LPV Versailles fête la majorité des 2002
Bon, en fait on n'a pas bu la plupart des 2002 produits en France...
C’est le deuxième thème de LPV Versailles consacré à un seul millésime. Après les 1996, ce sera donc les 2002, pile-poil pour leurs 18 ans ! Un millésime très contrasté en France avec de très belles réussites (Champagne, Bourgogne et Loire) et de moins bonnes…
Nous sommes au complet à part notre joker Ralf et c’est parti pour un programme équilibré : une bulle, six blancs, sept rouges et un sucre. Et en bonus, comme Mathieu n’avait pu être présent lors de la dernière séance consacrée à
nos découvertes récentes
, il nous en a fait part cette fois-ci.
Pierre Gimonnet – Champagne Brut 1er Cru – Spécial Club de collection – 2002
Il s’agit d’un Blanc de Blancs et ce 1er cru comporte tout de même 85 % de raisins provenant de grands crus…
L’or de la robe est assez clair, égayé par un train relativement abondant de fines bulles.
Le nez très intense affiche une belle complexité : les fruits secs constituent la base de la gamme olfactive, avec notamment de la noisette, mais apparaissent tour à tour des notes fumées, briochées et citronnées, avec même une touche truffée. L’ensemble fait preuve d’une oxydation très ménagée que j’apprécie beaucoup dans les Champagne.
La bouche est bâtie sur une dualité puissance – finesse appréciable, la première étant aidée en particulier par le millésime et la seconde par le cépage. L’aromatique reprend celle du nez avec cette fine oxydation et les bulles caressent subtilement le palais. Une acidité tonique la propulse loin, jusqu’à une finale salivante et plus portée sur les fruits.
Très Bien ++ / Excellent
Première paire de blancs : on part en Loire, chez deux grands vignerons
Domaine François Chidaine – Montlouis sur Loire – Les Choisilles – 2002
La robe présente un or moyen.
D’une belle intensité, le nez développe une aromatique de fruits blancs bien mûrs, allant jusqu’à du coing, et une sensation calcaire voire crayeuse marquée.
La bouche est de belle tenue sans être démonstrative, adoptant un profil tendu. Le côté crayeux ressort, complété par une salinité bien présente, la finale se révélant effilée, nette et précise.
Très Bien +(+) pour ce vin qui a, il est vrai, des accents très chablisiens ou de Chavignol.
Domaine du Collier – Saumur blanc – 2002
A noter que la cuvée La Charpentrie, composée des vieilles vignes de chenin du domaine, n’existait pas alors car elle est sortie en 2004 pour la première fois.
Les vieilles vignes (un peu moins vieilles alors) se trouvaient donc dans la cuvée générique.
L’or de la robe tire légèrement sur l’ambré.
Le nez séduit par son intensité et son opulence faite de fruits confits, de pain d’épices et d’une touche miellée. Il ne tombe toutefois pas dans la caricature car il est doté d’une belle élégance.
Cette richesse et cette densité se retrouvent en bouche, avec une légère sensation de gras, un grès gros volume et une aromatique sensuelle plus tertiaire, très finement oxydative. L’acidité sous-jacente équilibre le tout et ressort particulièrement dans la finale qui se montre plus tendue.
Très Bien ++ / Excellent
Deuxième paire de blancs : un même domaine confidentiel de Franche-Comté avec deux cuvées de chardonnay sur deux terroirs différents
Domaine Le Moutherot – Georges Comte – IGC du Doubs – Champ de la Pierre – 2002
Voilà un vin clivant : quatre (ou cinq ?
) dégustateurs sur onze ont vraiment beaucoup aimé, certains en faisant le vin blanc de la soirée. D’autres ne l’ont pas apprécié et je fais partie de ceux-là…
La robe n’est pas très dense mais se pare d’une couleur vieil or.
Le nez intense est vraiment axé sur la pomme. En cherchant bien on peut déceler un peu de poire et une touche épicée.
La bouche est bien construite, avec une belle vivacité qui lui procure un profil longiligne mais l’aromatique est peu flatteuse, toujours sur la pomme. Malgré la longueur appréciable de l’ensemble, la finale tombe trop rapidement.
Bien pour la structure mais sans plus car ce n’est pas mon truc.
Domaine Le Moutherot – Georges Comte – IGC du Doubs – Pèlerins – 2002
Malheureusement bouchonnée. ED.
