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Rester des vins de terroir ou devenir des vins de château ?

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Message edité (12-08-2004 21:38)
06 Aoû 2004 14:12 #1

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J'ai lu attentivement le point de vue de Jean-François Bazin, c'est assez intéressant. Il se place dans la conception bourguignonne de la primauté absolue du terroir sur toute autre considération, et considère donc que le projet Renou, s'il peut peut-être s'adapter à  un vignoble comme celui du Bordelais, est inapplicable pour la Bourgogne. Même si je comprends son point de vue (plus que je ne l'approuve), je ne peux tout de même m'empêcher de penser qu'il revient à  dire : "surtout ne changeons rien, tout va bien !"
Il ne me semble pas que c'est de cette manière que le vignoble français sortira de la crise dans laquelle il est en train de s'enfoncer inexorablement.
Un exemple qui m'a marqué dans son discours : "Sur la forme, le projet est inapplicable. Sauf vin taré ou bouchonné, la notion de qualité est subjective. ... sauf défaut majeur, qui peut prétendre déguster en décrétant la qualité ? Que ferait-on du millésime décevant ou médiocre ? L'éliminerait-on de toute appellation ? "
Avec ce type de raisonnement, toute discussion est impossible...
Oui, je pense qu'on peut raisonnablement définir des critères de qualité minimaux pour avoir le droit de bénéficier de tel ou tel niveau d'appellation.
Oui, je pense que devant un millésime médiocre, il faut pouvoir déclasser un vin dans un niveau d'appellation inférieur. La plupart des propriétés de CNP ont déclassé leur 2002, pourquoi ne pourrait-on pas faire de même en Bourgogne ?

J'attends vos avis contradictoires avec impatience...(bbb)

cordialement,

Luc
06 Aoû 2004 17:32 #2

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Message edité (12-08-2004 21:41)
06 Aoû 2004 20:36 #3

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Luc,
Si tu le demandes...
J'ai bu récemment un Corton-Renardes insipide (année pourrie, producteur douteux) et un Clos de Tart qui, pour être sans défaut, serait à  mon avis surpassé par nombre de vins d'appellation village (dans une bonne année). J'ai pourtant pris plaisir à  boire ces vins, et je n'ai pas été le seul... Tu le regretteras sans doute mais boire du vin c'est aussi - pour beaucoup de gens - boire des étiquettes. Et on peut y prendre plaisir, non parce que cela nous permet de faire le beau (tel le "buveur d'étiquette" qui exhibe ses trophées; celui que tu décris en permanence) mais parce que cela nous permet, justement, de "goûter" à  ces choses que l'on trouve belles : l'histoire de la colline de Corton, celle du Clos de Tart, celle des cisterciens en Bourgogne, etc. Est-ce une attitude vaine et prétentieuse? Je ne le pense pas, à  partir du moment où on ne s'efforce pas d'en tirer des conclusions péremptoires en terme de goût: un vin passable reste pour moi un vin passable, quel que soit son pedigree. Pour autant, il m'arrive d'apprécier des vins pour ce qu'ils me racontent, indépendamment de leur goût ou presque (grands crus bourguignons mais également, récemment, un tokay hongrois produit avant la chute du mur, des vins "très très naturels" comme je les apprécie sur le strict plan intellectuel, des "petits" vins produits par une personne dont l'histoire me plaît ou me parle, etc). Où est le mal à  cela? Nulle part, je pense. Maintenant, qui a tort? Celui qui est capable d'apprécier un Clos Vougeot, même passable, pour certaines choses qu'il évoque au-delà  de son goût, ou celui qui honnit au contraire ce vin passable sous prétexte qu'il n'est pas digne de l'image d'un Clos Vougeot? Je ne sais pas. Je sais seulement que c'est une grande chance de pouvoir apprécier un Clos Vougeot passable parce que c'est un Clos Vougeot, comme c'est, dans un autre registre, une grande chance de pouvoir apprécier réellement un vin absolument médiocre juste parce qu'on le partage avec des amis qu'on aime, dans un endroit qu'on aime. J'ai cette chance. J'espère que tu l'as aussi, du moins pour d'autres vins que les Bourgogne.

Tu l'auras compris: le système bourguignon me plaît dans son ensemble, et jusque dans ses imperfections. Je pense aussi que le consommateur qui peste après la mauvaise qualité d'un Clos-Vougeot a sa part de responsabilité: il devrait savoir que le système classe les terroirs, pas les bouteilles, et que la relation 50 euros = bon vin n'a rien d'automatique. Si maintenant il achète très cher un Clos-Vougeot 94 (année pourrie) produit par "SDVRD, négociant à  St Malo" en croyant acheter un vin excellent, tant pis pour lui. Il y a bien sûr des choses à  améliorer, mais je pense qu'elles concernent certaines pratiques, et non le système lui-même. Car, je ne le nie pas, certains producteurs ont aussi leur part de responsabilité : le fait de tromper les gens en vendant un Clos Vougeot passable non pas pour ce qu'il est - un vin provenant du Clos Vougeot - mais pour ce qu'il n'est pas - un grand vin à  tous les coups (avec le prix en rapport) - est pour moi très regrettable. Dans ce cas, le producteur tord le système à  son avantage, et il nuit à  l'image des vins de Bourgogne. Et ensuite Luc s'énerve, et il ressort les mêmes ritournelles à  chaque irruption d'un mauvais Bourgogne, et c'est bien dommage (et lassant, il faut le dire).

Concernant les CNP 02 : j'en vois absolument PARTOUT en grande distribution en ce moment. N'est-il pas piquant que ce soit justement les grands domaines (ceux dont on peut penser qu'ils ont produit les meilleures bouteilles) qui aient déclassé leurs vins ? (aaa)(jjj) Luc, tout n'est pas parfait ailleurs, et la Bourgogne n'est finalement exceptionnelle que pour une chose: son histoire (certainement pas pour ses dérives)… Je pense que ce qui est juste dans le cas de la Bourgogne comme dans le cas des CNP02, c'est d'être assez courageux pour baisser parfois les prix (qu'on apprécie comme moi ce qui entoure le vin ou pas, un vin de qualité moyenne ou mauvaise doit être moins onéreux que le même vin de bonne qualité). A partir de là , je ne trouve pas anormal que les vins continuent de s'appeler Clos-Vougeot plutôt que Vougeot 1er cru, ou CDP plutôt que Côtes du Rhône. Au contraire. D'ailleurs, une petite question sardonique : si les grands domaines de Chateauneuf du Pape déclassent, est-ce par respect pour l'idée qu'il se font de leur appellation ou pour protéger leur propre marque ? Question difficile mais néamoins intéressante... On a beaucoup glosé sur le courage des domaines qui déclassent. Je pense pour ma part que qu'un domaine comme la Mordorée, qui sort toutes ses cuvées en 2002, fait preuve d'un comportement parfaitement modeste et sain (à  condition qu'ils aient baissé les prix en rapport avec la baisse de qualité, si baisse il y a)…

Cordialement,
Horacio

PS: Merci de ne pas me proposer, comme d'habitude, tes mauvais Bourgogne et autres bouteilles bouchonnées... Ou alors éventuellement, si tu as, une Romanée St-Vivant 76 à  moins de 15 euros (prix auquel j'ai payé le Corton-Renardes et le Clos de Tart), c'est pour faire un cadeau (bbb).

