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De l'usage du tire-bouchon un soir au fin fond de la campagne

  • PtitPhilou
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Depuis quelques années, mes adorables voisins à la campagne, couple toujours aussi amoureux, cumulant plus de 182 ans à eux deux, souhaitaient m'inviter avec un de leurs plus proches amis, Luc A., ancien professeur, et durant une trentaine d'années passionné, courtier et professionnel du vin qui s'avère avoir rencontré et partagé nombre de jolis moments avec beaucoup de grands noms, à l'instar de Michael Broadbent, le père des frères Foucault,  Charles Joguet, Hubert de Montille, Aubert de Villaine, Gaston Huet, Philippe Foreau, etc.
Bref, un homme passionné, qui se consacre à la préservation de la faune désormais et œuvre comme louvetier sur un vaste territoire. Ce qu'il dit des maladies qui frappent le gibier, les oiseaux, les renards, etc. fait froid dans le dos.
Bref, lorsque mes vénérables amis, famille de cœur pastorale, me proposent de venir dîner en leur compagnie et celui de Luc, je ne pouvais résister, laissant mes marmots/ados vaquer aux bêtises de leur âge (ouf, la maison n'est pas retournée à mon retour ! )

On débute, en apéritif, par un champagne que je souhaitais leur faire découvrir :
Cuvée Harmonie 2012 du domaine Follet-Ramillon (dégorgement mai 2021 après huit ans sur lattes) :
Jolie effervescence, malgré la flûte utilisée (pas osé apporter mes verres pour ne pas paraître pédant). Nez légèrement brioché, vineux. Luc pense à un Blanc de noirs, mais il y a 65% de chardonnay. On disserte sur l'autolyse et son influence sur le goût du vin. Nos hôtes écarquillent des yeux, ils ont du mal à suivre,  La bouche est fraîche, élégante, seule une amertume présente en finale signale un vin qui en a encore sous la pédale. Pas un vin d'apéritif. Mais j'imagine une volaille à la crème et Luc acquiesce et nous évoque la beauté d'une perdrix grise à la crème (meilleure, au goût plus intense et naturellement fumée que la rouge).

On enchaîne avec son apport : j'aurais préféré qu'il soit ouvert avec le dessert, mais finalement, c'était un bon choix de commencer par un Vouvray  le Mont (premières tries ?) 1990 du domaine Huet
Les histoires et la verve de Luc sont uniques et c'est avec grand plaisir que je l'écoute.
Bouchon court, mais de qualité. Robe ambrée, qui signe un vin très évolué. Le nez est délicatement parfumé, nous n'avions pas des verres très adaptés, mais le plaisir est là. Le sucre est présent, bouche liquoreuse mais bien contrebalancée par une jolie acidité. J'aime bien, même si le vin n'est pas très long et je pense que le domaine avait progressé depuis. Je pensais au Haut-Lieu et l'acidité et la finesse du vin me faisait hésiter avec le Mont. En scrutant l'étiquette assez moisie, j'arrive à trouver l'identité de la cuvée, mais je ne vois pas la mention Première Trie. Mais il est probable que ce soit cette cuvée Plaisir de goûter ce vin que j'ai eu en cave il y a bien longtemps.

Le fils de mes voisins arrive avec sa compagne et ils choisissent de goûter le champagne qui leur plaît beaucoup. J'en suis ravi. Le Vouvray leur plaît évidemment aussi. On évoque avec Luc la Goutte d'Or 1990 de Foreau. Apparemment, il avait hésité à en ouvrir une bouteille. Pas grave, je connais cette merveille de Philippe Foreau, quoique ce Mont 1990 ne soit pas (et de loin) au niveau de la Goutte d'Or du même millésime.

Sur un assortiment de charcuteries, comprenant celles préparées par Luc (des saucissons et des rillettes de sanglier délicieux) et des pâtés en croûte "Richelieu" de mon boucher/traiteur, nous ouvrons le bal rouge par un Grands-Echezeaux 1998 de sa propre mise : bouchon long de belle facture. Nez sur la croûte de fromage, mais qui s'estompe. Peu disert. Robe rubis, de concentration moyenne. Le vin tient en bouche grâce à une structure alcool/tannins/acide encore solide, mais le vin tombe en finale et aurait dû être bu il y a quelques paires d'années.

On passe à mes deux apports : j'ai prévu justement un pinot noir bourguignon de facture classique, que j'espère très bon et s'avère un peu décevant... Le Nuits Saint-Georges les Cailles 2002 du domaine Bouchard & Fils avait un nez très fruité et très appétant à l'ouverture. 2h plus tard et servi dans un verre peu adapté, la finesse du vin nous échappe. Mais c'est plus la finale aux abonnés absents qui m'agace et me déçoit. L'ensemble est correct mais je me dis qu'avec un autre verre, ce serait déjà mieux, il me semble.

Ah la Bourgogne ! Quelle mystérieuse et capricieuse région. Le pinot noir en est son parangon : inoubliable quand il est grand, traître, fourbe et nous rendant inconsolables quand il est médiocre. On évoque la Tâche et autres grandeurs et on évoque Volnay. Luc me parle avec joie de ses souvenirs avec Hubert de Montille. Mais il ne connaît pas les vins de JP Charlot ! Zou, direction ma cave champêtre et en moins de temps qu'il ne faut pour se remettre d'un pinot raté, j'ouvre (un peu froid) un Volnay Caillerets 2010 du domaine Voillot : le nez est peu disert. Par contre, c'est du taffetas en bouche et la finale ouvre un œil et enfin, je retrouve un début de beauté qui fait tout le prix des beaux pinots noirs. Mes autres 2010 attendront sagement. J'avais pas osé ouvrir un 2008, car Luc aime plutôt les pinots "concentrés" (notamment en couleur).

Sur la fin de charcuterie et le fromage, on passe à d'autres rouges, dont un de mes apports : le Chinon Coteau de Noiré 2012 de Philippe Alliet met toute la tablée d'accord. Qu'est-ce que c'est bon, vigoureux, tout est en place et c'est encore trop fougueux, les tannins puissants, quoique soyeux, quel plaisir !

Notre hôte voulait nous faire goûter à un domaine dont il connaissait bien le propriétaire, par amis interposés. Le Saint Estèphe 1997 du domaine Phélan-Ségur est plutôt une jolie surprise, car il se tient bien en face du Chinon, qui, certes, possède plus de tout, mais le cru médocain est à son apogée, de longueur moyenne, mais confortable et on ne s'ennuie pas avec lui.

Luc nous quitte, il se fait tard, sans oublier de nous combler avec quelques jolies histoires autour de rencontres de beaux personnages, passionnés de vin mais pas seulement.
Même si nos hôtes se demandaient parfois comment on pouvait savoir autant de choses et aller aussi loin dans notre conversation (ah nos souvenirs des vins de Lamé-Delisle-Boucard, en particulier des 69 et 76 me concernant, mais Luc a connu beaucoup plus âgé et a fréquenté beaucoup de grands personnages de la Loire), je crois qu'ils ont vraiment passé un bon moment, car la passion emporte tout.
Dommage, je n'ai pas pu leur faire découvrir un liquoreux de Philippe Delesvaux, mais j'espère revoir Luc dans les années à venir, car ce n'est pas tous les jours qu'on peut partager sa passion pour le vin avec un tel connaisseur.

Quelle chance de connaître ce couple d'amis, devenu une seconde famille, dont l'amour transcende tout, au delà du temps. Que la vie vous permette d'en jouir encore de longues années 
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28 Mai 2023 11:11 #1

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