Troisième paire de blancs : deux très beaux premiers crus de Bourgogne
Domaine François Mikulski – Meursault 1er cru – Genevrières – 2002
La robe arbore un or dense.
Le nez très expressif est classieux, plutôt classique : fruits jaunes, amandes et très fin grillé composent la palette.
L’attaque est parée d’un beau gras, puis la bouche se montre confortable, ample et bien sapide. L’acidité lui apporte de la légèreté, d’autant que la longue finale est marquée par une minéralité pierreuse.
Très Bien ++ pour ce vin au style un peu plus droit que son compagnon.
Domaine Etienne Sauzet – Puligny-Montrachet 1er cru – La Garenne – 2002
L’or de la robe est à peine plus foncé que celui du Meursault.
De même le nez est un poil plus intense, sur une aromatique similaire faite de fruits jaunes compotés, de fruits secs et d’une touche luxuriante épicée.
La différence est plus nette en bouche où l’opulence est de mise, confortée par un beau gras et un très gros volume. Une superbe acidité apporte un équilibre suffisant sans l’emporter, la finale se montrant bien salivante.
Très Bien ++ / Excellent
Si on m’avait dit à l’aveugle qu’il y avait un Meursault 1er cru et un Puligny 1er cru parmi ces deux vins, je les aurais sans doute inversés, comme quoi il faut se méfier des a priori.
Première paire de rouges : une paire … dépareillée
Ce n’était pas prévu au départ mais il a fallu jouer avec les aléas… et finalement la certaine droiture de Mas Jullien dans ce millésime a permis un rapprochement avec le Bordeaux, certains pensant même avoir affaire à deux vins de cette région, un Rive Droite et un Rive Gauche.
Mas Jullien – Coteaux du Languedoc – 2002
La robe est plutôt sombre, avec des reflets tuilés sur la frange.
Le beau nez s’ouvre franchement sur une aromatique tertiaire de fruits compotés, cuir noble, tabac et bois précieux.
Le fruité en bouche est complètement épanoui et bien accompagné d’un toucher soyeux, les tanins étant bien fondus. La finesse est un autre de ses points forts mais le seul reproche porte sur un certain manque, voire un manque certain, de chair et d’envergure.
Très Bien +(+) pour ce vin fort apprécié, même si pas au niveau des grands Mas Jullien.
Château d’Armailhac – Pauillac – 2002
La robe sombre, presque très sombre, laisse à peine apparaître des reflets d’évolution.
Le nez bien ouvert offre un fruité plus primaire, sur des fruits noirs, et se teinte de fumé et de mine de crayon, ainsi que de notes vanillées toujours pas intégrées et moins avenantes.
La bouche est plutôt corsée, dotée d’une matière pas très mûre avec des arômes végétaux et des accents balsamiques plus intéressants. La longueur se révèle moyenne.
Bien +
Deuxième paire de rouges : synthèse des deux vins précédents (Bordeaux et Jullien) avec deux Saint-Julien
Château Lagrange – Saint-Julien – 2002
Malheureusement bouchonnée. ED
Château Léoville-Barton – Saint-Julien – 2002
La robe est bien sombre et présente peu de traces d’évolution.
Très expressif, le nez est axé sur le cassis et le cuir, avec une touche empyreumatique et une pointe de vanille plutôt bien intégrée.
La bouche pleine et concentrée, étonnamment pour le millésime, présente une aromatique d’une austérité classieuse, avec très peu de fruit. Des tanins souples et une finale poivrée complètent ce tableau d’un grand classicisme qui n’arrive plus à nous émouvoir comme autrefois. Il faudrait sans doute l’attendre encore dix ans.
Très Bien +
Triplette de rouges : on repart en Loire
Domaine Charles Joguet – Chinon – Varennes du Grand Clos – Franc de pied – 2002
La robe affiche une couleur relativement claire, parée de beaux atours fauves.
Intense et classieux, le nez évoque la fourrure, les fruits compotés et la rose fanée.
La bouche est la délicatesse même, souple et d’une rare qualité tactile, sur l’aromatique aboutie et tranquille du nez. D’une belle persistance, elle reste goûteuse jusque dans la finale aérienne.
Un vin d’esthète à boire pour lui-même !
Très Bien ++
Domaine Couly-Dutheil – Chinon – Clos de l’Olive – 2002
La robe est presque noire mais on perçoit quand même les traces du temps passé sur le bord du disque.
