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Atelier accords mets & vin avec la troupe de la boxe française

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Vendredi soir, j'organisai un atelier sur les accords mets & vin avec la troupe de la boxe française, curieuse d'en apprendre plus sur le vin et la gastronomie en général. Par conséquent, avec une amie sommelière, nous nous sommes répartis le travail et j'ai endossé le rôle de caviste et de brigade unipersonnelle (mise en place, cuisine, service & plonge) pendant qu'elle s'est acquittée de l'enseignement de l'analyse analytique et des accords mets & vins.
J'avais prévu un accord avec des légumes (aubergines longues à la sauce chinoise, du poisson (dos de sandre et beurre maître d'hôtel), et de la viande (boeuf bourguignon)

Apéritif : toast au foie gras (nature, piment d'Espelette, Jurançon), crudité. Les bulles étaient plus pour la mise en bouche et en attendant l'arrivée des hôtes que pleinement partie de l'atelier.

Bouteille 1 : Rheinhessen (Allemagne), Sekthaus Raumland, Cuvée Katharina Brut Nature 2017
L'une des cuvées d'entrée de gamme du maître allemand de la méthode traditionnelle (qui a en gros reproduit la champagne en Hesse Rhénane où il y a une forte similarité des sols et du climat). La totalité des informations techniques  se trouve sur le site internet. Blanc de Noir (PN & Pinot Meunier, base 2017, 60% d'élevage en cuve, le reste en barrique. Dosage 2,5g. J'ai eu le tirage précédent par rapport à la fiche technique actuelle.
 
Le vin est très bien fait avec une bulle assez fine et persistante sans agressivité, la vinosité est là avec beaucoup de fruits du verger à l'attaque suivie par les arômes briochés du repos sur lies d'une durée significative (au moins 36 moins). Il n'y a pas non plus de verdeur ni d'acidité trop aigüe mais le vin conserve de la fraîcheur sur la finale. Le volume n'est pas énorme ni non plus la longueur aromatique mais ça donne aisément le change à nombre de champagnes beaucoup plus chers.

Bouteille 2 (apport de mon amie sommelière) : Champagne, Pierre Paillard, Les Parcelles XVIII
BSA en base 2018, 70% PN & 30% Chardonnay, 3 ans de repos sur lies, 1g/L de dosage.

La comparaison est intéressante à réaliser avec le vin précédent, et de facto il y a une claire filiation sur la palette aromatique où les cépages rouges là-aussi dominent. Il y a un peu plus de puissance et de la pomme au four en sus dans cette cuvée mais paradoxalement, la persistance n'est pas plus longue et la fraîcheur moins limpide. Toutefois, la prestation générale est supérieure au vin précédent sans pour autant qu'il y a un écart de division a contrario du prix, nettement plus élevé.

Les choses sérieuses commencent avec les aubergines longues cuites et accompagné d'une sauce chinoise comprenant de la sauce pimentée, de la sauce huître, sauce soja au champignon ainsi que du vinaigre de Chine. Un plat débordant d'umani et avec une tension assez forte apportée par les épices et le piment.

Autriche, Burgenland, Weingut Uwe Schiefer, Blaufränkisch, Palla Woller 2018
Les vignes du domaine enjambent la frontière et c'est en réalité du kefrankos (nom hongrois du cépage) vinifié en Autriche, de façon traditionnelle dans de grandes barriques. C'est la partie hongroise de l'Eisenberg, terroir schisteux et ferrugineux de la région. 12,5°
 
Pour tout dire, le vin n'était pas attendu à ce niveau et c'est tout ce que j'aime dans les vins rouges. En effet, je suis sensible à l'alcool et aux tannins.

Celui-ci avec ses 12,5° est léger, et ses tannins poudrés sont déjà parfaitement intégré apportant leur grain et la présence au vin ainsi que le toucher de bouche soyeux exacerbé par l'élevage en barrique. La robe est assez claire avec des reflets violacés sur le disque. La palette aromatique est celle de la cerise noire mais pas kirschée accompagnée de mûres et de myrtilles avant de laisser place à un côté un peu plus terrien, lichen et une acidité très bien calibrée pour allonger l'expérience sur le poivre blanc, clou de girofle, fleur de badiane. La semaine précédente ayant été consacrée aux vins du Rhône avec LPV Paris Nord-Est, le vin m'a évoqué ce qu'aurait dû être les grandes syrah dégustées en fait.

