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Dégustation du VDP Mosel à Trèves - 14 Septembre 2023

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Dégustation du Grosser Ring - Trier - 14 Septembre 2023 
La Grosser Ring qui est le chapitre du VDP dans la Moselle organisait une grande dégustation la veille des enchères. A déguster se trouvaient une sélection de la gamme de l’année, les cuvées des enchères ainsi que des vieux millésimes en 3, afin de pouvoir goûter des vins avec plus de maturité. C'était une première pour moi. 55€, coût plusieurs fois amorti par toutes les bouteilles des enchères et autres raretés présentées. La plupart des domaines ayant une dizaine de vins, ce premier message commentera uniquement la gamme régulière ainsi que les "Dekadensprünge ("saut décennal" => vins matures par échelle de 10 ans), les enchères bénéficieront d'un message spécifique. 
 
Comme propos liminaire, un petit rappel quant au contenu du message : c'est une opinion personnelle avec mes biais et avec certainement un manque de perspective temporelle expliquée par la jeunesse de mon intérêt pour le vin. Toutefois, par ma participation à ces enchères, il est possible de considérer que c'était la fin des prolégomènes en riesling allemand et que les fondations sont posées pour créer dorénavant une perspective nourrie par le temps et l'expérience.

J’ai fait le choix de mentionner tous les producteurs présents, même ceux chez lesquels je n’ai pu passer. Il y a aura tout de même une petite contextualisation  et ça laissera une trace écrite pour chacun d'eux.
 
Evidemment, si certains propos paraissaient péremptoires, ce sera plus l'expression d'un enthousiasme sincère ou d'une incompréhension/ déception surprenante que le pavanement d'une quelconque autorité. 
 
Glossaire des abréviations : 
 
Pyramide de gamme du VDP : 
 
GL : Grosse Lage => vins issus de parcelles classées grand cru. Sommet de gamme. 
EL : Erste Lage => vins issus de parcelles classées premier cru 
Orts : Ortswein => équivalent village bourguignon. 
Gu : Gutswein => équivalent au régional bourguignon, entrée de gamme avec les raisins du domaine. 
 
GG : grand vin sec issu d'une GL 
EG : grand vin sec issu d'une EL 
 
T (Trocken) : désigne des vins sec 
FEI (Feinherb) : désigne des vins avec du SR notable (plus de 9 g/L) mais pas au point de venir à l'avant-plan sur le plan gustatif. Généralement 10 à 25 g/L de SR 
 
Pour rappel, chez le VDP, le Prädikat ne s'applique qu'aux vins à SR et peut s'associer à tous niveaux de la pyramide supra (par défaut, les Prädikat sont niveau GL) : 
 
TBA (Trockenbeerenauslese) : niveau de sucre le plus élevé, a minima 150° Oechsle (plus que les Sauternes concentrées par analogie) 
BA (Beerenauslese) : a minima 125° Oechsle, ce qui est un peu plus élevé que le seuil des SGN en Alsace. Vin liquoreux 
- Eiswein : vin de niveau BA mais dont les raisins ont été vendangés et pressés après une durée minimale à des températures inférieures à - 8°C 
Auslese : 3 ème niveau de sucre, donne des vins présentant généralement entre 60 et 120g de SR. 
Späti : (Spätlese) => 2 ème niveau de sucre, donne des vins présentant généralement entre 50 à 85g de SR. 
Kabi : (Kabinett) => 1 er niveau de sucre, donne des vins présentant généralement entre 40 et 65g de SR.  
 
GK (Goldkapsel) : capsule dorée, souvent utilisé par les producteurs pour signifier la qualité spéciale d'un lot. S'applique à tout niveau du Prädikat, pas utilisé en T. 
DK (Dekadensprünge) : bouteilles matures 
 
Domaines : 
 
FGZ (Fortmeister-Geltz-Ziliken) 
EM (Egon Müller) 
JJ (Joh.Jos Prüm) 
WS (Willi Schäfer) 
PL (Peter Lauer) 
FH (Fritz Haag) 
SL (Schloss Lieser) 
VV (Van Volxem) MG (Maximin Grünhaus) 
Thanisch VDP (à ne pas confondre avec Thanisch-Burggraf). 
 
Terroirs 
 
WSH (Wehlener-Sonnenuhr) 
BSH (Brauneberger Juffer-Sonnenuhr) 
ZSH (Zeltinger Sonneuhur) 
GH (Graacher Himmelreich) GD (Graacher Domprobst 
ÜW (Ürziger Würzgarten) 
Prälat (Erdener Prälat) 
Scharz (Scharzhofberger) 
Bock (Ockfener Bockstein) 
GT (Piesporter Goldtröpfchen) 
Doctor (Berncasteler Doctor) SRa (Saarburger Rausch) 
 
Les principaux enseignements de cet événement pour moi était les suivants : 
 
- Les Gu de Mittelmosel en 2022 sont décharnés et "raides", les VDP.Gutswein de Saare étaient nettement plus équilibrés avec des SR salvateurs. 
- En Mosel, le Prädikat me plaît nettement plus (Kabi & Spät) que le trocken. 
- Les différentes parcelles se distinguaient très bien chez la plupart des producteurs, indépendamment de leurs styles et talents. 
- Moi qui aime être taquin et dissident ne peux que m'incliner devant Joh. Jos Prüm & Egon Müller qui sont deux producteurs à part, ainsi que Maximim Grünhaus. Au-dessus ? Là n'est pas la question et je développerai lors de leur paragraphe conjoint. (N°12
- Les bouteilles avec de l'âge donnent des prestations très différentes des mêmes en jeunesse. 
- Les fortes acidités attaquent ardemment les dents et il est important de prévoir un RDV chez le dentiste la semaine suivante. 
- Les difficultés avec les crachoirs, la générosité des vignerons et la quantité astronomique de vins proposés font que j'ai un peu explosé en vol et n'ai pu faire beaucoup de stands. 
 
1 A.J Adams, Neumagen-Dhron 
Membre du VDP depuis 2017 que la critique apprécie beaucoup. Basé à Neumagen-Dhron comme le spécialiste de Pinot Noir Daniel Twadorski. Son porte-flambeau est le Drohner Hofberg. Présent sur mesvendanges.com 
 
9 vins présentés avec 2 vins d'entrée de gamme (Gu & Orts sec, 3 GG, 1 FEI(environ 11g/L), 2 Prädikats (Kabi & Späti). Le vin mature était le FEI en 2013.  
 

J'ai trouvé que tous les vins avaient une patte : un amers de réglisse/ (ou de fleur de badiane ?) sucré en finale. Belle pureté dans l'ensemble de la gamme, même si le Gu était vraiment raide et strident. Les 3 GG ont besoin de temps mais laissent déjà percevoir leurs différences dans l'aromatique.  Ma préférence dans la gamme va au GT Kabi, expressif & fruité (au contraire de sa version des enchères). 
 
La comparaison des FEI a tourné à l'avantage du 2022 qui m'a semblé plus équilibré que le 2013, celui-ci m'a fait penser à un réglisse glissé dans une gousse de vanille, cela permet de mesurer le chemin parcouru par Andreas Adams. 
 
2 Clemens Busch, Pünderich 
Le spécialiste de la biodynamie en Terrassenmosel, fortement associé aux vignobles de Pünderich. Plutôt perçu comme un spécialiste de vins secs. Présent sur la Route des Blancs ou chez Macéo à Paris. 
 
