Amphores fait le tour du monde des cabernet sauvignon
Notre président Jean-Michel nous a encore concocté une dégustation dont lui seul a le secret : huit vins à base de cabernet sauvignon, provenant de huit pays différents !
Il nous avait prévenus de la présence d’un intrus, possédant certes du cabernet sauvignon dans son assemblage, mais pas en majorité.
Klein Constantia – Afrique du Sud – Estate Red – 2019
Ce domaine est bien sûr connu pour son vin de Constance, un grand liquoreux !
Mais il n’y a pas encore eu de CR sur son rouge dans LPV.
Il s’agit d’un assemblage de 64 % de cabernet sauvignon, 19 % de petit verdot et 17 % de malbec. L’élevage dure 15 mois en fûts, dont 40 % de neufs.
La robe est très sombre, presque noire, bien jeune.
Très ouvert, le nez exhale un fruité noir assez compoté, sur la mûre. A l’aération apparaissent des touches épicées, vanillées et balsamiques.
L’attaque est assez confortable mais cela ne dure pas car dès le milieu de bouche c’est un profil frais, basé sur une trame légère, qui s’installe. L’aromatique reste axée sur le fruit, les tanins sont aux abonnés absents et l’allonge se déroule en finesse. Mais on aurait apprécié plus de chair pour un équilibre meilleur.
Bien ++
Two Hands – Australie – Mc Laren Vale – Sexy Beast – Cabernet sauvignon – 2019
Cette cuvée monocépage est passée 15 mois en fûts.
La robe très profonde et concentrée montre quelques reflets violets de jeunesse.
Le nez intense de fruits noirs s’étoffe de touches vanillées, ferreuses et de cuir. Ces arômes plus austères ne freinent pas un ressenti global chaleureux.
La bouche en demi-corps joue dans un registre fin et vif, dotée d’un fruité acidulé et de tanins très tendres. Le boisé est bien intégré et la finale est marquée par la cerise de Montmorency.
Bien ++ pour ce vin que j’aurais plus apprécié avec une meilleure synthèse entre complexité et chaleur du nez et vivacité simpliste de la bouche qui, elle, manque singulièrement de la sensualité annoncée.
Bodega Piedra Negra – Argentine – Valle de Uco – Gran Lurton – 2015
Il s’agit d’un assemblage de 85 % de cabernet sauvignon et de 15 % de malbec, les vignes étant situées à 1 100 m d’altitude.
Le vin est élevé pendant 12 mois en barriques, pour moitié d’un vin et pour moitié de deux vins, puis pendant quatre mois en cuves.
La robe est quasiment noire, ne donnant que très peu d’indices sur l’âge du vin, mais on croit deviner, surtout après découverte de l’étiquette
, qu’elle a perdu ses reflets de jeunesse.
Le nez paraît d’abord un peu réduit avec des notes animales mais il s’épure à l’aération pour offrir du cassis et de la mûre, de la réglisse et une infime touche de balsamique.
La belle matière charnue de la bouche propose une aromatique teintée d’accents un peu plus sauvages (cuir, garrigue). Elle est canalisée par une acidité bien dosée et encadrée par de beaux tanins. La finale ne brille pas par sa longueur mais pas sa netteté.
Très Bien
Château Cantemerle – France – Haut-Médoc – 2016
L’assemblage comprend 52 % de cabernet sauvignon, 39 % de merlot, 5 % de cabernet franc et 4 % de petit verdot. L’élevage est réalisé en fûts, dont 40 % de neufs.
La robe est très sombre mais loin d’être opaque, et dévoile un début d’évolution par ses reflets modérément tuilés.
Très intense et flatteur, le nez exhale une aromatique toute médocaine avec un boisé élégant, du cèdre, de la vanille, des épices, du menthol, le tout sur une base de cassis.
La bouche présente une austérité classieuse pauillacaine, une très belle fraîcheur, un grain fin, un élevage et des tanins déjà intégrés. L’ensemble est très harmonieux et se prolonge dans une finale persistante et épurée.
Très Bien + pour ce vin d’une grande élégance qui, contre toute attente, peut déjà commencer à se boire, sans urgence bien entendu, avec aussi un grand potentiel de garde.
Golan Heighs Winery – Israël – Galilée – Cabernet sauvignon – 2018
Cette cuvée de monocépage a été élevée 18 mois en fûts français.
