Compte rendu d’un aller-retour dans la journée du 6 juillet en Bourgogne. Le contexte, ou disons plus honnêtement le prétexte, était, dans le cadre professionnel, de marquer la mémoire de certains de nos meilleurs clients.
Trois visites étaient au programme : Chandon de Brailles à Savigny, Tollot-Beaut à Chorey et J.F Mugnier à Chambolle.
A part chez Tollot, les vins ont été dégustés sur fûts. Cette dégustation est une première pour ma part ; le compte rendu qui suit, reflète en partie, par défaut d’expérience, l’appréciation générale du groupe que nous étions.
Chandon de Brailles
Accueil très sympathique de Kojak, le maître des lieux. Proche de notre groupe, il nous a partagé sa passion, communiquant largement sur l’aspect cultural de la vigne, les techniques de vinification et d’élevage. Nous avons beaucoup appris tout au long des deux heures passées dans la cave. Une visite que je recommande à tous.
14 ha de vignes répartis sur les communes de Savigny-lès-Beaunes, Pernand-Vergelesses et Aloxe-Corton. La culture actuellement en lutte raisonnée tend vers la biodynamie.
Nous avons dégusté à la cave, l’ensemble de ses 2004. Vendanges en vert et grêle marquent une baisse de la production de l’ordre de -25% par rapport à une année normale.
Les malos étaient dans l’ensemble terminées, sauf pour le Volnay Cailleret. Les vins ont été dégustés dans l’ordre qui suit.
Savigny lès Beaune Villages (Sols profonds, argile > 40%)
Bonne mise en bouche. Perlant. Fruit abondant (fraise, groseille) avec une acidité marquée.
Savigny lès Beaune PC Aux Fourneaux (Moins d’argile et plus de calcaire que le Village)
Beaucoup plus abouti que le Village ; c’est plus rond, minéral, moins marqué par le fruit mais plus floral. Une gourmandise. Le groupe a aimé.
Savigny lès Beaune PC Les Lavières
Perlant. Peu causant, a semblé assez fermé (pas de gourmandise) avec une légère âpreté sur la finale. En fait, on devine un vin plus strict, d’une meilleure aptitude au vieillissement que le Village.
Pernand-Vergelesses PC Les Vergelesses (sols Argilo-calcaire)
Perlant. Bouche peu accueillante, râpeuse. M’a semblé moins bon que les Savigny.
Pernand-Vergelesses PC Ile de Vergelesses (Sols plus calcaires que le Pernand Vergelesses)
Nez d’une grande finesse sur le fruit. Perlant. Bouche très suave, très fine aussi, avec un creux en milieu de bouche (appréciation personnelle). Ce vin a conquis l’assemblée.
Volnay PC Les Caillerets
Malo en cours. La couleur du vin est plus sombre. En bouche, de la densité, de la matière, avec des arômes de kirsh. M’a fait pensé à un (bon) bio du Rhône.
Aloxe Corton PC Les Valozières (Argile 48%)
On retrouve comme dans le Savigny Village, une acidité marquée et un fruit abondant, avec une charge tannique bien supérieure. Chauffe un peu en bouche ; un vin masculin.
Corton GC Les Maréchaudes
Nez sur le raisin mûr (c’est pas très original), comme un vin bio. En bouche, du bonheur : c’est fin, soyeux, tout en dentelle. Vin complet et abouti.
Corton GC Bressandes
Comme le Maréchaudes avec une sensation de sucrosité en plus.
Corton GC Clos du Roi
Ici aussi, sensation de sucrosité. La griotte est bien marquée ; c’est viril. Très bon.
Et puis, on a dégusté 3 blancs pour terminer. Je n’ai pas pris de notes mais garde un excellent souvenir du Corton Le Charlemagne.
Tollot-Beaut
Nous avons été reçu par Nathalie Tollot. 24 ha sur les communes de Beaune, Savigny, Chorey et Aloxe.
L’exposé de Nathalie nous laisse deviner une maîtrise totale de tous les cycles de la production, mais aussi de la gestion, des ressources humaines. Beaucoup de précision et de rigueur. Oui, c’est ça : la rigueur transpire. Equipements modernes, cave climatisée.
Comme chez Chandon, un bon vin s’élabore d’abord à la vigne : vendange en vert pour favoriser la ventilation des grappes et limiter les attaques de l’oïdium, élimination des gourmands, recherche d’une culture raisonnée.