10 vins présentés (8 en 2022, 2 matures). Pas de Gu mais 2 Orts, 1 EG (2ème année des EG en Mosel), 2 GG, 1 GGR (1 an supplémentaire d'élevage sur lies avant mise en bouteille), 1 Kabinett et 1 Spätlese GK. Les vin matures sont une comparaison du Marienburg Fahrlay GG versus Auslese. 
 

Les Orts isolent les ardoises grises (Grauen) et les ardoises rouges (Roten). J'ai trouvé les bouches quasi-identiques mais les nez très différents, le gris ayant plus de réserve et une impression de silex frotté devant le fruit. Apparemment, le Grauen a été embouteillé 6 semaines après. 
 
Le 1G présentait une matière fuselée et minérale, belle introduction au style de vin austère et radicaus que sont les GG d'ardoises. La 1ère GG - Marienburg simple - est corsétée mais d'une intensité supérieure. Marienburg Rothenpfad GG a un nez plus complexe et un fruit un peu plus présent. Enfin, Fahrlay GGR 2020 a une texture plus épaisse, qui se mâche sans tomber dans la lourdeur ni occultant la formidable énergie du coin. 
 
Les Prädikat avaient une robe particulièrement verte, ont eu ma préférence dans la gamme en général, et pour le Späti en particulier avec un super kick en milieu de bouche bien équilibrée par le sucre et la matière. 
 
Pour les DK, ma préférence est encore allé à l'Auslese par rapport à la GG, plus long et de corps en bouche avec de la gourmandise. 
 
3 Weingut Gran-Fassian, Leiwen 
Un joli domaine, estimé par les locaux mais avec un notoriété au second plan. La propriétaire est chaleureuse et très agréable (j'ai un peu bavardé avec elle au stand de FGZ) 
 
6 T (1 Gu, 1 Orts, 4 GG) et 2 Prädikat (1 Kabi, 1 Auslese sur l'Apotheke). En DK, une Auslese GK 2013 de l'Apotheke. 
 
Par manque de temps (ce fut parmi les dernières bouteilles du salon), je n'ai goûté que la DK, très jolie longueur avec un botrytis un peu sirupeux. Gros vin de dessert. 
 
4 Fritz Haag, Brauneberg 
Un très grand nom, identifié au BSH. Le point fort historique est l'exubérance fruitée de ses Prädikats. A ajouter pas mal de GG depuis quelques années. A eu cette années de grands éloges, pour ne pas changer pour ses Prädikats. Présent lui aussi sur la route des Blancs. 
 
9 vins ( 8 en 2022 => 1 Gu, 1 EG, 3 GG, 1 Juffer Kabi, 1 BSH Späti, 1 BSH Auslese GK) .1 DK BSH Spätlese 2013 

 
Je ne rejoins pas tout à fait le bandwagon, ayant trouvé le Gu vraiment abrupte. Le 1G (anciennement "J" et top RQP) a présenté un peu plus de confort mais 2019 est meilleur. Juffer GG était bien corseté avec une belle impression d'ardoise, encore assez raide pour mon palais. Paulinshofberg GG, mieux exposé avait un peu plus de confort. BSH GG ne présentait plus ces raides amers et transmettait bien sa patte (une certaine rondeur que j'interprète comme du kiwi mûr et de la réglisse) qui est évidente dans les horizontales de FH. 
 
Les Prädikats sont délicieux, toujours dans le style que les anglais qualifieront de "indulgent". 
 
Le DK avait un miel safrané dominant la finale avec toujours un bon coup de pied aux fesses sans être décharné en matière. 
 
5 Weingut Haart (Reinhold), Piesport 
Des Haart à Piesport, il y en a autant que des Lurtons à Bordeaux. Je ne sais pas exactement s'ils ont toujours des liens du sang mais c'est une référence presque trop fondue dans le paysage quelque part. C'est ce qui arrive au Haart VDP. A contrario, un autre Haart - Julian - est confrontée à une frénésie de la demande pour ses vins. Piesport a la chance de bénéficier d'une vue sublime sur le GT, énorme amphithéâtre à 270° à cause d'un méandre de la rivière classé en grand cru. Macéo à Paris en a au comptoir (et les adore). Plutôt un spécialiste de Prädikat. 
 
11 vins présentés (8 en 2022 - 1 Orts,  3 GG, 2 Kabi, 1 Späti, 1 Auslese), les 3 DK étaient 1 GG 2013, 1 Späti 2013 et 1 Auslese 2013. 
 
Par manque de temps (et pour contrôler mon état), je n'ai goûté que le DK Auslese GT, que j'ai trouvé superbe et serein avec beaucoup de fruits. J'ai également pu goûter la GG 2022 Kreuzwingert  qui est une parcelle très pentue, haut en altitude au-dessus du GT, d'une fascinante austérité minérale et d'herbe aromatiques qui m'a bien plu. 
 
6 Weingut Willi Haag, Brauneberg Des Haag à Brauneberg, c’est comme les Haart à Piesport. De même c’est un producteur qui est un peu passé sous les radars même si j’ai un bon souvenir d’une Eiswein 1993 trouvée sur IDW pour 20€ il y a deux ans. 
8 vins en 2022 (2 Gu en T, 1 Gu en FEI, 1 Orts Späti, 1 Kabi GL, 1 Kabi FEI GL, 1 Späti GL & 1 Auslese GL). En DK, BSH Auslese 2003. 

Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de passer. 

7 Weingut Heymann-Löwenstein, Winningen 
L’un des grands noms de la Terrassenmosel, et qui vient d’achever la transmission à la nouvelle génération (Sarah). C’est Reinhard qui a fait la dégustation, personnage très sympathique à l’œil rieur. Spécialiste de sec. 
8 vins en 2022 (2 1G, 5 GG), 2 DK (2013 Gu en T, 2013 BA du Roth Lay). 

Si je suis le plus souvent circonspect vis-à-vis des vins secs de Moselle, et peu amateur de longs élevages sur lies (trop de lourdeur au vin), l’équilibre matière/acidité/amers était au poil pour toute la collection à mon goût. Tous les terroirs présentaient de légères nuances et ma préférence est allé au Stolzenberg, plus austère ainsi que Roth Lay très expressif. La BA 2013 avait digéré une grande partie de ses sucres et avait une belle pression de caillou sur le palais durant une importantissime longueur. La Gu 2013 était parfaitement en place et loin de la fin, c’était le but de l’apport dixit Reinhard. 

8 Weingut Knebel, Winningen 
L’autre producteur VDP de Winningen, en phase ascendante d’après la critique. 
6 vins en 2022 (1 Gu, 1 Orts, 2 GG, 1 Kabi & 1 Späti). Pas de DK 

Malheureusement pas eu le temps de passer. 

9 Weingut Schloss Lieser, Lieser 

L’une des références du secteur qui enjambe les deux rives de la tradition et de la modernité. Thomas Haag est l’aîné de Wilhem Haag (qui a hissé FH au sommet) et s’est lancé dans la réhabilitation de cette propriété plutôt que d’attendre la succession comme un fruit mûr. C’est un domaine au style plutôt riche, à la gamme très étendue et dont la superficie grandit régulièrement.

5 vins en 2022 (1 Gu T, 1 Orts T, 2 GG et une GL FEI). 2 DK (BSH Späti 2013, Helden Auslese GK 2003).

