Comme annoncé en fin d'acte 2, nous avons effectivement une excellente surprise pour cet acte 3 avec la participation de Christophe (Pins) et de sa charmante moitié Cathy, que je ne connaissais pas encore (Cathy, car le Christophe, même quand on ne le voit pas souvent, on s’en souvient !
).
Ils avaient fait le crochet au retour de Bourgogne pour rejoindre leur Ariège.
C’est parti avec l’apéritif.
Domaine Ballot Millot – Meursault – 2012
La robe se présente sous un bel or.
Le nez offre, avec une bonne intensité, des fruits blancs, du pralin, des fruits secs et des fleurs lourdes.
La bouche ample est vêtue d’un léger gras et elle est également dotée d’une fraîcheur appréciable et d’un élevage encore sensible sans déranger car fondu dans la matière riche. Elle dure très longtemps grâce à sa densité et à sa tension, pour aboutir à une finale goûteuse et nette.
Très Bien ++ On démarre fort…
Un vin de transition :
Domaine Romain Le Bars – Tavel – 2020
Il s’agit d’un assemblage de 50 % grenache, 25 % cinsault et 25 % syrah.
La robe est vraiment claire (pour un rouge, pas pour un rosé !
).
D’abord peu intense, le nez s’ouvre très avantageusement à l’aération dans le verre pour déployer une aromatique de petits fruits rouges acidulés, virevoltant entre framboise, fraise, grenade et groseille.
La bouche charnue propose un fruité éclatant et joyeux mais également une grande vivacité, celle-ci se retrouvant dans la finale acidulée de bonne allonge.
Très Bien pour ce rosé somme toute assez simple mais tellement plaisant !
Domaine Henri Germain – Meursault Premier Cru – Charmes – 2015
Le vin a été carafé pendant une heure et demie.
La robe se situe entre paille et or.
Le nez intense s’affirme sur des fruits blancs bien frais, notamment la poire, soulignés par un fin grillé.
La bouche est bâtie sur de beaux fondements, avec une grande tension, une matière mûre intégrant bien l’élevage et enrobée par un joli gras. L’ampleur et la persistance se disputent la première place et la finale est marquée par une chouette rondeur.
Très Bien ++ / Excellent pour ce vin tout jeune et qui ira très loin car il a toutes les qualités pour bien vieillir.
Pain de coquilles Saint-Jacques et crevettes : d’une grande finesse !
Le mariage est fort réussi (4 / 5), tout se fond et le vin gagne encore en expression et en allonge !
Domaine Marc Colin – Saint-Aubin Premier Cru – En Remilly – 2016
L’or clair de la robe est teinté de reflets verdâtres.
Le nez fait preuve d’une belle intensité et est tout d’abord très fumé, avant d’élargir son spectre vers des fruits blancs, des agrumes, des herbes aromatiques et de la craie. C’est complexe et on s’y attarde !
La bouche n’est pas en reste, dotée d’une chair dense et d’un beau volume, bien tenue en ligne par une réelle vivacité. La texture de grande élégance ravit et la finale de très bonne allonge révèle une légère salinité du plus bel effet.
Très Bien ++ … quand un Saint-Aubin premier cru d’un très bon vigneron se met au niveau de beaux Meursault…
Les magnifiques
côtes de bœuf au barbecue sont prêtes : on passe aux rouges !
Storm wines – Afrique du Sud – Hemel-En-Aarde Valley – Vrede – Pinot noir – 2016
La robe est claire et dévoile des signes d’évolution avec ses beaux reflets tuilés sur la frange.
Le nez n’est pas un monstre de puissance mais il a choisi le camp de la finesse, alliant des petits fruits rouges à des tonalités florales bien présentes, sur le pot-pourri et la rose fanée.
Le profil de la bouche est longiligne, grâce notamment à une acidité vertébrale remarquable. Mais il y a un joli charnu autour, au fruité patiné et très avenant. La finale est très acidulée, presque un peu trop et c’est le seul reproche que je pourrais faire à ce beau vin d’une grande finesse. D’ailleurs, en y revenant après les trois Chambolle qui vont suivre (mais oui !), il n’aura pas à rougir.
Très Bien + et déjà tout à fait à point, avec un léger potentiel de vieillissement supplémentaire.
Bon ce n’est pas un pinot de Bourgogne, mais c’est bien là qu’on l’a situé à l’aveugle ! Pas d’erreur sur le cépage… ouf.
Le vin s’arrondit bien (3,5 + / 5) sur la côte de bœuf. Le vin, c’est fait pour être bu en mangeant !
Domaine Fourrier – Chambolle-Musigny – Vieille Vigne – 2017
Vin ouvert juste avant dégustation.
La robe claire tuile nettement sur les bords du disque en commençant à gagner vers le centre.
D’une grande intensité et avec beaucoup de profondeur et d’éclat, le nez exhale des arômes de cerise burlat très francs, aux fins accents floraux.