L'accord a été très bien avec le plat, l'acidité du vin contrant et s'associant très bien avec la tension épicée de la sauce, et l'aromatique fusionnant avec succès également. Accord de texture excellent pour achever le tableau. La soirée était d'ores et déjà une belle réussite avec cette association.

A cause de difficulté de cuisson du poisson, nous passons au boeuf bourguignon directement et il était associé à un bordeaux.

Bordeaux Supérieur, Château Reignac 2009
Pas besoin de présenter plus avant le domaine qui a fait sa notoriété grâce à un "guerilla marketing" très bien rodé. C'est un incontournable des primo-achats quand on tombe dans le vin, et en 2020 IDW avait fait une promo à -20% pour 3 bouteilles achetées. Données techniques sur 1jou1vin  ici.  18 mois de barriques dont 20% de neuve, 75% de merlot, 25% de cabernet sauvignon. C'était ma dernière.
 
Le vin présente une robe très dense et sans trace d'évolution. Bien que les recommandations de dégustation était de le boire en jeunesse, le vin a une palette aromatique très noire : mûre, cassis, airelles, vanille, girofle avec beaucoup de matière et de puissance mais les tanins sont intégrés et tout ceci glisse sans frottement. Certes, on peut lui reprocher un élevage prononcé et perceptible mais qui ne cache pas pour autant totalement le fruit. C'est du bel ouvrage à mon humble avis et à un prix accessible de surcroît.

Le boeuf bourguignon avait été préparé l'avant-veille et connu au cumulé 8h de cuisson avec une nuit de repos : dégraissé, le collagène bien extrait et intégré à la sauce, tous les éléments avaient cette texture fondante géniale, des carottes au céleri, et même la queue de boeuf se détachait à la cuillère sans effort.

L'accord de texture fonctionnait très bien même si en toute objectivité la palette aromatique du vin était un peu trop sombre et automnale pour mon plat, avec plus de champignons et un gibier, l'accord aurait atteint un stade supérieur. Mais entre les végétariens et ceux qui n'aiment pas les tanins, c'est le duo qui a eu le moins de succès de la soirée.

Le poisson enfin cuit, la peau et les arêtes s'enlevant sans difficulté, place au vin qui l'accompagnait :

Hongrie, Tokaji, TR Wines, Furmint Dry Palota 2019
Mon amie hongroise rencontrée en Suisse a investi dans un vignoble dans le village de Tallya depuis 2016. Ce Furmint sec est sa grande cuvée dans le haut de son coteau, levures indigènes et élevage de 9 mois en barrique de chêne slavonien. 12,5°. 500 bouteilles produites et la seule présente en France  . Infos ici
 
La robe est or plein, légèrement capiteuse. Au nez se présentent des arômes de poire, sureau, mandarine mûre. En bouche, le jeu entre le gras, la tension et l'arôme de poire conférence croquante est très intéressant. Ceci débouche sur une finale longue où le fruit se transforme en éperon cristallin salivant.

Bel accord avec le sandre dont la texture un peu grasse s'accorde avec celle du vin, et le beurre maître d'hôtel apporte les herbes aromatiques qui révèle l'acidité assoupie du furmint.

La troupe apprécie beaucoup cet accord et ses composants. Cela fait plaisir. Quant au vin, vous pourrez y goûter le 7 février à l'ambassade de Hongrie qui organise "Furmint février" mais à ma grande déception je ne serai pas à Paris ce jour-là. Aniko est l'une des personnes les plus charmantes que je connaisse.

Pour finir la soirée, place au dessert. Initialement, je voulais prendre la tarte au citron de Mâm mais je suis arrivé 10 min trop tard. Qu'importe, ce sera un Paris-Brest.

Pour l'accompagner, dans ma grande générosité j'ai sorti la bouteille suivante :

Allemagne, Sarre, Weingut Peter Lauer, Ayler Kupp Riesling Spätlese 2014 Fass 23 Versteigerung
C'est l'une des mes bouteilles des enchères de Trèves, environ 90°Oechles. Le producteur est perçu comme un spécialiste de vins secs et "souffre" d'une décote dans ses prädikat.
 
