Repas chez Pascal Perez
Samedi 19 mars 2005
Une production Ganesh da Capo
Le contexte :
- Les vins sont dégustés à l’aveugle.
- Participants : Carole Valette, Thierry Klopp, Laurence et Philippe Lagarde, Jocelyne Puibusque, Pascal Perez (PP), Laurent Gibet (LG).
- Synthèse des commentaires de dégustation par Laurent Gibet.
Le repas s’accorde bien aux images du Rajasthan projetées à l’apéritif (apaisement de Ganesh peint sur les havelis de la Shekawati) :
- velouté d'asperges aux pointes d'asperges
- confit d'agneau aux abricots
- Fromages de chez Xavier
1. Vino de Jerez - Michel Couvreur – Palomino Fino :
PP16,5 – LG17
- Meldrum House – Old Meldrum Aberdeenshire Scotland. Product of Spain. Vin élevé en Bourgogne en tonneaux qui hébergeront du whisky. 19° d’alcool.
- Remarquable personnalité pour ce vin rare, qui nous a rappelés un Palo Cortado. Les notes traditionnelles de Jerez (jambon rance, cachou, agrumes, …) se conjuguent de notes d’Islay (fumée, sel) et de notes plus inédites (rose, framboise, marc … qui rappellent un macvin du Jura) dans un ensemble puissant d’alcôve, parfaitement défini (comme chez Lustau). Finale un peu chaleureuse (19°). Un vin « grand écart » ramarquable (Michel Couvreur produit également un Pedro Ximenez).
2. Champagne – Henri Giraud – Aÿ Fût de Chêne 1995 :
PP15,5 – LG15
- Blanc de noirs pour cette cuvée de luxe (et chère).
- Nez grillé impliquant des exhalaisons de brioche, de fleurs, d’orange.
- Bouche semblant un peu trop dosée (un peu lestée, manquant de tranchant minéral, d’éclat), opulente, puissante, corsée. Soupçon oxydatif qui confère de la complexité.
- Il a peut-être un peu souffert de l’ordre de passage (de notre impatience ?), derrière un vin chargé (mais sans violence).
3. Morey-St-Denis 1er cru Les Monts Luisants – Domaine Dujac – Blanc 2000 :
PP15,5 – LG14,5
- Nez typé chardonnay : végétal, agrumes en dépit d’un encépagement composé principalement de pinot blanc et d’aligoté.
- Matière en deçà, pure et équilibrée mais relativement simple et courte. Pascal trouve ce diagnostic sévère.
- A reprendre dans quelques années pour voir si l’âge l’étoffera quelque peu.
4. Châteauneuf-du-Pape - Les Cailloux 2000 :
PP17 – LG17
- Nez développant de belles senteurs de fruits confiturés, de marc, de violette, d’épices. 14° d’alcool.
- Bouche sudiste, incroyablement fruitée, florale, épicée, archétypale de par son chatoiement et son insigne finesse toute castelnovienne. Un vin chaleureux excellent, réjouissant et digeste, qui confirme s’il était besoin la valeur du domaine (le vin se goûtait moins bien il y a quelque temps).
5. Napa Valley - Jones Family Vineyards - Cabernet-Sauvignon 2000 :
PP15 – LG13,5
- Le célébrissime David Abreu est dans le coup pour cette cuvée de garage à "670 caisses". 14,7° d’alcool.
- Boisé insistant, surmaturité plus ou moins assumée, pour des arômes exotiques et lactés : crème de mûre, eucalyptus, épices, notes herbacées.
- Bouche lourde, ennuyeuse. On rêve alors de la finesse du vin sudiste de châteauneuf. On peut aussi penser à une syrah australienne, avec peut-être ici un supplément de sensation tannique due au cabernet.
- De mon point de vue, j’ai peu envie de développer en mots ce caractère grimé et, plus grave, de me resservir. Pascal s’accorde sur le caractère lourd du vin mais apprécie pour autant son équilibre global et sa longueur non négligeable. L’évolution du vin dans le temps servira de juge de paix (comment vieillira donc ce blockbuster ?).
- Parker doit lui allouer une note élevée.
6. Côte-Rôtie – Guigal - Château d’Ampuis 1995 :
PP14,5 – LG15,5
- Nez expressif et fin, plutôt sensuel, impliquant des senteurs variées : fruit (cassis, framboise), marc, herbes aromatiques, fleurs (rose, violette), épices (poivre surtout, mais aussi cardamome, à la fois douce et camphrée), boîte à cigares.
- En bouche, la chair est de densité et de minéralité moyennes, poivrée, fraîche et fine. Elevage digéré. J’attendais plus de profondeur veloutée pour le premier millésime de cette cuvée. Une belle végétalité de poivron mettra ceux qui dégustent à l’aveugle sur la piste d’un cabernet-franc ligérien. Pour Pascal, on a ici affaire à un vin prématurément usé, de surcroît plutôt plat gustativement.
7. Châteauneuf-du-Pape – Château de Beaucastel – Blanc 1996 :
PP16,5 – LG17
- Olfaction opulente, profonde, restituant des senteurs subtiles qui s’épurent et s’amplifient à l’aération : fruits variés (poire, pomme, coing, mirabelle), guimauve, badiane, fenouil. Caractère sudiste (j’ai pensé à Grange des Pères et sa classe paisible) pour ce vin en train de basculer sereinement dans les gammes du tertiaire (miel, champignon).
- Bouche certes pas infiniment persistante mais complexe, résolument sudiste mais stricte (tenue impeccable – oxydation contrôlée - et fraîcheur étonnante pour cette latitude) qui nous régale digestivement en rasades renouvelées.
Conclusion :
- Un ordre de service quelque peu innovant … et convaincant.
- De beaux vins « découverte » … et des confirmations (Les Cailloux, Beaucastel).
- Guigal, Dujac et Giraud (inédit) assurent le minimum.
- Jones déroute et valorise d’une certaine manière les vins américains goûtés récemment. Reste qu’il est très intéressant d’avoir l’occasion de goûter ce type de production.
- Les images intemporelles de l’Inde bien-aimée s’accordent à merveille aux plats et aux vins.