Comme il s'agit d'un événement personnel, on ne s'étonnera pas que des remarques personnelles existent.
Mais on y parle aussi de vin !

Demain, nous marions notre fils. Il y a aura la famille courte, très courte des deux côtés, et les amis d’enfance des conjoints. Belle-fille et belle-mère ont pris en charge l’organisation et la logistique. Nul ne m’a contesté le choix des vins. Au dîner de la veille, nous sommes dans notre maison du sud. Pour tester quelques vins du mariage, j’ouvre un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs en magnum 1995. Très distingué, il est rafraîchissant. C’est un champagne de soif, que l’on reprend avec plaisir. Quelques notes fumées lui donnent un charme ravissant. Il est noble. Nous essayons ensuite un Meursault Genévrières Bouchard Père & Fils en magnum 2004. Ce vin qui titre 13,5° impressionne par sa puissance. D’une force dévastatrice, il envahit le palais, et gagne la bataille grâce à une palette de saveurs convaincante. Son fruit puissant nous conquiert, mais j’aimerais bien sûr quelques années de mûrissement de plus.

Nous nous retrouvons, le jour dit, à la petite mairie de la presqu’île de Giens, qui est une annexe de la mairie d’Hyères. Les femmes sont toutes belles, les hommes sont élégants. Les sourires sont sur toutes les lèvres. La salle de la mairie sert aussi de salle d’exposition à des peintres locaux. Il y aurait sans doute une thèse à faire sur le talent des peintres maritimes. Je hasarde l’hypothèse que ces artistes, subjugués par la beauté irréelle des paysages de nos côtes, ont décidé qu’il ne fallait pas lutter avec l’insolente perfection de la nature et ne produisent que des croûtes. Le maire adjoint est guilleret, visiblement impressionné par la beauté des amies de la mariée et gère la cérémonie avec beaucoup d’humour. Au moment de sortir pour être applaudis, les jeunes mariés sont inondés par une pluie de pétales de roses que les jeunes enfants lancent en larges poignées.
Nous nous rendons à notre maison de Giens, pour y tenir une fête qui sera la dernière, à la volonté de mon fils, car cette maison sera vendue dans moins de trois semaines. Le traiteur Matyasy d’Hyères a fait, sur trois repas de suite, un travail absolument remarquable. Les canapés en abondance sont délicieux, goûteux et raffinés et le repas du soir a été exécuté d’une façon qui pourrait rendre jaloux plus d’un restaurateur.

Au buffet du midi, j’ai invité le sympathique maire, à la gaieté si communicative. Nous avons trinqué, et au moment de son départ, lorsqu’il embrassa ma belle-fille, il eut ces mots définitifs, à graver dans le marbre, que je ne peux m’empêcher de rapporter. De famille arbannaise depuis des siècles, avec un accent local chantant comme les cigales, il dit à la mariée après l’avoir embrassée : « lors de la cérémonie, je ne me suis pas permis de vous embrasser, car je ne voulais pas ajouter à l’émotion. Mais j’ai bien senti que nos regards se sont embrassés ».

A table nous goûtons Champagne Henriot en magnum 1996, champagne très agréable, à l’acidité plaisante, qui se boit avec joie. Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs en magnum 1995 est réservé pour le dîner. Nous buvons ensuite un Chablis Grand Cru Les Preuses William Fèvre en magnum 2006 très délicat, aérien, très chablisien avec une retenue distinguée. Les rouges n’étaient pas prévus au programme, mais ma fille aînée n’appréciant que cette couleur, c’est un Château Meyney en double magnum 1969, de l’année de naissance de non fils, qui étanche son désir de rouge.

J’avais prévu pour les trois repas, de midi, soir en midi du lendemain, d’ouvrir un Château Raymond Lafon 1985 en impériale, dont l’or presque auburn explose comme un soleil. Il me semblait que trente personnes en trois repas viendraient à bout du volume de six litres de ce sauternes. Nous n’en boirons en fait qu’un peu plus de la moitié. Les évocations du sauternes sont nombreuses. Je mettrais en tête les pâtes de fruit, les fruits confits, et une légère trace de miel. Mais ce qui me fascine, c’est la fraîcheur en bouche de ce liquoreux, qui glisse avec un goût de revenez-y que la demi-bouteille restante – qui est en fait l’équivalent de quatre bouteilles – ne semble pas confirmer.