On peut difficilement faire plus transparent et claire qu'une robe de riesling de Sarre et c'est encore le cas ici. Le nez est magnifique de fruits tropicaux et de cristal pilé (saveur hédonique), en bouche c'est un fil magnifiquement ductile d'équilibre entre le sucre résiduel, les fruits tropicaux et toujours cet éclat cristallin propre aux vins de Sarre. J'en suis grand fan et cette cuvée des enchères pousse cette finesse sans rupture plus loin qu'une cuvée normale : le vin ne pèse pas mais transmet avec une intensité énorme ce jeu d'équilibre alternant le sucre, l'acidité, le cristal.

Le silence se fait sur le table et tout le monde a le sourire et s'enthousiasme, la bouteille a été vidée avant que la tablée en a pris conscience. Quant à l'accord, le sujet n'était pas là mais le vin n'alourdissait pas un Paris-Brest de belle facture mais dont la richesse intrinsèque n'est pas facile à marier. Sur la tablerte au citron, cela aurait proprement été transcendantal mais ce sera pour une autre fois.

Le choix de présenter des vins étrangers pour la plupart avait pour but de neutraliser la variable "notoriété & préjugés" quant au jugement des vins de mes camarades. Les noms étaient du volapük pour eux, donc aucun enjeu de face à trouver tel vin meilleur que l'autre malgré le pedigree inférieur. Mis à part mon vin de dessert - clairement issu de mes pépites - les autres bouteilles faisaient parties des entrées de gamme de ma cave.

Merci de m'avoir lu.

Sven. Curieux de tout, prédilection pour les vins blancs légers et européens.
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23 Jan 2023 12:49 #1
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Sur la table au citron, cela aurait proprement transcendantale mais ce sera pour une autre fois.

Il faut combien de temps et à quelle température pour rendre la table mangeable ? 
 

Eric
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23 Jan 2023 13:27 #2

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Sur la table au citron, cela aurait proprement transcendantale mais ce sera pour une autre fois.

Il faut combien de temps et à quelle température pour rendre la table mangeable ? 


 

Si j'étais Michel Lolito , je dirais environ 1 semaine avec 45 litre d'eau et 5 de paraffine. Sinon, toi qui a une expérience énorme de vins du monde et de la cuisine, que penses-tu des accords et quelles auraient été tes suggestions ?

Sven. Curieux de tout, prédilection pour les vins blancs légers et européens.
23 Jan 2023 16:30 #3

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Merci ! Faudra que j'essaie. Avec un vin de table, ça devrait être top !

Sinon, pour les accords de ton repas...

Toast au foie gras : le crémant 1900 de Van Volxem

Aubergines : pas simple vu l'assaisonnement. C'est le genre de plats que je n'oserais pas servir. Peut-être un Priorat mélangeant cabernet, carignan et syrah ?

Boeuf bourguignon : un Sankt Laurent autrichien

Sandre beurre maître d'hôtel : chenin sud-africain

Paris Brest :  un Madeira Bual

Eric
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23 Jan 2023 19:15 #4

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Merci ! Faudra que j'essaie. Avec un vin de table, ça devrait être top !

Sinon, pour les accords de ton repas...

Toast au foie gras : le crémant 1900 de Van Volxem

Aubergines : pas simple vu l'assaisonnement. C'est le genre de plats que je n'oserais pas servir. Peut-être un Priorat mélangeant cabernet, carignan et syrah ?

Boeuf bourguignon : un Sankt Laurent autrichien

Sandre beurre maître d'hôtel : chenin sud-africain

Paris Brest :  un Madeira Bual

Les grands esprits se rencontrent pour les toasts au foie gras, si j'en avais encore, ça aurait effectivement été le 1900 de Van Volxem que j'aurai servi, rarement eu des bulles qui évoquaient tant la pomme au four voir le chutney.

La blaufränkisch a en tout cas survécu à l'assaisonnement.

Pour le boeuf bourguignon, si je n'avais pas déjà servi la blaufränkisch avant, je me serai dirigé vers un style moins tannique qu'un bordeaux et un sankt laurent aurait été envisageable effectivement.

Pour le sandre, il s'avère que mon furmint ne m'a paru très éloigné des chenins sud-africain que j'ai eu l'occasion de croiser.

Quant au Paris-Brest, il faut que je m'attaque aux madères que je n'ai encore jamais expérimenté.