La robe très sombre est encore teintée de reflets légèrement violets.
Le nez, intense sans plus, est aguicheur par ses arômes très vanillés mettant les fruits noirs au second plan.
La bouche sucraillonne affiche un fruité très (trop ?) mûr. Elle manque cruellement d’acidité ce qui empêche un vrai équilibre et rend la finale mollassonne et sans relance.
Sans doute impossible de reconnaître le cabernet sauvignon pour une dégustation complètement à l’aveugle.
Assez Bien + mais il est vrai que beaucoup l’ont apprécié, sans pour autant le placer sur le podium.
A sa décharge, il passait juste derrière un modèle de finesse et d’équilibre, et a donc pu être désavantagé par l’effet de séquence.
Tenuta dell'Ornellaia – Italie – Bolgheri Rosso – Le Serre Nuove dell’Ornellaia – 2019
L’assemblage se compose de 54 % de merlot, de 28 % de cabernet sauvignon , de 14 % de cabernet franc et de 4 % de petit verdot. L’élevage a lieu pour 25 % en fûts neufs.
La robe est sombre mais sans doute la moins sombre de toute la série. Elle a déjà perdu ses atours de jeunesse sans encore gagner ceux d’évolution.
Le nez bien généreux et avenant propose une corbeille de petits fruits rouges et noirs, complétée par des touches de vanille et de belles notes florales.
La matière dense et mûre, au grain à la fois délicat et serré, au toucher soyeux, aux tanins copieux et fins, est d’un bel équilibre. La finale déliée fait preuve d’un grand raffinement, emmenée par une acidité fuselée, et dure pour notre plus grand plaisir.
Très Bien ++ et pour moi le vin de la soirée, même s’il gagnera en complexité dans les cinq à dix ans à venir.
Escudo Rojo – Chili – Maipo Valley – Baronesa P. – 2019
Il s’agit d’un assemblage de 76 % de cabernet sauvignon, 9 % de carmenère, 5% de petit verdot, 5 % de cabernet franc et 5 % de syrah. L’élevage est réalisé à 65 % en fûts neufs et à 35 % en fûts d’un vin.
La robe noire est teintée de notes violacées sur le pourtour du disque.
La floralité saute au nez avec une grande intensité, ce qui procure une impression de fraîcheur par rapport au fond de fruité noir de cassis.
La bouche est charpentée, bâtie sur une matière imposante et habillée d’un manteau de tanins. L’aromatique est axée sur des fruits noirs surmûris. Cette richesse d’ensemble est contrebalancée avec bonheur par une acidité structurante qui guide la bouche dans sa trace jusqu’à une finale plus affinée.
Très Bien + mais pas pour un pdf et à attendre dix ans pour les autres, en espérant que la fraîcheur du nez se retrouve plus en bouche.
Beaulieu Vineyard – Etats-Unis – Napa Valley – Georges de Latour – Cabernet sauvignon – 2016
L’assemblage de cette cuvée est axé sur le cabernet sauvignon (97 %), avec un soupçon de petit verdot (3 %). Le vin est passé 22 mois en fûts.
La robe est très sombre, encore bien jeune.Le nez très expressif et racé déploie une aromatique composée de cassis et de fumé, avec des touches de cacao et de cuir noble.
D’une grande carrure et d’une belle étoffe, la bouche est renforcée dans ces caractéristiques par un caractère capiteux et un toucher moelleux. L’acidité est minimum mais juste correcte. L’élevage classieux demande à mieux s’intégrer pour se mettre au service de cette belle matière. L’acidité se réveille en finale car la persistance est très longue, ce qui lui ouvre un grand avenir, quand tout se sera harmonisé.
Très Bien (+) à l’instant mais certainement beaucoup plus dans dix à quinze ans.
Des vins très différents donc, d’un niveau moyen élevé. Certes la plupart étaient trop jeunes, surtout pour un cépage comme le cabernet sauvignon. Mais certains n’en ont pas trop pâti, comme le Serre Nuove dell’Ornellaia et le Cantemerle, et se sont révélés déjà très bons !
Les vins très marqués par l’élevage ont divisé, au moins sur le ressenti en l’état.
Mais quelle opportunité de déguster en une même occasion des vins si proches par leur cépage principal et si différents par leurs origines, terroirs et vinifications !
Un grand merci à Jean-Michel !
Jean-Loup