Le charmant maître d’hôtel eut l’idée aventureuse de mettre en marche une fontaine de chocolat par un vent d’est sournois. Un des amis de mon fils pris d’une gourmandise précipitée fut tagué, entartré par la vilaine machine de la tête au pied. Lorsque tout revint dans l’ordre nous pûmes plonger des petites meringues dans la mer calmée de chocolat pour accompagner un Rivesaltes 1955, compagnon idéal du chocolat avec ses notes de café.
Les plus fous parmi les jeunes allèrent faire du kayak dans une onde remuée d’un fort vent, puis ils se provoquèrent au karting pendant que ma génération récupérait des excès du buffet plantureux.

Le dîner se tient dans la maison de Giens, et nous goûtons les deux champagnes, l’Henriot 1996 et la Cuvée des Enchanteleurs 1995. Si la finesse de structure parle nettement pour la Cuvée des Enchanteleurs, le plaisir donné par l’Henriot 1996 n’est pas très éloigné.
Le Chablis Grand Cru Les Preuses William Fèvre 2006 continue à être apprécié, ma bru l’ayant pris en sympathie active, et le Meursault Genévrières Bouchard Père & Fils en magnum 2004 trouve son public auprès des amateurs de vins puissants, immédiatement évocateurs de plaisir.
Le Château Meyney en double magnum 1969 conquiert par sa subtile grâce, faite d’une attaque assez amère, saline pour certains, suivie d’un final délicat et doucereux. Mais l’assemblée comptant beaucoup de convives nés la même année que ma belle-fille, c'est-à-dire 1966, c’est le Cos d’Estournel 1966 qui étonne la quasi-totalité des amateurs des tables. Car ce vin d’une jeunesse folle évoquerait plus volontiers un vin de vingt ans plus jeune que le quadragénaire qu’il est aujourd’hui. Typé, précis, clair dans son expression, c’est un bordeaux de grande tenue, charnu et plaisant à boire.

Sur le dessert malheureusement inadapté au sauternes, car il s’agit de fruits rouges, le Raymond-Lafon fait malgré tout belle figure, du fait de sa fraîcheur, mais les plus avisés lui préfèrent le champagne pour les fruits. Sous un ciel sans vent mais porteur de rares gouttes de pluie, le temps était à la danse, entre adultes souvent, mais aussi avec les rejetons encore éveillés des jolis couples de ce mariage.

Le lendemain midi, le repas se tient à notre maison « sur le continent », d’où l’on voit en ligne droite la maison de la presqu’île que nous allons abandonner. Des tentes ont été dressées, car la météo n’était pas optimiste. Au moment où les convives arrivent, la pluie est d’une force extrême, nous pressant les uns contre les autres sous la tente protectrice. Les mêmes vins se retrouvent, l’Henriot 1996, la cuvée des Enchanteleurs 1995, le Chablis les Preuses 2006 qui a gagné en courage d’être oxygéné, le Meursault Genevrières 2004 auquel j’ai ajouté un Mas de Daumas Gassac blanc 2001 très vaillant, avec une belle puissance et un fumé convaincant. Le Château Meyney continue de séduire et le sauternes se boit peu après tant d’agapes.
Le soleil apparaissant les jeunes actifs se provoquent au tennis, vont ensuite nager en mer.

L’assemblée se quitte progressivement en vastes embrassades. Tout le monde a le sentiment d’avoir vécu un mariage réussi, chaud au cœur, de bonne chère grâce au traiteur et au personnel de service engagé et sympathique et de bons vins, d’un plaisir souriant. Bon départ pour un couple qui s’unit.

Tous mes voeux de bonheur à ce jeune couple .

Gwéno, merci pour les deux messages en deux discussions.
Nous finissons les restes (pantagruelliques) et le Meyney 1969 tient remarquablement. L'enchanteleur aussi.

François,

Je formule, moi aussi, tous mes voeux de bonheur pour le jeune couple

En ce qui concerne le vin, j'ai acheté trois Grands Crus de W. FEVRE en 2006, Clos, Preuses et Bougros "Bougerots".
Je pensais les attendre et ton expérience montre que l'un des trois est déjà parfaitement buvable

Bien cordialement,
Thierry

Mince je voulais déboucher demain avec des potes une Cuvée des Enchanteleurs 95, leur faire la surprise en leur ramenant une bombe, qui a été commentée avec brio ici et là. C'est quoi ce comm? Tu as un referentiel de fou furieux? Tu ne sais pas retranscrire tes émotions? Tu as une dent contre Henriot? Comment peut on commenter 2 millésimes -et pas des moindres- des Enchanteleurs avec aussi peu d'émotion???

