Grande dégustation LPV - 1ère Série : Pinot Noir
Vin n°1
Robe classique de pinot noir, moyennement intense, brillante, aux reflets rubis. Superbe premier nez, très élégant, classieux, frais et mûr, fruité, floral, très peu marqué par le bois. Seul petit bémol, une très légère note végétale et une évolution à l’aération vers des notes empyreumatiques un peu moins fines. En bouche, très belle attaque sur la fraîcheur, puis le vin prend beaucoup d’ampleur, sur un bel équilibre, des tannins assez présents mais d’une grande finesse, et une très belle longueur. L’élégance caractérise ce vin qui s’offre déjà bien actuellement, équilibré, complexe et long, peu marqué par son élevage, dans un style plutôt traditionnel, que je place sans trop d’hésitation en France. Son caractère assez ferme au niveau des tannins me fait pencher pour le
Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Saint Georges 2001 du Domaine Gouges. Très bon vin.
Vin n°2
La robe est proche de celle du vin précédent, peut-être légèrement moins intense. Beau fruité bien mûr au nez, avec des notes de réglisse, un boisé légèrement plus marqué mais de grande qualité. Le nez s’améliore et s’affine bien à l’aération, au point de passer devant celui du vin précédent. En bouche, il se montre plus rond, avec une acidité un peu plus faible tout en restant très bien équilibré, mais gagne en ampleur et en minéralité et présente une très belle longueur. Maturité et équilibre caractérisent ce vin ouvert, complexe et de très belle longueur, dans un style un peu plus moderne que le précédent. Ce surcroît de maturité et de rondeur m’oriente vers un des deux vins en provenance des USA, et je choisis tout à fait au hasard, ne connaissant aucun de ces deux vins, le
Archery Summit Estate 2001. Très bon vin.
Vin n°3
Encore une robe qui diffère très peu des deux précédents, ce n’est pas cela qui m’aidera beaucoup. Le nez semble moins net, assez marqué au départ par des épices de type curry, avec nettement moins de maturité, un élevage qui semble davantage présent sur des notes d’écorce d’orange. En bouche, l’attaque est fraîche, l’équilibre semble correct sans plus, avec un caractère plus droit, plus strict, des tannins plus présents tout en gardant une belle finesse mais délivrant néanmoins une petite pointe végétale. La longueur est un peu en retrait par rapport aux deux précédents. La droiture caractérise ce vin qui se présente dans une phase un peu austère et dans un style très traditionnel, du moins en bouche. Bouche, qui m’évoque assez nettement l’idée que j’ai du
Pommard 1er Cru Rugiens 2001 du Domaine de Montille. Bon vin avec un potentiel de très bon.
Vin n°4
La robe est cette fois plus intense, avec des reflets violets. Le nez est au départ le moins agréable jusqu’ici, un peu végétal, empyreumatique et floral. Le fruit est ici à l’arrière plan. En bouche, les tannins paraissent légèrement secs et verts, le vin manque à ce stade assez nettement de longueur par rapport à ses congénères, mais est par contre peut-être affecté d’un léger défaut de bouteille de type bouchon, pas très net néanmoins. Le vin semble fermé à double tour et manquer légèrement de maturité, il offre peu de plaisir à ce stade tout en ne me donnant pas grand espoir sur une future bonne évolution. Sans grande conviction, je m’oriente vers un domaine dont je ne connais pas du tout le style, à savoir le
Domaine Lisson – Clos du Curé 2001. Je lui attribue néanmoins une bonne note, sans plus, car je pense que cette bouteille était légèrement défectueuse.
Vin n°5
On retrouve une robe classique, semblable à celle du premier vin. Dès le nez, il met tout le monde d’accord, remarquable d’intensité, sur un fruité bien mûr, des notes florales, des épices douces, un boisé bien présent mais qui s’intègre parfaitement à l’ensemble, ainsi qu’une grande minéralité. En bouche, il se montre frais et ample à la fois, d’un équilibre parfait et d’une longueur exceptionnelle, avec un touché satiné d’une grande élégance. Le Grand Vin dans toute son évidence, d’un style qu’on pourrait qualifier de moderne de par son élevage, tout en respectant un côté finalement très traditionnel au niveau de l’extraction et de la recherche d’équilibre. Le souvenir de la récente visite au
Clos de Tart me revient en mémoire. Il ne peut s’agir que de lui, c’est en tout cas mon vœu le plus cher ! Excellent vin.
Vin n°6
La robe est à l’anti-thèse du précédent, profonde aux reflets bleus. Le nez manque cruellement d’élégance, lourd, sur les fruits cuits, confiturés, le pruneau, la girofle, la baie de genévrier, avec des notes empyreumatiques marquées. En bouche, l’équilibre me semble précaire avec des tannins abrupts et une longueur moyenne. Difficile de passer après le vin précédent, mais il n’empêche que ce dernier vin n’est pas du tout à mon goût, me semble écoeurant, et ne représente absolument pas ce que je recherche dans un pinot noir. J’aurais peut-être, sans doute même, dans un autre contexte, été moins sévère avec lui, mais ici la comparaison lui est à mon sens fatale. Ce côté confituré et surextrait m’oriente vers les USA où je désigne, à nouveau au hasard, le
Landmark – Kastania Vineyard 2001. Il s’agit du seul vin de la journée pour lequel j’utiliserai le qualificatif de mauvais vin.
Mon ordre de préférence :
1. Vin n°5
2. Vin n°2
3. Vin n°1
4. Vin n°3
5. Vin n°4
6. Vin n°6
A la lecture des résultats, quelques surprises de taille pour moi :
Vin n° 1 : Archery Summit Estate 2001
Vin n° 2 : Landmark – Kastania Vineyard 2001
Vin n° 3 : Domaine de Montille - Pommard 1er Cru Rugiens 2001
Vin n° 4 : Domaine Gouges - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Saint Georges
Vin n° 5 : Clos de Tart 2001
Vin n° 6 : Domaine Lisson – Clos du Curé 2001
Deux sur six, vraiment pas de quoi être fier, et outre la confirmation de l’éclatante grandeur du Clos de Tart, la première leçon de la journée est la qualité et la finesse affichée par les deux vins provenant des USA, très loin des clichés communément admis.
Luc