PS2: J'ai habité aux Etats-Unis, les vins des millésimes 1998 et 2000 (je ne parle pas des 95pts et + Parker) se vendaient au même prix que les autres millésimes, alors que ce sont dans l'ensemble des mauvais millésimes. Pourquoi? Parce que c'est un marché qui repose essentiellement sur les marques et, qu'excepté éventuellement pour les vins qui évoluent tout tout en haut de l'échelle, ces marques savent "tordre" le marché aussi bien, sinon plus, que ne le font naturellement les AOC françaises... C'est un point à  ne pas oublier dans la démarche de réflexion sur les AOC et leur réforme. Notre système peut bien sûr être amélioré mais, dans son esprit, il me semble beaucoup plus sain et estimable que d'autres. Il convient donc d'agir avec prudence.
06 Aoû 2004 21:47 #4

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JMP,

"Le Terroir est un critère identitaire essentiel en Bourgogne". Oui à  plusieurs titres. Sur le volet finance, cela va même loin.
Car c'est supplanté par quelquechose de commercialement capital. Le terroir devient (restrictivement) un nom et on ne rend pas célèbre un nom comme Chambertin ou Montrachet du jour au lendemain. Double effet KissCool, si je puis dire, le vigneron peut en plus vendre son propre nom. L'impact est quasi géométrique : Un 'Chambertin' de 'Leroy'. Et c'est surtout en Bourgogne que c'est vrai.
On peut aménager mais il ne faut pas y porter atteinte.

Quant au passage que vous citez tous les deux, n'oublions pas qu'il s'agit d'une interrogation. Une question finalement archi-basique : qui et comment décrêter la qualité ?
Si je comprends bien, il est reproché à  la proposition Renou de ne pas y répondre de manière satisfaisante (ou même de ne pas y répondre du tout).
Peut-être.
Néanmoins, je trouve, comme toi, l'article un peu court, sur le que faire en définitive au sujet de l'amélioration de la qualité.
C'est éventuellement parce que la Bourgogne prend le train en retard.
Il aurait mieux valu être moteur que de se voir proposer de raccrocher le wagon in extremis : c'est un avis que j'ai vu plusieurs fois énoncé et je m'y range.

Il me semble que le Bourgogne régional AOC (et le passetoutgrain) souffre d'un déficit d'image et qu'il est difficile au bourguignons de le vendre moins cher qu'il n'est. Peut-être n'ai-je pas été attentif mais je n'ai pas compris ce qui dans la proposition Renou solutionnerait le problème.

Cordialement,
Hamitan
06 Aoû 2004 22:00 #5

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Horacio,

C'est assez rare dans une intervention aussi longue que la tienne (ce n'est pas une critique), mais je dois dire que je suis en désaccord profond avec quasiment tout ce que tu as écrit. J'ai rarement senti un fossé aussi profond entre deux approches différentes d'une passion commune.

"...il m'arrive d'apprécier des vins pour ce qu'ils me racontent, indépendamment de leur goût ou presque..."

Soit, je veux bien l'admettre, mais je trouve tout de même la démarche un peu tordue si tu me permets l'expression. On peut très bien s'intéresser à  l'histoire de la Bourgogne sans s'obliger à  boire des vins qui ne rendent pas justice à  cette histoire. Personnellement, l'histoire je la préfère dans un livre que dans un verre, et à  vrai dire, cette espèce d'intellectualisation de la dégustation me fatigue. Il y a trop de bons vins produits sur cette planète (et y compris bien entendu en Bourgogne) pour que je perde mon temps et mon argent à  en boire de mauvais.

"Je sais seulement que c'est une grande chance de pouvoir apprécier un Clos Vougeot passable parce que c'est un Clos Vougeot, comme c'est, dans un autre registre, une grande chance de pouvoir apprécier réellement un vin absolument médiocre juste parce qu'on le partage avec des amis qu'on aime, dans un endroit qu'on aime. J'ai cette chance. J'espère que tu l'as aussi, du moins pour d'autres vins que les Bourgogne."

Non car personnellement, je ne bois que des vins grandioses, tout seul dans mon coin, dans un endroit d'une laideur repoussante et comme j'emmerde tout le monde, je n'ai aucun ami...
Tu ne crois pas que tu aurais passé un meilleur moment encore, avec tes amis que tu aimes, dans cet endroit que tu aimes, si le vin avait été meilleur, même si ce n'était pas un Clos Vougeot ?

"Concernant les CNP 02 : j'en vois absolument PARTOUT en grande distribution en ce moment. N'est-il pas piquant que ce soit justement les grands domaines (ceux dont on peut penser qu'ils ont produit les meilleures bouteilles) qui aient déclassé leurs vins ?"

Je n'y vois rien de piquant, bien au contraire. Ces grands domaines ont peut-être un plus grand respect de leur clientèle qu'un domaine (bourguignon ou autre) qui obligera ses clients à  acheter au prix fort son allocation de vins prestigieux, cette année-là  malheureusement de qualité médiocre, sous peine de ne plus avoir le droit d'en acheter l'année suivante.
Il n'y aura donc pas de Beaucastel 2002 par exemple car la qualité est jugée insuffisante (pour la marque effectivement), et il sera déclassé, toujours en CNP mais dans le "second vin", et vendu beaucoup moins cher (deux à  trois fois moins, pas 10 à  15 %...), ce qui fait toute la différence avec la politique tarifaire de la plupart des domaines bourguignons. Et personnellement, je ne vois pas ce qu'il y a de modeste dans le comportement d'un domaine comme la Mordorée qui sort sa cuvée Reine des Bois 2002 à  un prix plus élevé que celui des millésimes précédents (même s'il est vrai qu'il ne fait pas partie des vins les plus chers de l'appellation)...

"J'ai habité aux Etats-Unis, les vins des millésimes 1998 et 2000 se vendaient au même prix que les autres millésimes, alors que ce sont dans l'ensemble des mauvais millésimes. Pourquoi? Parce que c'est un marché qui repose essentiellement sur les marques... "

Ah oui ? Et en Bourgogne, le millésime 2000 s'est-il vendu moins cher que le 1999 ? Le millésime 2003 se vendra t'il moins cher que le 2002 ? Dans la grosse majorité des cas, la réponse est non, bien au contraire...
Etonnant pour un marché qui repose essentiellement sur le terroir, tu ne trouves pas ?