Beaucoup de monde devant le stand et malheureusement sacrifié.  

10 Weingut DR. Loosen, Bernkastel-Kues 
Un très vaste domaine qui a été absolument glorieux dans les années 2000, et dont la fièvre est un peu retombée. Très grande superficie sous gestion, et s’il est présent à tout niveau de gamme, le prestige est maintenant accordé à d’autres producteur. Sur ce segment, il produit toujours d’excellentes cuvées sur le Prälat néanmoins. 
6 vins en 2022 (1 Gu, 1 Orts, 2 GG, 1 GL avec 3 ans de cave, 1 Kabi sur le WSH). 

Du monde à nouveau et sacrifié.  

11 Weingut Joself Milz, Trittenheim 
Le domaine le plus discret du VDP (je ne le connaissais pas pour tout dire).

5 vins en 2022 (1 Gu, 1 Orts, 1 GG, 1 Kabi, 1 Späti). Je n’ai pas pu passer.  

12 Weingut Joh. Jos Prüm, Bernkastel-Wehlen & 24 Weingüt Egon Müller, Wiltingen 
Situés en face-à-face à l’exacte opposé de la salle, ces deux domaines mythiques partagent autant de points communs qu’il y a de contrastes factuels. D’un côté, ces deux-là ne produisent que des vins à SR et sont dynastiques. De l’autre, JJ est en Mittelmosel sur 4 crus plutôt peu friand de botrytis tandis qu’EM est en Sarre uniquement sur le Scharzhofberg et le roi du botrytis. Il m’a été expliqué que le domaine (JJ) avait beaucoup de succès en CHR depuis que Vins du Monde est leur agent. Et c’est vrai qu’il est présent dans la liste de beaucoup de beaux restaurants à Paris maintenant.

JJ a apporté ses Kabi & Späti sur son porte-flambeau (WSH) et son grand cru bis (GH). En DK, c’est un WSH Auslese GK 2003. 

EM a apporté son Gu, et ses prädikat jusqu’à l’Auslese du Scharzhofberg. En DK, la Scharhofberger Auslese 2003.   

J’ai été particulièrement convaincu par les JJ qui étaient indéniablement différents dans les caractères certes mais surtout par la vinification : en effet, le sucre était déjà quasiment totalement intégré et les vins goûtaient secs mais sans raideur ou amertume ni le côté écœurant des longs élevages sur lies. Longueur kilométrique etc... 

Pourtant les nez n’étaient pas expressifs ! Mais j’ai été subjugué par la classe des vins. Le GH est accessible, donne l’impression d’un torrent d’eau limpide et du fruit mûr. Le WSH est d’une élégance pleine de quant-à-soi mais qui est accessible si l’on veut se donner la peine de passer outre ses projections. Comme les gens qui ont la classe, qui sont sympas, que l’on veut détester, qui finalement te rallie mais qu’on préfère in fine ne plus voir parce qu’on est in petto mal à l’aise de notre jalousie. 

Bref, de toute façon, le WSH de JJ est réputé immortel et le 2003 Auslese GK était toujours d’une sémillante jeunesse avec un fil de miel d’une très grande longueur en soutien de cette élégance.  

EM m’a donné une claque avec son Auslese 2003 : la puissance du botrytis où l’amertume du zeste d’orange, le safran, la douceur du miel, le corsetage fuselé du terroir fusionnent et étirent le jus remué par une acidité nucléaire. C’est effectivement du jamais bu jusque-là pour moi et incroyable. Ses bas Prädikats sont des coureurs de fonds qui présentent beaucoup de potentiel mais qui ne permettent pas d’augurer de la magie du terroir et du talent d’EM pour le botrytis.

Toujours est-il que j’ai trouvé les vins de ces deux producteurs d’une qualité singulière, et permettent de sortir du paradigme habituel. C’est dans une certaine mesure l’expérience du luxe. En outre, JJ a du volume et les prix sont accessibles : c’est une rare occurrence de luxe démocratique et ça rentre haut dans le potlach (encore faut-il être initié).  

13 Weingut S.A Prüm, Bernkastel-Wehlen 
Des Prüm à Wehlen, c’est comme les Haag à Brauneberg. Même phénomène que pour les autres : solide mais dans l’ombre. 

5 vins en 2022 (1 Gu, 1 Orts, 1 WSH Kabi, 1 WSH Späti, 1 Bernkasteler Lay Auslese). En DK, WSH GG 2013.

Malheureusement pas en état de faire plus de stands, sacrifié. 

14 Weingut Willi Schaefer, Graach 
Petit producteur de 4 hectares, toujours tenu en très haute estime par la profession mais qui est en passe de basculer dans une autre dimension depuis l’année dernière. Son tri impitoyable explique de très faibles quantités et les bouteilles sont presque introuvables maintenant. C’est un spécialiste du GD. 
3 vins en 2002 (1 Orstwein, GH Kabi, GD Kabinett #03). En DK : 2013 GD Auslese.

Tous les vins étaient d’une pureté superbe. Le Orts, bien qu’officiellement trocken avait 5g de GD et un tri impitoyable pour éviter ces amers rêches présents ailleurs. Le GH Kabinett comparé à celui de JJ présentait une différence de style, une accessibilité et une brillance nettement supérieure, un pur délice. Le GD avait également cette qualité d’eau de roche avec une race plus fuselée et étirée.

Là aussi, un producteur aux prix accessibles qui se place très haut dans le potlach également.  

15 Weingut Wwe. Dr. H. Thanisch, Erben Thanisch, Bernkastel-Kues 
L’une des références historiques du VDP, très fortement identifé au Doctor qui est la Romanée-Conti locale avec le Scharzhofberg. On peut trouver des bouteilles chez Franprix et Monoprix. 
8 vins en 2022 (1 Gu, 1 Orts, 22 GG, 1 Kabi GL FEI & normal sur le Badstube, 1 Kabi sur le Lay, 1 Spätlese sur le Doctor). En DK, le Doctor Späti des enchères 2003 (vendu en 2004). 

En raison de mon état, je n’ai goûté que le DK qui était une superbe expérience avec la complexité et la race du Doctor qui commençait à être en place (c’est un terroir réputé long à se faire en bouteille).  

16 Weingut Nik Weis-St. Urbanshof, Leiwen 
L’un des producteurs “entrepreneurs” de la région à la superficie en constante expansion et présent dans toutes les divisions de la régions (en Sarre et en Ruwer). D’expérience, un style accessible, des prix chrétiens et du volume, je l’ai vu assez souvent dans les cartes de vin de bars et restaurants pointus à Paris. 
8 vins en 2022 (2 Gu, 2 Orts, 2 GG, 1 Kabi en Sarre, 1 BA sur le GT). Le DK était le Auslese 2003 du Bockstein en Sarre. 

Beaucoup de monde, malheureusement sacrifié.  

17 Weingut Geheimrat J.Wegeler, Bernkastel-Kues 
Très vieux domaine originaire de la Rheingau où il est toujours présent. Sa transaction pour acquérir des parts du Doctor sous le IIème Reich avait représenté une valeur absolument hors-norme (de l’ordre de l’équivalent de plusieurs dizaines de millions d’euros l’hectare) dixit Mosel Fine Wine. Le domaine possède d’énormes caves et est coutumier des mises sur le marché décalées (se comptant parfois en dizaine d’années). 

