Côtes de Castillon 2001
Lundi 9 mai 2005

Une production Ganesh da Capo

Le contexte :
- Les vins sont dégustés à l’aveugle, mais découverts par séries de 4 ou 5.
- Nombre de dégustateurs : 13.
- JP : Jacques Prandi - PP: Pascal Perez - LG : Laurent Gibet.
- Dégustation préparée par Pascal Perez pour le club IDV.
- Synthèse des commentaires de dégustation par Laurent Gibet.

Les vins :
1. Côtes de Castillon – Château Joanin-Bécot 2001 :
JP14 – PP14,5 - LG14,5/15
- 75% merlot – 25% cabernet franc.
- Parure sombre.
- Nez au boisé tendance chic, adressant des senteurs mûres variées : fruits noirs, épices, encens, minéral (terre), fleurs entêtantes.
- Bouche dense, mafflue, aux goûts très seyants de fruit épicé et de cacao. Ce vin prêt à boire semble fait pour plaire. Sa longueur et sa complexité restent correctes.

2. Côtes de Castillon – Château Cap de Faugères 2001 :
JP16 – PP15,5 - LG15,5
- 80% merlot – 15% cabernet franc – 5% cabernet sauvignon.
- Robe presque noire.
- Nez profond, légèrement lacté, déclinant des odeurs de mûre, de cerise, d’épices, d’encre, de fleurs capiteuses. Une certaine tonicité est conférée par de belles notes de fruits (agrumes, dont de l’orange expressive) et de fleurs fraîches. Le boisé s’y fait discret.
- Bouche très suave, plutôt longue, pour un jus dense et salivant, réglissé. Habile conciliation de la fermeté du cabernet et de la rondeur du merlot. Belles harmonie et fraîcheur pour un vin profond qui devrait encore progresser sur quelques années.

3. Côtes de Castillon – Château Veyry 2001 :
JP14,5 – PP15 - LG15
- 100% merlot.
- Robe noire, quasi intransperçable.
- Profil exotique et boisé appuyé qui tend à masquer quelque peu des parfums de fruits mûrs, de cacao, de fleurs prégnantes.
- Matière serrée, minérale, assez longue mais encore un peu dans un mutisme de jeunesse, revêche et astringente.

4. Côtes de Castillon – Château Ampélia 2001 :
JP15 – PP15 - LG15
- 95% merlot – 5% cabernet franc.
- Robe moins excessive, plus grenat.
- Nez légèrement lacté, pour des senteurs plus évoluées de viande rôtie, de champignon discret, de café. Boisé intégré et floralité.
- Bouche soulignée par ces goûts, avec du menthol. Un style plus traditionnel, avec les qualités associées, mais plus brusque aussi (acidité saillante pour certains, amertume pour d’autres).

5. Côtes de Castillon – Valmy Dubourdieu Lange 2001 :
JP14,5 – PP14,5 - LG14,5
- 100% merlot.
- Robe grenat, comme pour le vin précédent.
- Nez torréfié, mélangeant des senteurs mûres de fruits, de terre battue, de réglisse, de cacao, de végétal.
- Matière de densité moyenne, encore un peu drue mais rémanente, avec un trio gustatif sans surprise : fruit/fleurs/minéral.

6. Côtes de Castillon – Château Clos l’Eglise 2001 :
JP16 – PP15,5 - LG15+ ?
- 70% merlot – 15% cabernet franc – 15% cabernet sauvignon.
- Robe noire, mais nullement mate.
- Nez profond : réglisse, minéral, framboise, violette confite. Un habillage osé « qui passe » (boisé grillé, drapé lourd), même si pour certains il est trop démonstratif et pas assez personnel.
- Bouche roborative (mais sans excès car l’élan acide final contrebalance bien une indéniable lourdeur), au style … disons … international. Serrée, elle développe des goûts non totalement dénués de fraîcheur et de finesse sous forme de cerise confite et de réglisse.
- Un vin funambule, dont il faudra attentivement suivre l’évolution sur 5 à 10 ans.

