Olif et Horacio,
C'est incroyable comme vous êtes adroits pour déformer mes propos...
Je ne dis pas que la typicité ne m'intéresse pas, je dis que c'est un concept très flou, beaucoup plus difficile à appréhender encore à mon avis que la notion de qualité. Peut-on dire sérieusement qu'il y a (par exemple en Bourgogne) plus de points communs entre tous les vins d'une même appellation qu'entre tous les vins d'un même producteur ? Vous savez bien que pour la plupart des producteurs, la réponse est non, et cela seul suffit à démontrer que la typicité est une notion toute relative. C'était le seul but de mon propos. Vous savez très bien également que le consommateur ne sait pas à quoi s'attendre quand il achète un Riesling Grand Cru (sec, demi-sec, moelleux ?), comme il ne sait pas à quoi s'attendre quand il achète un Bordeaux (Merlot, Cabernet, boisé, pas boisé ?) ni même à quoi s'attendre quand il achète un Clos Vougeot (le haut, le bas, le milieu du Clos, le bon ou le mauvais viticulteur, du fût neuf 100 % ou du vieux fût tout moisi, un vin mûr ou un vin vert,... ?). Si chaque appellation avait vraiment sa typicité, nous n'aurions, avec un peu d'entraînement, aucun mal à reconnaître chacune d'elle à l'aveugle. Vous je ne sais pas, mais moi j'ai toujours trouvé cet exercice extrêmement difficile, et pourtant je m'entraîne...
Alors, essayer de me faire croire que l'AOC défend la typicité (dont je sais, merci Olif, à quoi elle correspond théoriquement, mais absolument pas en pratique...), ça me fait doucement rigoler... Je suppose, puisqu'on me réclame des critères scientifiques pour définir la qualité, que vous en avez pour définir la typicité... L'AOC, actuellement, ne garanti rien d'autre que l'origine du vin et le respect d'un cahier des charges. Point. A mon sens, elle ne garantit ni la typicité, ni la qualité.
En ce qui concerne les dégustations d'agrément, encore une fois, il ne s'agit pas de définir avec précision la qualité des vins présentés (je n'ai jamais dit cela...), mais bien, comme vous le souhaitez, d'éliminer les vins à défauts, ce qui n'est absolument pas fait jusqu'à présent, j'espère au moins que vous vous en êtes rendu compte (en Bourgogne comme ailleurs, je ne fais pas le procès de la Bourgogne). Les vins dégustés chez Frédéric Magnien, même s'ils n'étaient pas à mon goût, ne rentraient certainement pas dans ce cadre là , il ne faut tout de même pas pousser... Et rassure-toi Olif, je n'ai nullement pour vocation de faire partie des comités d'agrément...
"...je ne suis pas sûr qu'une vigne identifiée "syrah" en Bourgogne ait vraiment un avenir face à des régions dont la syrah est un cépage bien identifié..."
Là encore, je n'ai jamais parlé de faire un vin de pays de syrah en Bourgogne... Je pense par contre que certaines cuvées de pinot noir un peu déficiente pourraient être améliorées si on permettait un assemblage (minoritaire) avec d'autres cépages (la syrah ou d'autres) qui pourraient leur apporter ce qui leur manque. Tout simplement, rien de plus, rien de moins.
Et ne croyez pas que ce genre de vins m'intéresse, car il ne m'intéresse absolument pas, comme je ne m'intéresse absolument pas non plus à l'océan de piquette à 2 € qui inonde les grandes surfaces. Mais c'est un marché, un marché important même, avec ses clients qui méritent également de boire quelque chose de buvable. Et non, je ne suis pas intéressé non plus par la version Vin de Pays du Clos de Tart assemblé avec de la syrah ! Non mais, c'est vraiment du grand n'importe quoi ! (bbb)
Et si on estime que l'exportation de vins bas de gamme n'est pas l'avenir du vignoble français, moi je veux bien, mais alors qu'on arrache plus de la moitié du vignoble français, on y verra déjà plus clair. Et vous irez expliquer ça vous-mêmes aux viticulteurs en colère...
Quant à la vision d'Horacio d'une Bourgogne Vin de Pays qui côtoie une Bourgogne AOC, et bien j'y adhère à 100 % ! C'est exactement ce que je dis depuis le début ! La distinction AOC et AOCE, je l'ai déjà dit, me semble accessoire voire inutile, car c'est pour l'ensemble des AOC qu'il faut exiger des critères qualitatifs plus stricts. J'adhère sans doute un peu moins à sa vision "forcément" historique des choses, encore moins à son intellectualisation de la dégustation, et je ne suis pas certain non plus qu'il soit utile de faire intervenir des notions de viticulture naturelle ou bio dans les décrets d'AOC, mais je suis finalement étonné de constater que nos visions qui me semblaient aux antipodes au début de cette discussion, ne sont finalement pas si éloignées que cela.
Cordialement,
Luc
PS : désolé, j'ai encore fait long, mais c'est une réponse pour deux...(bbb)