Je viens de découvrir ce site que je trouve très intéressant et riche de sa diversité. Bravo à ses fondateurs !
J'aime les vins de toutes les régions de France mais je dois avouer un gros faible pour les Bourgognes ! Alors j'ai parcouru une bonne partie du forum consacré à cette région formidable et j'ai envie de réagir sur un échange déjà ancien, parti à propos du Pommard Grands Epeneaux 1990 du Comte Armand , et qui a vite dévié sur le thème du vieillissement des Bourgognes.
Ma petite expérience de dégustateur amateur m'incite à penser que les bourgognes bien faits ont vraiment le potentiel de vieillir longtemps et bien. Mais il faut parfois être patient (c'est le cas avec 1990, 1995 et 1996) et ne pas s'arrêter à des impressions trop hâtives. Face à un vin fermé, mais massif et puissant comme semblait l'être le Pommard 1990 du comte Armand , on pense assez facilement qu'il est encore trop jeune (j'ai eu en octobre 2003 la même impression avec un Pommard Rugiens 1990 du dom. Gaunoux). Mais face à un vin aromatique mais fluet, à la finale acide ? Eh bien, là aussi, il faut y croire ! Même en appellation générique !
J'ai eu ainsi quelques belles surprises. Avec par exemple un simple bourgogne 1996 du dom. Glantenay à Volnay. Je savais bien que ce millésime devait être attendu, mais je pensais pouvoir me faire plaisir plus vite avec le bourgogne générique en attendant le Volnay. La maigreur apparente de ce vin m'a longtemps fait croire qu'il ne tiendrait pas longtemps. Or j'ai retrouvé une bouteille cet hiver et j'ai été bien surpris de constater que le vin avait gagné en volume, en longueur, et en qualité tactile! Il est vrai que les vignes ont 80 ans et qu'elles jouxtent l'appellation Pommard ... Mais ce vin vaut à peine 8 euros !
Pour passer au cran au dessus, j'ai eu la même bonne surprise avec un Chambolle Musigny 1er cru "les sentiers" 1990 du dom. Sigaut: bien parfumé mais un peu trop longiligne pendant une dizaine d'années, et puis, tout à coup, l'automne dernier: un grand vin, à l'arôme encore plus complexe et qui a pris de l'ampleur et surtout une texture soyeuse extraordinaire. Chambollissime !
Ce 1er message est un peu long, mais puisqu'il s'agit de défendre les vieux bourgognes, je veux aussi évoquer un Volnay (encore ...) Santenots 1978 du dom. Ampeau bu le 24/12/2003: la robe est rubis pâle, aux reflets tuilés, brillante. Arômes très expressifs (encore très fruités avec une petite note de truffe) très délicats et élégants. L'attaque est douce, le vin en bouche présente un fruité soyeux, une structure dense et pourtant presque impalpable, une harmonie et un équilibre incroyables. Ce vin dentelle est une oeuvre d'art !!!
Le Volnay santenots 1976 du même producteur dégusté quelques jours avant est très différent (l'effet millésime sans doute): robe profonde, encore bien colorée avec des franges orangées. Nez dégagé et puissant de cerise, sous-bois et amande amère, devenant de plus en plus complexe à l'aération. Attaque plus virile que le 1978, le vin est bien structuré, profond, dense, avec un belle suavité de texture et de la sève. Plus puissant que le 1978 mais moins émouvant...
Les bourgognes, j'aime vraiment !
Cordialement,
Passetoutgrain