La bouche dégage une sensation de sensualité, avec une chair au grand fruité, dotée d’un toucher dense et voluptueux à la fois. La grande vivacité est parfaite pour participer à l’équilibre d’école et l’allonger dans une finale toute en saveurs et en harmonie.
Excellent et pour moi le vin rouge du week-end.
Le vin s’accorde très bien avec la côte de bœuf (3,5 + / 5) mais il est tellement bon tout seul (contre-exemple de ce que j’ai écrit plus haut
) !
Quand on a su que c’était un Chambolle-Musigny, quelqu’un a dit « c’est le style Fourrier mais il ne fait pas de Chambolle ». Eh bien si et c’est aussi bon que ses Gevrey-Chambertin !
Le millésime 2017, très à l’honneur sur ce week-end, va faire l’objet d’une mini-horizontale non annoncée, pour notre plus grand plaisir !
Domaine Ghislaine Barthod – Chambolle-Musigny – 2017
La robe claire est aussi bien évoluée.
Le nez se montre plus fermé et plus pointu, avec de la cerise bien sûr mais aussi une touche mentholée. L’ensemble est tout de même assez classieux.
Classicisme et équilibre sont les maîtres mots en bouche : matière, ampleur et acidité. Mais le fruité est plus anguleux et teinté d’une sensation pierreuse, le toucher un peu moins soyeux en raison de tanins poudreux. La finale est bien persistante par son caractère énergique et dynamique.
Très Bien ++ mais c’est encore jeune et a un peu été pénalisé par l’effet de séquence.
Domaine Castagnier – Chambolle-Musigny – 2017
La robe assez sombre est tuilée sur le pourtour du disque.
De grande intensité, le nez est d’abord pénalisé par une réduction, légère pour moi (cuir, fourrure), plus forte pour d’autres (animal, écurie). Il va s’épurer à l’aération dans le verre pour offrir une aromatique de framboise et de griotte ainsi que de notes végétales (ronce), titillée par une pointe de volatile.
La bouche bien en chair fait preuve d’une belle fraîcheur mais aussi d’une certaine austérité, par son aromatique sur des fruits noirs et des accents plus sérieux, et par des tanins qui demandent encore à s’arrondir. Elle s’assouplit également à l’aération et la finale se montre dans tous les cas plus avenante, sur un beau fruité confortable.
Très Bien + actuellement mais c’est sûrement le vin le plus jeune des trois et qui dispose de tous les atouts pour s’améliorer en vieillissant.
J’ai oublié de faire les photos des trois plateaux de fromages thématiques qui nous ont accompagné tout le week-end, sans doute par esprit de charité envers Oliv…
Nous passons donc au dessert, composé d’un gâteau (voir plus loin) et de deux vins exceptionnels, dans compter le retour sur le Climens 2004 entamé la veille.
Château Tirecul La Gravière – Monbazillac – Sélection de Grains Nobles – 2015
La robe se dévoile sous un bel or très ambré.
Le nez se livre sans retenue, d’abord axé sur les fruits jaunes avec du coing, puis apparaissent avec insistance le miel, le safran et l’abricot confit.
La bouche impressionne, par sa grande liqueur et sa formidable acidité, les deux se combinant parfaitement. Mais n’oublions pas la troisième composante, la très belle aromatique en rétro-olfaction ! La finale est portée loin, plus par cette aromatique dense que par l’acidité, le sucre s’affinant un peu pour ne pas alourdir le palais.
Très Bien ++ / Excellent dès à présent mais à attendre dix ans et plus pour aller vers plus de raffinement.
Tarte au chocolat à la Didier : miam !
Les deux compères trouvent un terrain d’entente sur le moelleux (texture et sucre), moins sur l’aromatique (3 / 5).
Domaine Philippe Delesvaux – Coteaux du Layon – Anthologie de Grains nobles – 2010
Cette cuvée n’a été produite que
deux quatre fois en 40 ans d’existence du domaine, en 1995, 1996, 1997 et 2010...
La belle robe est encore plus ambrée que celle du Tirecul La Gravière SGN !
Le nez offre une aromatique intense assez luxuriante voire décadente de raisins secs, poire séchée et miel.
La bouche est très concentrée et très sucrée (environ 320 g / l). L’acidité exceptionnelle ne parvient cependant pas d’après moi à tempérer la fougue de ce sucre qui emplit le palais, le tapisse et l’alourdit un peu trop. L’aromatique reste aussi démonstrative et intéressante qu’au nez mais c’est too much pour moi.
Très Bien et à revoir dans ... 30 à 50 ans…
A noter que trois dégustateurs sur dix ont préféré ce vin au précédent ; il faut donc relativiser mes commentaires sur ces deux vins.
Quant à l’accord avec le plat, il ne faut pas le chercher, le vin emportant tout sur son passage et constituant un dessert à lui tout seul.
Encore un magnifique repas, dominé en quantitatif et en qualitatif par la Bourgogne, mais avec quelques interludes intéressants et un final liquoreux en feu d’artifice !
Au revoir Christophe et Cathy, et à bientôt …
Jean-Loup