique agréable, bouche très agréable aussi.
Il s'agit d'un Bourgogne Aligoté 2017 - Nicolas Maillet.

-Vin n°2:

Servi un peu trop frais à mon gout, le vin est sur un profil tendu, avec un peu d'agrumes et un côté crayeux/farineux en fin de bouche. Pour autant ça reste gourmand. Regouté le lendemain et mon froid, le vin gagne en rondeur, s'affirme plus sur les fruits jaunes avec comme une belle et discrète touche d'élevage.
Diablement bon que ce Mâcon Vergisson Sur La Roche 2017 - J&N Saumaize.

-Vin n°3:

Là, tout de suite, c'est plus expressif que les deux premiers, c'est beurré et vanillé, mais pas basique comme vin. La bouche est large mais ne sombre pas dans le pataud grâce à une petite trame citronné qui vient la sauver. C'est foutument gourmand, mais alors arrivé à 2-3 verres, on doit commencer à saturer j'imagine.
Très bon que ce Rully 1er Cru La Pucelle 2015 - P&M Jacqueson.

-Vin n°4:

Ouverte le midi puis rebouchée avec un bouchon en verre. Après la générosité du Rully, j'ai peur que ce vin puisse souffre de l'effet de séquence. Mais il n'en est rien. Largement sur le podium des blancs du weekend pour moi (et même certainement la première place. Un superbe équilibre entre fruité, tension citronnée, petite touche d'élevage, léger gras (surtout en comparaison du vin précédent): c'est déjà complexe à ce stade! Bref, ce vin a tout, ou presque.
C'est un superbe Pouilly-Fuissé Les Ronchevats 2017 - Domaine Saumaize Michelin. Le lendemain, le fond de bouteille est toujours aussi bon!

Bon, vu que j'avais pas envie de faire les choses à moitié, j'avais prévu un joli magnum pour conclure cette dégust' sur le thème du Mâconnais.

-Vin n°5:

Magnum ouvert le midi, j'en prélève un fond pour voir comment ça se présente puis je rebouche avec un bouchon en verre. Sorti du frigo c'est froid, et je perçois un joli côté citronné. J'en apporte un fond de verre à mon beau père qui était de passage pour la journée pour lui faire gouter. Je ressens le verre où le vin commence à s'ouvrir sur un côté beurré élégant avec de belles touches de citron. Bon sang qu'on va se régaler ce soir!

Oui, mais voilà, arrivé le soir, le vin a complètement viré du côté obscur de la force: orange amère, pomme blette, maigreur,... Je m'en veux d'avoir ouvert en avance ce Viré Clessé Cuvée EJ Thévenet 2008 - Domaine de La Bongran et avoue ne pas trop comprendre ce qui a pu se passer...
Alors, il y a peut-être une explication, lorsque j'ai ouvert la collerette, il y avait de la moisissure sur le bouchon que j'ai nettoyée avec une éponge humide puis j'avais séché la surface du bouchon avec un sopalin. Est-il possible qu'un résidu de moisissure soit tombé dans le magnum pour me le flinguer? D'autant plus frustrant que le midi, ce vin n'avait aucun problème, bien au contraire. Regouté le lendemain, frais, moins frais,... Rien n'y fait, c'est définitivement mort.

Bon, on se laisse pas abattre, il reste les rouges pour se refaire! Un ami du groupe étant un ancien de chez Gerin, il avait chaque année une petite dotation de bouteilles du domaines dont il nous fait généreusement profiter parfois.

Côte-Rôtie Les Grandes Places 2004 - JM Gerin:

Nez avec des notes végétales, bouche soyeuse et fondue, aucune note végétale en finale, mais du fruit. C'est bien bon, mais on sent effectivement que ce n'était pas le millésime du siècle.

