L’inconvénient avec les clubs qui ont un grand nombre d’adhérents, c’est qu’il faut plusieurs bouteilles d’une cuvée, trois dans notre cas. Impossible d’aller piocher dans les caves des adhérents, même celles qui sont les mieux pourvues…
Il faut donc acquérir les bouteilles sur Internet et, pour les prestigieuses, se contenter de millésimes récents si on ne veut pas monter trop haut en budget.
Mais cela n’a pas empêché de prendre un sacré plaisir dans cette dégustation, organisée par l’ami Claude avec ma complicité.
Domaine Paul Schwach – Alsace – Riesling – 1983
La robe est bien dorée et brillante.
Le nez d’une intensité moyenne exhale des senteurs d’hydrocarbure et un peu de fruits blancs, mais l’ensemble est marqué par une pointe liégeuse qui s’estompera sans disparaître.
La bouche est légère, simple, dotée d’une bonne acidité et d’une finale salivante sur la pomme.
Le tout parait très jeune !
Bien + mais plutôt
ED en raison du nez bouchonné, même si la bouche n’a pas été très affectée.
Domaine Agathe Bursin – Alsace – Riesling – Bollenberg – 2018
La robe est de couleur paille.
Ouvert et très fin, le nez propose une aromatique alliant du citron et de la pêche, teintée d’une infime touche de pétrole.
La bouche déroule avec un grand classicisme une belle tension, accentuée par des hydrocarbures en attaque. Le profil droit mais sans austérité du cœur de bouche fait place à une finale teintée de salinité.
Le tout manque un peu de concentration mais pas d’allonge.
Très Bien
Domaine Weinbach – Alsace – Riesling – Cuvée Colette – 2019
La robe est paille, un peu plus soutenue, et brillante.
Le nez est doté d’une intensité prononcée et développe avec complexité des fruits jaunes qui tendent vers les fruits exotiques et les fruits confits, complétés par un soupçon d’agrumes rafraichissant.
La bouche très ample et d’une bonne concentration est tenue bien en place par une belle acidité. Elle se goûte bien sec contrairement à ce que le nez pouvait annoncer. Seule la finale paraît un peu serrée mais ne demande qu’à se libérer à l’avenir.
Très Bien (+)
Domaine Trimbach – Alsace – Riesling – Cuvée Frédéric Emile – 2014
La robe est paille, presque pâle.
Bien intense, le nez allie avec subtilité les arômes de citron et de pétrole, quelques notes de mirabelle venant égayer l’ensemble avec bonheur.
La bouche affiche un caractère cistercien, elle trace sa route de façon rectiligne grâce à sa forte acidité, mais avec aussi une grande concentration. En deuxième mi-temps le vin s’élargit, puis le terroir s’exprime à nouveau dans la longue finale saline.
Très Bien ++ pour ce vin qui peut manquer de confort pour certains palais mais dont j’apprécie la grande race.
Domaine Albert Boxler – Alsace Grand Cru Sommerberg – Riesling – E – 2020
La robe est très claire.
Le nez se révèle généreux et élégant à la fois, d’un fruité éclatant. La pêche blanche et la rhubarbe sont présentes, mais des arômes muscatés également (!
) qui se déclinent en notes épicées.
Un infime perlant titille l’attaque, puis c’est l’harmonie en bouche qui frappe le dégustateur, avec une chair au fruité affirmé et une acidité parfaitement millimétrée qui l’emmène très loin, dans une finale qui réussit le grand écart en se montrant épurée et riche à la fois (?
).
Un vin forcément en devenir mais déjà noté
Très Bien ++ / Excellent
Domaine Albert Boxler – Alsace Grand Cru Sommerberg – Riesling – D – 2020
La robe de couleur paille paraît un peu moins claire que la cuvée E.
Le nez exhale un fruité mûr avec une belle intensité. La palette s’enrichit de notes briochées, de mirabelle et d’accents mentholés qui lui apportent de l’éclat.
Il n’y a pratiquement aucun perlant cette fois-ci en bouche dont l’attaque est large et puissante, avant de s’affiner sous l’impulsion d’une acidité qui prend le pas sur tout le reste et devient même saillante. Bien entendu la persistance est superbe mais on aurait aimé plus d’homogénéité entre les deux phases de la bouche pour obtenir un grand vin.
Très Bien +(+)
Cette rare comparaison des cuvées E (Eckberg) et D (Dudenstein) a été probante pour montrer combien des terroirs légèrement différents peuvent donner des vins distincts chez un même grand vigneron. En revanche il était sans doute trop tôt pour différencier la plus grande finesse de la cuvée E par rapport à la plus grande puissance de la cuvée D.
Domaine Zind Humbrecht – Alsace Grand Cru Rangen de Thann – Riesling – Clos Saint Urbain – 2020
La robe se présente sous une couleur paille assez soutenue.
Le nez très intense est classieux, enchanteur et complexe. Des fruits jaunes, un peu de fruits exotiques, de l’amande, du citron et une touche fumée : il gagne en conversation à chaque fois qu’on approche le nez du verre !
La bouche affiche un formidable équilibre entre puissance, tension et aromatique. Elle allie classe et gourmandise et s’étire jusqu’à une finale aux sensations pierreuses et relevée par de nobles amers.
Déjà
Excellent, chapeau bas pour un vin aussi jeune, avec un avenir formidable qui s’ouvre devant lui !
Domaine Sylvie Spielmann – Alsace Grand Cru Kanzlerberg – Riesling – Vendanges Tardives – 2009
La robe paille soutenue est bien brillante.
Le nez expressif et changeant évoque tour à tour la pomme cuite, des notes exotiques, d’autres florales (violette) et de massepain.
La bouche se montre étonnamment juteuse, au sucre minimaliste (ou alors complètement « mangé » par les années) et d’une rondeur contenue. La finale, à l’avenant, est aérienne, révélant des notes mentholées et un semblant de pétrole.
C’est indéniablement d’un équilibre qui plaira beaucoup aux pdf mais qui peut paraître manquer d’un peu de volume et de complexité.
Très Bien (+)
Domaine Kientzler – Alsace Grand Cru – Riesling – Sélection de Grains Nobles – 2001
La robe fait ses 21 printemps avec sa teinte acajou.
Le nez ravit par son ampleur et sa luxuriance, associant avec richesse des arômes de raisins secs, rancio, écorce d’orange, miel et figue ! On y revient sans cesse car c’est un pur bonheur… d’autant que la bouche n’est pas du même niveau.
Très sucrée et dotée d’une aromatique en rétro-olfaction bien voisine de celle du nez, elle manque cependant cruellement d’acidité pour la soutenir. Elle s’affaisse donc rapidement et laisse un palais un peu empâté par ce sucre très présent.
Très Bien grâce au nez.
Je retiendrai une bien belle dégustation, avec de grands domaines qui ont prouvé que même sur des millésimes très jeunes on peut appréhender la classe des grands terroirs.
Merci à Claude pour l'organisation, à Bernard pour la préparation de la moitié des vins et à Jean-Michel pour l'aide ultime avant service !
Jean-Loup