Voilà un thème original, intéressant et éclectique !
C’est notre présidente (en fait l’épouse du président !
) qui a eu cette très bonne idée. Elle l’a ensuite mise en pratique en organisant la dégustation et en faisant appel aux cavistes de Bourges, une autre bonne idée !
Nous allons donc beaucoup voyager, en termes de couleurs, de régions, de cépages, avec des hauts et des bas, comme le plus souvent, mais plus de hauts que de bas, et de belles découvertes.
La dégustation a compris un rosé, quatre blancs et quatre rouges, le tout à l’aveugle.
Domaine Gérard Bigonneau – Reuilly rosé – 2021
La vigneronne est Virginie Bigonneau, la fille de Gérard, qui a maintenant pris les rênes de ce domaine injustement oublié par LPV.
La robe de couleur paille se teinte de reflets gris et rosés.
Le nez fringant évoque principalement les agrumes mais aussi un panel étonnant de fruits blancs et rouges, la pêche prenant l’ascendant à l’aération.
La bouche simple et fraiche, avec une silhouette fine mais pas maigre, déroule un bon fruité. L’allonge modérée se termine sur une finale salivante.
Bien +
La couleur de ce vin n'a pas été annoncée, et certains sont tombés dans le piège en pensant à un blanc.
Il est vrai que Virginie Bigonneau fait macérer son pinot gris très peu de temps (pas une nuit comme Jacques Vincent par exemple) mais la teinte légèrement rosée et certains arômes, de petits fruits rouges comme la fraise des bois ou même la pêche, étaient de bons indices.
Domaine Piquemal – Côtes du Roussillon – Les Terres Grillées – Blanc – 2019
La vigneronne est Marie-Pierre Piquemal, qui a été élue meilleure vigneronne de l’année par le guide Hachette 2018.
L’assemblage est à base de grenache blanc, complété par du maccabeu et un peu de vermentino, le terroir étant composé de schistes feuilletés.
La robe paille brille intensément.
Le nez, ouvert sans plus, propose des fleurs blanches et des fruits blancs ainsi qu’une suggestion anisée.
La matière charnue se développe avec ampleur en bouche tout en gardant une bonne fraîcheur. La finale active et sapide fait preuve d’une certaine salinité.
D’après le site du domaine, cette cuvée est élevée sous bois mais le boisé est quasiment imperceptible : beau travail de précision !
Bien ++ / Très Bien
Domaine Nadine Ferrand – Pouilly-Fuissé – Lise-Marie – 2018
Vous avez compris qui est la vigneronne, mais elle a été rejointe en 2012 au domaine par sa fille Marine.
La robe se situe quelque part entre paille et or…
Le nez intense développe de beaux arômes de fruits blancs et d’agrumes, enrobés de senteurs beurrées qui rappellent le cépage.
La bouche elle aussi affiche un gras notable, qui lui apporte de la rondeur et de l’épaisseur. L’ensemble est confortable, doté d’une aromatique en rétro fort appréciable, sans aucun apport de bois. Certes l’acidité est minimum car on est sur 2018, mais elle atteint le niveau suffisant pour l’emporter dans une longue finale goûteuse.
Très Bien et une bien belle découverte !
Domaine Valérie Dagueneau – Pouilly-Fumé – L’Odyssée – Silex – 2019
A la tête du Domaine Serge Dagueneau et Filles, seule depuis 2010, Valérie affiche maintenant son prénom sur l’étiquette, au moins de cette cuvée.
Le vin est élevé dans une cuve en béton ovoïde pendant un an.
L’or de la robe est assez clair.
Le nez allie avec une belle intensité des arômes d’agrumes et de fruits exotiques.
La bouche s’affirme, avec de la présence, du volume et de l’impact. Le manque de vivacité est plus marquant encore que sur le vin précédent car il en faut pour dompter la puissance obtenue grâce au contenant de l’élevage et malgré le sol en silex. De fins amers prennent la relève avec bonheur dans la finale assez persistante.
Bien ++ pour ce vin intéressant mais atypique par rapport à son cépage, que d'ailleurs personne n’a reconnu de prime abord.
Domaine Claudie Jobard – Rully – Montagne La Folie – 2020
Claudie Jobard est à la tête du domaine depuis 2002.
La vigne a une moyenne d’âge de 47 ans. Fermentation alcoolique et élevage ont lieu en fûts de chêne.
