Mon caviste m'avait déjà invité à une première dégustation privée qu'il organise avec quelques amateurs passionnés (chacun amène une bouteille, certains même viendront avec plusieurs munitions). J'avais déjà relaté cette dégustation dans un autre thread :
Une nouvelle joûte est organisée et je suis ravi de pouvoir y participer à nouveau. Les notes que je mentionne sont basées sur le plaisir que j'ai eu et sont dès lors subjectives (chose que j'assume pleinement).
En guise de mise en bouche, mon caviste ouvre - hors dégustation - un
Champagne Boulard. Il s'agit d'un BSA non dosé en bio avec un fort pourcentage de pinot meunier. L'attaque est fruitée, surtout sur la pomme et un côté minéral de craie. Nous y voyons un léger creux en milieu de bouche mais le vin se rattrape bien sur la finale avec une belle fraîcheur citronnée. **(*)
Après cette introduction, mon caviste apporte sa bouteille sur la table et je reste quelque temps scié sur l'étiquette :
Champagne Cristal Roederer 1990. Après m'en être remis, je porte le verre à mon nez : zeste d'orange, fruits secs et brioche sont les premiers arômes qui me viennent à l'esprit. Les bulles sont très fines mais pas autant que le Dom Ruinart que j'ai eu l'occasion de déguster il y a quelques temps. Ce qui m'a le plus impressionné, c'est la longueur. Mais tout y est : la structure est impeccable, l'équilibre est parfait. L'ensemble est beurré et gras, la rétro-olfaction est énorme, sur la compote de pomme. Est-ce que l'étiquette m'influence ? C'est possible. Mais je ne peux lui décerner une autre note que *****. Merci pour sa générosité.
Les vins suivants seront bus à l'aveugle (sauf mention contraire).
Sur un tartare de saumon, le muscadet
Expression de Schiste de Goulaine 2002 de Pierre Luneau constitue un accord remarquable. La robe est d'un jaune très pâle. Le nez est sur les agrumes (citron, pamplemousse) et est légèrement vanillé. L'ensemble est bien maîtrisé : gras, minéral (schiste). On ne sent pas du tout l'élevage bien qu'il ait été de 3 ans. Une superbe expression du muscadet : ***(*).
La deuxième entrée arrive, il s'agit d'un crumble au parmesan et au canard avec des dés de foie gras sautés. Il était prévu de boire un Château Simone 1992 mais ce dernier est légèrement bouchonné (j'en goûterai néanmoins un peu et si le défaut apparaît nettement, j'arrive néanmoins à percevoir ce que peut donner un tel vin après plusieurs années de vieillissement). Une bouteille de remplacement avait été prévue mais n'a pas pu être préparée dans les meilleures conditions. Et quand on sait toutes les précautions recommandées à l'ouverture d'une
Coulée de Serrant, je me dis que cette bouteille, millésimée
1993, est surprenante. Je ne reviendrai pas sur la polémique relative à la variabilité des bouteilles. J'ai moi-même eu de très mauvaises surprises sur deux 1995 qui ont terminé à l'évier. Mais celle-ci est parfaite ! Des arômes de miel, de fleurs blanches, d'accacia et de pommes fraîches se dégagent du verre. En bouche, on retrouve surtout du miel, des pommes beurrés, un peu de canelle et quelques notes légères de noix (il ne s'agit pas ici d'oxydation). Le vin est d'une grande longueur. J'ai bu le vin sur environ 30 minutes. A chaque nouvelle gorgée, de nouvelles saveurs apparaissaient. Le vin était d'une grande complexité. Je suis passé de ***(*) à ****(*) tout au long de la dégustation, signe probable que le vin s'ouvrait et se donnait de plus en plus. La région a été vite identifiée et l'un des convives a même lancé "Coulée de Serrant" lorsqu'on recherchait à reconnaître le vin. Un peu taquin, j'ai lancé que ce n'était pas possible car le vin n'était pas oxydé
. J'ai eu tort sur ce coup et cette bouteille m'a réconcilié avec l'étiquette et quand une Coulée de Serrant n'est pas défectueuse, wouah, c'est grand ! J'ai encore un 2001 en cave, on verra ce que celle-là donnera dans quelques années.
On attaque ensuite les rouges, sur du boeuf. Le premier vin servit est un
Brunello di Montalcino 1999 d'Agustina Pieri. Ce vin a un peu divisé l'assemblée sur ses qualités. J'y décèlerai des notes de cuir, un côté assez animal. Le vin semble réduit au départ mais cela disparaîtra. Les fruits noirs sont enrobés de nuances de bois et de sous-bois. Les fruits ressortent mieux en fin de bouche mais cette dernière est chaleureuse. Malgré cela, j'ai personnellement bien aimé, noté sur le coup ***(*), mais l'avis général n'était pas unanime ! Un autre vin italien sera aussi servi mais celui-là sera plus rustique (non développé dans mon CR, je n'en ai même pas le nom... honte sur moi).
Le vin suivant est servi et il ne faut pas longtemps pour que tout le monde s'accorde sur un Rhône Nord. Le nez est sur les fruits rouges : griottes, framboise et un petit côté de fraise. Bien sûr les épices resortent fortement de l'ensemble. Le vin est d'une belle finesse, et certains le prennent pour un Hermitage. Je lance
Cornas de Clape sans trop de certitude. Bingo, millésime
2000. Très bon vin, noté ***(*).
Vient ensuite mon vin (je ne le bois pas à l'aveugle, contrairement aux autres). Le nez est sur des fruits frais écrasés faisant penser à de la Syrah. Il y a un petit côté de réduction et un peu de végétal. En bouche, c'est mieux : mûre sauvage, fruits noirs,... Le vin est souple mais complexe. La minéralité commence à ressortir. Certains pensent à un Morey Saint Denis. Je suis personnellement un peu déçu, peut-être parce que j'en attendais plus et je ne note que *** (j'ai quand même aimé...) ce
Charmes Chambertin 2000 de Geantet Pansiot. Aurait-il mérité un peu plus de vieillissement ? Sans doute...
La soirée se termine sur un Barsac
Château Nairac 1997. Le vin est bien fait, sans aucune lourdeur. Le vin est bien ouvert, sur de l'orange. Très agréable mais il lui manque le petit plus pour faire partie des grands. ***
Dans l'ensemble, la soirée était de haut niveau. Décidémment je prend beaucoup de plaisir à ces dégustations, malgré les débats enflammés, inhérents à des vues et des expériences différentes (l'effet Coulée ??? Bon ok, je sors !!!)
Cordialement,
Pierre