Agréable invitation que celle lancée par Yves et son épouse pour une soirée fondue à Crans-Montana.
Nous arrivons (mon épouse et moi-même), en compagnie d'un copain ayant participé à la fameuse verticale Las-Cases, avec une bonne demi-heure de retard (non, nous nous sommes pas arrêtés pour l'apéro, promis juré !!).
Après les présentations d'usage, nous voilà tout de suite dans le vif du sujet, car Yves a préparé deux bouteilles à l'aveugle et surprise, c'est deux vins rouges !
1er vin
Robe grenat foncée. Le nez est intense et puissant, avec une très légère note d'écurie qui, après une brève aération, se dissipera. En bouche, on retrouve une très belle maturité et un côté soyeux, sur des notes réglissées, de baies mures avec aussi une touche subtile de cacao. Un vin très structuré et expressif, ne manquant ni d'élégance ni de précision, doté d'une finale d'une belle longueur ayant déjà bien intégré ses tannins et son acidité. Yves lui trouve un côté un peu trop "international".
2ème vin
Robe foncée à reflets violacés. Le nez est encore bien fermé et ne se donne que très difficilement. De très légères effluves de cassis et de pain grillé finissent par émerger après avoir bien insisté. La bouche est encore marquée par une acidité et des tannins bien présents, qui cachent des arômes d'olives vertes, de vanille et quelques notes de fruits rouges. La finale reste un peu austère et, à mon goût, manquant de fruit et de richesse. Au contraire d'Yves, j'ai peur que le fruit n'émerge plus de cette bouteille.
Pour nous aiguiller, Yves nous informe que c'est deux vins de la même région et du même millésime. Je tente St-Estèphe et 1995. Raté pour la région car il s'agit de St-Julien mais juste pour l'année c'est 1995. Le 1er vin est Léoville Las Cases et le 2ème son voisin Léoville Poyferré.
On continue par deux autres vins rouges
3ème vin
Robe cerise d'intensité moyenne, présentant déjà un côté tuilé. Le nez est très puissant, d'une intensité peu commune sur des notes de coriandre, de violettes et de rôti. En bouche, sans surprise, on trouve un côté opulent, soyeux et suave qui ne se rencontre que dans les grandes bouteilles de grands bordeaux. C'est riche mais structuré, gras mais sans lourdeur, excitant mais sans vulgarité. Une finale qui a parfaitement et totalement intégré tant les tannins que l'acidité font de ce vin une petite merveille à déguster dans les 10 prochaines années. Les convives ont trouvé facilement le cépage (Merlot) mais tant l'année que le domaine étaient particulièrement difficiles à trouver ! Magnifique bouteille exprimant pleinement ce que peut donner un merlot à maturité. La Fleur de Gay, 1988.
4ème vin
Robe faisant penser à de l'encre noire. Le nez présente des nuances d'amandes, une pointe de girofle et quelques touches de pivoines. L'attaque en bouche souffre peut être du passage juste après le vin ci-dessus est peut sembler assez dure et austère. Toutefois, ce côté presque astringent est compensé par une matière de 1er ordre. La finale reste quand même tannique et illustre bien la caractéristique de ce millésime. J'ai trouvé l'année et Stéfano la région (Margaux). C'est un vin qui a certainement souffert de son ordre de passage, mais je me pose à nouveau quand même la question de l'accessibilité de ces 1986. Il me semble que plus le temps passe, plus le fruit se cache derrière les tannins, avec certains vins qui sont actuellement encore moins agréables qu'il y a 5 ans. (Rausan Ségla 1986).
La soirée s'est naturellement prolongée avec quelques très beaux vins, notamment deux vins produits et apportés par Stéfano (un cornalin et une petite arvine surmaturée). Pas de notes de dégustation sur ces vins étant donné l'extrême confidentialité de ces produits (25 litres de Cornalin seulement !!).
Encore un très grand merci aux Zermatten pour l'accueil et la parfaite organisation de cette charmante soirée et à charge de revanche cette année en Valais !
Pascal