Sven. Curieux de tout, prédilection pour les vins blancs légers et européens.
23 Jan 2023 20:43 #5

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Sans avoir le même dévouement pédagogique, ni les mêmes paramètres d'exercice que l'admirable PtitPhilou à Taverny dont les CR de ses ateliers pédagogiques me régalent, je me suis piqué au jeu pour mes camarades de la boxe française : je présente des vins et des mets, et essaie de leur transmettre des connaissances afin de mieux en profiter et d'être à l'aise avec le vin. Même si in fine, c'est plus un prétexte pour ripailler et que la discipline est toute relative, c'est toujours un plaisir de recevoir et de s'activer afin de préparer de bonnes choses. Tous les vins ont été servis en verre noir Favorit 26cl histoire de jouer le jeu à fond à cet égard. A noter que je n'ai pas trouvé les nez très expressifs par rapport aux vins servis dans les Spiegelau Definition Universal.

Comme souvent, mon fort intérêt pour les vins européens permet de contrôler la variable "notoriété", et de recentrer la discussion sur les sensations et impressions sans le biais du prestige.

Vin 1 : Allemagne, Rheinhessen, Weingut Raumland - Cuvée Marie-Luise 2015
Blanc de Noir de PN en provenance de Flörsheim-Dalsheim.  Fiche technique (2018).  Mon exemplaire a été dégorgé en 01/22 avec un repos sur latte de presque 6 ans. Dosage entre 0 et 5 g/L. Elevage 100% cuve. Payé 19,80€ à la Rieslinghaus de Bernkastel. Bouteille d'attente des invités

Le nez est fruité et transmet bien l'impression d'effervescence. En bouche, la vinosité est forte avec une largueur certaine à l'attaque. Les saveurs d'autolyse (brioche, fumée) prennent un discret relais avant une finale à la fois vineuse et fraîche qui donne la relance pour la gorgée suivante. Le profil est clairement celui d'un BdN fruité et vineux sur une bulle assez calme. J'ai trouvé ça d'un très bon RQP versus les champagnes lambdas.

Les 6 autres dégustateurs aiment beaucoup aussi.

Vin 2 : Champagne (Aube) - Maison Drappier - Grande Sendrée 2010
Grande cuvée du producteur. 55% PN, 45% Chardonnay. Champagne parcellaire issu d'un sol de calcaire kimméridgien. Dégorgement 07/21, dosage environ 5 g/L. Malo faite, 35% d'élevage en foudre. Fiche technique (2012) . En accompagnement de divers apéros : endive au fromage (camembert au calvados, vieux herve ou fourme d'ambert), blini avec rillettes de St-Jacques, ou bien poutargue.

Le nez est plus intense et un peu plus complexe avec une dominante de "fruits de PN". Quelques légères instances de noisettes complexifient la palette et confirment (plus que ne signent) le passage en fût d'une partie du jus. En bouche, la densité et l'intensité du jus sont évidemment supérieur, à mon sens dominé par le PN. La bulle est encore un peu plus fine mais la longueur n'est pas immense. Par exemple, le trait d'amertume du sekt de riesling d'Immich-Batterieberg était nettement plus tenace. Globalement, cela reste qualitatif et très au-dessus des BSA ou nombre de "simples" champagnes millésimés, la logique de gamme est respecté.

Le vin fonctionne bien avec les rillettes de Saint-Jacques et les endives aux divers fromages. En revanche, la boutargue au citron confit est d'une puissance hors-norme qui phagocyte toute opposition.

Vin 3 : Autriche, Wachau - Weingut Veyder-Marlberg - Grüner Veltiner Wösendorfer Ried Hochrain 2019
Infos du domaine.  13,5°. Sol de loess profonde au pied des terrasses. Le domaine est hors Codex et n'applique pas la classification fortement identifiée aux vins de la région (steinfeder, federspiel & smagrad). Style sur la tension et la pureté. Servi avec un velouté de potimarron que j'ai trouvé très réussi.

Nez joli et complexe associant diverses familles d'arômes : noisettes & al, fruits goûteux (coing, banane, poire, pomme) ainsi que des arômes plus potagers : champignons, pois blancs, un peu de fumée. Très développé dans le Definition Universal, nettement plus discret dans le Favorit 26 cl verre noir.