Côte-Rôtie Les Grandes Places 2003 - JM Gerin:

On avait gouté le Landonne 2003 de Gerin l'été dernier. Et là, c'est exactement le même profil: du fruit mûr et un trait mentholé/réglissé qui apporte une belle fraicheur. Aucune lourdeur, mais en l'état, je trouve que ça n'est pas très complexe compte tenu du pédigrée de cette cuvée. C'est très bon, mais j'en attendais plus. Et je m'étais fait la même réflexion sur la Landonne du même millésime: très bon, mais on voudra que le vin soit indescriptible de complexité

Côte-Rôtie Les Grandes Places 2002 - JM Gerin:

Le millésime "pourri" par excellence. C'était celui, avec 2004, que j'avais le plus envie de gouter pour voir ce qui pouvait en ressortir. Bon, pas de surprise, c'est la bouteille la plus faible des 4. Trait végétal au nez et en bouche, tanins encore perceptibles mais pas des plus élégants qui soient. Le vin reste bon tout de même, mais vu le prix actuel de cette cuvée, je souhaite à ses acquéreurs que le réchauffement climatique se poursuive et les épargne de ce type de millésime.

Côte-Rôtie Les Grandes Places 2000 - JM Gerin:

Celle-ci fut celle qui m'a le plus convaincu justement car la plus complexe à mes yeux. Pas de trait vert comme sur 04 et 02, un côté poivré, du fruit, peut-être un peu de champignon... un mix assez dur à décrire. Bouche fondue, très agréable.

Mon classement perso: 2000, 2003, 2004 et 2002. Certains ont préféré la générosité du 2003 au 2000.

Bon, là aussi la soirée s'étire et on commence à avoir une p'tite soif à un moment donné, donc on conclue la journée sur:

Beaujolais Village La Vigne de Jeannot 2015 - Nicolas Chemarin:

Sorti du frigo, il faudra attendre que ça se réchauffe pour délivrer de belles notes de fruit. Un joli Gamay. Servi en aveugle au début, je crois que quelqu'un était parti sur la Syrah (j'avais trouvé que le 2014 y ressemblait un peu avec un joli côté poivré). Ça se boit avec beaucoup de facilité en tout cas. Une bouteille très sympa et très accessible niveau tarif.

Et vu qu'on n'avait pas sommeil, on a fini sur:

Bourgogne Pinot Noir 2017 - Nicolas Maillet:

Un Pinot qui ne pinote pas encore, bouche généreuse, et manque de fruit à ce stade. Peut-être à attendre encore un peu? C'est en tout cas la sensation que j'ai eue sur cette bouteille.



Samedi midi:

Alors là, le repas du weekend me concernant! On entamera les hostilités sur un plateau de charcuterie, puis les restes du BBQ de la veille avec légumes au four. Puis sur un plateau de fromage venant d'un excellent affineur sur Grenoble (notre ami nous apporte à chaque dégust' un plateau issu de cet affineur, c'est à tomber par terre à chaque fois... ) puis une mousse au chocolat. Les vins sont apportés par la personne qui s'occupe de ce repas, service à l'aveugle.

-Vin n°1:

Je trouve le nez un peu fumé, les amers resserrent en fin de bouche, et il y a une belle tension. Je verrais bien ce vin provenir du Languedoc-Roussillon. Mais à côté de moi, j'entends parler d'élevage, de vin bourguignon. Moi je lui trouve rien de bourguignon à ce vin, et pour cause:
il s'agit d'un Côtes du Roussillon 2014 - Mas Cristine:

-Vin n°2:

Robe très soutenue, jaune légèrement ambrée. Au nez, du coin et un très léger alcool à brûler qui ferait penser au Jura. C'est expressif sans être foufou. La bouche est belle sur un joli gras avec une note beurrée en finale. Pouah, c'est quoi ce truc? Je sais pas, mais j'adore personnellement!
Il s'agit d'une production plutôt confidentielle: Vin de Pays des Coteaux Grésivaudan 2016 (doute sur le millésime) - Le Mas du Bruchet. Superbe découverte.

-Vin n°3:

Plutôt un petit intermède, non servi en aveugle, un Riesling dont j'ai oublié le domaine dont le nom doit surement être imprononçable pour une personne comme moi qui ne connait pas un mot germanique. Du fruit exotique, peut-être un peu litchi, belle tension salivante. Bien sympa en apéro.

