Ce merveilleux week-end ensoleillé d'automne fut l'occasion, pour quelques bons amis, de longues ballades en forêt pour ramasser des champignons et de beaux moments de partage à table pour les y servir.
Toutes les bouteilles ont été servies à l'aveugle mais à table lors du repas.
Vendredi soir :
Pinot Gris "Rangen de Thann" Clos St Théobald 1992 Schoffit :
Robe dorée, safranée. Nez d’épices. Le vin présente un sucre résiduel encore très présent qui lui donne beaucoup de gras. Notes évoluées d’épices et d’ambre. Belle persistance mais je préfère un style un peu plus sec.
Vosne Romanée "Les Barreaux" 2002 Anne Gros :
Nez dense et profond. Superbe matière, concentrée et compacte mais avec une élégance typique de Vosne Romanée. Au niveau d’un 1er cru sans aucun doute. J’ai beaucoup aimé.
Vin de Table « Les Rouliers » H. Bonneau :
Nez sauvage, animal. Bouche riche, sanguine, avec de fortes notes d’épices et de venaison. Le vin est riche et long avec les arômes typiques « foxés » des vins du domaine. Un vin parfaitement adapté aux tables d’automne.
Suduiraut 1990 :
Nez d’orange confite. Bouche ronde avec une bonne dose de sucre résiduel mais surtout marqué par l’amertume du botrytis typique de Suduiraut. Longueur honnête mais le vin manque d’harmonie de finesse et de tension. Un peu simple et compact.
Samedi midi :
Meursault « Charmes » 1997 Comtes Lafon :
Nez et bouche étrangement lactiques. Je suis persuadé goûter un 2002. Le vin est riche, gras, très long et apparait très jeune. Il va s’affiner avec l’aération. Surprise quand le millésime est révélé! Je l’ai déjà goûté plus évolué! Beau vin.
Volnay « Les Taillepieds » 1993 H. de Montille :
Suite à la dégustation des Côtes de Beaune (LPV Paris), on me présente ce vin à l’aveugle. Et force est de constater que je n’y comprends pas grand-chose ! C’est dur, tannique et austère. Le vin est relativement rectiligne en bouche, avec une forte acidité et une structure tannique mordante en finale. Il y a indéniablement de la structure, mais bien peu de plaisir à ce stade, même sur un plat. A revoir dans 10 ans.
Vieux Château Certan 1982 :
Cette fois le vin est beaucoup plus facile à déchiffrer. Le nez est absolument superbe avec des notes de poivrons rouges et de buis. Le vin est dense, profond, juteux, toujours sur ces arômes de fruits rouges et de poivrons rouges. Légère pointe métallique mais pas d’arômes de truffe. On hésite entre Cheval Blanc et Vieux Château Certan (merlot et cabernet franc bien sensible). Par contre, la richesse, la rondeur et la pointe d’évolution évoquent vraiment 1982. Ce vin est magnifique !
Côte Rôtie «La Mouline» 1995 Guigal :
Nez fin d’épices orientales. L’attaque en bouche est ronde et gourmande sur des notes de fruits noirs intenses (cassis). Le développement en bouche est long et très linéaire avec une finale encore très marquée par la vanille de l’élevage. Gourmand, persistant et enjôleur. Etonnamment ouvert en comparaison d’une Turque 1995 ouverte quelques mois plus tôt qui était beaucoup plus austère et fermée. J’ai beaucoup aimé.
Samedi soir :
Hermitage blanc 00 Chave :
Nez discret, retenu. Attaque vive et acidulée. Notes florales marquées (fleurs blanches) et finale sur le chou-fleur, le fenouil et une pointe d’anis. Forte amertume en bouche et une pointe d’alcool. Je suis passé à côté de ce vin. Peut-être que le vieillissement lui apportera-t-il le charme et la finesse dont il fait aujourd’hui défaut à mes yeux.
Podere Capaccia « Querciagrande » 1988 Toscana IGT :
Nez sudiste fortement marqué. Epices et olives noires. La bouche est intensément fruitée avec une superbe fraicheur et une élégance magnifique. Très belle longueur. La finale est un modèle de fraicheur et de minéralité terrienne fine. Je ne connais rien de ce style en Languedoc ou même en vallée du Rhône. C’est normal, c’est une cuvée de Sangiovese de Toscane déclarée en IGT Toscana. Et c’est excellent !
Richebourg 1996 Anne Gros :
Un coup de nez rapide et la noblesse d’un grand pinot Vosnien jaillit hors du verre. Moment d’arrêt: j’ai vraiment le sentiment de reconnaitre le coup de patte DRC ! Les arômes sont typiques de pivoine et de roses anciennes avec ce côté évanescent qui fait se pâmer les adorateurs du pinot classique dont je fais partie… Le vin est à la fois riche et dense mais aussi élégant, tendu et vibrant. Intensité terrienne et longueur superlative ! Je parie sur La Tâche 1995 et c’est en fait le Richebourg 1996 d’Anne Gros que je n’avais jamais goûté à ce niveau. Bouteille magnifique.
Musigny « vieilles vignes » 1990 de Vogüe :
Je suis un peu inquiet lorsqu’arrive le dernier rouge : quel vin va pouvoir rivaliser ? Une course au degré d’alcool ? La robe est noire intense, disque acajou sombre. Le nez est dense, retenu et fumé. La bouche est impressionnante, dense, profonde, concentrée, avec des arômes de fruits noirs et de fumée. La matière en bouche est énorme et le vin demande environ 20 secondes de développement explosif en bouche pour s’épanouir dans une finale interminable. Ce vin est hors norme et m’a toujours ébloui ! Il fait partie indubitablement de mon top 10. Grandiose. Merci à mon hôte qui savait pertinemment cela.
Il est intéressant de noter que ces 2 derniers vins ont été bus à l’aveugle certes, mais l’un après l’autre et à table, accompagnés d’une poêlée de cèpes (sans ail!). Si j’avais eu à les déguster à l’aveugle côte à côte, j’aurais très certainement interverti les appellations. Comme quoi le style de vinification et l’effet millésime peuvent parfois rendre la lecture du terroir assez difficile à décrypter.
Rivesaltes « Nectar du Prieuré » 1955 Mouniè :
J’ai déjà commenté ce vin dans une dégustation LPV Paris. Beau rancio élégant et fin qui termine fort plaisamment sur quelques figues fraîches, une soirée superbe.
Dimanche midi :
Vin de Pays de l’hérault blanc 2001 Mas Jullien :
Beau nez bien ouvert de fleur blanche. Attaque vive, presque citronnée. Très léger perlant qui va s’estomper au fur et à mesure. Joli gras en bouche et finale assez longue sur des notes de poires et de fenouil. J’ai bien aimé.
Clos Vougeot 2000 Meo Camuzet :
Le nez est assez ouvert, sous bois et feuilles mortes. La bouche est beaucoup plus sévère, avec des pointes métalliques dures à l’ouverture. Il lui faudra beaucoup d’aération pour qu’il reprenne du corps et de la chair et qu’il livre les mêmes arômes de sous-bois qu’au nez. Il devient alors très agréable et finit sur de beaux arômes de cerise kirshées.
Christophe