En bouche, c'est pour moi vraiment magnifique par un gros volume avec une texture caressante, un peu comme de la goyave ou des yaourt aux fruits. Puis une magnifique tension soulève le tout et rince le palais au profit d'amers noble d'agrumes (je lis kumquat sur la plupart des CR), de Trèvise et un registre vraiment épicé en finale qui confirme le cépage comme Grüner Veltiner selon moi.

J'aime vraiment beaucoup, mes camarades sont pertubés par les amers de la finale et y trouvent un côté âpre et ferreux que je ne retrouve pas du tout. J'interprète leurs sensations comme étant un manque de familiarité avec les amers nobles.

Accord opérationnel avec le plat, les amers finaux apportant la tension au velouté.

 

Vin 4 : Allemagne, Württemberg, Weingut Karl Haidle - Trollinger Alte Reben 2021
Fiche technique.  Vielles vignes jusqu'à 50 ans du domaine du cépage "Trollinger" (non, ce n'est pas une blague). Fermentation en levures indigènes, élevage en vieux foudres. Domaine en biodynamie et de style peu interventionniste. Domaine VDP qui est sur la pente ascendante en Allemagne (le style du vigneron est l'un des plus punks qui soit). 9,5°! Bue avec une tarte aux poires et au bleue délicieuse.

La robe est presque celle d'un rosé de Bandol, presque transparente. Le jus est d'une fluidité inhabituelle pour un vin rouge. Au nez, c'est la groseille qui domine. En bouche, c'est simple mais c'est équilibré, l'acidité ne décapant pas les gencives, les tanins n'étant pas perceptible mais donnant une colonne vertébrale à ce vin léger et digeste. Il n'y a pas vraiment d'accord en tant que tel avec le plat (qui fonctionne très bien avec le vin précédent sur le contraste avec la gourmandise de la poire) mais les deux éléments vivent leur vie sans difficultés.

Le groupe a beaucoup aimé, plus que le grand blanc précédent à la quasi-unanimité. Moi-même suis étonné de la surprenante gouleyance du vin qui pour 10€ distribue des placages cathédrales à tous les vins "glouglous" de la mouvance natureuse à plus de 15€. C'est peut-être parce que Moritz Haidle est avant tout un vigneron compétent avant d'être un militant punk à piercings  .

C'est un pendant en rouge de l'Ebling de Peter Greif bue en juin par sa gouleyance, petit prix, et côté vieux cépage autochtone.

Vin 5 : France, Eric Bordelet - Poiré Authentique NM (base 2020)
Poiré demi-sec d'un incontournable des tables à visés gastronomiques parisiennes.  Page produits du domaine.  Pour accompagner une tarte au citron de Mâm.

Le poiré a effectivement une attaque de poire avec un peu de sucre, tout de suite rincé par une grande fraîcheur qui donne une impression de calcaire et l'emporte en final. Cela procure de la relance pour se resservir vu que ce n'est pas l'agréable poire qui persiste. La tarte est top, bien équilibré en fraîcheur du citron jaune, une meringue agréablement texturé et une pâte à tarte craquante. L'accord fonctionne très bien et le tout est englouti en deux temps trois mouvements.

 

Bilan

Encore une chouette soirée où l'on peut constater qu'il y a peu de corrélation entre prix des bouteilles et appréciation. Je persiste à trouver le Grüner Veltiner magnifique sur les plats végétariens, mais c'est aussi très atypique pour les palais français. En matière de bulles, si le champagne n'est pas en danger (ça plaît presque toujours), Raumland s'est hissé à un super niveau avec un prix plus compétitif => en entrée et milieu de gamme, c'est mieux qu'un ersatz dans le verre même si ça ne donne pas de face. D'ailleurs, la cuvée Triumvirat qui est la cuvée de faîte du milieu de gamme mord les mollets de certaines cuvées de prestige à l'aveugle.

 

Sven. Curieux de tout, prédilection pour les vins blancs légers et européens.
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28 Oct 2023 02:14 #6
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Bonjour Sven, sont drôlement bien gâtés tes camarades de la boxe française !
Choix éclectiques, je ne connais pas la plupart des vins allemands ou autrichiens que tu leur ouvres. Chapeau !
J'ai investi dans des verres noirs (Spiegelau expert) aussi. Je réfléchis à un thème où ça pourrait être pertinent. 
Bravo pour ta générosité et ta passion !
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28 Oct 2023 08:26 #7

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Nouvel épisode consacré au fromage dans une optique "bonne franquette". La quantité de fromage apportée ainsi que le risotto que j'ai préparé m'ont laissé des restes pour 3 jours. Le protocole habituel s'est appliqué hors précision (ouverture à la volée pour les effervescents, sinon plusieurs heures d'avance à l'épaule pour les vins tranquilles).
 