La robe arbore un or clair.
D'une grande intensité, le vin exhale des arômes boisés très prégnants, avec un léger grillé et de la vanille, les arômes secondaires de fermentation et tertiaires d’élevage étant donc prédominants, avec quelques fruits jaunes qui parviennent à montrer leur bout ... du nez.
La bouche est à l’avenant, avec un boisé qui prend de nets accents grillés voire torréfiés, et fait écran au fruité de la matière. Elle est quand même animée par une fraîcheur bienvenue et tonique, surtout en finale, associée à une amertume posée.
Bien + mais je n’ai visiblement pas bu la même bouteille que FGsuperfred en mai dernier…
Domaine de Montrieux – Coteaux du Vendomois – Picrochole – Pineau d’Aunis – 2020
La vigneronne est Ariane Lesné qui a repris le domaine d’Emile Hérédia il y a quelques années.
La robe est claire, un peu tuilée et trouble.
Le nez est marqué par une forte acidité volatile qui va forcément de pair avec une grande intensité. Après un traitement de choc, grosse agitation dans le verre, un fruité rouge expressif apparaît et se développe sur la cerise et la framboise.
La bouche adopte un profil fluide et droit, sur une aromatique peu agréable. Elle montre, comme le nez, une très grande acidité, à la limite de l’acceptable, qui bien entendu fait saliver dans la finale poivrée, marqueur du cépage. L’oxygénation forcée répare un peu les dommages, avec une aromatique plus avenante qui fait oublier un peu l’excès d’acidité.
Bof - et
Assez Bien après forte oxygénation
Domaine Perrault-Jadaud – Vin de France – Et si… – 2019
La vigneronne est Anne-Cécile Jadaud qui a réalisé ce beau Gamay de Loire.
La robe se révèle très sombre, avec des reflets violacés prononcés.
Bien ouvert, le nez déroule une aromatique sombre, composée de fruits noirs, d’épices et d’encre.
La bouche conjugue une matière dense avec un fruité charnu, le tout habillé de tanins de velours. La finale gourmande n’est pas très persistante mais plus épurée.
Bien ++ / Très Bien
Mas de Libian – Côtes-du-Rhône – Boutd’zan – 2021
On ne présente plus Hélène Thibon, une des plus grandes vigneronnes de France et papesse de la biodynamie.
Cette cuvée fait la part belle au grenache (75 %), complété par de la syrah.
Le vin a été carafé pendant trois heures.
La robe sombre est sertie de beaux reflets violets.
Le nez très intense se fait charmeur, avec ses arômes variés de mûre, de cassis, de vanille et de violette.
L’attaque se révèle légère puis la bouche va crescendo en densité. Le beau fruité se teinte d’une pointe de réglisse, qui donne son nom à la cuvée, tout en restant frais. Les tanins poudreux rappellent que ce vin est tout jeune et la longue finale florale présente une vivacité très appréciable.
Très Bien
Domaine Cosse-Maisonneuve – Cahors – Le Combal – 2016
La vigneronne est Catherine Maisonneuve qui mène ce domaine en biodynamie avec Matthieu Cosse, et en a fait une des stars de Cahors.
Le Combal est un 100 % malbec, entrée de gamme mais bénéficiant déjà d’un élevage appuyé en barriques de un et deux vins.
Le vin a été carafé pendant trois heures.
La robe très sombre fait encore bien jeune.
Le nez se montre très ouvert, d’autant qu’une pointe de volatile vient renforcer ses arômes de fruits noirs, teintés de vanille et de suie, et relevés par une note végétale. C’est à la fois riche et classieux.
L’attaque est de grande envergure, même imposante par sa grande concentration. Une forte acidité vient ramener la bouche sur de bons rails, mais avec un léger décalage dans le déroulé. On aurait souhaité ces deux caractéristiques de puissance et de vivacité plus fondues, mais c’est pour chipoter, et nul doute que le temps sera un allié dans ce but.
Très Bien
Je ne peux terminer ce CR sans citer les superbes produits proposés pour accompagner ces vins : pain, galettes de pomme de terre, charcuteries et fromages étaient au top ! Merci à la famille Jacquet qui accompagne le plus souvent les dégustations qu’ils organisent de beaux compléments solides.
Amphores est un club bien trop masculin, mais tout le monde avait le sourire en sortant de la salle : bravo Cécile, c’était une réussite !
Jean-Loup