Voici quelques jours l'ami Raphael (Totolouga) débarque à maison, faisant étape avec sa compagne avant de descendre plus au sud en Bourgogne. Petit repas (ratatouille et magnifiques côtes de bœuf, fromages et dessert léger). Je mets deux blancs au frais et Raph se propose d'apporter un rouge solide pour faire face à la viande. A l'arrivée de nos invités je demande à Raphael si il veut d'abord goûter à un vin qu'il connait ou plutôt une nouveauté pour lui. Il se montre aventurier! On y va
VDF Possonniere 2020 Isabelle et Stéphane Bernaudeau
On débute par ce chenin de haute volée, une rareté de ce magnifique vigneron et qui sera une belle claque. Robe brillante, nez d'une magnifique pureté une fois la très légère réduction passée (un carafe eut été bénéfique) et la bouche comme très souvent emporte l'adhésion de toute la tablée avec une énergie et une mâche impressionnante. Excepté 2018 (surtout pour la cuvée Les Onglés) les millésimes se suivent et ne déçoivent pas. Une aromatique sur les fruits exotiques, le jasmin, l'iode...C'est changeant sans cesse. Dans quelques années on atteindra des sommets, j'en prends déjà les paris. Cette cuvée est rare car habituellement elle est assemblée dans la cuvée Les Coqueries. On grignote quelques petites bricoles en attendant la partie sérieuse du repas qui sent déjà bien bon, la viande grillant sur la plancha.
Château Mouton Rothschild 2014
Le vin a bénéficié de plus d'une heure de carafe avant d'être versé dans nos verres
La robe est sombre impénétrable. Je pensais à un vin au boisé envahissant, franchement ce n'est pas le cas (j'ai eu récemment l'occasion de boire des Bourgogne bien davantage marqués par le bois, il faut dire qu'ils étaient nettement sous avinés en comparaison). La bouche fait preuve aussi d'une densité incroyable. C'est évidemment bien jeune mais pas du tout imbuvable. En revanche ce genre de vin ne me procure pas d'émotion à la mesure des prix demandés (ça va être malheureusement de plus en plus le cas avec ces étiquettes Bordo-bourguignonnes ). C'est bon, pas bouleversant et je ne ferai aucun effort pour m'en procurer même si je suis vraiment content d'en avoir bu une nouvelle fois.
La compagne de Raph aimant la syrah je descends déboucher:
Cornas 2016 Les Chaillots Franck Balthazar
Ici également le bois n'est pas perceptible, la matière est plus délié, la gourmandise plus immédiate et plus évidente, une syrah qui sent la violette avec délicatesse ça ne se refuse pas! Ceux qui pensent que Cornas fait des vins rustiques en seront pour leurs frais. C'est fin élégant et délicieux et fait oublier le Bordeaux sans grand' peine!! Et le vin saura se garder encore de nombreuses années et évoluer vers des arômes plus typés sur le lard grillé. Petit détail sans importance, pour le prix d'une bouteille de Mouton on doit pourvoir se procurer une caisse de Cornas
Sur le plateau de fromages je sors l'autre blanc qui était au frais
Meursault 2006 Domaine Coche Dury
On finit donc sur un blanc de Bourgogne de ce domaine emblématique. Le millésime décrié à sa sortie pour son aspect marqué par la surmaturité est imperceptible ou presque et chez JF Coche il y a toujours cette niaque roborative. La robe est d'un beau doré, les aromes sont comme à l'accoutumé des vins de JF Coche sur une présence nette de grillé, de citron vert et un peu de beurre (notes d'élevage assez classiques à mon sens). C'est incontestablement bon de mon point de vue mais il manque un naturel d'expression (qui était éclatant dans le chenin) et l'éclat général du premier vin de la soirée. Dommage!!