Je ne sais pas si je l'ai mis sur LPV, mais je le remets volontiers, voici une dégustation avec 19 millésimes de Clos Sainte-Hune au milieu de 36 Trimbach.
Dans mon texte, on repérera deux fois le mot pétrole, ce qui veut dire que cette sensation ne m'est pas inconnue, contrairement à ce que les modérateurs croient. Et on verra que les deux fois où je l'indique (j'ai mis des ** pour qu'on repère), il s'agit de Frédéric Emile et non de Sainte Hune.
Mémorable dégustation des vins de Trimbach (36 millésimes, dont 19 de Clos Saint Hune). Une remarque importante. Je me suis astreint à boire les vins très vite après leur mise sur table. Il y a donc une homogénéité d’approche. Car j’ai constaté que lorsque le vin s’installe dans le verre, comme on le laisserait faire en un « vrai » dîner gastronomique, il devient beaucoup plus chaleureux et séduisant. Des vins discrets dans mes notes sont apparus peu après beaucoup plus chaleureux, aimables et civilisés. Mais l’exercice était d’essayer de dégager des tendances par millésime. Les notes sont ainsi plus sévères que celles que j’écrirais sur des vins épanouis dans le verre et oxygénés selon mes standards. Les notes sont directes, sans perte de temps, car le service allait vite.
Première série :
Clos Sainte Hune Trimbach 1989 VT : nez expressif joyeux, précis, magnifiquement fait. J'ai tendance à préférer le "normal".
Clos Sainte Hune Trimbach 1989 VT "Hors Choix" : nez expressif. Le "hors choix" est beaucoup plus sucré. Le plus "sec" est plus long. Bipin Desai préfère le "hors choix".
Deuxième série :
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1993 : forte acidité, très strict et fermé.
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1994 : plus fruité, rond.
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1992 : **pétrole**, rugueux mais très viril, magnifiquement fait.
Clos Sainte Hune Trimbach 1994 : plus de matière.
Clos Sainte Hune Trimbach 1992 : magnifique, beau, bien structuré, élégant. Classé 4ème de la 2ème série.
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1988 : très beau, quelle générosité! C'est rond. Classé 1er de la 2ème série.
Clos Sainte Hune Trimbach 1993 : excellent, magnifique. Classé 3ème de la 2ème série.
Clos Sainte Hune Trimbach 1988 : servi après les autres et ajouté. Vin très grand, très complexe. Classé 2ème de la 2ème série.
Troisième série :
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 2000 : un peu fermé, coloré, profond mais rêche.
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1999 : très riche, très concentré, limité.
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1998 : pas assez structuré.
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1997 : nez de **pétrole**, ouvert, j'adore. Classé 2ème de la 3ème série.
Clos Sainte Hune Trimbach 2000 : magnifique de promesses. Classé 1er de la 3ème série.
Clos Sainte Hune Trimbach 1999 : un peu fermé.
Clos Sainte Hune Trimbach 1998 : pas assez ouvert, puis il se découvre.
Clos Sainte Hune Trimbach 1997 : promet beaucoup. Quand il s'ouvre, il est magnifique. Classé 3ème de la 3ème série.
Quatrième série
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1996 : nez fruité, belle bouche.
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1995 : plus amer. Léger goût de bouchon.
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1985 : joli, un peu serré mais expressif. Long en bouche.
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1979 : moins coloré. C'est un vin de gastronomie qui appelle une viande.
Clos Sainte Hune Trimbach 1996 : exceptionnel, prometteur, une attaque et une puissance remarquable. Classé 3ème de la 4ème série.
Clos Sainte Hune Trimbach 1995 : plus racé, plus acide, plus fort. Classé 4ème de la 4ème série.
Clos Sainte Hune Trimbach 1985 : magie pure. Intégration remarquable. C'est un très grand vin. Classé 2ème de la 4ème série.
Clos Sainte Hune Trimbach 1979 : Il est plus fatigué. Le côté fermé apparait.
Clos Sainte Hune Trimbach 1975 : Très joli. Un peu entre deux âges. Devient grand quand il s'ouvre. Classé 1er de la 4ème série.
Cinquième série :
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1990 : Bon vin, mais un peu serré.
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1989 : Pas mal. Assez fruité, mais paradoxalement aussi assez sec.
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1983 : un peu fatigué.
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1976 : bouchonné. Quel dommage de ne pas le comparer au Clos Sainte Hune.
Cuvée Frédéric Emile Trimbach 1971 : très joli, bien arrondi.
Clos Sainte Hune Trimbach 1990 : vin magnifique. Très beau. Classé 4ème de la 5ème série.
Clos Sainte Hune Trimbach 1983 : Très rond. Grand vin. Classé 3ème de la 5ème série.
Clos Sainte Hune Trimbach 1976 : Magnifique. Absolument parfait. Conforme à ce que j'ai déjà bu. Classé 1er de la 5ème série.
Clos Sainte Hune Trimbach 1971 : Très beau. Agé sans doute, mais beau. Magnifique maintenant. Classé 2ème de la 5ème série.
Comme prévu, c’est le Clos Sante Hune Trimbach 1976 qui a été la star de la soirée, vin que j’ai bu plusieurs fois avec un immense plaisir, représentant la perfection du Riesling actuel. Ces soirées ont l’avantage de donner l’occasion de mieux connaître un domaine. J’ai eu la confirmation de la perfection du Clos Sainte Hune, qui gagne avec l’âge délicieusement. La Cuvée Frédéric Emile s’est montrée sous un jour très favorable. Jean Trimbach a parlé avec passion de son domaine. De telles expériences montrent, une fois de plus, à quel point les vins d’Alsace méritent une meilleure place sur la table des amateurs de grands vins.
Je reviens donc à ma question, pour laquelle les modérateurs ont "dégainé", comme dit Luc, un peu vite : le pétrole, que je sais ressentir dans les rieslings, n'est quasiment pas sensible dans le Clos Sainte-Hune, probablement à cause de la richesse de la structure. Un avis sur ce sujet, sans commencer par considérer que je n'aurais pas la capacité à apprécier cette sensation, peut m'intéresser.