8 vins présentés en 2022 (1 Gu, 2 Orts, 2 GG, 2 Kabi & le Doctor Späti). Le DK était un Doctor Auslese 2003. 

Vu mon état, je me suis contenté du Doctor 2003 pour une magnifique expérience de riesling concentré, long en bouche avec une impression d’ardoise saisissante sur le palais.  

18 Weingut Karthäuserhof, Trier-Eitelsbach (Ruwer) 
Sous la férule de Christopher Tyrell, le domaine s’était hissé au sommet de la production. Puis l’histoire a été nettement plus tourmentée et inconstante. La critique semble s’accorder que depuis quelque années le domaine remonte la pente. Une caractéristique : la charte graphique ainsi que la forme de la bouteille du domaine, pas cintrée. 
5 vins en 2022 (1 Gu, 1 Orts, 1 Kabi, 1 Spätlese, 1 GG). En DK : Auslese 2003 du Karthäuserhofberg qui est le monopole du domaine et l’un des plus grands terroirs de la Ruwer. 

Malheureusement, beaucoup de queue, peu de temps et sacrifié.  

19 Maximin Grünhaus Weingut der Familie von Schubert, Mertesdorf (Ruwer) 
Situé orthogonalement à JJ et EM dans la salle, ce producteur historique est unanimement reconnu et admiré pour la qualité de sa production qui le place en porte-flambeau de la Ruwer. Après une transition prudemment menée à cheval des 2010’s, la critique estime que la propriété est dans une excellente phase. Carl von Schubert est d’ailleurs actuellement le président du VDP. 

Le domaine a la caractéristique d’être un monopole d’un seul tenant divisé en 3 parcelles GL. Leurs noms font référence à l’univers monacal, avec la hiérarchie des terroirs reflétant la hiérachie des moines. Ainsi donc, l’Absterg (Abbé) produit les tout meilleurs vins du domaine, l’Herrenberg s’adresse aux frères supérieurs tandis que le Bruderberg est pour les moines. 

8 vins en 2022 (1 Gu, 1 EG, 3 GG, 1 GL FEI, Absterg Kabi & Späti). Les DK étaient un Herrenberg Späti 2013, et un Absterg Auslese 2003. 

J'ai trouvé tous les vins très réussis dès le Gu, bien équilibré. La EG avait un RQP phénoménal. Le caractère spécifique de l’Absterg (une pointe de cassis chapeautant l’ensemble) ressortait bien, le tout avec une élégance superlative que l’énergie du vin parvenait à égaler. 

Ma préférence absolue est allée au GL Feinherb (Superior en nom de fantaisie) de l’Herrenberg qui goûte sec et droit mais avec du confort.  Tous les Prädikats (2022 ou DK) également magnifique.  

20 Weingut Forstmeister Geltz-Ziliken, Saarburg (Sarre) 
Un grand nom de la Sarre, fortement identifié au Rausch. Hanno Ziliken a fini de passer le relai à sa fille Dorothée et le domaine continut. Même si j’ai personnellement adoré les Kabi du Rausch bues, mes discussions avec les gens présents m’ont indiqué que Dorothée - absolument charmante au demeurant – doit encore faire ses preuves, une réserve récurrente concernant la richesse des vins. 

8 vins en 2022 (2 Gu, 3 Orts, 1 GG, 1 GL FEI, 1 Rausch Kabinett). En DK, la Rausch Auslese#6-04 2003. 

Tous les vins du domaine ont effectivement un peu de SR afin d’améliorer les équilibres gustatifs. Ainsi toute la gamme T a environ 6-7 g/SR, et ça ne se sent pas en bouche pour l’aromatique mais ça aide bien à la sapidité. J’ai préféré la Diabas (GG en Feinherb, 12 g de SR au lieu de 6) à la GG personnellement. 

La DK était très jolie avec une expérience plus proche du Berg Schlossberg Spätlese Trocken AR 2003 de Leitz bue en juin où le vin présente une sorte de fusion d’arômes fondus qui active le circuit de récompense mais où on ne distingue plus la complexité. 

C’est une gamme que j’ai bien aimé dans l’ensemble.  

21 Weingut von Hövel, Konz-Oberemmel (Sarre) 
Un autre domaine historique de la Sarre dont la notoriété s’est édulcorée à l’internationale. Son porte-flambeau est le Hütte en Sarre, même s’il a du Scharzhofberg (d’après Lars Carlberg, en réalité une pièce de l’ancien Scharzberg inclut dans le Scharzhofberg lors du remembrement de la funeste loi de 1971, niveau 1er cru d’après les anciens).Prix parmi les plus accessibles du VDP.

8 vins en 2022 (1 Gu, 2 Orts, 1 GG, et le Scharzhofberg en FEI, Kabi & Späti+ une “réserve”). En DK, 1 Hütte Kabi 2013, 1 Hütte Auslese LGK 2003. 

Malheureusement, pas eu le temps de passer.  

22 Weingut Reichsgraf von Kesselstatt, Morscheid 
Je vous renvoie à l’eulogie de Annegret Reh-Gartner décédée en 2016 pour en apprendre plus sur le domaine. 

8 vins en 2002 (2 Gutswein, 2 Orts, 2 GG, 1 Kabi feinherb, 1 Spätlese). En DK, 1 GT Auslese GK#05 2013 puis 2003 

Malheureusement, pas eu le temps de passer.  

23 Weingut Peter Lauer, Ayl/Saar 
Formé à Montpellier, Peter Lauer se focalise sur les vins secs en Sarre, il y a aussi une très grande expertise pour les crémants au temps de repos sur latte records (plus de 37 ans pour les Grande Réserve 1984!). Entré dans le VDP depuis 10 ans, c’est un enfant chéri de la communauté parce ce qu’il fait est délicieux. Et c'est une grande chance que les prix soient si accessibles. 

8 vins en 2022 (1 EG, 2 GG, 3 GL FEI, 1 Kabi & 1 Späti).

Tous les vins sont particuliers et présentent leurs nuances, notamment sur le déroulé des amers avec un équilibre approprié qui les rend dynamiques et avenants. Feils GG qui est sur sol de graves en surplomb de la Sarre était similaire à la 2020 bue au moins de juin, Schonfels était nettement plus pointu, une vraie épée de roche.  

Neuenberg GL est un Feinherb à 35 g/L et c’est tellement bon que l’on ne l’imagine pas autrement. Il y a un coup de cœur pour le Spätlese du Lambertskirch (son néo-terroir comme le Geisberg chez VV, Costa Blanca chez Grussaute ou Tarra di Sognu pour Canarelli) qui associe explosion de fruit à l’attaque puis trame acidité/minéralité de géniale facture. 

Les discussions informelles s’accordaient bien sur la qualité de ces vins et pour une fois, je suis ravi de faire partie de la parade.  

24 Weingut Egon Müller zu Scharzhof, Wiltingen 
Cf N°12. A noter qu’EM a une autre GL, le Braune Kupp en monopole sous le nom de domaine “Le Gallais”. Il n’avait pas apporté de vins cette année, ni non plus aux enchères.  

