Plus je déguste des blancs 02 en Bourgogne et plus j'ai l'impression qu'il sagit du meilleur millésime depuis 71 ou 62 dans cette couleur. Des dégustations comparatives sur une même cuvée démontrent un surcroit de puissance et d'élégance, avec un côté corsé que l'on retrouve rarement chez les producteurs "moyens" et qui ici est monnaie courante. Dernièrement une comparaison 01 et 02 chez Marc Colin à démontré qu'un 1er cru 02 (style Cailleret) avait plus de puissance qu'un Bâtard 01 !Plus équilibrés que les 03, plus fins et plus puissants que les 01, plus corsés et plus gras que les 00, plus équilibrés que les 99,......plus de corps et plus équilibrés que les 96,.....,plus d'acidités que les 92, plus d'équilibres et de finesses que les 90, plus d'acidités que les 89, plus pleins que le 85...On pourrait parler longtemps de la comparaison avec chaque millésime en fonction de l'expérience de chacun mais je pense objectivement et en ayant beaucoup discuté avec de nombreux vieux vignerons que personne n'a dégusté des vins comme les 02 en l'état actuel ; c'est à dire jeune pour l'instant.(peut être 47 ?) Une dégustation du Montrachet 02 de Marc Colin et celui du D.R.C n'a fait que confirmer mes impressions (les deux plus grands blancs jeunes que j'ai dégusté avec le perrières 02 Coche-Dury).Ce millésime a engendré des blancs qui marqueront à mon avis l'histoire de la Bourgogne.

Arnaud,

Ah, le Montrachet de la DRC 2002 ... (excusez le style volontairement lyrique).

Nous on s'est longuement concertés pour qualifier et quantifier cet ovni !

Domaine de La Romanée-Conti – Montrachet 2002 : juin 2005
JP19,5 - PP19 - LG19,5 - AM&& - RCD&& - PYC&&
On aborde ici une cuvée qui laisse pantois en raison de sa nature superlative. Elle affiche une prodigalité tourbillonnante exceptionnelle avec ses senteurs ostensibles de miel, d’herbes aromatiques, de résine, de caramel, de rhubarbe, de poivre blanc, de réglisse dans une corne d’abondance fruitée (banane, pomme, de coing, agrumes, fruits exotiques, abricot sec, raisin de corinthe). La matière possède une envergure époustouflante mais ne souffre d’aucune lourdeur (aromatique ou structurelle). Elle réussit donc au passage l’exploit de rester équilibrée (et lumineuse) malgré un risque de dérapage en raison de son caractère définitivement huileux et exubérant. On y revient sans se lasser pendant de longues minutes. Quitte à viser la démesure, je préfère pour ma part ce caractère débridé (sublimation plantureuse du chardonnay récolté très mûr, et une nature spiritueuse propice à l’envoûtement des sens) à celui de l’Echézeaux 1999.

Ganesh,

Puisque vous l'évoquez, que pensez vous de l'Echezeaux 1999 DRC? Avez vous une idée du moment à partir duquel il peut être bu?

Merci d'avance

gc

Domaine de La Romanée-Conti - Echézeaux 1999 :
JP17 vers 18 - PP18 - LG16,5+
Robe presque noire. Le nez très mûr (limite surmûr ?) surprend par ses senteurs assurément singulières : pain d'épices, mûre, poivre, cerise confite, liqueur de cassis. La bouche confirme un caractère baroque : liqueur, pruneau (sans connotation péjorative, car on pense à la prune très mûre), menthol, variations balsamiques (laurier, eucalyptus, ciste). Elle est curieusement très extravertie (on tend vers une syrah ?), construite sur une grosse matière peu académique en l'état mais solide, et sa nette fraîcheur sous-jacente lui confère un caractère ubiquiste. Selon Bernard Noblet, il aurait été utile de laisser plus de rafle ! Un vin grand écart, joliment énigmatique.

Domaine de La Romanée-Conti - Echézeaux 1989 :
JP18 - PP18 - LG18
Le 89 goûté dans la foulée est très intéressant en termes de comparaison des évolutions (si l’on admet que le 89 pouvait initialement ressembler au 99). Un fumet aromatique corsé et délicieusement bouqueté, composé d’épices, de tabac, de pruneau, de laurier, de réglisse et de café, trahit un net saut dans le temps. La bouche, dotée d’une belle épure, reste très classique, plutôt juvénile ; elle est incontestablement fine et bénéficie d’une fraîcheur significative (avec à la clé un académisme retrouvé 10 ans plus tard par la réhabilitation de la fraîcheur et de la sveltesse). Elle plaide ainsi pour une belle trajectoire de l’extravagant 99.

Attendre 10 ans pour le 99 de la DRC me parait raisonnable (et cruel).

merci bien. 10 ans c'est long.....

Arnaud,

C'est vrai que le millésime 2002 a été très favorable au chardonnay : dense, aromatique et bien équilibré entre richesse et acidité.
De belles réussites à Chablis, Saint-Aubin, Meursault, Chassagne, Puligny et le Mâconnais.

Je pense que ce seront effectivement de très belles bouteilles à leur maturité mais tu as aussi dégusté des "étalons" du millésime comme Marc COLIN ou COCHE-DURY (je n'ai pas dégusté DRC).