C'est vrai que ma caractéristique est une froideur absolue.

Il se trouve que lorsqu'on goûte Salon 1982 et Krug Clos de Mesnil 1990, on accueille les Enchanteleurs 1995 au sein d'une certaine hiérarchie.
Le Clos des Goisses 1980 m'a plus ému, par exemple. Dans un autre registre, les Selosse correspondent à mon tempérament.

Une autre idée, c'est que quand on marie son fils, on pense un peu plus à ce qui se passe dans le déroulement de l'événement.

Sur le 1995, j'ai dit : " Très distingué, il est rafraîchissant. C’est un champagne de soif, que l’on reprend avec plaisir. Quelques notes fumées lui donnent un charme ravissant. Il est noble. "

ça dit bien que c'est un champagne qui se laisse boire goulûment. J'en ai d'ailleurs asséché une grande quantité. Et quand je dis champagne de soif, c'est pour moi un compliment, car ça veut dire qu'on a toujours envie d'en ouvrir une de plus.

Mais j'essaierai de le décrire mieux la prochaine fois.... Merci de ce commentaire motivant à faire mieux.

Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs en magnum 1995. Très distingué, il est rafraîchissant. C’est un champagne de soif, que l’on reprend avec plaisir. Quelques notes fumées lui donnent un charme ravissant. Il est noble.
la finesse de structure parle nettement pour la Cuvée des Enchanteleurs
C'est plutôt flatteur.

De plus il n'y a qu'une cuvée des Enchanteleurs. le 96 n'est "que" le millésimé. (en Enchanteleurs le 96 n'est toujours pas sortie)
Enfin il faut voir les vins de concours sortie en plus des champagnes.
Mas Daumas Gassac est un des plus grands blanc du sud.
Les Preuses un des plus beau terroir de chablis.
Etc...

Et François boit et à bu des vins que même dans mes rêves je ne pourrais boire. (je pense à un magnum 45 et ses petites soeurs vidé dans leurs niche )

[edit] En plus il répond plus vite que moi

Et tout mes voeux de bonheur aux nouveaux mariés.

Tous mes voeux de bonheur aux mariés également.

En ce qui concerne le vin, il est vrai que le Meursault Genevrière 2004 de Bouchard P&F est magnifique... et qu'il est bien difficile d'attendre. Je l'ai goutté en mars et il m'a charmé.

François

De rien.

Je trouve, personnellement, énervant et irrespectueux des commentaires pareils sur des cuvées aussi mythiques et si peu accessibles. irrespectueux pour tous les amateurs qui en boivent peu et même pour ceux qui font ces cuvées. Mais ce n'est pas de la frustration et je l'accepte. Désolé pour mon comm un peu froid et félicitations pour le mariage du fiston.

Stéphane, j'ai un petit conseil, avant d'écrire un post pour remettre en cause un compte rendu d'un participant du forum clic sur son nom/pseudo et regarde son nombre de message.
pour François on obtient X messages. (je censure pour Madame Audouze )

Pourquoi ? ça vaut le prix que l'on accepte ou que l'on peut y mettre (ce qui n'est pas mon cas je précise). Que certaines se vendent à des tarifs déconnectés de leur qualité est un fait certain, souvent justifié par la rareté.

Par ailleurs, il est bien aimable de commenter ces vins afin que le "malheureux" qui fait un effort pour s'en payer une sache à quoi s'attendre... et surtout comment en profiter au mieux.

Sans compter que lui boit plus qu'il ne spécule sur le vin.

François
PS : Darthlux m'a doublé...

Oui j'avais vu Darth j'ai fait une erreur en tapant.

Je ne veux pas polémiquer sur un post où l'on parle d'un heureux evenement (même si je l'ai un peu cherché, c'est maladroit pardon); peu importe le parcours du bonhomme, je connais les cuvées d'Henriot et je trouve les commentaires déplacés. Je ne faisais pas cette remarque pour mettre le bazar.

Bonsoir Steph,

Est-ce irrespectueux de dire qu'un vin, quel qu'il soit, quel que soit le travail fourni pour l'élaboré, est moins bon qu'un autre...
Si je dis que Lynch Bages 82 est moins bon, plus fade, ... (en fait, je n'ai jamais goûté ces 2 vins dans ces millésimes) que Mouton 45 : est-ce irrespectueux ?