25 Weingut Von Othegraven, Kanzem/Saar 
Domaine classique de la Sarre dont la particularité est d’appartenir au Michel Drucker allemand (Günther Jauch). Plutôt sur la pente ascendante d’après mes conversations informelles. Son cru vedette est le Kanzemer Altenberg. 
4 vins en 2022 (1 Gu, 2 Kabi et 1 Späti). En DK, une Auslese GK de l’Altenberg 2003.

Goûté rapidement la gamme vers la fin en n’étant pas très net, j’ai préféré le Späti de l’Altenberg qui donne un bon coup de pied aux fesses à mi-parcours après une attaque sucrée. La 2003 était à point ; longue, sucrée et élégante.  

26 Weingut Piedmont, Konz-Filzen (Sarre) 
Un producteur méconnu de Sarre nord. Bonsai-Vinothek décrit le producteur comme l’un des tout meilleurs RQP en riesling et pinot blancs de la région, notamment pour les Kabi. 

5 vins en 2002. 1 Pinot blanc en Gu, 1 riesling Gu, 1 Orts Kabi, et le Pulchen en Kabi & Späti. 

Pas eu le temps de goûter.  

27 Weingut Schloss Saarstein, Serrig (Sarre) 
Un monopole, comme peuvent l’être Maximin Grünhaus ou Schloss Johannisberg en Rheingau. Un grand classique peu exporté et donc confidentiel pour un Français. 

8 vins en 2022 (1 Gu, 4 Orts, 1 Kabi, 1 Späti, 1 Auslese). Le DK est un 2003 BA. 

Malheureusement pas pu le faire non plus.  

28 Stiftungsweingut Vereinigte Hospitien, Trier 
L’église a encore énormément de biens et de vignes et a délégué la gestion du vin a des pro. Qualité solide mais qui n’a pas tenu la distance sur le long terme (la position relative du domaine était bien meilleure il y a 50 ans).
8 vins en 2022 (1 Pinot Gris en GU, 2 Orts, 2 GG, 1 Kabi & Auslese GK sur le GT, ainsi qu’un Späti sur le Scharzhofberg) 

Pas pu passer non plus.  

29 Weingut Van Volxem, Wiltingen (Sarre) Un domaine clivant avec un énorme énergie marketing et destinée à l’export. De style “entrepreneur” et avec d’énorme moyens (à la hauteur de la stature du personnage – imaginez un Charles Ollivon avec deux fois plus de muscle dans les vergues et un catogan), Roman Niewodniczanski,  a constamment agrandi sa surface sous gestion et vise plutôt le segment des vins secs, à tout niveau de gamme.  
Les investissements dans l’œnotourisme, le chais (notamment des fûts Stockinger issus des propres forêts du propriétaire) ainsi que la rénovation du Geisberg à Ockfen sont quelques-uns des projets menés depuis 10 ans. 

8 vins présentés de 2022 (2 Gu, 1 Orts, 3 GG, 1 Bock Kabi & 1 Geisberg Kabi).  

J’ai trouvé les vins bien équilibrés dès le Saar Riesling, cristallin sans raideur ni accroche. Le Wiltinger présente un peu plus de gourmandise (la coupole cristalline commence à se remplir de fruits frais). Chez les GG, la coupole s’épaissit tout en étant transparente et pour le moment est au-devant du fruit. Du potentiel mais à attendre un peu. 

La comparaison du Bock et du Geisberg est intéressante. En effet, ce sont deux parcelles presques contigües, le Geisberg se situant légèrement en amont et exposé un peu plus à l’est.  Le Kabi Geisberg notamment présente un marqueur de gingembre confit assez net.  

30 Weingut Dr. Wagner, Saarburg (Sarre) 
Un autre grand classique de Sarre, mais qui semble peu exporté. 

8 vins en 2022 (2 Gu, 1 Orts, 1 GG, 1 EG Kabi, 1 Kupp Kabi FEI, 1 WRa Späti, 1 Bock Kabi). Pas pu goûter par manque de lucidité, dommage. 

Merci de m'avoir lu.

Sven. Curieux de tout, prédilection pour les vins blancs légers et européens.
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17 Sep 2023 16:29 #1

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Réponse de David Chapot sur le sujet Dégustation du VDP Mosel à Trèves - 14 Septembre 2023

Merci pour le CR. C'est toujours un bel évènement où l'on peut goûter ce qui se fait de mieux en Moselle.
Sur les vins d'Egon Müller, j'ai toujours trouvé aux vins une richesse au-delà de leur catégorie. Quant à l'acidité, c'est surtout dans les Eiswein qu'elle déchausse les gencives : quand le plaisir frôle la douleur disait le papa de l'actuel propriétaire (on passe de EM à SM :))
David Chapot.
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17 Sep 2023 18:49 #2

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Réponse de Ilroulegalet sur le sujet Dégustation du VDP Mosel à Trèves - 14 Septembre 2023

Merci pour le CR. C'est toujours un bel évènement où l'on peut goûter ce qui se fait de mieux en Moselle.
Sur les vins d'Egon Müller, j'ai toujours trouvé aux vins une richesse au-delà de leur catégorie. Quant à l'acidité, c'est surtout dans les Eiswein qu'elle déchausse les gencives : quand le plaisir frôle la douleur disait le papa de l'actuel propriétaire (on passe de EM à SM :))
David Chapot.

Merci David. Oui c'était un super événement.

Pour moi, ce n'est pas tant la richesse (qui est devenue très commune avec le réchauffement, les Kabinetts actuels étant les "trinkbar Auslesen" d'il y a 30 ans avec leurs 83-85°Oechsle) mais l'impact du botrytis qui fait office de catalyseur. Comme quand on descend de 2 clés en musique en triplant les watts. 
Ainsi, les Kabi et Späti ne se distinguaient pas particulièrement du reste le 14, en revanche l'Auslese 2022 puis le 2003 étaient d'une dimension autre (il doit certainement monter nettement plus haut en en proportion de botrytis véritable par rapport à du passerillage que les autres domaines à partir de ce prädikat). Et je commenterai la BA 2015 d'Egon Müller dégustée le 15 avant les enchères dans le post suivant qui sera nettement plus détaillé : pour info la 1/2 bouteille est partie à 3200 euros : une dinguerie évidemment.

Sven. Curieux de tout, prédilection pour les vins blancs légers et européens.
17 Sep 2023 21:50 #3

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Réponse de David Chapot sur le sujet Dégustation du VDP Mosel à Trèves - 14 Septembre 2023

Merci pour tes précisions Sven.
Ce peut effectivement être un choix dans les vins faits de n'appeler Auslese ou + que des vins très botrytisés. Typiquement, c'est (ou en tout cas c'était) le choix de Dönnhoff dont l'Auslese normale était peu botrytisée et celle des enchères l'était davantange. Je ne me rends plus sur place depuis quelque années donc ne sais pas ce qu'il en est dans le choix d'Egon.
Sur les Eisweine (dont ceux d'Egom Müller atteigne des sommets), je dois dire que j'avais préféré celui de Dönnhoff (une année où j'avais pu comparer les deux) car celui d'Egon était, cette année-là, donc avec une acidité redoutable, sans botrytis, alors que l'Oberhaüser Brücke (d'Helmut ou Cornelius) était botrytisée, et le Botrytis par ailleurs fréquent sur l'Oberhäuser Brückeharmonisait le caractère naturellement extrème des Eisweine (alles muB kilngeln chez Helmut) <-> le plaisir qui frôle la douleur chez Egon). À ce propos, Wilhelm Haag m'avait dit qu'il ne ferait jamais d'Eisweine sur la BJS car, pour lui, les Eisweine sur sa parcelle allaient être intrinsèquement "déséquilibrés/dysharmonieux/extrèmes" de par  le process - alors qu'il attachait beaucoup d'importance à l'équilibre qu'apportait sa/ses parcelles).
Pas trop gêné par le nez des JJ Prüm jeunes sinon? J'ai le souvenir qu'ils étaient assez "souffrés" jeunes?
Encore merci pour ton CR,
David Chapot. 
 
