Vous trouverez plus bas des commentaires détaillés de Federico Bonfiglio (www.ledegustateur.com/) sur une dégustation ayant eu lieu le 22 février dernier.

Mes commentaires:

Le premier volet a été décevant et me laisse craindre pour mes Tignanello 1983, 1985 et 1987 que j'ai toujours en cave!

Le second volet m'a toutefois réconcilié avec la viticulture italienne dont j'ai toujours été épris.

L'explication que donne Federico dans son préambule me semble tout à  fait raisonnable et il n'y a pas lieu de craindre que les résultats seraient identiques dans 10 ans pour les trèsors que vous possédez des millésimes 1997 et suivants.

Je laisse la parole à  Federico:

Premier volet : Les vins à  base de Sangiovese — Tignanello, Vigorello, Castel'in Villa Riserva et Castello de Verrazzano Riserva

Ce volet a démontré surtout une chose : au début des années 1990 la Toscane produisait encore beaucoup de vins archaà¯ques et complètement dépassés, dépourvus de fruit et écrasés par des tannins secs et astringents. Pire que ce qu'on faisait à  Bordeaux dans les années 1970. Ce qui est encore plus étonnant, c'est que ce sont surtout les vins à  base de sangiovese (cépage par excellence de la viticulture toscane) qui témoignent du retard qu'accusait cette région au début de la dernière décennie. Et ce n'est pas une question de d'âge, les Chiantis 1990 ont toujours été secs et astringents, le temps n'a fait qu'accentuer un défaut qui était présent à  la base. La Toscane a fait beaucoup de chemin depuis (les 1999 en sont une très belle preuve), mais il reste que c'est dommage d'avoir complètement raté un millésime de la trempe de 1990.

Ce volet, qui nous quand même donné quelques beaux nez, pleins d'arômes de tabac et de boîte à  cigare, a été largement dominé par le Vigorello. La majorité des dégustateurs était d'accord sur le fait que la qualité générale n'était pas bien haute. En fait, au lieu de nommer leur vin préféré, beaucoup ont plutôt choisi celui qui était "le moins pire de tous."

Second volet : Les vins à  base de cabernet sauvignon — Sassicaia, Solaia, Cabernet Sauvignon Collezione de Marchi (Isole & Olena) et Mormoreto

Avec les cabernets (qui étaient nettement supérieurs aux sangiovese) nous avons eu droit à  des arômes moins oxydés, des bouches plus rondes et de meilleurs équilibres. Ce qui est vraiment magique avec les vins toscans est que, même si le cépage change, les vins gardent une personnalité bien identifiable, qui dénote le terroir toscan.

Ce volet nous a offert une belle surprise : le Cabernet sauvignon "Collezione de Marchi" de Isole & Olena. Un vin splendide, d'une jeunesse vraiment étonnante, qui a nettement surclassé le bien plus renommé Sassicaia. Celui de Paolo de Marchi était à  mon avis LE vin de la soirée, même si une majorité de dégustateurs a préféré le vin #4, qui était le Solaia.

Les notes de dégustation :

Vigorello 1990, San Felice
Rubis grenat, bonne saturation. Le nez est très intéressant et émane des notes intenses de tabac et de boîte à  cigare. Il est même encore capable de gagner des subtiles nuances florales en évoluant dans le verre. La bouche est de corps moyen, passablement astringente et marquée par une acidité plutôt soutenue, avec des saveurs de cèdre et de réglisse et une finale de tabac. à€ boire. *** (Federico Bonfiglio 2/04)

Tignanello 1990, Antinori
Grenat, bonne saturation. Très profond et intense au nez, avec des notes de goudron très nettes et puissantes, ainsi que du tabac et des herbes. La bouche est assez ronde et encore assez charnue, astringente en milieu de palais, avec des saveurs de tabac et une finale chaleureuse, alcoolique mais de bonne longueur. à€ boire. *** (Federico Bonfiglio 2/04)

Chianti classico riserva 1990, Castell'in Villa
Rubis grenat, moyenne saturation. Joli nez, avec des notes de tabac et de chocolat, de prune encore fraîche et d'épices. L'attaque est assez ronde, la bouche possède encore un soupçon de cassis, mais les tannins sont secs et astringents. La finale offre épices et tabac. *** (Federico Bonfiglio 2//04)

Chianti classico riserva 1990, Castello di Verrazzano
Rubis grenat, moyenne saturation. Les arômes de sous-bois, de iode et de pruneaux témoignent de la fatigue qu'accuse ce Chianti plutôt austère et astringent, avec un milieu de bouche un peu dilué, marqué par une acidité intolérable et des tannins très secs. Plutôt décevant. ** (Federico Bonfiglio 2/04)

Sassicaia 1990, Tenuta San Guido
Rubis-grenat, bonne saturation. Le nez est assez expressif, avec des notes un brin végétales, du poivron, du champignon, mais aussi du cèdre et des prunes très mûres. La bouche est de corps moyen, dotée de tannins soyeux, bien enrobés, très finement astringents, avec des saveurs de chêne et de cèdre et une finale un peu alcoolique. à‰quilibré et assez savoureux, mais dépourvu de la complexité et de l'éclat qu'un grand vin devrait avoir. ***(*) (Federico Bonfiglio 2/04)

Mormoreto 1990, Frescobaldi
Grenat, moyenne saturation. Plutôt végétal, avec des arômes de champignon, d'aneth, des nuances herbacées. Le sucre brun qui vient s'ajouter après une certaine oxygénation est trop peu et trop tard pour corriger le tir. La bouche est de corps moyen, soyeuse, assez ronde et équilibrée, avec des saveurs de champignon et une finale chocolaté appréciable. *** (Federico Bonfiglio 2/04)

Cabernet sauvignon "Collezione de Marchi" 1990, Isole & Olena
Rubis, très bonne saturation. Le nez de ce cabernet semble encore très peu évolué, il possède des notes d'encre et de menthe poivrée, de très belle fraîcheur, avec des nuances minérales et des fruits noirs sauvages. La bouche est pleine, structurée, très soyeuse, avec des saveurs de cèdre, de cuir et de tabac. à‰tonnamment jeune et complexe, très équilibré et racé, ce vin est une très grande réussite pour Paolo de Marchi. Jusqu'en 2010. *** et devrait atteindre ****(*) (Federico Bonfiglio 2/04)

Solaia 1990, Antinori
Rubis, très bonne saturation. Plus évolué que la bouteille goûtée il y a deux mois, ce Solaia possède tout de même un très joli nez de liqueur de prunes, aux nuances de tabac et de réglisse. La bouche est très soyeuse et raffinée, équilibrée, avec des saveurs de cèdre, de tabac et de prune et un caractère définitivement toscan malgré l'assemblage à  80% de cabernet. Belle bouteille. Jusqu'en 2008. **** (Federico Bonfiglio 2/04)