François,

Tout mes voeux de bonheur aux jeunes époux !

cdlt

François

Steph,

Je suis un ami de Joseph Henriot, et dans ce mariage, j'ai mis des vins d'un homme pour lequel j'ai beaucoup de respect et d'amitié et qui me le rend bien.
Chaque fois que je vais chez Bouchard, alors que je ne suis pas un professionnel, on me fait goûter les vins les plus rares, et on apprécie mes avis.

Il n'y a dans ce texte rien qui dévalorise les vins que j'ai goûtés.
Lorsque tu auras, comme moi, goûté les Montrachet Bouchard de 1864, 1865, 1869, tu comprendras que dans l'échelle des valeurs, il y des sommets dont tu n'as même pas entrouvert la possibilité d'existence.

J'aime les Enchanteleurs, et avec mon fils nous n'arrêtions pas de dire : "qu'est-ce que c'est bon". Mais je ne vais pas idéaliser un vin qui est un grand vin, mais loin du mythe.
Si on parle des Enchanteleurs 1964 que j'ai bu au moins trois fois, alors là, oui, on est complètement dans l'exception. Et là, je vais me pâmer. Mais pour le 1995, il faudra encore attendre quelques années pour qu'il entre dans les goûts que j'aime.

En tout cas, j'attends avec impatience ton compte-rendu de l'enchanteleur que tu vas boire ce soir (je vais moi-même en boire un magnum de nouveau ce soir) pour apprendre ce que c'est que de l'émotion. J'espère que ce sera émouvant.
Bonne dégustation.

Pour tous,

Il y a dans ce choix de vins des choses raisonnées. Je voulais que chacun me dise, quel que soit son niveau de connaissance :
"ah, il est bon ce champagne"
"ah, il est délicieux ce Chablis, quel bon Chablis"
"quelle exubérance dans ce Meursault"
"ce Meyney est étonnant pour son âge"
"ce Cos est grandiose, il remet en cause mes idées sur l'âge des vins"
"ce sauternes est aérien".

C'est ce que je voulais, et c'est ce qui s'est passé. Et je ne voulais pas mettre des vins surdimensionnés en qualité par rapport à l'assemblée. Pas de tape à l'oeil, mais du bon, avec des objectifs précis pour que chacun puisse comprendre les vins sans hésiter.
C'est ce qui s'est produit. Voilà.

On l'accusait d'en faire trop, voilà qu'il n'en ferait pas assez maintenant ?!

En tout cas, merci François pour le petit mot de précision sur la question du choix des vins. J'apprécie beaucoup la volonté de présenter des vins au message accessible à tous, ce qui me semble le mot d'ordre à retenir en une telle occasion.
Afin d'éviter de relancer une énième querelle attaquant la personne, je précise que dans mon esprit, les vins de mariage de François ne sont évidemment pas ceux de tout le monde mais je crois me souvenir que sa cave et le potentiel qu'elle offre non plus !

Mes plus sincères vœux de bonheur aux jeunes mariés.

Petite question naïve au passage : techniquement, comment se sert une impériale?

Avec le respect dû à son rang

Pour l'impériale, la première question à se poser déjà, c'est : comment se fait-il que j'en avais une de Raymond Lafon 1985 ?
Et j'avoue que je ne sais pas. Je suppose que dans une vente, il y a ce flacon. Personne n'enchérit. Et le commissaire priseur me dit : "faites une offre". J'ai dû faire une offre (aucun souvenir de quand, d'où et du prix), et j'ai dû l'avoir.
Il faut au moins un mariage pour ouvrir un tel format, et malgré trois repas de suite, seulement la moitié a été bue.

Comment on sert ? On verse dans une carafe de service au fur et à mesure des besoins, la bouteille restant debout dans une "poubelle" pleine d'eau et de glace.

je précise que malgré mon manque total d'émotion, selon steph, la poubelle était propre

bonjour,
moi au contraire je trouve une émotion quasi enfièvrée à marier son fils;ce récit chronologique me met plein d'odeurs dans les naseaux....
je m'associe pour les meilleurs voeux de bonheur aux mariés sans oublier de féliciter les parents.
amitiés
bertrand

merci à tous pour les félicitations. Ce fut un beau mariage, malgré une météo jamais vue dans cette région théoriquement ensoleillée.

Bravo François, tous mes voeux aux jeunes mariés !

Décidément , il ne faisait donc beau que dans le Valais ou j'étais ce WE!

Ca doit être ça le Valais de l'impérialisme:D

C'est une région riche : le Valais de trèfle.

oliv écrivait:

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> Petite question naïve au passage : techniquement,
> comment se sert une impériale?

et surtout comment marrie-t-on le vin (-gt-six) ?