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18 Sep 2023 12:26 #4

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Réponse de Ilroulegalet sur le sujet Dégustation du VDP Mosel à Trèves - 14 Septembre 2023

Merci pour toutes ces informations David, super intéressantes.

Pas trop gêné par le nez des JJ Prüm jeunes sinon? J'ai le souvenir qu'ils étaient assez "souffrés" jeunes?

Lors du salon, le nez était bloqué et peu expressif certes mais aucune gêne quant à l'odeur. Une explication possible à cette réserve était la mise en bouteille très tardive du domaine, comme de coutume : mi-août. Du point de vue de la notation objective, le vin perdrait certainement des points. Pourtant ça n'a pas empêché mon enthousiasme.

Le "Prüm's stink" (PS) est célèbre, personnellement je ne l'ai rencontré qu'une fois sur la dizaine de bouteilles ouvertes (c'était une bouteille de Manfred). J'ai par ailleurs lu pas mal d'articles à ce sujet, et il est difficile de se faire une opinion. Par exemple, Mosel Fine Wine relève que le PS est nettement moins présent ces dernières années. De plus, Katharina Prüm a officiellement repris la cave à partir de 2007 et plusieurs reportages expliquent qu'elle a apporté des changements dans les vinifications. Ces dernières années, elle a plusieurs fois expliqué que le domaine en réalité utilisait peu de soufre et que le PS était un résidu de la fermentation spontanée, que les changements en cave avaient permis de réduire sa perception. 

Edit :  à propos du "soufre" en Moselle allemande.

Actuellement, le flambeau du PS semble avoir été passé à Schäfer-Frohlich en Nahe dont l'odeur de sponti (même explication : résidu issu de la fermentation spontanée) demande un gros carafage a minima. Mes 2 bouteilles ouvertes corroboraient cette hypothèse (une fois évacuée, ce sont effectivement des vins qui impriment une puissance minérale particulière).

Mais je reconnais que l'orthorexie quant au soufre me passe au-dessus de la tête parce que je n'ai pas l'impression de le sentir (ou alors je ne l'associe pas à ça), et il ne m'est jamais arrivé d'avoir un mal de tête "soufré" (les gueules de bois, états comateux, et mal de tête que j'ai traversé avaient toutes une explication plus simple liée à la consommation d'alcool) sauf peut-être une fois sur une grenache/syrah nature de Côte-de-Rhône.

Par ailleurs, je suis un dégustateur hédoniste, profondément incompétent et ignorant quant à l'œnologie et je me garderais bien de demander des comptes aux vignerons sur un élément qui semble être le petit bout de la lorgnette dans le processus de production de la vigne au chais puis à la mise en bouteille.

PS : en matière d'odeur pestilentielle à l'ouverture, c'est le Domaine Hauvette (il mériterait le sobriquet de "Domaine Fauvette") qui est dans mon panthéon personnel.  

Sven. Curieux de tout, prédilection pour les vins blancs légers et européens.
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18 Sep 2023 14:20 #5

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Réponse de Ilroulegalet sur le sujet VDP Mosel Versteigerung Trèves - 15 septembre 2023

Grosser Ring VDP - Enchères 2023 - Trèves  - 15 septembre 2023

Le Grosser Ring organise tous les ans une vente aux enchères de leurs meilleurs vins. Celle-ci commence à 13h et sont des “Nasse Versteigerung (enchères humide)" où on peut boire chaque lot durant le déroulé même des enchères. Néanmoins, une dégustation plus structurée a lieu à 9h avec place assises, séries déterminées par le VDP (9 cette année) et tout le support de notes nécessaire afin d’évaluer dans de bonnes conditions les lots.  
Sur la controverse vin des enchères versus vins réguliers, je vous renvoie vers ce message de WineBerserker qui fournit d’excellents éléments de compréhension. Ce même fil apporte beaucoup d’analyse du point de vue business et financier. Ce qu’il faut retenir selon moi sont les points suivants :  
  • Il y a des différences entre les cuvées des enchères et les régulières (pour les mêmes prädikats et terroirs). 
  • D’un point de vue rationnel, le premium des cuvées des enchères des stars n’est pas justifié. 
  • Les auslese souffrent d’un relatif désamour et le marché se tourne de plus en plus vers le sec et bas Prädikat. 
  • Les nouvelles stars continuent leurs acensions tandis qu’il y a une stabilité chez les stars hors EM. 
  • EM a bien transcendé sa nature de vin et est devenu une valeur refuge : le TGCEM (“Ta gueule, c’est Egon Muller”) s’applique. 
Le CR se déroulera selon les séries de la dégustation du matin, et le prix de vente des enchères sera indiqué pour chacune des cuvées. Nous pouvions redéguster tous les vins lors des enchères proprement dites. La vente a durée 4h42, ce qui fut nettement plus rapide que les années précédentes.

Nous avons 6 verres devant nous. Une chose de remarquable a lieu pour le service des vins : ce sont les propriétaires qui s’en occupent et c’est assez surprenant et incongru de voir Egon Müller, Florian Lauer, Clemens Busch ou Oliver Haag passer de table en table servir les bouteilles des collègues.  

Série 1 : Les GG 

3 vins en GG cette année.      

a) Sarre – Weingut Peter Lauer – Lambertskirch GG 2022 - 180€ en 75cl, 320€ en 150cl. 
Un équilibre parfait permettant une belle sapidité, impression minérale forte et effilée sans raideur. Grand potentiel évidemment. Des bouteilles ont été rajoutées afin de baisser les prix.      

b) Mosel – Weingut Josef Milz – Felsenkopf GG 2022 - 61€ en 75cl, 150€ en 150€. 
J’ai trouvé un nez plus ouvert, un peu de perlant et une belle tension à ce vin.    

c) Mosel – Weingut Josef Milz – Apotheke “Magna Charta” GG 2021 - 220€ en 150cl, 1250€ en 300cl. 
Ce vin en 75cl fait partie de la collection régulière. Je l'ai trouvé plus austère et éthéré avec de la sapidité. Il a pourtant eu un élevage sur lies plus long. 

Série 2 : Kabi de Mosel (Mittel & Terrassen) 
5 vins dans cette série, très beau niveau d’ensemble.

Weingut A. J Adam – Hofberg Kabi 2022 - 36€ en 75 cl, 101€ en 150 cl 
Le vin est nettement plus effilé et minéral que la cuvée régulière, demandera plus de temps également. 

Weingut Fritz Haag – BSH Kabi 2022 - 60€ en 75 cl, 205€ en 150 cl 
Le caractère gourmand du BSH est bien retranscrit avec de la réglisse et du kiwi. 

Weingut Clemens Busch – Marienburg #04 Kabi 2022 - 43€ en 75 cl 
Robe presque verte fluo qui le distingue, une allure plus fuselée que le kabi régulier avec plus de profondeur potentielle. Des bouteilles ont été ajoutées pour limiter le prix. 

