à‡a y est, j'ai versé mes 25 euros de contribution annuels pour avoir le plaisir de lire le Classement 2004.
Je me suis intéressé à la nouveauté, le top 100 zone par zone et couleur par couleur.
La première question que je me suis posée a été de savoir comment ce classement, car cela en est bien un, a pu être établi, d'autant plus que les vins n'ont pas été dégustés en même temps, dans les mêmes conditions et que surtout, nos deux compères et néanmoins lecteurs assidus de LPV sont des fervents adeptes de la notation relative. J'en suis venu à la conclusion qu'ils avaient dû, région par région, relever les meilleures notes obtenues par les vins, et avaient alors élaboré un classement en trois catégories dans des grandes zones géographiques, regroupant plusieurs régions de notre découpage classique et convenu.
Ainsi, Languedoc et Roussillon sont associés avec Rhône et Sud Ouest avec le Bordelais.
Pas d'objection, je dirai même que c'est ainsi reconnaître des airs de familles, des traits culturels communs au delà de facteurs ampélographiques et climatologiques plus ou moins semblables.
Plus intéressant est la façon dont ce classement a été établi, en trois catégories, "le paradis", régions confondues, "les challengers" et "le tableau d'honneur", région séparées. C'est honnête.
Parfois la catégorie Challengers n'existe pas, pour être tout à fait précis.
Partant donc du principe logique que ces classes regroupaient les meilleurs notés, j'ai cherché à comprendre et j'ai appris, par exemple, qu'un 9,5 dans le sud ouest est moins bon qu'un 9 bordelais.
Qu'un 9,5 du Roussillon ne vaut pas un 9 du Rhône.
Qu'un 9 de la Côte de Beaune vaut plus qu'un 9 de Chablis.
Je pourrais admettre si on m'explique, encore que je ne sois pas du tout un fervent de la notation relative et que mettre 9/10 à un Chablis en 2001, c'est pousser le bouchon un peu loin. Pour avoir goûté deux de ces vins si bien notés, s'il faut saluer le remarquable travail dans un millésime si difficile, on ne peut tout de même pas crier et loin s'en faut au grand vin.
Dans le même ouvrage, un Sauternes 2001 noté 9/10, c'est quand même une toute autre dimension. Nous qui lisons ici, qui y écrivons, qui avons fait du vin notre passion, sans doute avons nous le recul pour en juger, parfois même avons nous goûté. Mais je ne crois pas que la majeur partie du lectorat de ce classement soit composée d'amateurs avertis et c'est donc à mon avis une tromperie, ou le risque d'une tromperie. (sans doute involontaire)
Pour ce qui est de certains vins que je connais assez bien, pour les avoir goûtés récemment à des périodes forts proches, à savoir quelques grands liquoreux de la supra région nommée dans ce guide "grand sud ouest", je ferai deux remarques:
- la première: entièrement d'accord avec les auteurs de ce guide sur les grandes qualités des vins très bien notés dans chaque région.
- la deuxième: je sui en désaccord sur le classement établi au sein de cette grande région. Dire que le Sauternes les Justices 2001 est meilleur que Tirecul Lagravière Cuvée Madame est une erreur, grave d'ailleurs.
La cuvée Château est à elle seule au niveau des premiers crus de Sauternes. Quant à la cuvée Madame, c'est une merveille que seul Suduiraut, même si les équilibres sont totalement dufférents peu égaler en terme de qualité pure. (Suduiraut, l'un des Sauternes les plus riches doit tourner autour de 150 gr de résiduel alors que dans TLG cuvée Madame, les 220 sont dépassés) Je ne parlerai même pas de Autan 2001 parce que je serai taxé de chauvinisme, mais le constat est le même.
Les principes ont la peau dure, les carcans aussi: il y a encore des réticences à affirmer qu'un Monbazillac puisse être l'un des plus grands liquoreux de la planète (ne parlons donc pas d'un Gaillac), qu'un Côtes du Roussillon, même pas Village (Terroir Mailloles), puissent se comparer aux meilleurs.
La lecture de ce classement ne m'incite donc pas à changer d'avis sur la notation relative d'une part, ni sur une certaine conception figée des deux auteurs d'autre part.