7. Côtes de Castillon – Domaine de l’A 2001 :
JP14 – PP13,5/14 - LG13,5/14
- 60% merlot – 25% cabernet franc – 15% cabernet sauvignon.
- Robe intense.
- Nez notablement différent, qui propose des notes de liqueur de mûre et une expression très fraîche, très « blanche » d’agrumes, de fruits, de fleurs coupées.
- En bouche, on décèle malheureusement une trame manquant de fond (creuse), pour des tannins plus grossiers. Une finale plongeante, trop abrupte, parachève le tableau.

8. Côtes de Castillon – Clos Puy Arnaud 2001 :
JP16 – PP16 - LG15,5/16
- 70% merlot – 20% cabernet franc – 10% cabernet sauvignon.
- Robe de nouveau bien foncée.
- On trouve ici une expression antipodique, plus « noire », composée d’exhalaisons multiples : encens, poivre/violette (un côté syrah septentrionale), cerise (un côté pinot), épices. Caractère animal et sanguin affirmé.
- Bouche élégante, patinée, tout en finesse. Dotée de classe, il est vraiment dommage qu’elle manque légèrement d’étoffe.

9. Côtes de Castillon – L’Ame de Fontbaude 2001 :
JP15,5 – PP15 - LG15
- 85% merlot – 15% cabernet franc.
- Bonne intensité colorante.
- Déclinaison assez classique, un peu rustique : encre, cacao, végétal (fleurs, poivron).
- Densité moyenne ici aussi, pour une matière certes fine et d’élégance notable, mais moins aboutie que la précédente. Belle finale à la fraîcheur mentholée. Beau grain et jolie mâche.

10. Côtes de Castillon – Clos les Lunelles 2001 :
JP13 – PP3,5 - LG13
- 80% merlot – 10% cabernet franc – 10% cabernet sauvignon.
- Robe noire, opaque.
- Le nez propose un fruit profond, très mûr, épicé, presque « madirannais » : terre battue, pivoine, lys, café.
- La bouche déçoit nettement. Elle s’avère très boisée, plancheuse même, et cette décoction souffre de nombreux handicaps : déséquilibre (alcool), lourdeur, amertume, sécheresse, autant d’obstacles au plaisir. Extrême, sans typicité, et sans la rémission trouvée dans le Clos l’Eglise. Un élevage approximatif semble avoir gâché une belle matière première.

11. Côtes de Castillon – Poupille 2001 :
JP15 – PP14,5 - LG14,5
- 100% merlot.
- Couleur clairement accentuée.
- Belle olfaction, attendue, réunissant des senteurs de poivron, de réglisse, de fraises mûres, de menthol, de minéral.
- Facture classique, un peu rustique et terne en l’état, même si le vin possède quelques arguments prometteurs.

12. Côtes de Castillon – Château d’Aiguilhe 2001 :
JP15 – PP15 - LG15,5
- 80% merlot – 20% cabernet franc.
- Nez grillé légèrement animal, sanguin également, dans un élevage luxueux combinant des odeurs de minéral, de fumée, de goudron, de fruit.
- Bouche très mûre, veloutée, luxuriante et somme tout un peu « téléphonée ». Beau polissage pour une expression plutôt fine, assez longue, que certains trouvent un peu chaleureuse.

13. Côtes de Castillon – Vieux Château Champs de Mars – Cuvée Johanna 2001 :
JP15 – PP15 - LG15
- 80% merlot – 10% cabernet franc – 10% cabernet sauvignon.
- Robe soutenue.
- Nez fortement marqué par le bourgeon de cassis, avec du fruit, du cèdre, du minéral.
- Bouche ferme, aux accents orientaux, qui pourrait bénéficier d’un supplément de tenue. Profil un peu acidulé (groseille).

