La sélection avait été faite longtemps à l’avance mais c’est en préparant la dégustation plus précisément que je me suis aperçu que tous les vins étaient des monocépages, avec une exception … qui confirme la règle !
Une autre thématique aurait pu être « vins clivants » car il y en a eu pas mal, mais pas tous.
Le matin même, je reçois un message de Julien et de Pascal qui ne pouvaient être présents, pour nous souhaiter une bonne dégustation : très sympa !
Nous sommes donc dix autour du tonneau, avec un petit nouveau pour LPV Grand Centre. Bon, il est un peu connaisseur, c’est Laurent de Beaujoloire !
Allez, c’est parti.
Champagne Follet-Ramillon – Le Chardonnay – 2014
Bouteille ouverte 45 min à l’avance puis carafée juste avant service.
La robe se situe entre paille et or, et est animée par une effervescence abondante.
Le nez intense nous offre un panel classique de pomme, citron, noisette et brioche. La touche de truffe est plus inattendue pour un Champagne aussi jeune.
L’aromatique en bouche est moins expressive, peut-être aussi en partie parce que c’est la grosse tension qui l’impacte. On perçoit à nouveau une légère tendance oxydative et la bulle se fait plus douce que l’œil aurait pu le faire craindre. De très beaux amers, parfaitement dosés, viennent se marier à de la pomme dans la belle finale salivante.
Très Bien +(+)
Galettes de pomme de terre
L’accord avec les galettes de pomme de terre est toujours aussi réussi (3,5 + / 5), surtout avec un blanc de blancs faiblement dosé.
Domaine Guffens-Heynen – Macon Pierreclos – Tri de Chavigne – 2009
Bouteille épaulée pendant trois heures puis carafée pendant une demi-heure supplémentaire.
La robe se présente sous un or clair.
Le nez de belle intensité développe une belle palette d’arômes qui comprennent des fruits blancs très mûres, du massepain et des épices.
Grasse et ample, la bouche est bâtie sur une matière cossue, riche, presque exotique et luxuriante. L’acidité est au minimum syndical (certains l’ont trouvé insuffisante) mais permet de ne pas tomber dans la lourdeur. Elle participe à allonger la finale, bien aidée par l’élan donné par la fougue du milieu de bouche, et à la rendre plus épurée.
Très Bien +(+) mais un peu clivant car il ne faut être un pdf, ni préférer des vins plus jeunes et plus purs.
Flan de poisson à l’aneth et au lait de coco
Plat et vin joue un duo très convaincant (4 / 5), se rejoignant en aromatique et le vin gagnant encore un peu plus de volume.
Domaine François Cotat – Sancerre – Les Monts Damnés – 2013
Bouteille épaulée pendant trois heures puis carafée pendant une petite heure supplémentaire.
L’or de la robe est très clair et tend même vers la couleur paille.
Très intense et complexe, le nez m’envoie d’abord du côté de Chablis avec ses intonations de croûte de fromage. Puis les fruits exotiques, assez classiques chez Cotat, viennent s’y combiner, avant que d’autres remarquent des accents de Riesling avec des notes pétrolées, de citron vert et de pierre à fusil.
La bouche est pleine et confortable, sans être capiteuse, avec l’aromatique exotique qui l’emporte sur les autres. On a même une impression de sucres résiduels sans que cela soit gênant, d’autant qu’une superbe acidité vient mobiliser l’ensemble et le tenir debout jusque dans la finale très persistante, salivante et aux accents crayeux.
Excellent
Lotte, congre et crevettes au safran
Là encore le côté exotique, apporté par le safran, a permis aux deux compagnons d’avancer de concert (3,5 + / 5).
Domaine Richard Leroy – Vin de France – Les Noëls de Montbenault – 2018
Bouteille épaulée pendant une heure puis carafée pendant trois heures supplémentaires.
L’or de la robe est clair.