"Notre système peut bien sûr être amélioré..."

Et bien il est peut-être temps de faire des propositions concrètes...
Mis à  part des critiques contre le projet en cours de discussion et des manifestations contre la Loi Evin, je n'ai pas vu grand chose venir jusqu'à  présent...

Cordialement,

Luc
06 Aoû 2004 23:20 #6

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Ca alors ! Il nous ferait pas un gros coup de terroir calcaire LE Luc de LPV ?
Avec un ensoleillement qui n'a pas l'air terrible ! (aaa)(aaa)

Vite un verre de Bonnes Mares !

Un point qui m'intéresse, il faudra un jour qu'on parle de cette intellectualisation de la dégustation. Ca m'intéresse de savoir ce qu'éprouvent ou recherchent ceux s'y adonnant. La dégustation c'est au contraire pour moi un moyen de vivre un moment où l'affectif supplante complètement le cognitif.

Cordialement,
Hamitan
06 Aoû 2004 23:49 #7

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D'accord avec Luc, la notion de terroir a bon dos. Vrai que les climats de Bourgogne racontent une histoire passionnante et qu'affectivement on ne peut que craquer devant un vignoble aussi complexe. Normal de considérer une telle richesse comme un atout qui serait extraordinaire si verre en main il y avait une adéquation, c'est à  dire un minimum requis entre le prestige du terroir et la qualité du breuvage.
Terroirs... Ma région natale est la Touraine, il n'y a pas, comme dans beaucoup d'autres régions cette notion exhacerbée de terroir. Prenez Ph. Alliet, le plus connu des vignerons de Chinon, sa cuvée Vieilles Vignes est issue d'un des pires terroirs de l'appellation : zone sableuse en plaine inondable... Et pourtant, ses talents de vinificateur en font le vin le plus recherché de la région !
Que vaut la notion de terroir pour une appellation comme les Echezeaux ? Si ce n'est une poule aux oeufs d'or que l'on n'a jamais cessé d'agrandir.
Il y a peut-être des facteurs particuliers liés à  la Bourgogne : sa situation septentrionale et un monocépage sensible qu'est le pinot. Un jeune viticulteur de Nuits ( A. Chopin), me racontait qu'à  40 hl / ha son vin était bon, 5 ou 6 de plus et plus rien n'allait ( essais de rendement ). Faire un bon pinot n'est sans doute pas quelque chose de facile et le contrôle essentiel de la qualité est peut-être encore plus rude à  appliquer ici qu'ailleurs.
Alors " Gloire aux terroirs" ?

Alfredo
07 Aoû 2004 01:58 #8

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Luc,
Contrairement à  toi, je ne pense pas que le fossé soit si profond entre nos deux approches… et c'est d'ailleurs là  l'essentiel du problème : j'ai bien l'impression que tu lis chacune de mes interventions comme de « l'argutie de terroiriste » et que ça fausse, malheureusement, pas mal de choses…

Exemples : Ai-je dit qu'il était normal de faire payer des vins médiocre au prix fort, en Bourgogne comme ailleurs, ou de baisser marginalement le prix d'un vin produit dans une année difficile (ta troisième remarque) ? Ai-je dit qu'il était normal que le millésime 2000 soit, en Bourgogne, vendu plus cher que le 1999 (ta quatrième remarque) ? Non, et j'ai même dit explicitement le contraire en précisant que le vigneron qui vend un vin médiocre à  prix de grand vin « tord le système », qu'il « nuit à  l'image des vins de Bourgogne », et qu'il serait beaucoup plus courageux et honnête, dans ces cas-là  justement, de baisser les prix, et ceci qu'on valorise ou non le prestige, la culture ou l'histoire associés à  telle ou telle étiquette… Peut-on être plus clair? De même, ai-je dit qu'un « marché qui repose essentiellement sur le terroir » n'induisait pas de distorsions de marché, comme tu sembles le prétendre ? Non, je me suis contenté de constater que des systèmes différents induisaient également des distorsions, et qu'il fallait également être conscient de cela. Ai-je dit qu'il ne fallait rien changer dans notre région ? Non, j'ai dit qu'il fallait agir avec prudence, en étant conscient que le système bourguignon est loin, bien loin de n'avoir que des défauts, ce qui je pense est aussi la position avancée par JF Bazin dans son article. Alors deux hypothèses : soit tu ne m'as pas lu avec attention (ce qui est possible car mes interventions sont trop longues…), soit tu projettes sur moi des positions de principe qui ne sont pas les miennes.

Concernant tes deux premières remarques : je ne pense pas, là  encore, que nous soyons si éloignés l'un de l'autre que cela. C'est avant tout une manière de présenter les choses : à  te lire, il y a des vins « bons » et des vins « mauvais »… Certes, c'est bien commode d'un point de vue rhétorique, mais penses-tu sérieusement que tout soit si simple ? Tu remarqueras que je parlais justement de vins « passables », comme ce Clos de Tart sans défaut, même très bon, mais manifestement pas au sommet de ce qu'on trouve en Bourgogne. Aurait-il fallu le déclasser ; i.e. le transformer entièrement en Morey 1er cru « La Forge » ? Je ne le pense pas. Personnellement, je préfère l'idée d'avoir affaire avec un Clos de Tart en millésime difficile à  celle d'avoir affaire à  une marque/un second vin/un vin déclassé ; je pense sincèrement qu'ici la tradition bourguignonne (éliminer uniquement les vins à  défaut manifeste) continue d'avoir du bon, à  partir du moment où on accepte de baisser les tarifs. Déclasser le grand vin de Beaucastel, oui car il ne correspond qu'à  une seule chose : un « niveau » de qualité estimé par ses propriétaires. Mais le Clos de Tart n'est pas ça : c'est un lieu, et c'est une vigne bien précise, bien avant d'être une garantie de qualité systématique. On peut avoir envie de savoir ce que ce lieu donne dans un millésime difficile… On peut, simplement, être attaché à  l'idée que ce lieu donne un vin bien identifié dans chaque année. Est-ce réellement respecter le Clos de Tart que de le déclasser ? Oui si l'on considère que le Clos de Tart DOIT absolument être un grand vin. Non si l'on considère, comme moi, que le Clos de Tart vaut plus que par sa qualité dans un millésime donné. Pour moi, le Clos de Tart vaut 1)par son potentiel et 2)par son histoire, son identité en tant que lieu-dit. C'est faire honneur au premier que d'essayer d'atteindre chaque année au meilleur vin possible, et c'est faire honneur à  la seconde que de sortir aussi le vin en petit millésime. Voilà  ce que font tous les vignerons consciencieux depuis un bon siècle ou plus en Bourgogne, et sans doute 8 siècles au Clos de Tart... Et c'est, pour moi, le système le plus estimable qui soit, sans préjuger des qualités respectives des bouteilles de vins produites par cette région et par les autres. Bien sûr, certains producteurs en abusent mais 1)on peut traiter ce qui ne va pas en respectant l'esprit, c'est ce que je souhaite et 2)les mauvaises pratiques bourguignonnes sont-elles spécifiques à  cette région?