Cordialement,

Olivier

Olivier,
Les grands vins que j'ai évoqué sont en 02 des "monuments" bien plus que les autres années. La moyenne a monté et les "grands" ont atteint le nirvana (les autres le sublime). Le Montrachet 01 de M.Colin est à mon avis très loin du 02, et ce dernier devrait être somptueux dans quelques années. Dans les grandes années les vins sont souvent très bons "jeunes"(c'est souvent un signe),et en 02,l'on peut déjà se régaler. De plus je trouve qu'il y a une certaine uniformité dans le niveau des blancs 02, et même certains vignerons habituellement moyens ont produit des choses formidables.

arnaudm a écrit:

---

> Dans les grandes années les vins sont
> souvent très bons "jeunes"(c'est souvent un
> signe),et en 02,l'on peut déjà se régaler.

Je partage ton analyse.

Euh, petite question : le Montrachet de chez Marc COLIN, tu l'as dégusté sur place ?
Il accepte de t'en vendre ?

Cordialement,

Olivier

Bonsoir,
J'ai la chance de pouvoir déguster chez Marc Colin tous les ans (et je me dois de souligner l'extrême gentilesse de la famille Colin qui bien qu'assez médiatisée conserve un "savoir vivre" qui fait honneur à la Bourgogne viticole) et pour peu que l'on respecte le temps , les gens, et la procédure rien n'est impossible pour des passionnés !(je suis certains qu'ils préfèrent vendre une bouteille de Montrachet à un passionné sympatique qu'à un Américain buveur d'étiquettes).C'est un peu trivial comme réponse mais c'est la vérité.

Mais c'est par contre pleinement rassurant !

Merci

j'ai la faiblesse de penser qu'il existe aussi des americains "passionnés sympathiques", et des buveurs d'étiquettes de toutes nationalités

quoi qu'il en soit merci pour vos commentaires, j'ouvrirais bien un Montrachet de DRC tiens :-)

Je pense que les plus grands buveurs d'étiquettes de la planète sont Américains . Les plus grosses fortunes le sont aussi, et les plus grandes dégustations stériles (comme ouvrir une centaine de Montrachet à suivre pour les comparer)le sont aussi. Ils ne sont pas tous à "cataloguer" mais je ne suis pas convaincu que la plus grande partie des Montrachets soit bu par de réels passionnés, malheureusement !

Aux vignerons de la Côte d'Or il suffit que l'année soit bonne/très bonne pour pratiquement tout vendre.
Je crois qu'ils se passent volontiers d'une emphase particulière sur un millésime qui fatalement a un effet pervers sur les années voisines.
Dans le cas de 2002 si c'est assurément une grande année de blanc, personnellement je ne pense pas que cela suffisent à enterrer les années précédentes (2001 notamment) qui ont produit moins bon sur le tout venant mais qui générent également d'excellents flacons.
Si 2002 suscite autant l'attrait jeune c'est qu'il est plein et se présente avec une structure conséquente. C'est un élément de séduction comme un autre. De même 2000 a été vite déclaré très bon millésime de par ses côtés opulent, facile et gouteux.
Mais avec l'âge, la finesse et la complexité ne seront pas l'exclusivité de 2002, je reste persuadé de la grandeur de nombre de 2001.
Tout comme en rouge, on voit les Côte de Nuits 2001 se réapprécier vis-à-vis des 2002. Des blancs de Côte de Beaune mettront un peu plus de temps à connaitre le même phénomène, c'est mon avis...

C'est vrai, mais les maturités phénoliques étaient plus élevées en 02. Mais comme toi je penses que les rouges 01 ont été sous estimés, sur la côte de Nuits (même si à mon avis les rouges sont quand même plus profonds en 02) .Par contre, en blanc, il n'y a à mon avis pas photo. Il faut cependant remarquer que R.Parker a en moyenne mieux noté les blancs 01 que les 02 ;pour l'instant en tout cas lors de dégustations comparatives, net avantage aux 02. Wait and see !

Je vais goûter ce we un simple Meursault 2002 de Roux, dont j'ai lu grand bien dans un magazine en 3 lettres.

Je vous dirai !

Arnaud,

Ta note ? (ainsi que celle de RCD)

Parker et la Bourgogne c'est peu fiable sans vouloir polémiquer.
Je ne dis pas autrechose que toi Arnaud, les 2002 se dégustent mieux jeunes, tout en ayant à l'idée qu'il y a d'excellents 2001 ... à venir !

les 2002 se dégustent mieux jeunes
Tu as comparé avec des 2002 vieux?
Je crois comprendre que tu penses qu'il vaut mieux les boire jeunes en attendant les 2001 et que tu estimes qu'ils n'auront pas forcément intérêt à vieillir. Est-ce bien cela?

Non je me suis contenté de comparer avec d'autres millésimes, chacun au même âge.
Je reformule légèrement : jeunes les 2002 se dégustent mieux que les 2001.
Je crois que ces vins demandent du temps à se faire, je n'invite donc pas à les consommer dès maintenant.

ok, cette fois j'ai saisi. Merci beaucoup pour cette précision.

Meursault – Roux Père et Fils 2002 : 8/8/2005
PP18 – LG17,5
- Il y avait bien longtemps que nous n’avions goûté les vins de cette petite maison discrète. Ces retrouvailles se sont avérées réellement électrisantes.
- Le fruit est complètement dégagé, net, profond et bien dosé (pêche blanche, poire). Idem pour les notes florales (lilas, …) très printanières et naturelles.
- On est d’emblée conquis par la densité de la matière, sa droiture et sa minéralité. Rien ne vient en altérer l’expression fruitée, pure, noble. Sa fraîcheur mentholée et réglissée accroît encore l’élégance de l’ensemble. Encore austère, il est promis à un très bel avenir. Un vin qui, à l’instar de la Spécial Cuvée ci-dessus, transcende son pedigree.