******************
Allemagne, Palatinat, Sekthaus Krack - Blanc de Noirs NM (Base 2019)
11,5°. 90% PN, 10% Meunier, dégorgement 04/22. Méthode traditionnelle. Domaine du Mittelhaardt (plutôt Nord-Palatinat) sur sol à base calcaire. 2 caractéristiques : remuage à la main et élevage des vins de base en vieux tonneaux de 550 litres sans sulfite pour donner une petite patine oxydative.

La robe est transparente, le cordon de mousse relativement sonore initialement pour s'affiner ensuite. Le bouquet est frais, dominé par le fruit du verger, un peu de fumée de sponti ainsi que de la pomme verte. En bouche, c'est assez vineux dans un style fruité frais avec pomme rouge, groseille à maquereaux, poire ainsi qu'un peu de foin. La finale par contre est énergique et sur une tension plus austère qui donne de la complexité et de la sapidité à l'expérience. La concentration n'est pas énorme. Mais globalement, ça performe au niveau BSA champagne vigneron sérieux sur un style Meunier dominant je dirais.

Mis à part le bourguignon du groupe qui trouve que c'est "un cidre sauvage" (probablement très sensible aux notes de sponti), le vin est apprécié et jugé plaisant.

Anjou, Clau de Nell - Cabernet Franc 2019
13°. 100% CF d'un terroir de grès et silex rouges sur tuffeau. 5h  de carafe pour faire partir la réduction!

Robe dense et non-filtrée. La réduction tenace partie, on sent un fruit noir de cassis ainsi qu'un peu de végétal tout de même. En bouche, le vin est dans une phase intermédiaire : les tanins râpent un peu mais on a également l'impression d'un vin relativement infusé qui ne manque pas de profondeur. L'aromatique est en revanche plus ouverte même si la note de pyrazine devrait se réduire à mesure que la texture du vin s'améliorera (question de biais). 
Pas de miracle, le CF relativement jeune est clivant et ne devrait que gagner à mesure que les tanins se fondent.

Beaujolais, Domaine J. Chamonard - Morgon 2016
12,5°. 100% gamay.

Robe rubis transparente avec pas mal de turbidité et de dépôt. Nez plus fruité et ouvert que le Clau de Nell, sur une aromatique "beaujolaise" (fraise, groseille, mûre et myrtilles dominant par la suite). On note également une pointe d'évolution avec des pétales de fleurs séchées. La deuxième partie de bouche est plus acide et il y a une impression globale de force un peu brute à travers ce corps relativement léger. L'archétype du "ça morgonne" me semble pour l'essentiel respecté.

Le vin est moins clivant que le cabernet franc et l'effet de contraste joue à plein entre ces deux vins, personne n'hésite dans ses préférences.

Les vins rouges se sont plutôt cantonnés à s'associer avec les chèvres/brebis frais et ça ne fonctionnait pas trop mal avec le Beaujolais, le CF s'associant mieux avec les fromages les plus crémeux.

Place aux vins blancs pour les autres fromages (à l'exception des pâtes persillés) ainsi qu'un risotto à la courge et champignon généreux.

Californie, Napa Valley, Merryvale - Chardonnay Carneros 2019
13,5°. Chardonnay issue de la région de Carneros dans le sud de la Napa Valley au climat plus frais en raison des entrées maritimes issues de la baie de San Francisco qui limite l'exposition des raisins à un soleil brûlant par ces latitudes. FML effectuée et élevage de 12 mois en barriques françaises dont 30% neuf.  Fiche technique.

Robe relativement dorée pour un vin jeune, assez grasse dans le verre. Bouquet de chardonnay "américain" : on sent l'élevage et la maturité générale entre notes grillés, ananas, bergamote, citron avec une intensité ample . En bouche, la texture est conforme à un chardonnay qui a du volume, une texture pâtinée par l'élevage, assez douce qui fait soupçonner quelques SR à 2 camarades (le cas échéant 4-5g plutôt que 2-3 amha). C'est gourmand et finalement plus complexe que mes craintes initiales d'un vin submergé par le bois.

