On m’a demandé de participer à l’organisation d’une petite dégustation sur les vins de l’Aude.
J’ai complété la sélection initiale avec deux vins et j’ai trouvé que ce thème qui sort de l’ordinaire (vins d’un département) était intéressant, dans ce cas précis, car ce département comprend la grande majorité des AOP du Languedoc mais pas toutes, avec une grande diversité.

Pour l’apéritif, on commence avec deux Blanquette de Limoux élaborées selon deux méthodes différentes.

Maison Antech  - Blanquette de Limoux -  Brut Réserve - Méthode traditionnelle - 2018 

 

Comme l’appellation l’exige, l’assemblage comprend au moins 90 % de Mauzac, complété dans ce cas par du Chardonnay et du Chenin.

La robe est de couleur paille assez soutenue.
Le nez est bien ouvert sur une aromatique primaire de mauzac, avec de la pomme et du citron.
La bouche est harmonieuse même si peu aromatique, à la sucrosité très contenue, avec de la rondeur et une bulle caressante. Elle manque un peu de peps et donc aussi de longueur pour nous emmener plus haut mais c’est agréable pour un apéritif.
Bien (+)


Domaine de La Maurette - Blanquette de Limoux - Brut - Méthode ancestrale

 

Comme l’appellation l’exige, il s’agit d’un monocépage mauzac.

La robe paille est bien soutenue.
Le nez intense développe des fruits secs et d’autolyse, donc plus porté vers des arômes secondaires et tertiaires.
La bouche est plus grossière, avec du sucre plus présent, ce qui est normal pur la méthode ancestrale (10 ° d’alcool dans cette bouteille), et une bulle moins fine.
Une amertume est sensible dans la finale.
Assez Bien


Un seul blanc, avec un cépage qui détonne un peu dans la région.

Domaine de Roqueblanque - Vin de France - L’inespérée – 2019

 

Le nez puissant et aromatique exhale avec richesse des arômes de rose et de fruits exotiques, principalement le litchi.
L’aromatique de la bouche est au contraire sur la retenue. Celle-ci présente un profil rond avec un léger gras et des saveurs miellées, peu équilibré en raison d’un manque d’acidité. Mais mes compagnons de dégustation ont bien apprécié.
Assez Bien


Viennent ensuite trois rouges qui font tous 14,5 °… mais qui vont bien s’en sortir.

Château de Pennautier - Cabardès - 2019

 

L’assemblage mêle cépages de l’ouest et de l’est, comme souvent dans cette appellation : 40 % Merlot, 30 % Syrah, 20 % Cabernet Sauvignon, 10 % Grenache.

La robe est sombre, assez jeune mais pas trop violacée.
Intense et varié, le nez affiche des fruits noirs, avec notamment du cassis pur, mâtinés de touches balsamiques et de garrigue.
La bouche est corsée mais pas trop charpentée, enrobée d’un toucher velouté et tenue par une vivacité certaine. C’est très agréable, sur une aromatique avenante comprenant un boisé léger, et d’une bonne allonge.
Bien ++ / Très Bien et peut attendre encore quelques années sans problème.


Château Ollieux-Romanis – Corbières-Boutenac – Cuvée Prestige – 2018

 

L’assemblage se compose de 45 % de Carignan, 25% de Mourvèdre, 20 % de Syrah et 10 % de Grenache.
L’élevage est réalisé pour  moitié en fûts de un à cinq vins et pour moitié en cuve inox.

La robe est bien sombre et très jeune.
D’une grande intensité, le nez embaume un fruité éclatant teinté de touches qui papillonnent entre torréfaction (fumé, chocolat) et plantes aromatiques (menthe).
La bouche joviale et séductrice se déploie avec de l’ampleur. Son grain très soyeux et sa puissance canalisée par juste assez d’acidité font le bonheur du dégustateur, d’autant que la finale, de longueur honnête, affiche une belle expression.
Très Bien (+) et devrait encore acquérir de la complexité d’ici à cinq ans.


Domaine de la Rochelierre – Fitou – Cuvée Privilège – 2018

 

L’assemblage comprend lui aussi les quatre cépages rouges rois du Languedoc : 30 % de Carignan, 30 % de Grenache, 30 % de Syrah et 10 % de Mourvèdre.
L’élevage est réalisé pour 1/4 en fûts neufs.

La robe est bien sombre mais laisse apparaître des reflets très violets sur la frange.
Le nez intense et flatteur s’affirme sur des fruit noirs de grande maturité, avec du cassis et de la mûre, tout en étant rafraichi par une touche mentholée bienvenue.
La matière riche de la bouche est dotée d’un grain fin avec des tanins déjà fondus et d’un boisé déjà intégré. Elle montre beaucoup de prestance et est bien tempérée par une fraîcheur inattendue pour le millésime. La finale fait ressortir un caractère assez capiteux.
Très Bien et peut être attendu en toute sérénité.


Les rouges sortent donc devant, ce qui ne surprendra personne, mais le faible échantillon ne doit pas conduire à une conclusion hâtive.
C’était en tout cas une dégustation intéressante, notamment pour la comparaison des deux méthodes de réalisation du Crémant de la blanquette de Limoux, et pour les rouges qui peuvent trouver un certain équilibre malgré les millésimes chaleureux.

Jean-Loup

C’était en tout cas une dégustation intéressante, notamment pour la comparaison des deux méthodes de réalisation du Crémant de Limoux

Il faut distinguer 3 appellations différentes :

- le Limoux méthode ancestrale issu uniquement du mauzac

- La blanquette de Limoux qui est une méthode traditionnelle qui doit comprendre au minimum 90 % de mauzac (et 10 % de chardonnay ou de chenin)

- le crémant de Limoux qui est une méthode traditionnelle, qui peut comprendre du Chardonnay et du chenin (90 % au maximum), complétés par du pinot noir et du  et mauzac (40 % au maximum, dont mauzac 20 % au maximum).

Donc les 2 vins que tu as dégustés ne sont pas des crémants de Limoux.

Oups, je le savais bien pourtant, et c'est ce que j'avais expliqué en introduction de la dégustation aux présents toujours avides d'apprendre, mais à la fin du CR j'ai dû un peu saturer, et pourtant pas en sucre...

Jean-Loup