Bonjour,
Petit week-end dans les vignes angevines, avec un casting de vignerons établi sur un critère simplissime : la curiosité... et la dispo aussi !!
Avec 3 autres collègues de goulot, nous nous retrouvons, pour démarrer le marathon des crachoirs, à Vallet, hameau "collé à Faye d'Anjou".
Depuis quelques mois, la glouglousphère "buzze" bruyamment sur un jeune vigneron, au point d'en avoir fait quasiment le "phénomène angevin de l'année 2015" !!
Des avis dithyrambiques qui n'ont pas manqué d'aiguiser la grande curiosité des mes coreligionnaires.
Moi, je ne suis pas difficile, tant qu'on peut
picoler déguster découvrir, je suis partant !!
C'est sur la propriété de ses parents que Pierre Ménard élabore, à part, ses propres vins depuis le millésime 2013.
Sur les 25 ha exploités (en
chimie "tradi" pour la coopé) par ses darons, Pierre Ménard a "isolé" quelques ares de vieux chenin (85 ans) planté en coteaux sur argilo-calcaire et schiste. Il soigne désormais 7 rangs sur le lieu-dit "Le Quart des Noëls", avec une approche axée sur les principes de la biodynamie.
En parallèle, il exploite aussi quelques arpents de sauvignon quinquagénaire, sur coteaux de schiste itou, quelques hectomètres plus loin et plus haut (au Clos de la Roche).
A peine 1/2 ha cultivé en tout, quand il compte rapidement en exploiter 4 dès que possible !!
Ingénieur de formation, Pierre Ménard a bourlingué en Nouvelle-Zélande, en Hongrie et dans le Bordelais, avant de revenir sur la "terre de ces ancêtres".
Accueil souriant, voix douce, c'est une version couillue de Fifi Brindacier qui nous emmène directement sur la parcelle de chenin, pour échanger sur les pratiques et l'approche de "sa viticulture" avec le
Gros Jull Sorcier du Compte-Marc !!
Retour au chai (en fait, sous la maison des darons, dans le garage), pour passer aux travaux pratiques.
Laïka 2014 "Sauvignon blanc" - IGP Val de Loire : robe très brillante, élevage de type "fût neuf d'obédience bourguigonne" marqué au nez. L'attaque confirme le boisé, dominant mais pas caricatural, la matière est plutôt "sphérique", très charmante, à l'amertume et à l'équilibre nets. Même étiquette découverte, aucun "marqueur" archétypique du sauvignon. C'est très bien foutu.
Le Quart des Noëls 2013 - Anjou : Là encore, l'élevage domine le nez, même si de sympathiques agrumes se fraient un chemin jusqu'à mes parois nasales. Une attaque "enrobée" (malo partielle, 0,8 gr de sr), compacte, puis salivante en fin de bouche, qui monte crescendo (longueur remarquable). Finale un peu éthérée au fil des gorgées, sur de petites notes de champignons.
Le Quart des Noëls 2014 - Anjou : nez "boisé" plus discret que sur les 2 premiers vins, "plus chenin" dans l'expression olfactive. Matière très finement boisée, plus aérienne que 2013, plus demi-corps aussi, très épicée, portée par une splendide finale, quasiment "chardonnesque dans l'esprit", ciselée, très fine, glissante... qui n'arrive quand même pas à faire fléchir, au global et à ce stade, ma préférence pour 13 !!
Pipette à la main, nous entamons le "cycle des barriques".
Laïka 2015 "Sauvignon blanc" - IGP Val de Loire : poire monstrueuse au nez, matière très flatteuse, en cours d'élevage (20 gr de sr estimé, 11°).
Le Quart des Noëls 2015 - Anjou : nez acidulé, flaveurs de pomme verte, matière nette, à l'acidité savamment salivante, très gros vin en perspective.
Week-end angevin part 1 : Pierre Ménard à Faye d'Anjou
Retour aux flacons.
Cosmos 2014 - Coteaux du Layon : abricot et safran boxent valsent au-dessus du verre, puis le quatuor "fraîcheur-suavité-digeste-équilibre" tatoue le petit nectar aux 135 gr de sr, à l'acidité un poil consensuelle pour ma pomme qui aime le "tranchant", surtout dans les "sucres".
Et moi qui voulais du "tranchant", je vais être servi avec ce
Verjus 2015.
Nez intense de rhubarbe, à l'acidité haute qui fait presque recroqueviller mes poils de tarin !! En bouche, on doit frôler le pH
0 1 !!
L'acidité est très très haute, énorme même, très plaisante en l'état avouerais-je.
La rhubarbe signe autant la bouche que le nez.
Pierre Ménard commente sobrement chaque vin avec des infos claires, pragmatiques et engagées. Il écoute sans ciller nos remarques de découpeurs de prépuces d'hannetons. Il a une l'humilité de rigueur avec ses 2 premiers millésimes, malgré le "déferlement" de louanges dans la glouglousphère... et il est plutôt sympa en plus !!
Reste des tarifs déjà "ambitieux" (14 et 21 € respectivement pour son sauvignon et son anjou, 8 pour le verjus... 22 pour son sucre).
S'il est vrai que ces vins respirent déjà une pureté, un éclat et un équilibre qui souffrent peu la critique (avec des 15 qui risquent de "casser la cabane"), la grille tarifaire est déjà "mature", surtout pour le chenin !!
A 15 €, j'aurais sauté comme une antilope narguant un vieux lion fatigué pour vanter l'excellence du rapport qualité-prix.
A 21 €, ma préférence pourrait aller, hiérarchiquement, sur d'autres vins... ailleurs !! Il n'en demeure pas moins que la relève est bien là... et qu'elle n'a pas envie de manger des cailloux !!
Merci encore à Pierre Ménard pour la générosité du temps consacré à 3 amateurs (et un pro) parfois enclins à geindre sur certains prix !!