Très expressif, le nez est marqué par une acidité volatile importante. Les arômes de pomme sont prégnants, mais il s’enrichit de notes grillés et de poire, avec quelques touches pierreuses d’un bel effet.
La bouche est puissante, elle allie ampleur et concentration, mais aussi une acidité magnifique , complètement inattendue pour le millésime (sauf pour les lecteurs LPViens qui lisent les avis autorisés de Denis), et qui lui donne du rythme et de l’allant.
Excellent (+) mais encore un vin clivant car très nature. Mais des vins natures comme celui-ci, j’en redemande !
Le même plat de poissons au safran réussit une meilleure symbiose (4 / 5) qu’avec le Cotat : il apaise la fougue du vin sans rien lui faire perdre de ses qualités.
Domaine Camin Larredya – Vin de France – L’Iranja – 2018
Bouteille épaulée pendant trois heures puis carafée pendant une heure supplémentaire.
La couleur orange de la robe est très marquée, ce qui permet à tous de trouver à quel type de vin on a affaire.
Le nez puissant et complexe est complètement extraverti et baroque avec ses flagrances de rancio, de coing, de fruits confits, d’épices et de raisins secs … et encore j’ai dû en oublier !
La bouche frappe par sa richesse, en aromatique bien entendu, mais aussi un peu en alcool et même légèrement en sucre. Un très léger perlant et l’acidité intrinsèque au petit manseng permettent d’affiner quelque peu cette bouche hors normes. La finale s’exprime sur l’orange amère, ce qui appelle un plat adéquat.
Très Bien ++ et encore un vin clivant ! Pour moi certainement le plus beau vin orange bu jusqu’à présent.
Olivier (Bibi64)avait signalé un très bel accord de ce vin avec du canard sauce bigarade. D’habitude, nous discutons longuement avec ma chère et tendre des accords possibles, mais cette fois-ci, je l’ai imposé !
Magrets de canard sauce bigarade
Le mariage est fusionnel, avec toutes ses composantes : couleurs, aromatique sur l’orange, densité des deux protagonistes ! L’accord est salué de façon unanime et pour moi c’est un des plus beaux expérimentés (4,5 / 5).
La magie de LPV a encore frappé : le partage, même à des centaines de km de distance et à trois mois d’intervalle. Merci Olivier !
On rince les verres car nous allons changer de registre…
Clos Rougeard – Saumur-Champigny – Les Poyeux – 2009
Bouteille épaulée pendant trois bonnes heures puis carafée pendant une bonne heure supplémentaire.
La robe assez sombre montre encore quelques reflets de jeunesse !
Le nez généreux se révèle d’un grand raffinement, mariant parfaitement un fruité pur sur la framboise et une touche végétale très noble.
La bouche n’est pas en reste, sur la finesse et de grande classe. Le charnu affiche un grand fruit et toucher soyeux, la vivacité vient apporter sa touche équilibrante et la persistance est superbe, toute en précision et pureté.
Excellent (+)
Terrine de porc façon grand-mère
Le plat joue dans le même registre de la finesse et les deux s’allient parfaitement (4 / 5).
Domaine David Duband – Charmes-Chambertin – 2010
Bouteille épaulée pendant quatre heures puis carafée pendant une heure supplémentaire.
La robe assez claire a perdu son teint de jeunesse sans prendre encore une seule ride.
Le nez plutôt intense est axé sur une aromatique florale, la gamme fruitée n’étant qu’au deuxième plan. On perçoit tout de même des accents Reynaldiens avec de la fraise et de l’orange.
La bouche possède une certaine ampleur et une chair soyeuse mais peu dense, pour ne pas dire fluette, ce qui est inattendu pour l’appellation. La très belle fraîcheur se poursuit dans la finale longue et épurée, presque trop.
Très Bien + dans l’absolu pour ce vin qui fait très « Charmes » mais pas du tout « Chambertin » et donc une déception en regard du niveau d’appellation, du vigneron et du millésime. Encore un vin clivant, pas entre les dégustateurs, mais par rapport à son appellation.