Très intense, le nez propose des fruits noirs et des arômes empyreumatiques mais également un trait végétal qui tend vers le poivron vert.
La bouche a du coffre, mais d'un profil rustique et malheureusement sur une aromatique végétale et amère qui n’invite pas à se resservir.
Assez Bien
Domaine de la Butte – Bourgueil – Mi-pente – 2002
Il s’agit du premier millésime de Jacky Blot pour son domaine de Bourgueil. Il a eu tout de suite le génie d’isoler son meilleur terroir et pour un coup d’essai c’est un coup de maître !
La robe est très sombre et montre quelques reflets tuilés sur la frange.
Le nez allie intensité et finesse, avec des arômes de beaux fruits noirs, de poivron rouge mûr et une touche de tabac.
La bouche est très harmonieuse, à la fois confortable, dense et fraîche, sur un fruité pur, dotée de tanins de velours et d’une belle allonge. Seule une légère amertume en finale empêche de le classifier comme grand vin.
Très Bien ++ / Excellent
Deux découvertes non testées lors de notre dernière séance
Domaine Romain Le Bars – Lirac – Rouge – 2019
La robe assez claire fait encore jeune par ses reflets violacés.
Au nez le fruité explose sur la groseille et la fraise, mais on a en même temps une sensation très nette d’arômes peu naturels (grenadine).
La bouche étonne par le contraste entre une sensation capiteuse (14,5 °) et une constitution légère qui donne une impression de grande buvabilité. De même l’aromatique associe un fruité prégnant à des notes fermentaires. La mise est récente et il faut lui donner un peu de temps pour que tout se mette en place.
Bien +(+)
Domaine Xubialdea – Ardan Harri – Irouleguy – Blanc – 2018
L’assemblage comporte 60 % de gros manseng et 40 % de petit manseng sur ce millésime.
L’or de la robe est bien clair.
D’une belle intensité, le nez charme par sa fraîcheur et ses beaux fruits blancs teintés d’exotisme. On a du mal à passer à la bouche !
Mais on n’est pas déçu car elle est de la même veine, très séduisante, d’une rondeur aimable, d’une belle aromatique au fruit croquant sans manquer de consistance, et d’une grande fraîcheur. La finale saline est de toute beauté.
Quelle belle découverte !
Très Bien +(+)
On revient au thème pour terminer avec un
vin moelleux : on reste en Loire avec une cuvée spéciale
Domaine François Pinon – Vouvray – Cuvée de Novembre – 2002
Ce vin comporte 52 g/l de sucres résiduels et a une acidité totale de 5 g/l.
La robe se situe entre paille et or, sans marques d’évolution.
Le nez est plutôt timide, sur les fleurs blanches et le tilleul, avec finalement assez peu de fruits blancs.
La bouche utilise bien les trois ingrédients que sont la matière, l’acidité et le sucre pour obtenir un équilibre harmonieux mais la matière, si elle est bien présente par une sensation de densité, est quasiment dépourvue de saveurs. En caricaturant cela donne alors un jus sucré et comportant de l’alcool, tenu par l’acidité, mais peu avenant par manque de sapidité.
Certains ont évoqué un apport en soufre trop important qui aurait bloqué l’ouverture et l’évolution du vin, empêchant son épanouissement.
Bien +
Avant la dégustation on aurait pu craindre des Echantillons Défectueux en raison d’un âge trop avancé et parfois d’une oxydation trop prononcée. Il n’en a rien été et c’est le bouchon qui a été à l’origine des deux ED de la soirée. Aurait-ce été le cas avec les mêmes bouteilles à huit ou dix ans d’âge ?
Par ailleurs nous avons eu droit à des hauts et des bas (pas les mêmes pour tous !
) mais je retiendrai les hauts (en tout cas les miens
) car il faut rester optimiste par les temps qui courent…
- Pierre Gimonnet – Champagne Brut 1er Cru – Spécial Club de collection
- Domaine du Collier – Saumur blanc
- Domaine François Mikulski – Meursault 1er cru – Genevrières
- Domaine Etienne Sauzet – Puligny-Montrachet 1er cru – La Garenne
- Domaine Charles Joguet – Chinon – Varennes du Grand Clos – Franc de pied
Et une très belle découverte hors thème :
- Domaine Xubialdea – Ardan Harri – Irouleguy – Blanc – 2018
A bientôt j’espère, les amis !
Jean-Loup