Un nouveau repas a eu lieu chez moi autour d'un filet mignon en croûte (fondue d'oignons rouge dans la pâte), avec sa sauce forestière, patates et betterave (qui s'est bien accordée à ma surprise). Des vins étranges et étrangers ont encore été mis à l'honneur et servis à l'aveugle à mes hôtes épicuriens (et novices en vin). Comme toujours les bouteilles sont épaulées plusieurs heures avant et l'évolution est décrite le cas échéant. Verre C&S Open'up grand.
Luxembourg AOP Moselle Luxembourgeoise - Crémant de Luxembourg, Domaine Laurent & Rita Kox (L&R) Kox, Cuvée Blanc de Noirs Brut 2018
12,5°.
Fiche du domaine.
Méthode traditionnelle incluant pour l'essentiel du cépage "Saint-Laurent" (le même que celui de la cuvée Vom Steim d'Umathum) replanté à partir de 2004 ainsi que du PN. Pas vu de date de dégorgement sur la bouteille. Ne trouvant pas le cahier des charges précis (la source Wikipedia étant un lien mort), il n'y a pas d'obligations trop restrictives, notamment sur les rendements, la liqueur de dosage, les vins de réserves et les élevages.
Robe transparente à reflets saumonés (classique). Fin cordon qui s'évanouira rapidement visuellement. Nez de brioche aux fruits confits façon
stollen. En bouche, les arômes sont d'une lisibilité transparente et accessible : abricot, pêche, groseille etc... Bref c'est vineux fruité et ces arômes se fondent dans une saveur de bonbon arlequin lors de la finale. La petite bulle apporte la touche stimulante de fraîcheur. La densité est en revanche faible, à mettre probablement en relation avec les jusqu'à 115 hl/ha autorisés par le cahier des charges. C'est sapide, digeste et accompagne parfaitement l'apéro.
Une vrai bulle sans prise de tête, agréable et rafraîchissante sur le fruit et qui offre une prestation dans sa catégorie analogue au riesling trocken de Dönnhoff : simple, direct, facile et réjouissant pour un tarif acceptable.
Allemagne, Baden, Weingut Martin Wassmer - Schlatter Spätburgunder SW 2014
13,5°.
Fiche du domaine.
Le domaine ne faisant pas partie du VDP n'est pas tenu d'appliquer ces réglements mais cette cuvée serait une entrée supérieure dans la gamme "Ortswein" en équivalent VDP. Il semblerait que ce soit les barriques déclassées du "
Maltersergarten"
à Schlatt, estimable cru sur sol calcaire et de loess entre Rhin et Forêt-Noire.
Robe qui commence à tuiler sur les bords et assez transparente qui envoie rapidement vers le pinot. Le nez se développera le long de la soirée avec le fruit rouge et noir de plus en plus présent au côté du boisé (caramel, chocolat) présent mais intégré. En bouche, l'amertume assez forte que je suppose être liée à la réduction disparaitra au bout de 30 min et le vin développera de plus de plus de gourmandise sur un support boisé généreux mais qui m'a semblé équilibré par rapport à la matière.
Les arômes de confitures de fruits noirs sont présents aux côté d'arômes plus tertiaires (humus et champignons) ainsi que du caramel salé.
La tablée identifie rapidement le PN, prend du plaisir et suppose que c'est un côte-de-nuits. Personnellement, j'y trouve un style différent et qui semble avoir trouvé là un équilibre plaisant pour un millésime estimé ardu dans la région.
La sauce forestière est une très belle interface entre le filet mignon en croûte et le vin, nous nous régalons.
Jura, Arbois, Domaine des Notes Bleues - Savagnin ouillé 24 mois d'élevage
12,5°. Merci à Zapata de Vignalis qui m'a fournit la bouteille ainsi que les
détails
de la cuvée. L'intégralité des fiches techniques se trouve également
ici.
Viticulture bio, assemblage de parcelles de savagnin et élevage prolongé en barriques et fûts entre 225 L et 500 L. Vin ouillé.
La robe est turbide. A l'ouverture se manifestent réduction au nez et amertume en bouche. Ceci se rééquilibre à l'air et on trouve effectivement un vin fort plaisant : le toucher et la texture de bouche soyeuses m'évoquent dans une (légère) mesure
Les Vignes de Mon père de Ganevat bue en décembre. Les arômes floraux et fruités (coing, fleurs blanche, prune et orange mûres) ainsi que le gras enrobant peuvent suggérer un vin à sucre résiduel, ce qui n'est pas le cas puisque la colonne vertébrale acide se manifeste fermement en deuxième partie de bouche tout en demeurant enrobée dans le gras.
L'expérience est tout à fait très jolie et généreuse. La cuvée
Traminer de Tissot présente moins d'enrobage pour comparer. Ma tablée a également beaucoup aimé.
Allemagne, Rheinhessen, Weingut Hemer - Silvaner Eiswein 2016
8°.
La Bioweingut
Hemer me semble être d'après mes recherches un producteur certifié bio qui vise l'entrée de gamme (aucune bouteille à plus de 16€ sur wine-searcher). La contre-étiquette de ma 1/2 d'ailleurs précise "vertrieben durch XXX" (commercialisé par...), et ça me semble similaire au business de la MDD des supermarchés dans le principe. Le fait de ne pas avoir de commercialisation directe renforce également cette supposition.
Cela dit cette bouteille est un Prädikat et présente un numéro d'AP, ce qui certifie que le process a été respecté, sans chaptalisation ni manipulation (raisin cueillis et pressés par en dessous de -8°). C'était un cadeau d'un ami allemand reçu précédemment.
La robe est de la couleur d'un abricot très mûr et éclatant sans être fluo, le liquide est évidemment visqueux ne laissant guère de doute qu'il y aura du sucre. Le nez est vraiment celui d'un sylvaner dans sa version la plus simple et "contestable" : l'abricot à la cassonnade domine nettement.
En bouche, c'est là aussi l'abricot à la cassonnade qui s'arroge le devant de la scène mais l'acidité du style annihile le sucre, la longueur importante rend l'expérience tout à fait plaisante. Mes camarades sont très enthousiastes et apprécient la découverte du style de vin même si personnellement j'y trouve un gouffre avec les eisweins des enchères issus de riesling que j'ai pu déguster (le Grünhaus Herrenberg cette année, Dr. Crusius traiser 2007) auparavant sur quasiment tous les plans.
Bon, le ratio de prix doit être entre 7 et 20 aussi (et je me suis bien gardé d'expliquer tout ça à mes hôtes, le plaisir qu'ils ont pris étant trop évident et sincère pour faire le "jamais-content").