Nota : il avait ces mêmes caractéristiques à l’ouverture de la bouteille.
Il se comporte bien avec la même terrine (3,5 + / 5), jouant aussi sur l’accord en finesse, mais un peu moins bien que le Poyeux en raison de son manque de densité.
Domaine Robert Michel – Cornas – La Geynale – 2006
Bouteille épaulée pendant trois bonnes heures puis carafée pendant deux heures supplémentaires.
La robe sombre paraît à peine évoluée, avec juste quelques reflets tuilés sur le bord du disque.
Très intense et profond, le nez exhale des fruits noirs francs, complétés par une touche lardée et une autre plus chaleureuse de cacao.
La bouche est charpentée et concentrée, elle se déroule avec force, mais une force tranquille et sereine, selon un profil plus long que large. Les tanins fournis et encore vigoureux n’en sont pas moins polissés par le temps et n’induisent aucune aspérité sur le toucher de taffetas. La grande acidité, jusque là au service de la tenue du vin, ressort parfaitement dans la finale de bonne allonge.
Très Bien ++ / Excellent pour ce vin qui n’a pas dit son dernier mot.
Goulash de bœuf et gnocchis
Vin et plat entament une jolie conversation (4 / 5), le vin ne manquant pas de répartie.
Château Lagrange – Saint-Julien – 2006
Bouteille épaulée pendant quatre heures et demie puis carafée pendant une heure supplémentaire.
La robe est sombre et encore assez jeune !
Très intense, le nez affiche des arômes bien ancrés dans sa région avec des fruits bien noirs, du graphite, du cuir, de balsamique et une touche boisée.
La bouche est dense mais stricte et austère, combine puissance et acidité mais manque de confort aromatique, les tanins étant fondus et la persistance appréciable.
Très Bien … seulement, alors que le nez était prometteur.
Le même plat vient à son aide en le civilisant quelque peu (3,5 + / 5).
Domaine Macle – Château Chalon – 2003
Bouteille ouverte 24h à l’avance puis carafée juste avant service.
La robe est très ambrée.
Le nez puissant propose un mélange subtil de noix, de curry et de céleri mais c’est ce dernier qui domine un peu.
La bouche se déroule toute en élégance, avec la même aromatique en rétro-olfaction. Elle donne une impression de grande douceur, sans aucune agressivité comme dans certains vins jaunes, d’apaisement et de sérénité. Il y a certes une belle vivacité qui concourt à l’équilibre général et la grande persistance.
Très Bien ++ / Excellent et encore un vin clivant, la moitié des dégustateurs n’appréciant pas les vins jaunes…
Sans surprise, les mariages sont très heureux (4 / 5), certains préférant celui avec tel ou tel affinage.
Domaine François Chidaine – Montlouis liquoreux – Les Lys – 2009
Bouteille épaulée pendant cinq heures et demie puis carafée pendant une petite heure supplémentaire.
L’or de la robe est ambré mais peu dense.
Très généreux et flatteur, le nez distille à profusion des arômes de pomme et de coing, nuancés par des touches de caramel et d’épices. C’est beau et on y revient !
La bouche allie concentration et raffinement, avec un équilibre d’anthologie entre aromatique (plus sur les épices), sucre (100 g de SR mais un peu moins en ressenti) et acidité. L’allonge est interminable, ce qui permet d’en profiter pleinement.
Excellent (+) pour cette cuvée extrêmement rare et, pour le coup, non clivante !
Gâteau façon Tatin aux poires et aux épices
En revanche, si l’accord se trouve sur l’aromatique, le dessert l’emporte sur le vin en concentration (3,5 / 5).
Line-up
Eclectisme (mais en restant en France), quelques vins clivants, quelques raretés, de bons petits plats et surtout de bons échanges et de bonnes rigolades : tous les ingrédients de LPV Grand Centre étaient là !
La dégustation thématique de l’automne devrait porter sur les grands Languedoc 2013…
Jean-Loup