A la cave (superbe cave), les malos des 2004 n’étant pas terminées, Nathalie nous a fait déguster une partie des 2003. Erreur de pédagogie je pense, compte tenu du public que nous étions, principalement représenté par des non initiés. Tous les vins de ce millésime, même si cela n’est pas une grande nouvelle, étaient atypiques, avec un nez et une bouche sudiste, de grosses matières, et un boisé omniprésent. J’ai appris par la suite, que le boisé des vins relevait d’une volonté « maison », correspondant à une demande anglo-saxonne (60% de la production par à l’exportation).
En ce 6 juillet, où nous avons appris l’organisation des J.O. par Londres, nous avions le bois amer.
On attaque par Chorey-lès-Beaune Villages 2003
Nez abondant, riche, puissant (13,5°), et boisé. C’est d’autant plus atypique et contrasté après la visite chez Chandon qui précède. La bouche manque de gourmandise avec peu de fruit mais relevée d’une grosse matière, bois toujours. Brûlant sur la finale ; défaut de jeunesse ?
Savigny-lès-Beaune les Lavières 2003
Couleur plus claire que le Chorey. Bouche aussi très dense, typée Rhône, avec du fruit en embuscade. Notes de caramel et vanille e finale. Meilleur que le Chorey.
Aloxe-Corton Villages 2003
C’est bien fait avec plus d’acidité et une charpente tannique. Bel équilibre d’ensemble.
Corton-Bressandes GC 2003
Couleur sombre. 50% de fûts neufs montent au nez. Belle finesse, typé Rhône aussi (semble bien loin du style Bourguignon). D’entrée, c’est bien bon, avec une grosse matière et un style sudiste. Sur la finale, c’est plus dur, encore très tannique et un manque de fraîcheur. En l’état, c’est pour homme.
Beaune PC Clos du Roi 2000
Ouverte pour nous.
Derrière les 2003, enfin de la fraîcheur. C’est plus équilibré Bourgogne. Dérangé par une petite amertume sur la finale. A boire.
Corton GC 1997 (anciennement les Combes)
Jeunesse incroyable, c’est friand comme tout, avec un harmonieux retour tannique. Nez à peine viandé, encore beaucoup de fruit et des notes de sous-bois en finale. Assez masculin.
Bourgogne Blanc 2003
Nez et bouche sudiste ; écœurant en l’état, manque de fraîcheur. Ce n’est pas ce que j’attends d’un Bourgogne.
Corton Charlemagne 2003
Très fin et plein de subtilité malgré l’alcool bien présent. Bel avenir promis.
NB : Ils n’ont rien à vendre.
Jacques Frédéric Mugnier
Et le meilleur pour la fin avec dégustation sur fût des 2004 de J.F. MUGNIER, et ce n’est pas parce que François, le maître de chai de la maison, nous a accompagné toute la journée que je dis ça.
Fatigué et concentrant toute mon attention sur l’exposé de François, je n’ai pris aucune note.
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Le chai a été entièrement refait pour les vendanges 2004 afin d’accueillir les 10 du Clos de la Maréchal (Nuits St Georges) qui étaient jusque là exploités en fermage par Faiveley.
Nous avons dégusté l’ensemble des cuvées dont aucune des malos n’étaient terminées: il y a dans ces vins une « patte maison », avec une recherche de la mise en avant du fruit (faut dire que 2004 s’y prête) et de l’expression du terroir (comme chez Chandon).
Les Chambolles sont l’exact expression de ce sentiment, particulièrement « Les Amoureuses ».
Le clos de la Maréchal a été vinifié en respectant le découpage géographique des 8 parcelles. Nous en avons goûté 5 : il est surprenant de constater une telle différence entre ces 5 là. En haut, la plus proche du Clos de l’Arlot était la plus fruitée, mais aussi la plus courte en bouche (on aurrait pu penser le contraire) ; une autre avait une expression plus sur les épices, enfin celle en haut à gauche, semblait fermée, stricte, à l’image du Musigny goûté quelques minutes auparavant.
L’assemblage définitif semble s’orienter (stratégie non définitive) vers une sélection des 6 meilleures parcelles avec un déclassement des 4 autres.
Cela devrait donner un excellent vin, bien au dessus de ce que l’on pouvait goûter antérieurement pour ce Clos.
Un grand merci à François pour nous avoir distillé sa science bourguignonne tout au long de cette journée.
NB : CR diffusé sur
www.degustateurs.com ;
www.lapassionduvin.com
; Iacchos ; CR archivé dans
www.oenoclub.com