Commençons par la 2ème Q: sur Chateauneuf… tu compares la politique tarifaire de Beaucastel avec celle de « la plupart des domaines bourguignons », mais n'est-ce pas faire preuve d'une certaine mauvaise foi ? Comparons plutôt ce qui est comparable : la politique tarifaire de la « plupart des domaines bourguignons » avec celle de la plupart des vignobles de Chateauneuf du Pape… et là , surprise : dans les deux cas, on commercialise les mêmes vins aux même prix en année difficile, comme si de rien n'était. Or c'est bien cela qui compte, beaucoup plus que les politiques tarifaires respectives de Beaucastel et du Clos de Tart (qui sont bien différentes, j'en conviens). Alors certes, les prix des bouteilles ne sont pas toujours les mêmes - dans le cas d'un Clos-Vougeot bien moyen par exemple - mais la duperie est identique et, au final, les sommes brassées par un producteur de Chateauneuf sont les mêmes que celles brassées par un producteur de Clos-Vougeot (l'un « arnaque » un peu beaucoup de gens et l'autre « arnaque » beaucoup peu de gens). Pour cela, la Bourgogne n'a rien d'exceptionnel, je le répète. Seul son système d'appelation l'est... mais en bien.

La Q de la qualité et de la maîtrise des abus maintenant. Je pense tout d'abord, et il faut le dire, que le temps des Echezeaux dégueulasses est derrière nous plus que devant: les consommateurs sont de mieux en mieux informés, et le nom du producteur devient, en Bourgogne comme ailleurs, de plus en plus important dans l'acte d'achat (ce qui me semble très sain à  partir du moment où le cadre reste celui des appellations). Je pense également qu'il est très difficile d'empêcher des producteurs qui le désirent de vendre de la m..., 1)parce qu'on ne peut pas décider du prix d'un vin à  la place du producteur et 2)parce qu'au delà  du sans-défaut, il est très difficile d'évaluer "objectivement" la qualité d'un vin. Trois pistes concrètes néanmoins:

- On peut renforcer certains pré-requis culturaux (vendanges manuelles dans les grands crus voire aux échelons inférieurs, limitation moins laxistes des rendements, incitations à  effectuer les nouvelles plantations perpendiculairement à  la pente, interdiction des clones les moins qualitatifs pour les nouvelles plantations, instauration de "bans de taille" sur le modèles des bans des vendanges, pour éviter les tailles précoces qui présentent prequ'autant d'inconvénients que les vendanges trop précoces, contrôles périodiques des conditions de culture (drainage, charge en raisin, etc), etc).

- On peut envisager des contrôles à  l'agrément, sur des critères objectifs et à  côté des dégustations : je pense notamment à  un contrôle des matières sèches, de manière à  disqualifier les vins sans défauts... car complètement dilués. Pour favoriser l'innovation (car c'est aussi un point important, en terme de compétitivité sur le long terme), on pourrait laisser les vins "atypiques" car issus d'expérimentations passer à  l'agrément, tout en demandant éventuellement aux producteurs de préciser leurs particularités supposés en contre-étiquette. Un Clos de Tart produit avec de la syrah ne me gène pas forcément, à  partir du moment où je le sais.

- On peut enfin - car le marketing constitue une bonne part du problème - s'efforcer de communiquer mieux, notamment sur les réformes introduites. Ainsi, j'ai toujours pensé que les bouteilles de Beaujolais se vendraient beaucoup mieux si un petit autocollant "vendangé à  la main" était apposé sur chaque bouteille bas et milieu de gamme, ce qui n'est jamais le cas. A ce niveau, je crois que l'interprofession bourguignonne a une très grande marge de progression... Je pense également que, ne serait-ce qu'en termes strictement marketing, le vignoble vigneron aurait intérêt à  jouer effectivement la carte du bio et du "naturel", pour écouler ses appellations régionales notamment (je ne dis pas que le "naturel" est intrinsèquement supérieur à  une viticulture plus classique pour produire des grands vins, je pense qu'il peut servir un vignoble comme le vignoble bourguignon, qui a une image de vignoble campagnard et à  échelle humaine).

Sur la réforme proposée récemment: j'ai déjà  donné mon avis, tu m'as répondu que 20 ou 40c d'euros de prix de revient sur un vin de pays ne handicaperait pas les vins français. J'insiste: dans un contexte de concurrence accrue entre grosses firmes viticoles introduites en Bourse comme cela se dessine (et existe déjà ), 20 ou 40c d'euros pour des bouteilles de trois ou cinq euros me semblent être un avantage comparatif majeur, et bien difficile à  surmonter pour les vins français. Raisonnons en termes de marges: je suis Gallo, je produits un vin australien avec 50c de marge par bouteille et un Red Bicyclette avec 10c de marge. Où vais-je investir à  ton avis... On verra... En tous les cas, j'estime, et là  aussi je l'ai déjà  dit, que c'est dans l'ensemble une bonne réforme car, sans remettre en cause les équilibres actuels, elle introduit des nouvelles opportunités pour les producteurs français. Dans ce cas, pourquoi ne pas essayer? Je suis comme toi et ce bon vieux Karl Popper, je pense qu'il n'y a rien de tel que la méthode essai/erreur. Si ça ne marche pas, cette réforme n'aura servi à  rien sans rien détruire, et si ça marche, je serai heureux de m'être trompé.

Bien cordialement et bon we,
Horacio, qui a battu son record de longueur...

PS : je ne sais lequel de nous deux est le plus naà¯f : moi, en considérant que le fait de ne pas déclasser des vins de CDP en CDR relève d'une certaine honnêteté et d'un certain respect de l'appellation (à  partir du moment où on baisse les prix et où on ne se moque pas des amateurs), ou toi, en considérant que Beaucastel déclasse son grand vin en second vin par respect de ses clients plutôt que par calcul commercial…
07 Aoû 2004 03:51 #9

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Hamitan,

Pour ce qui est de "l'intellectualisation" du vin, tu sais comme moi que tout dépend du contexte. On ne déguste pas de la même manière un vin lors d'une dégustation avec des "étrangers" ou lors d'un pique-nique avec des amis, pour prendre deux exemples très opposés.