Conclusion :
- Les robes sont souvent fort prononcées.
- Le fruit est très mûr.
- Des hauts et des bas sur ce bon millésime, avec des vins plus ou moins prêts du raisin, quelques belles réussites et des « modernités » raisonnables, pour cette région eldorado (la plupart des domaines présentés ici sont récents, à l’initiative de propriétaires reconnus à St-Emilion, en particulier)
- Assez bon niveau d’ensemble, exprimant le savoir-faire bordelais.
- Les vins sont souvent sérieux mais manquent tout de même d’âme et de magie (race, profondeur, longueur) par rapport aux meilleurs crus du Libournais.
- Logiquement plus austères (vins de grillades par excellence), ils ont par exemple moins de charme et de faconde que les Côtes-du-Rhône 2001 dégustés récemment (Ganesh da Capo n° 24).
- Le Clos les Lunelles a particulièrement déçu.
- Cette dégustation (en terme de discrimination qualitative effective des vins) reste exigeante.

Laurent,

combien de temps les vins ont-ils été aérés?
Pour avoir dégusté les vins sus nommés conseillés par Derenoncourt, je me suis aperçu que Aiguilhe par exemple avait beaucoup gagné après 24 heures. Pour moi, il est devant mais j'attends de regoûter de l'A.
As-tu trouvé une griffe Derenoncourt? (Puy Arnaud, de l'A, et Aiguilhe)? Personnellement, j'ai trouvé ces vins très différents. Clos Puy Arnaud plus flatteur, frimeur, Aiguilhe très fin et très équilibré, remarquable et de l'A à revoir pour cause de bouchon, mais on sentait un sacré vin drrière le problème.

Je reviens une fois de plus sur le fait et l'avantage de goûter les vins longuement sur leur évolution à l'aération, surtout si on leur attribue une note, parce que par expérience, je sais que cela peut changer du tout au tout, alors qu'une note possède un caractère normé, quasi définitif.
Je prends un exemple: Mas Jullien 2001: bon vin à l'ouverture, un peu dur: excellent après 24 heures. sans doute de 14/15 à 17 dans ta notation.

Ce qui me laisse, tu le sais, dubitatif.

D'accord avec la rusticité de Poupille, mais tu avoueras: quelle matière!

Prob : 95% des vins sont sans doute bus à peine sortis de la bouteille... peut être un peu de carafe et en tout cas jamais après 24 heures !!
Pour les Alsace (et vins blancs assez jeunes) je me régale souvent bien plus le lendemain mais souvent une bouteille est ouverte plus ou moins au dernier moment. Je passe le vin plussieurs fois d'une carafe à l'autre sans ménagement pour remplace l'effet d'une lente oxygénation.

Jérôme,

Sur ce type de dégustation, les vins sont carafés environ 1/2 heure avant l'arrivée du dernier participant ...

Puis, on attaque dans l'ordre donné.

Pour des raisons d'organisation, on ne peut faire mieux.

Et si on le faisait, on se heurterait à d'autres obscales que tu connais bien.

On rafraîchit aussi idéalement les vins, si besoin.

Si je ne me trompe :
Perse fait Clos l'Eglise et Les Lunelles (autrefois Lapeyronie) - il réalise aussi Ste-Colombe
De Renoncourt : l'A, Puy Arnaud, Aiguilhe (pour Neipperg)
Joanin-Bécot dépend de Beauséjour-Bécot
Cap de Faugères de Faugères à St-Em

Pour Les Lunelles, on a dit la surprise ! un internaute m'a fait remarquer qu'il était noté comme Haut-Brion 2001 (soit 92/94) - Fichtre !

Côté Derenoncourt, il me semble pouvoir dire que :

- Puy Arnaud semble le plus "classique"
- Aiguilhe et l'A paraissent plus "travaillés" au chai, mais en l'état, Aiguilhe a plus de présence

==> Donc, 2 styles bien différents

==> Puy Arnaud le moins hâbleur et, en plus "grimés", un bon Aiguilhe et un l'A dont on voit presque les côtes.
Donc, une impression plutôt différente de la tienne.