Weingut Schloss Lieser – GD Kabinett56€ en 75 cl, 125€ en 150 cl, 400€ (1 bouteille ajoutée) pour le double magnum 300cl 
Style plus généreux et solaire au nez que le GD de WS, une interprétation plus gourmande dans l’ensemble. 

Weingut Willi Schaefer – GD Kabinett #01 - 100€ en 75 cl, 300€ en 150 cl.  
Des bouteilles ont été ajoutées à une quantité déjà élevée afin de limiter les prix. J’ai noté “roche froide arrosée par un torrent d’eau pure. C’est dingue !”  

Série 3 : Kabi de Saar & Ruwer 

4 vins dans la série. J'ai trouvé dans l’ensemble plus d’élégance et de filigranité dans cette série au “prix” de la matière. 

Weingut Peter Lauer – Kupp #5 Kabinett 2022 (le lien envoie à toutes les fiches techniques des vins de la vente de PL) - 48€ en 75 cl, 200€ en 150 cl 
Des bouteilles ont été ajoutées pour limiter les prix. Le Kabi le plus fin, effilé et avec la meilleure impression d’eau de roche de la gamme de PL. Rien à voir avec la cuvée régulière. J’ai tout de même trouvé une acidité très piquante qui fait saliver. PS : vu sur la fiche technique, l'acidité est à 10,5 g!

Weingut Forstmeister Geltz-Ziliken – Rausch Kabi 2022 - 50€ en 75 cl, 110€ en 150 cl 
J’ai trouvé que c’était le plus élégant de la série, mais en même temps avec probablement le plus haut degré Oechsle, ce qui le rendait plus dense et sucré. J’aime beaucoup le Rausch de manière générale. 

Weingut Von Othegraven – Altenberg Kabi 2022 - 44€ en 75 cl, 64€ en 150 cl 
Synthèse du Rausch et du Kupp par comparaison, une petite discussion avec mes voisins m’a fait comprendre que le sucre compensait un amer peu noble avant la finale, le mettant derrière qualitativement. 

Maximin Grünhaus - Weingut der Familie Von Schubert – Absterg Nr. 50 Kabinett 81€/152€/2100€ pour l’unique bouteille de 6L
Des bouteilles ont été ajoutées pour limiter les prix. Le terroir brille par sa pointe de cassis tout en finesse et j’ai noté que sa singularité était évidente par rapport aux trois autres vins.  

Série 4 : Kabi de Sarre, bis repetita 

Weingut Von Hövel - Hütte Kabinett 2022 - 35€ en 75 cl. 
Nez bloqué, éthéré, minéral mais ne donne pas de prestation particulière. La bouteille a peu convaincu et l’adjudication n’a guère évolué par rapport au prix de départ (30€). 

Weingut Von Hövel - Scharzhofberger Kabinett 2022 - 80€/105€/3600€ pour une 18 L ! 
Par comparaison au Hütte, il a semblé plus élégant et fruité. 

Weingut Egon Müller zu Scharzhof – Scharzhofberger Alte Reben Kabinett 2022526€ en 75 cl, 10 010€ pour la seule bouteille de 3 L ! 
Nez le plus aromatique de la série, pas encore équilibré, gros potentiel 

Weingut Van Volxem – Geisberg Kabi GK - 65€/155€/1500€ pour la 6 L 
Très frais, gingembre, déjà très buvable. Plus de longueur et de finesse en bouche par rapport à la régulière. 

Série 5 : Späti de Moselle 5 vins dans cette série, JJ se distinguant nettement par son élégance du reste. 

Weingut A. J Adam – GT Späti 2022 - 45€/150€ pour 150 cl. 
Des bouteilles ont été ajoutée pour limiter les prix. J’ai trouvé le vin plus expressif que le Clemens Busch à côté. Pas mal de fruits exotiques mûrs qui caractérisent le GT. 

Weingut Clemens Busch – Marienburg #82 Späti 2022- 75€ pour 75 cl 
Des bouteilles ont été ajoutées afin de limiter les prix. Par rapport au Kabi, on est plus dans le double contact du footballeur : attaque sucrée annihilée en milieu de bouche par une belle dose d’acidité. 

Weingut Schloss Lieser – Doctor Späti 2022 - 175€/1010€ en 300cl/3550 en 6 L ! 
Des bouteilles de 75 cl ont été ajoutées afin de limiter les prix. Très racé à travers le fruit généreux du au style du producteur. Il n’existe pas de cuvée régulière. 

Weingut Fritz Haag – BSH Spätlese #14 2022- 83€/300€/830€ en 300 cl! 
Des magnums ont été ajoutées afin de limiter la hausse des prix. J’ai trouvé l’expression très solaire, à la limite de l’écœurement (c’est le terroir le plus chaud de Moselle) à l’attaque mais la deuxième partie rince le tout avec acidité et impression minérale. 

Weingut Joh. Jos. Prüm - WSH Späti 2022 - 320€/630€ 
Le premier verre était servi un peu chaud (problème de frigo) et le nez était bloqué. La deuxième bouteille avait le nez bien ouvert mais comme un oxymore : d’une retenue et réserve fascinante. En bouche, c’est éthéré (mais de la bonne façon) avec un petit fil taillé à la pointe sèche qui grave un beau paysage sur une plaque. JJ quoi !

 Série 6 : Späti de Sarre + Thanisch VDP +Wili Schaefer (Moselle). 
Avec l’esprit d’escalier, je dirais que WS a été placée dans cette série afin de ne pas se heurter avec Prüm et avoir le champ libre. Le Doctor de Thanisch aurait probablement pâti d’être avec le Schloss Lieser parce qu’il apparaît que l’optique du Thanisch VDP est une garde au long cours.  

Weingut Peter Lauer – Kupp #23 Späti 2022 - 55€ 
Weingut Peter Lauer – Feils #24 Späti 2022 - 55€ 

Dans les deux cas, des bouteilles ont été ajoutées afin d’éviter les hausses de prix. Le Kupp est le plus restreint et minéral, dans la lignée du Kabinett. Le Feils a lui un côté plus épicé dans le fruit avec de la personnalité. 

Weingut Thanisch VDP – Doctor Späti Nr. 11 - 85€/275€/820 en 300 cl. 
Un peu de gingembre mais j’ai eu du mal à juger en l’état. Semble être vinifié pour la garde au long cours. 

Weingut Willi Schaefer – GD Spätlese #13150€/910€ 
"Nez le plus frais et le plus beau de la série, incroyable" sont les notes que j’ai écrites. La grande classe encore une fois.  

Série 7 : Späti GK 

Weingut Von Othegraven – Bockstein Späti GK 2022 - 55€ pour 75cl / 2200€ pour la 6 L ! 
Un Späti assez riche que j’ai trouvé un peu monocorde avec une persistante note de réglisse de l’attaque à la finale. 

Weingut DR. Loosen – UW Spätlese GK 2022 - 46€/95€ 
J’ai bien retrouvé les notes épicées et l’acidité supérieure du terroir. Le vin s’est favorablement comparé au VO. J’étais assis à côté d’Ernie Loosen, sa femme et sa vendeuse export.  Quand ils sont partis, mon voisin de table (18 années d’enchère VDP Mosel/Nahe + Bernkasteler Ring au compteur) a été très critique de l’évolution du domaine. Clairement, les projecteurs ne sont plus sur eux et mon voisin était particulièrement dubitatif sur les GGR de Loosen. Enfin, il m’a expliqué que beaucoup de vins des 2000’s s’étaient délités, et qu’il était sceptique sur la production des Auslese GK qui seraient des mélanges d’Eiswein et de baies botrytisées. 