Il ne faut pas perdre de vue, non plus, que le fait de distinguer affectif et cognitif est une démarche essentiellement formelle, et même "intellectuelle", pour la raison simple qu'on ne déguste jamais un vin avec uniquement de l'affectif ou uniquement du cognitif. Et c'est tant mieux. Il y a bien des gradations, sans aucun doute, mais il n'y a pas deux attitudes radicalement distinctes. Prétendre qu'on ne déguste un vin qu'avec l'affectif ou qu'avec le cognitif est au mieux une imprécision ou une erreur, et au pire un leurre.

Il faut être conscient de cela: qu'on le veuille ou non, on aborde chaque nouveau vin (même à  l'aveugle) avec derrière nous un parcours et des prénotions, pour reprendre un mot employé par Durkheim. Le vrai débat porte ensuite sur l'attitude à  adopter par rapport à  ces prénotions...

Cordialement,
Horacio
07 Aoû 2004 12:18 #10

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08 Aoû 2004 15:56 #11

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Horacio,

Je ne sais pas pourquoi, mais j'aime mieux ou j'ai mieux compris (c'est possible également), ta seconde intervention que la première, qui était vraiment too much pour moi...
Par contre, c'est vrai que tu as fait long... Je vais avoir difficile de faire mieux...(bbb)
Argutie de terroiriste, je n'irais pas jusque là , mais approche nettement plus intellectuelle que la mienne de la dégustation certainement. Cela doit expliquer certaines différences de point de vue. J'ai tout de même l'impression que cette approche excuse beaucoup de manquements, tant en terme de viticulture que de vinification. "Ce Clos Vougeot est certes indigne, mais ce n'est pas grave puisque c'est un Clos Vougeot et que c'est indiqué sur l'étiquette ; on pourra donc parler de l'histoire du Clos entre bons amis dans ce cadre si agréable…" Désolé, mais cela ne me suffit pas…
De plus, tu déformes un peu mes propos, car quand je parle de déclasser certains vins, je ne parle pas d'un Clos de Tart, "sans défaut, même très bon, mais manifestement pas au sommet de ce qu'on trouve en Bourgogne", je parle de vins indignes de leur rang, de leur classement et de leur prix de vente, à  la limite de la buvabilité. Ce que j'ai goûté en Clos de Tart, même dans un millésime moyen comme 2000, était plutôt très proche du sommet, toutes régions confondues. Les variabilités entre millésimes sont non seulement inévitables, mais même souhaitables, et mon propos n'est certes pas de demander le déclassement de tous les millésimes moyens. Si je prends l'exemple de 2002 à  Châteauneuf-du-Pape, on ne parle pas ici de millésime moyen, mais de millésime très faible, certainement un des plus faibles de ces vingt ou trente dernières années.
Par contre, j'ai l'impression, qui est peut-être fausse, j'en conviens, car je ne connais pas le vignoble aussi bien que certains, que dans une gamme de prix pourtant élevée, supérieure à  20-30 €, on trouve davantage de vins ratés ou sans intérêt en Bourgogne qu'ailleurs. C'est bien sûr plus une impression basée sur l'offre des grandes surfaces ou des salons qui fleurissent en Belgique qu'une impression basée sur la connaissance du terrain, mais il n'empêche que vu d'ici, c'est comme cela que les choses apparaissent. Tout le monde n'a pas la possibilité ou le loisir d'arpenter le vignoble à  la recherche des bons rapports qualité-prix qui sont très certainement aussi nombreux en Bourgogne qu'ailleurs. Alors quand tu écris : " Si maintenant il achète très cher un Clos-Vougeot 94 (année pourrie) produit par "SDVRD, négociant à  St Malo" en croyant acheter un vin excellent, tant pis pour lui", je ne peux pas être d'accord avec toi. Si ce Clos Vougeot 1994 est pourri, il ne devrait pas pouvoir mentionner son origine prestigieuse sur son étiquette, un point c'est tout. Il faut donc renforcer les critères d'accession à  l'AOC, non seulement en aval, par toute une série de mesures dont celles que tu as citées et qui me semblent très intéressantes, mais également par la dégustation. Et qu'on ne vienne pas me dire qu'un panel de professionnels (de préférence indépendants) n'est pas capable de définir si un vin possède ou non les qualités minimales nécessaires pour accéder à  tel ou tel niveau d'appellation. L'AOC doit redevenir un gage de qualité tout autant qu'un gage d'origine, sinon elle n'a plus aucun intérêt autre que la défense des producteurs.
Tu écris : " je pense sincèrement qu'ici la tradition bourguignonne (éliminer uniquement les vins à  défaut manifeste) continue d'avoir du bon, à  partir du moment où on accepte de baisser les tarifs". Je serais d'accord avec toi si on définissait clairement ce qu'est un défaut manifeste (car si on se limite au goût de bouchon, c'est assez restreint ; si on parlait un peu d'équilibre et de longueur…), et si on baissait réellement les tarifs, ce qui est très rarement le cas. Mais je suis d'accord avec toi, ce n'est pas spécifique à  la Bourgogne et toutes les régions sont concernées à  des degrés divers. Disons que la sanction financière est souvent plus importante en Bourgogne qu'ailleurs, ce qui accroît d'autant les frustrations.
Pour en revenir à  nos moutons, à  savoir la réforme Renou, je ne vois pas en quoi elle ferait passer la Bourgogne d'un marché "de terroir" à  un marché "de marque". Cette différence me semble même un peu artificielle, car comme tu le dis toi-même, " le nom du producteur devient, en Bourgogne comme ailleurs, de plus en plus important dans l'acte d'achat." J'ai même un peu de mal à  comprendre ce qui différencie fondamentalement un vin comme le Clos de Tart qui " vaut par son potentiel et par son histoire, son identité en tant que lieu-dit" et un vin comme Beaucastel qui, il me semble, obéit aux mêmes règles, et qui n'est pas comme tu le prétends, un vin qui " ne correspond qu'à  une seule chose : un « niveau » de qualité estimé par ses propriétaires".
Donc oui, je suis pour le fait que l'accession à  l'AOC soit plus stricte (la distinction AOC et AOCE est secondaire de mon point de vue car elle ne tient pas compte des qualités individuelles mais uniquement du niveau moyen d'une appellation). Je suis également favorable à  une possibilité de repli en Vin de Pays avec pour ces vins, une plus grande souplesse législative qui leur permettra plus aisément d'obtenir un niveau minimal de qualité à  moindre coût.
Voilà , j'ai dit à  peu près tout ce que j'avais à  dire, en espérant ne pas avoir été trop long.