Autres "castillon" notables que l'on ma signalés : Belcier, Peyrou, Haut-Montpezat

Ce n'est pas Poupille (souvent goûté sur d'autres millésimes) mais d'autres vins qui nous ont laissés une impression de forte concentration.

- Clos l'Eglise, très dense et réusi comme in extremis
- Les Lunelles inquiétant (mais peut-être démentira-t-il notre pronostic ?)

Je comprends ton souci côté protocole, mais on tombe là dans un registre encore différent.

Pour Mas Jullien, je ne sais répondre à ta spéculation (mais j'ai récemment noté 20/20 Cheval 82 - je retiens moins la note que l'absolu plaisir que j'ai ressenti dans le contexte de cette offrande)

PS : Connais-tu le domaine "A" en Tasmanie ?
Australie – Tasmanie - Domaine A – Cabernet Sauvignon 1997 : 17/1/04
PP16 - DS16,5 – PC15,5/16 - LG16 - VM15,5. Note moyenne : 16.
Produit par Peter Althaus dans la Stoney Vineyard, élevage en barriques françaises. Malgré son nom, le vin inclut un petit pourcentage de Cabernet Franc, Merlot et Petit Verdot. Nez joliment évolué, complexe, animal, légèrement intrigant, qui s’exprime sur le registre du bourgeon de cassis, de l’olive, du cacao, du fruit mûr (myrtille, cerise, mûre), de l’encre, de l’amande. La bouche est dense, caressante, fondue, fine, pour des goûts de cerise épicée, de cassis, de réglisse, de minéral. Longueur probante et une évocation d’un Amarone (ou Sforzat), à base de raisins rouges passerillés. Une trouvaille originale et convaincante !

"Pour Les Lunelles, on a dit la surprise !"

Aucune surprise pour moi, je l'ai goûté pareillement à vous, trop boisé, excessivement tannique et sec, pas loin d'être imbuvable en l'état. Et je doute beaucoup que cela puisse s'améliorer avec une garde conséquente... Aiguilhe 2001, bu en parallèle était diablement plus séducteur.

Luc

Carafés une demi-heure des vins qui commencent à se refermer, c'est plutôt bizarre !!!

Quand je lis Domaine de l'A "trame creuse , tannins grossiers , finale abrupte ;Clos Puy Arnaud "manque d'étoffes ; D'Aighuile " bouche téléphonée ".
Pour avoir dégusté ces vins 4 ou 5 fois,en moins d'un an ; j'ai comme l'impression que l'on a pas bû les mêmes vins.
Cette façon de noter, après une seule dégustation, dans des conditions qui ne sont pas toujours favorables aux vins dégustés , est pour le moins réductrice .( les vrais professionnels dégustent 3 ou 4 échantillons , avant de conclure; je sais , vous êtes des amateurs , ce qui exige encore plus de précautions !!! )
.
Ne soyez pas surpris si certains producteurs viennent vous dire tout le bien qu'ils pensent de votre approche ( et c'est un doux euphémisme )!!!

PS : Connais-tu le domaine "A" en Tasmanie ?

Un (autre) suisse exile a l'autre bout du monde, a l'affiche de l'edition d'avril de Vinum Suisse.

Un vin que j'ai deja inscrit dans les "must drink" de mon petit carnet.

Daniel,

On se présente, avant d'aller plus loin ?

Il est peut-être moins grave de mettre en cause la qualité d'un vin que la probité et la compétence d'un groupe de passionnés !

Je trouve vos propos limite (on sait la complexité de l'analyse des vins) !

Demandez-par ailleurs son avis à Luc sur Les Lunelles ...

Quant à votre diatribe sur "les vins qui se referment", elle me semble plus le fruit de votre interprétation que de l'analyse scrupuleuse de mon propos ...

Bonne journée !

Bon, j'attends toujours une éventuelle réponse de Daniel S ...

Dommage que le cours s'interrompe ainsi