Un titre en forme de clin d'Å“il au kitschissime lounge club londonien en prélude à une modeste introduction au cépage-roi des Abruzzes.
Géographiquement, les Abruzzes sont une région d'Italie coincée entre la mer et la montagne, avec au Nord les Marches, au sud le Molise, à l'Ouest le Latium et à l'Est l'Adriatique. Le climat est évidemment optimal pour voir mûrir le raisin car il est particulièrement sec, chaud et stable. Quoique que certains orages de grêle soient mémorables. Géologiquement, on est généralement face à un mélange de calcaire et d'argile, l'argile se faisant plus présent en approchant de la mer. Le drainage est loin d'être un problème, que du contraire, il y aurait plutôt pénurie d'eau, les montagnes faisant une excellente barrière contre les intempéries.
Outre le Montepulciano, majoritaire, d'autre cépages sont également cultivés : le trebbiano (blanc, particulièrement insipide), le sangiovese, mais également le chardonnay et le cabernet sauvignon… la liste n'étant pas exhaustive, les amateurs peuvent se référer a « l' enoteca regionale » (
www.enotecaregionale...) pour la liste complète.
Le Montepulciano, cultivé depuis 1700 est un cépage vigoureux, résistant vaillamment à la plupart des maladies. Ses baies sont de taille moyenne et de couleur prune, bref, il ne présente pas de caractéristiques physiques particulières.
Par contre, lorsqu'il est correctement planté, entretenu, vinifié et élevé (il apprécie le bois), ses caractéristiques organoleptiques deviennent très intéressantes. On peut reconnaître un trait quasi commun à tous les grands Montepulciano : une grande maturité, des arômes de fruits noirs très mûrs et souvent de chocolat. L'attaque est en général soyeuse et la matière très belle. Par contre, j'ai remarqué de grandes différences dans la qualité et l'évolution des tannins, parfois très civilisé parfois très « Calon-Séguresques » (il fallait que je la place, celle-là ). Comme beaucoup de vins italiens, il peut manquer d'une certaine fraîcheur.
Historiquement, la région tire sa richesse des exploitations agricoles et de la pèche. Les « azienda » locales sont plus accoutumées à la quantité qu'à la qualité. Elles produisent donc des raisins de table, de l'huile d'olive, des kiwis et du vin. Mais la proportion de vin de qualité et de garde est infime par rapport aux millions de bouteilles contenant des fluides infâmes, dilués et dangereux (pour la réputation du propriétaire et de la région et pour les papilles et les neurones du dégustateur (aaa))
Parmi les producteurs qui ont choisi la voie de la qualité, on distingue deux types: Il y a d'une part les azienda (exploitations agricole) et cantina (coopératives) qui, vivant sur l'acquis de leur vin dilué, proposent de plus en plus des cuvées plus haut de gamme, en réduisant les rendements et en faisant appel à des techniques plus modernes de vinification. d'autre part, les « nouveaux venus » (encore peu nombreux), qui décident d'investir dans les Abruzzes, tout en introduisant dès le début les méthodes modernes de vinification et en plaçant la qualité comme but premier.
En plus de la D.O.C. « Montepulciano d'Abruzzo », des Indicazione Geografica Tipica (I.G.T.) se développent. A ce jour, elles ne sont pas encore les garantes d'une certaine qualité, hélas !
Généralement, je sers le Montepulciano à 18°, en ayant pris soin de le carafer plusieurs heures. Je ai peu expérience concernant le potentiel de garde et l'évolution. Certains évoluent vers des arômes giboyeux (que j'apprécie), d'autre se fanent et perdre leur fruit et leur peu de fraîcheur. Mon plus vieux millésime en cave étant 1994, il est difficile de tirer des conclusions fiables.