Cordialement,

Luc
08 Aoû 2004 16:26 #12

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Jean-Michel,

J'ai lu, j'ai pas tout compris, mais ce que j'ai compris m'avait l'air plein de bon sens. Il me semble qu'on cherche dans la bonne direction.

Amicalement,

Luc
08 Aoû 2004 16:34 #13

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08 Aoû 2004 18:07 #14

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08 Aoû 2004 18:39 #15

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Horacio,

Je ne te suis pas dans tes méandres au sujet de ce que Luc a appelé "intellectualisation" de la dégustation. Je crains également que tu ne m'aies pas compris.

Autrement dit, dans la pratique gastronomique et la consommation de vin en particulier, je vis le plaisir sensoriel dans l'instant sans filtre cognitif. Je m'efforce même de me libérer de toute interférence pour tirer pleinement plaisir des sens et en premier lieu de l'odorat qui de par son mode de fonctionnement est lié à  l'affectif.
Tout cela me parait normal et je cherche à  comprendre comment et pourquoi il pourrait en être autrement.

Je ne nie pas que comprendre un vin (ou être instruit des aspects culturels qui l'entourent) ne me donne pas une certaine satisfaction (cumulable) mais cela reste secondaire, primauté à  la jouissance de l'odorat et organes gustatifs.

Déguster pour caractériser et comprendre un vin est une autre activité.

Cordialement,
Hamitan
08 Aoû 2004 21:02 #16

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08 Aoû 2004 21:38 #17

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Jean-Michel,

Biensûr que telle ou telle habitude, aventure (et même compréhension) olfactive (ou alimentaire) transforme nos expériences au cours du temps.

Néanmoins, j'aime sentir les roses et au moment où je me fais plaisir à  sentir les roses, je ne retire aucune satisfaction particulière de savoir que je sens des roses.

Cordialement,
Hamitan
08 Aoû 2004 22:25 #18

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Luc,
Je pense sincèrement que nous sommes d'accord sur beaucoup de choses mais que nous nous ne prenons pas les problèmes du même côté, et que c'est cela qui engendre l'essentiel de la mésentente.

Cela me heurte quand tu vilipendes (à  juste titre pourtant) les mauvais-chers vins bourguignons car tu en viens bien souvent - du moins c'est l'impression que j'ai - à  "jeter le bébé avec l'eau du bain"; c'est à  dire à  rejeter en bloc un système qui a aussi du bon et du beau. De mon côté, je te heurte quand j'insiste sur ce qu'il y a de sain et d'intéressant dans le système bourguignon car - c'est ton impression je pense, mais ce n'est certainement pas mon intention - j'en viens pour cela à  excuser qu'existent des Clos-Vougeot pourris... Dans le fond, je n'excuse rien, mais je fais la part des choses. Il est vrai, certes, que j'ai poussé le bouchon un peu loin dans ma première intervention mais c'est parce que j'ai souvent l'impression que rien ne trouve grâce à  tes yeux dans le système bourguignon, et qu'en tant que bourguignon, je trouve cela... disons, assez facile et injuste.

Je ne sais pas s'il y a plus de vins bourguignons à  30 euros qui sont loin de les valoir et je ne sais pas si les mauvaises pratiques sont plus répandues en Bourgogne qu'ailleurs... peut-être... Ce que je sais en revanche - du moins ce que je pense fermement - c'est que le système bourguignon (basé sur une hiérarchie par appelations + la valorisation d'une approche culturelle du vin) est plus sain dans son esprit que beaucoup d'autres ET qu'en outre, il n'est absolument pas incompatible, loin de là , avec une politique de renforcement des "bonnes pratiques" et de mise en adéquation des rapports prix/qualité. Ce qui fait que, pour moi, l'objectif juste doit être de chercher à  remédier à  ce qui est négatif dans ce système tout en protégeant ce qui est positif. C'est tout. Oui, un Clos Vougeot pourri est la mauvaise des mauvaises affaires. Oui, il faut essayer de remédier à  ce genre de situation. Mais oui également, d'autres considérations (historiques, esthétiques ou culturelles) ont également leur importance dans la réflexion à  mener. Et non, ces considérations ne sont pas forcément antinomiques avec l'objectif de recherche de qualité.

Pour Beaucastel/Clos de Tart: je dirais que le Clos de Tart est aussi une marque, mais que c'est autre chose avant tout; quelque chose qui dépasse les propriétaires du Clos de Tart à  un instant t : c'est un lieu-dit, avec une histoire précise (et précieuse) dans la mémoire collective d'un village et d'une région. Quant à  Beaucastel, je dirais que c'est certes beaucoup de choses, mais que c'est une marque avant tout.... En exagérant : le Clos de Tart appartient avant tout à  la Bourgogne, alors que Beaucastel appartient avant tout à  la famille Perrin. On est dans la nuance, mais cette nuance a pour moi son importance: sur ce plan du moins, le système bourguignon me va droit au coeur.

/Renou: dans l'esprit, je pense comme toi que la question AOC/AOCE est assez secondaire. En même temps, je ne peux m'empêcher de penser qu'avec les AOCE, "on sait ce qu'on perd mais on ne sait pas ce qu'on gagne"... En clair: pour moi, le système des AOC françaises est à  la fois précieux - comme la hiérarchie bourguignonne des appellations - et tout à  fait perfectible en l'état, pour peu qu'on s'en donne la peine.

/à  l'amélioration de la qualité et à  la diminution nécessaire de la quantité de piquettes AOC: j'ai déjà  cité certains pré-requis culturaux qui me sembleraient pouvoir faire consensus. On pourrait en envisager d'autres, comme on pourrait envisager également un encadrement des pratiques de vinification (ex: des chaptas correctives à  0,5° plutôt que des chaptas abusives à  2-3° sur des raisins pas mûrs / les techniques de contrôle existent, je crois que les coûts ne sont pas faramineux, dès lors il me semble possible d'écarter certains vins sur cette base). Cela changerait peut-être déjà  beaucoup de choses.

Sur les dégustations d'agrément, qui te semblent être la solution ultime, je reste plus réservé. J'ai évoqué un contrôle des taux de matière sèche en parallèle à  ces dégustations (sans idée du prix d'un tel contrôle, qui pèsera à  l'arrivée sur les consommateurs: c'est un arbitrage délicat pour tout le monde). Tu parles quant à  toi d'équilibre et de longueur. Mais dispose-t-on des connaissances nécessaires pour évaluer objectivement ces deux critères? Ex: la longueur d'un vin est-elle la même pour tout le monde? La longueur d'un vin évolue-t-elle à  travers le temps?... Personnellement, j'ai mon idée, mais peut-on se permettre de léser des producteurs avec des idées? Il faut des réponses sérieuses et scientifiques, et je ne sais pas si elles existent. Peut-être que tu pourrais expliciter un peu ton idée sur la question, et le "niveau" d'exigence qui te semble juste pour tout le monde...