Je n’avais pas vraiment de biscuits pour pouvoir débattre ni pour mettre en perspective tout cela.  

Série 8 : Début des hauts Prädikats 

Weingut Forstmeister Geltz-Ziliken – Rausch Auslese 2022 - 53€/ 250€ 
J’ai trouvé le vin élégant et cristallin mais un peu riche. 

Weingut Schloss Saarstein – Schloss Saarsteiner Auslese GK 2022 - 50€ pour 75 cl 
J’y trouvé plus de tension dans ce vin qui s’associait bien avec la la générosité du fruit. Vin de dessert bien équilibré qui doit vieillir un peu pour la sapidité. 

Weingut Josef Milz – Leiterchen Auslese GK 2018 - 65€ pour 37,5 cl 
C’est le premier vin où je perçois l’impact du botrytis, tant au nez qu’en bouche. Amateur du genre, cela me plaît forcément. 1ère bouteille avec un peu d’âge de la vente. 

Weingut Josef Milz – Leiterchen Auslese GK 1998 - 100€ pour 50 cl 
Des bouteilles ont été ajoutées afin de limiter les prix. Robe bien cuivrée, nez de botrytis, liqueur intégrée. C’est une bouteille à maturité qui comblera les amateurs de botrytis avec 5° d’alcool de moins qu’en Sauternes. Une belle affaire une fois tous les paramètres pris en compte.

 
Série 9 : No Limit ! Cette série est le clou du spectacle, avec des vraies licornes On est dans le top du vin liquoreux par les tout meilleurs et nous entrons dans un univers confidentiel et sui generis. 

Weingut Knebel - Röttgen Auslese LGK 2022 - 90€ pour 37,5 cl / 150€ en 75 cl 
Impressionnante de densité et d’énergie. C’est une concentration supérieure à une BA dans les faits (soit une crème de tête en Sauterne)  en fait 105°Oechsle mais l’édifice marque plus la gorge que les dents par son équilibre portée par une acidité dantesque. C’est un excellent RQP dans le genre. 

Weingut DR. Loosen - Prälat Auslese LGK 2022 - 220€ / 420€ pour 75 cl 
Le Prälat est à la fois l’un des tout grands terroirs de la région et une marque commerciale avec son étiquette particulière. Son caractère est parmi les plus reconnaissables car la sensation en bouche est celle d’une salade de fruits exotiques et tropicaux surmûris, ce qui le prédispose au botrytis. Cette cuvée est une TBA dans les faits (150°Oechsle) où à ce stade juvénile, le fruit débordant est fascinant mais l’équilibre pas exactement là. Le temps devrait réaligner tout ça et faire un vin en queue de paon sur toute la famille des fruits tropicaux, de la mangue et l’ananas pour l'onctuosité jusqu’à l’acerola et le fruit de la passion pour les plus acides. 

Maximin Grünhaus - Weingut der Familie Von Schubert – Herrenberg Eiswein 2021 - 440€/ 505€/ 1700€ en 150cl 
Des demi-bouteilles ont été ajoutées afin de limiter leur prix. Le Eiswein combine des arômes de fruits primaires et frais avec une densité de sucre colossale, qui est rincée par les acidités les plus violentes du monde du vin. C’est ce qui fait leur attrait, on ne retrouve certes pas la complexité des vins à botrytis concentrés mais l’optique est très différente. MG avec son exceptionnel terroir (le Herrenberg est le plus favorable à l’Eiswein) parvient à apporter une “soft touch” qui jugule l’agressivité de l’acidité. Le message aromatique est sur les fruits des bois nordiques (groseille, framboise etc...) 

Weingut Forstmeister Geltz-Ziliken – Rausch BA 19933 magnums partis pour 1650€ chacun 
Nez puissant de botrytis, trame de figue qui fusionne dans la roche. Pour moi, une impression de distillat de terroir, où le sucre s’est évanouit et le vin saisit la gorge. Une expérience intense et zen à la fois. 

Weingut Müller zu Scharzhof – Scharzhofberger BA 2015 - 3700€ / 7000€ / 16 000€ pour les 4 (1 ajoutée) magnums ! 
Ce vin là et le suivant sont les dingueries de la vente, et des vins à vivre plus qu’à décrire. La robe du BA est encore claire, le nez est impressionnant, le palais est immense, l’impact du botrytis d’une intensité jamais vécue jusqu’à là. On ne sait pas où commence l’acidité, ni la minéralité, ni le fruit. Tout a fusionné dans un maëlstrom sensoriel inédit. La durée est incroyable, de toute façon les repères sont chamboulés.

Weingut Peter Lauer – Schonfels TBA 2011 12 demi de 37,5 cl vendues à 1500€ 
Le domaine a communiqué les données techniques qui sont hors-normes : 6,5° + 354 g/L de SR donnent un degré Oechsle de 230° remué par une acidité à 16,5g ! C'est en terme analytique presque le double d'une excellente crème de tête de Sauternes avec le triple d'acidité  .

Difficile de passer derrière la BA d'EM qui combine prestation dans le verre au prestige de l'étiquette. Cette TBA s'acquitte fort bien de la comparaison avec peut-être une complexité supérieure mais un impact du botrytis légèrement inférieur. Même si c'est probablement la critique qui définit le mieux l'expérience : "un vin ne peut-être meilleur que ça, simplement différent". Jason comme Ulysse sont arrivés à bon port eux aussi.

Conclusion

Très chouette expérience dans l'ensemble avec des vignerons généreux et accessibles. Pas d'obséquiosité ni de vils flatteurs dans la pièce et peu de salamalecs. Globalement, les grands vins ont été assez consensuels et tout le monde est allé prendre sa claque chez Egon Müller, se réjouir des WS et PL, croquer le fruit chez les Haag sans oublier le pèlerinage chez JJ & MG.

C'est un vrai plaisir d'avoir pu goûter la BA d'EM ainsi que la TBA : les domaines ont probablement ouvert autant de bouteilles pour arroser l'audience qu'ils n'ont mis de bouteilles en vente (et seront achetables au prix de SMICs).

Les prix atteints par les vins d'Egon Müller ont bien faire rire l'assistance mais j'ai pu avoir une petite conversation avec un Anglais, gestionnaire de cave pour poches profondes : Quand ses clients ont des caves valorisées à 30 millions de £, le prix n'a pas d'importance. Et en matière de botrytis, EM est intestable : si le prix n'est pas un problème, il ne rentre plus en ligne de compte CQFD. Dure mise en perspective.

Beaucoup de grands noms n'avaient pas mis de lots aux enchères cette année, signe que 2022 a posé des difficultés à beaucoup. Malheureusement, submergé par la nouveauté, je n'ai pas eu la présence d'esprit de poser la question aux quelques références qui n'ont pas mis de lot (Reinhold Haart, Heymann-Löwenstein, Le Gallais ou Nik-Hof notamment).

Sven. Curieux de tout, prédilection pour les vins blancs légers et européens.
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18 Sep 2023 18:37 #6

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