La volant aromatique ouvert permet de bons accords sur les pâtes cuites et le volume intrinsèque du vin lui permet de survivre aux croûtes lavées.

Jura, Domaine Philippe Butin - Côtes-du-Jura Vin Jaune 2013.
14,5°. 100% savagnin élevé sous voile de levure durant 6 ans et demi. Chambré toute la journée.  Fiche de Vignalis (merci Zapata !).

La bonne critique d'Oliv m'a incité à sélectionner cette cuvée afin de proposer une version accessible et agréable du style. Robe transparente, nez typique de vin jaune avec sotolon, noix, curry, fenouil cuite. En bouche, c'est en demi-corps, rectiligne et élégant avec une rétro de noix verte bien rémanente. L'alcool ne se sent pas. L'accord avec les pâtes cuites est d'école et fonctionnel. 75% des camarades ont pu se resservic et n'ont pas été rebuté. Personnellement, c'était très bon et devrait encore se développer dans le futur.

Allez, on rince les verre et on continue la valse des blancs après avoir pris un peu de pain.

Bourgogne, Chablis, Domaine Pattes-Loup (Thomas Pico) - Vent d'ange 2019 (Mise tardive)
13°. 2 ans et demi d'élevage en cuve, 7 mg/So2 libre dixit la bouteille.

Robe claire avec des reflets un peu plus verts (on n'est pas non avec un riesling de Terrassenmosel), moins visqueuse que le Merryvale précédent. Bouquet enjôleur et ouvert de fruits jaunes et oranges mûrs sans compotage ainsi qu'une impression plus cristalline. Agréable. Le palais a de quoi être également très satisfait puisque cela pète le fruit plutôt solaire mais la fraîcheur et l'acidité plus typiquement chablisiennes rincent le tout en deuxième partie de bouche. Le bénéfice de l'élevage se sent par la texture qui donne l'impression d'un vin cintré et fuselé, poli finalement. Cela rajoute de la longueur en bouche ainsi qu'un toucher atypique.

C'est la cuvée favorite de la soirée et Thomas Pico est un bon ami d'une des membres de la troupe (elle vendange régulièrement Beauregard d'ailleurs).

J'avais prévu un liquoreux pour les pâtes persillés. 

Afrique du Sud, Klein Constantia 2016
Le liquoreux culte d'Afrique du Sud, muscat de frontignan de passerillage. 14,5°.

Robe légèrement évoluée et très visqueuse dans le verre. Bouquet complexe rappelant le Ben Ryé, muscaté, abricot, raisin etc... La bouche présente un excellent équilibre que je juge meilleur que le Ben Ryé, moins extravagant tout en demeurant très savoureux.

L'accord avec le Stilton est presque d'école d'ailleurs.

Pour accompagner le gâteau d'anniversaire (sublime tarte aux agrumes de Claire Heztler), nous ressortons une bulle.

Allemagne, Palatinat, Sekthaus Krack - Grande Cuvée "Freundkreis" Brut Nature
12°. Entrée située immédiatement au-dessus du BdN du début de la soirée. Base 2018, dégorgement mi-2022. Pas de dosage. Cépages champenois (50% Chardonnay, 35% PN, 15% Meunier).

"Freundkreis" signifie en allemand "cercle amical", clin d'oeil qui m'est apparu justifié pour célébrer un anniversaire.

Robe claire, cordon plus fin que le BDN et qui crépite tranquillement dans le verre. Le bouquet et la prestation générale de la cuvée m'évoquent la bouteille de champagne "Clandestin - Les Semblables, Boréal" bue il y a quelques mois. On a là du volume, du sel et de la grande tension qui rejettent le fruit au second rang. La sapidité du vin est bonne car personne n'évoque un excès d'acidité par exemple. C'est une bouteille qui tient la comparaison avec le Drappier Zéro dosage sans soufre à mon sens pour la moitié du prix.

Enfin, pour les tout derniers, comme bonnet de nuit, nous terminons le Banyuls 2008 "Ame de pierre" de Thibault et Christine Cazalet (Abbaye de Sainte-Eugénie) avec une tablette "Palet Or" de Bernachon. Ce vin sera chroniqué lors du CR de LPV Paris Est à venir.

Merci de m'avoir lu.

Sven. Curieux de tout, prédilection pour les vins blancs légers et européens.
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17 Fév 2024 20:36 #8
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