Cordialement,
Horacio
09 Aoû 2004 00:01 #19

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Hamitan,

Crois-tu vraiment que tu vis "le plaisir sensoriel dans l'instant sans filtre cognitif"? Crois-tu vraiment que si tu prends plaisir à  sentir des roses, ce n'est pas, aussi, parce que tu en as déjà  senti et que cette olfaction te renvoie à  plein de choses ? Certes, tu ne te dis pas "ah tiens, une rose, ça me rappelle le jardin de ma grand-mère" ou ""rose: nom féminin, elle est le parangon de la fleur d'amour dans les sociétés occidentales"... mais ton esprit ne le sait-il pas? Imagine: tu fais l'amour avec une fille, et tu jouis, et on ne t'a jamais dit ce qu'était la jouissance. Tu assimileras celle-ci à  un plaisir ou à  une souffrance?... Tu en profiteras voluptueusement ou tu sauteras au plafond en te demandant avec horreur ce qui t'arrive?... Alors?(aaa)

Je me répète: affectif et cognitif sont profondément liés, et le fait de les distinguer relève, essentiellement, du discours d'intention, cela ne décrit pas la réalité. L'enfant peut-être dans l'affectif pur (cf. le goût naturel de chaque enfant pour le sucré, constaté scientifiquement) mais à  l'âge adulte, tout est beaucoup plus compliqué (ce qui nous permet d'apprécier un vin bourguignon ultra-acide(aaa)). Il ne faut pas l'oublier.

Cordialement,
Horacio
09 Aoû 2004 00:25 #20

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Message edité (12-08-2004 21:47)
09 Aoû 2004 11:10 #21

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Jean-Michel,

Ok pour l'énergie du monsieur, l'alerte sur la situation présente, le peu d'intérêt de l'AOC telle que définie aujourd'hui etc... mais je ne vois toujours pas concrètement ce qui va aider la vente des vins d'appellation régionale de Bourgogne.
D'autres liens ?

Horacio,
Ah comment dire...
Je vous confirme que le vin en particulier me procure beaucoup de plaisir, lié vraisemblablement à  une(de) forte(s) valence(s) hédonique(s). Ceci déclenche aussi probablement d'autres éléments à  teneur émotionnelle et, si la charge affective et le plaisir s'en trouvent éventuellement grandis, cela signifie nullement que ces éléments ont franchi le seuil de conscience (tant mieux dis-je).
Vous vous évertuez à  me convaincre de je ne sais quoi alors que ma seule question est de comprendre quel plaisir (majeur) "d'état" -cognitif- des gens rechercheraient au travers du vin et de ce qui l'entoure. Si vous en avez une idée faites m'en part sinon tant pis.
Dernier petit point, je crois que rien n'a été aussi préjudiciable à  la compréhension du fonctionnement de l'odorat que le raisonnement par analogie avec un autre sens.
J'arrête ici la discussion sous ce thread sinon Jean-Michel, s'il a le coup de pied facile, va me chauffer le derrière.

Cordialement,
Hamitan
09 Aoû 2004 18:24 #22

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Erwin,

"je ne vois toujours pas concrètement ce qui va aider la vente des vins d'appellation régionale de Bourgogne"

Peut-être tout simplement la possibilité donnée au viticulteur ou au négociant de faire autre chose qu'un vin d'AOC Bourgogne (un Vin de Pays par exemple), avec plus de souplesse législative, des coûts moindres et au final une qualité minimale plus facilement atteinte. Ceux qui désireront rester en AOC devront se plier à  des exigences plus strictes, avec comme corollaire, une augmentation de la qualité moyenne des vins produits en AOC et donc, à  terme, de meilleures ventes.

Amicalement,

Luc
09 Aoû 2004 18:40 #23

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Luc,

Ailleurs sur ces forums, on a parlé de copeaux de manière générale, pourquoi pas. Aussi de mention des cépages, encore que peut-être justement pas pour l'AOC.
Je suis curieux : quoi d'autre ? Je ne demande guère plus que la description d'un cas pratique de bout en bout (du raisin au verre du consommateur)

Cordialement,
Hamitan
09 Aoû 2004 19:11 #24

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Horacio,

"Cela me heurte quand tu vilipendes (à  juste titre pourtant) les mauvais-chers vins bourguignons car tu en viens bien souvent - du moins c'est l'impression que j'ai - à  "jeter le bébé avec l'eau du bain"; c'est à  dire à  rejeter en bloc un système qui a aussi du bon et du beau."

Je pourrais effectivement faire comme beaucoup d'amateurs que je connais, et me désintéresser complètement de la Bourgogne. Ne plus en boire, ne plus en acheter, et donc ne plus en parler. J'en connais pas mal qui agissent ainsi, et non des moindres. D'un côté, je les comprends tout à  fait, d'un autre, la Bourgogne m'ayant offert quelques-unes des plus belles bouteilles que j'ai dégustées dans ma courte vie d'amateur, cela m'incite à  persévérer... Et donc, oui, j'aime la Bourgogne et ses vins car je sais quel niveau d'excellence ils peuvent atteindre ; et c'est pour cette raison que je suis parfois irrité de constater combien certains de ces vins peuvent être médiocres, surtout quand leur classement et leur prix de vente devrait garantir au consommateur un niveau de qualité minimal.

"l'objectif juste doit être de chercher à  remédier à  ce qui est négatif dans ce système tout en protégeant ce qui est positif. C'est tout. Oui, un Clos Vougeot pourri est la mauvaise des mauvaises affaires. Oui, il faut essayer de remédier à  ce genre de situation. Mais oui également, d'autres considérations (historiques, esthétiques ou culturelles) ont également leur importance dans la réflexion à  mener. Et non, ces considérations ne sont pas forcément antinomiques avec l'objectif de recherche de qualité."

Nous sommes d'accord. Mais je ne vois pas en quoi le projet de réforme Renou pourrait mettre à  mal le système bourguignon tel que tu l'aimes actuellement, bien au contraire. Je ne comprends pas les arguments de Jean-François Bazin quand il estime que l'objectif recherché par ce nouveau système est de faire disparaître à  terme les grands crus et les premiers crus ; qu'il provoquerait un échelonnement par le bas, alors qu'il me semble que c'est exactement l'inverse,... En gros, je ne vois pas en quoi ce projet va à  l'encontre de la politique de rattachement au climat chère à  la Bourgogne. Je voudrais qu'on m'explique.