-Vin n°4:

Premier rouge. Au nez, j'ai l'impression de retrouver certaines cuvées de Cahors du Château Eugénie sur 2014/2015: bourré de fruit, touche de cuir bien présente et comme un côté boisé qui amène de la gourmandise. La bouche est légère et soyeuse. La bouteille fait beaucoup parler autour de la table. Je tente de Cahors du Château Eugénie, mais ce n'est pas ça. Il s'agit en fait (si je ne me trompe pas) d'un Fitou Au Pied de mon Arbre 2011 - Champs des Soeurs. Si je me souviens bien des explications, c'est une expérimentation d'un rouge issue d'une barrique enterrée sous terre. Très belle réussite, et cette première en rouge sur ce domaine pour moi me donne envie de découvrir le reste (et pas qu'à moi d'ailleurs, autour de la table aussi je crois que certains étaient déterminés à organiser une commande groupée avant même de passer au fromage )!

-Vin n°5:

On passe au fromage, avec un blanc et un rouge. Le blanc: ça sent la noix fraiche, l'alcool à brûler à plein nez. La bouche est digeste, pas diluée (ça m'est arrivé sur certains Jura oxydatifs). On pense tous au Jura, mais non, c'est un Chardonnay élevé sous voile du Bugey. J'ai beaucoup aimé ce vin avec un vieux comté.
Il s'agit de: Vin de France Chardonnay 2016 - Pellilo.

-Vin n°6:

Le rouge pour accompagner le fromage. Nez floral qui me fait penser à de la Syrah. Robe sombre sans être opaque. La bouche est plus rustique qu'on pouvait le penser: du fruit et un côté ronce avec des tanins encore présents. C'est pas mal,
il s'agit de: Côte-Rôtie 2009 - Domaine Jasmin.

-Vin n°7:

Pour accompagner la mousse au chocolat, carafé 3 heures. Là, je vais faire court: fruit cuit, puissance et finale qui chauffe. Je pars sur le Roussillon.
Mais c'est un Côte de Provence Cru Classé 2011 - Clos Cibonne. Pas mon truc.




Samedi soir:

Dernier repas arrosé du weekend!

Pouilly-Vinzelles 2017 - Cave des Grands Crus Blancs:

Plus trop de souvenirs, mais il me semble qu'il était assez froid et peu expressif et je ne l'ai pas revu ensuite.

Côtes de Brouilly La Chapelle 2017 - Château Thivin:

Joli Gamay bien gourmand qui propose quelque chose différent de ce que je goutte du Beaujolais. Peut-être un supplément de soyeux en bouche, ou de finesse. Jolie bouteille!

Moulin-à-Vent 2015 - Château des Jacques:

Bouteille ouverte au dernier moment et le vin parait encore bien jeune. Le nez est sur la retenue, la bouche compacte mais y'a du fond. À revoir avec une aération ou dans quelques années. J'avais bu au restaurant un verre de Morgon 2015 de chez eux, surement issu d'une bouteille ouverte depuis quelques temps et j'avais trouvé ça très bon.

Pineau champagnisé - Domaine Favre & Fils:

un peu déçu, ça manque un peu de fruit et de sucre à mon gout. La bulle est néanmoins agréable car pas envahissante bien qu'elle soit abondante.

Plus tard dans la soirée, on conclura pas un Savigny-les-Beaune Clos des Guettes 2011 - Louis Jadot en aveugle, mais après le Pineau Champagnisé j'ai eu du mal à capter ce vin.

Vu qu'il n'y avait plus de table pour aligner les bouteilles bues, on a arrêté d'en ouvrir...

Une vraie philosophie de vie, ça !


PS: c'est qui l'Alsace n°3 du samedi midi.

Pour le Riesling, il s'agit d'un 2017 du Domaine Schaffer Woerly, pas de nom de cuvée mentionnée, j'imagine que ça doit être une entrée de gamme/générique.

C'est sûr que Cibonne 2011 sur mousse au chocolat ça le fait plutôt pas mal

hannibal écrit: C'est sûr que Cibonne 2011 sur mousse au chocolat ça le fait plutôt pas mal

Alors j'ai gouté le vin avant la mousse au chocolat. Mais je pense surtout que ce vin était encore bien trop jeune (puissance,...). Ou alors ce n'est tout simplement pas mon style de vin (y'en faut bien pour tous les goûts après tout!).

Je confirme que j'ai été déçu par ce vin.
J'avais envie de l'ouvrir depuis un moment mais le mariage avec la mousse au chocolat était complètement raté et a rendu le vin encore plus austère et rude.

Je pense que Rudy a raison, il n'était clairement pas prêt à boire, bien trop jeune à mon avis.
Dommage