En ce qui concerne les dégustations d'agrément, oui je pense qu'elles sont primordiales, car on aura beau faire toutes les analyses possibles et imaginables (qui auront d'ailleurs un coût important, il ne faut pas l'oublier), rien ne pourra remplacer la sentence de la dégustation. Et on ne demande pas ici de faire un classement précis des vins présentés, mais d'éliminer le petit pourcentage de vins indignes, ce qui ne demande pas à  mon sens l'établissement de critères scientifiques très précis. Quelques vins recalés pour cause de qualité insuffisante feront vite prendre conscience à  certains que la récréation est finie et qu'il est temps de se mettre sérieusement au travail.

Cordialement,

Luc
09 Aoû 2004 19:32 #25

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Erwin,

Tu veux un cas pratique, tu vas l'avoir...(bbb)
Imagine un gros négociant bourguignon possédant 100 ha de vignes pouvant bénéficier de l'AOC bourgogne. Sur ces 100 ha, la moitié est constituée des vieilles vignes, relativement bien situées, qui donnent un vin de bonne qualité. L'autre moitié est constituée de jeunes vignes, ou de vignes mal situées, ou toute autre raison qui te plaira pour expliquer que le vin qui en est issu est insuffisant. Quels choix s'offrent actuellement à  ce négociant s'il veut continuer à  gagner sa vie ? Soit faire une seule cuvée de qualité moyenne, soit faire deux cuvées, une cuvée "prestige" de bonne qualité et une cuvée "de base" de mauvaise qualité. Nous aurons donc sur le marché un vin bénéficiant de l'AOC bourgogne qui sera de mauvaise qualité...
Par contre, si on lui permet, sur les parcelles de moins bonne qualité, de produire un Vin de Pays, il aura la possibilité de faire un produit, qui n'aura certes plus la typicité d'un bourgogne, mais qui sera sans doute de meilleure qualité que son ancien bourgogne de "base". Pourquoi ? Parce qu'il aura planté sur quelques parcelles des cépages qui y sont mieux adaptés que le pinot noir et qui entreront dans son assemblage, qu'il aura plus de latitude tant à  la vigne qu'au chai pour utiliser certains artifices lui permettant d'obtenir le produit qu'il désire, tout simplement. Quant à  son offre de bourgogne générique ? Elle sera moins importante et de meilleure qualité, et donc, elle se vendra forcément mieux...

C'est pas beau la vie ? (bbb)

Amicalement,

Luc
09 Aoû 2004 19:45 #26

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Réponse de Olif sur le sujet ?!?!??

"En ce qui concerne les dégustations d'agrément, oui je pense qu'elles sont primordiales, car on aura beau faire toutes les analyses possibles et imaginables (qui auront d'ailleurs un coût important, il ne faut pas l'oublier), rien ne pourra remplacer la sentence de la dégustation"

Alors là , tu pousses le bouchon un peu loin, mon cher Luc! Jusqu'à  t'en coincer les doigts, s'il t'en reste! (aaa)

Demande à  Francis Poirel ce qu'il en pense, lui qui se voit refuser chaque année à  la dégustation d'agrément son Sauvignon, qui est une véritable petite merveille, pour manque de typicité! Commercialisé en Vin de Table et vendu pas loin de 15 €, il les vaut largement et en surprendra plus d'un!

Rien de plus subjectif qu'un dégustateur et par conséquent une dégustation! Et ce malgré tous les beaux critères (longueur, finesse, intensité, puissance, ...) que l'on voudrait reproductibles!

Je crois que dans ce beau débat, même si je n'ai pas tout lu (j'aime la concision!(aaa)), on mélange deux choses: l'argument économique, qui veut que les vignerons puissent vivre et écouler leur vin, même s'il n'est pas terrible, et je crois que la première chose à  envisager dans ce cas-là , c'est diminuer la quantité et améliorer la qualité, pas trouver des ersatz de solutions pour mieux le vendre,

et l'argument intellectuel, artistique,..., appelons-le comme on veut, qui aimerait que le vin corresponde à  un idéal (celui de l'appellation, du terroir, son propre idéal?), tant du point de vue du producteur que du consommateur. Dans ce cas-là , le producteur n'a cure de tout ce que la législation pourra lui imposer, faisant alors le vin comme il l'entend, comme il pense qu'il est meilleur, quitte à  le déclasser en vin de table si nécessaire (cela ne se voit guère en Bourgogne, je vous l'accorde, pas plus qu'en Bordeaux d'ailleurs!), et l'amateur sera prêt à  mettre le prix pour l'acquérir, même hors appellation prestigieuse, si les deux idéaux se rencontrent.

Alors, non!, la méthode Renou, qui refaçonnera juste un peu l'existant, ne solutionnera pas tout, et heureusement, car il restera des artistes qui refuseront de se couler dans le moule! Ceux dont le vin est souvent digne d'intérêt, hors des sentiers battus et injustement méconnu!

Réécrire le classement de 1855 selon ses propres convictions, remodeler le terroir bourguignon selon ses goûts, telles sont les ambitions de l'amateur qui veut comprendre, mais il faut pour cela en posséder toutes les clés!

Je suis loin de les avoir toutes, mais ce qui m'importe, c'est de me trouver en phase avec ce que j'ai envie d'aimer!

Olif
09 Aoû 2004 20:52 #27

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Mais Olif, justement, si dans les dégustations d'agrément on s'occupait un peu plus de qualité et un peu moins de typicité, les choses iraient sans doute un peu mieux..., tu ne crois pas ?

Luc
09 Aoû 2004 21:08 #28

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Réponse de Olif sur le sujet Typicité, qualité

Pourquoi pas, Luc, mais, pas sûr!

Le souci de l'AOC n'est pas uniquement que le vin soit bon, c'est qu'il corresponde à  l'idée que les gens se font de cette appellation. Les passionnés.com ne sont pas les seuls clients sur le marché, et certainement pas les plus nombreux! Celui qui est visé par ces réformes, je ne suis pas sûr que ce soit nous, mais plutôt le "tout-venant" (sans connotation péjorative aucune!), certainement pas la plus exigeante des clientèles, qui ne voudra pas forcément les vins les plus huppés ou les plus chers, mais celle qui supportera le moins d'être déçue, dans cette gamme-là , et qui n'hésitera pas alors à  se tourner vers la gamme équivalente, ailleurs.

Et concernant le Sauvignon de Francis, il n'a aucune difficulté à  l'écouler, même à  ce prix, car il y a maintenant un vrai marché pour ce type de produits. Il ne faudrait surtout pas le faire rentrer dans un moule, quel qu'il soit! C'est un vin d'artiste!

Olif

P.S.: je note que tu as fait plutôt court comme formulation!(aaa)
09 Aoû 2004 21:26 #29

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09 Aoû 2004 21:33 #30

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