Un petit tour dans le Jura, mais pas avec le Juratour !
C’est en fait mon club Amphores de Bourges qui a proposé ce thème alléchant, avec l’ami Laurent à la manœuvre.

Sur huit bouteilles, bien entendu dégustées à l’aveugle, l’ensemble s’est avéré éclectique et d’un beau niveau. 

Domaine Baud – Côtes du Jura – Deux grains de Paradis – 2015  

 

Il s’agit d’un assemblage comme on en trouve de plus en souvent : 50 % de chardonnay ouillé et 50 % de savagnin sous voile, l’élevage durant trois ans avant assemblage et mise en bouteille.  

L’or de la robe est clair et brillant.
Moyennement ouvert, le nez donne une sensation de fraîcheur agréable, notamment par ses arômes floraux et légèrement mentholés.
La bouche n’est pas non plus très expressive, affichant une certaine rondeur (effet millésime ?) puis de la tension dans le déroulé, avec des notes de noix à peine sensibles sur la finale qui auraient dû m’alerter sur le type d’élevage.
Bien +  


Domaine Jacques Tissot – Crémant du Jura 

 

La robe est de couleur paille.
Le nez d’une bonne intensité est très citronné, avec une petite pointe de réduction offrant du grillé qui va disparaître à l’aération au profit d’arômes de pomme et de brioche.
La bouche est également dans un registre frais, avec des bulles très présentes. Elles masquent un peu la matière légère qui est derrière mais celle-ci est d’une belle finesse et s’affirme sur une longueur appréciable.
Un bon vin effervescent d’apéritif.
Bien +(+)  


Domaine Frédéric Lornet – Arbois – En Fertant – Naturé – 2018   

 

Il s’agit d’un monocépage savagnin (comme la mention "naturé" l'indique) ouillé (ce qui est quasiment voire toujours le cas avec cette mention "naturé"). 

La robe est parée d’un or clair.
Le nez intense met immédiatement en avant un élevage marqué avec, au-delà des senteurs boisées, du grillé et de la brioche ainsi qu’une touche citronnée.
Ample et large, la bouche est dotée d’un léger gras beurré, avec toujours cet élevage très (trop) présent. Une bonne vivacité permet d’équilibrer l‘ensemble et de participer à l’allonge intéressante.
Très Bien

Un beau vin mais qui fait furieusement penser à un chardonnay, que l’on pourrait placer en Bourgogne dans un millésime frais ou dans le Jura sur un millésime plus chaud, mais dont l’élevage masque presque complètement les caractéristiques d’un savagnin ouillé (arômes floraux et d’agrumes, acidité plus importante que le chardonnay).
Le but de montrer aux moins connaisseurs que le savagnin ne donne pas forcément des arômes d’oxydation, notamment la noix, a tout de même été atteint.  


Lucien Aviet & Fils – Caveau de Bacchus – Arbois – Réserve du Caveau – 2014   

 

Il s’agit d’un monocépage de savagnin élevé sous voile pendant quatre ans.
Cette cuvée fait certainement l’objet de plusieurs mises puisque celle commentée par Olivier Mottard tout récemment avait été mise en bouteilles en septembre 2021 alors que celle bue ici l’avait été il y a deux ans environ. J'en déduis que le domaine procède à un élevage complémentaire avec ouillage plus ou moins long. 

L’or de la robe est cette fois-ci bien dense.
Très intense et élégant, le nez évoque clairement la noix fraîche, le curry et le céleri, mais également la prune et la cerise à l’eau de vie.
La bouche d’un ensemble parfaitement équilibré affiche un profil évolutif : l’attaque incisive fait place à une certaine rondeur puis la bouche se retend sur la finale très persistante et montrant une amertume ménagée.
Très Bien +  

Un très bel exemple d’un savagnin élevé sous voile pendant une durée un peu inférieure à celle des vins jaunes.
Et je suis bien entendu d’accord avec Olivier : il n’en est qu’à l’adolescence !


Domaine Benoît Badoz – Côtes du Jura – Grains de poulsard – 2018   

 

La belle robe très claire paraît déjà bien évoluée, mais il est vrai que ce cépage « tuile » rapidement en raison de sa très faible densité.
Bien ouvert et agréable, le nez se montre d’abord d’une belle fraîcheur, sur des petits fruits rouges, fraise écrasée et cerise de Montmorency, puis des nuances plus tertiaires tels que les champignons apparaissent timidement à l’aération.
La bouche se révèle équilibrée mais fade en saveurs. Tout glisse car les tanins sont inexistants et l’ensemble un peu mou (mais le vin était servi trop chaud car la préparation de 24 bouteilles n’était pas simple, avec une température extérieure et de la salle très élevée …).
Une bonne acidité ressort heureusement en finale en apportant du peps et en faisant ressortir plus de sapidité.
Ne pas attendre plus longtemps.
Bien +  


Lucien Aviet & Fils – Caveau de Bacchus – Arbois – Réserve du Caveau – Cuvée des Géologues – 2015   

 

Il s’agit d’un monocépage de trousseau. 

La robe claire présente de beaux reflets tuilés sur l’ensemble du disque.
D’une belle intensité, le nez propose des petits fruits rouges légèrement compotés et des épices : c’est flatteur et élégant en même temps.
La bouche d’un beau volume possède une chair savoureuse et généreuse, tenue par une acidité juste calibrée et des tanins fins mais assez denses. La finale de bonne allonge est plus épurée et dévoile des épices de toute beauté.
Très Bien (+)  


Domaine Jaques Puffeney – Arbois – Vin Jaune – 2012   

 

L’or de la robe est bien ambré, sans grande densité.
Très intense, fin et complexe, le nez envoute par son aromatique qui évolue du céleri vers le curry et la noix, puis plus tard vers des fruits jaunes et de belles épices.
La première sensation en bouche est celle d’un vin tendu et très sec, puis elle prend son envol, s’élargit jusqu’à une finale interminable en queue de paon.
Ce profil, semblable à un entonnoir inversé, est rare mais très engageant.
Un vrai bébé qui deviendra un grand vin dans au moins une dizaine d’années, et le restera pendant quelques dizaines d’années.
Très Bien ++ / Excellent  


Domaine Jacques Tissot – Macvin du Jura   

 

La robe affiche un or ambré pas très intense.
Le nez puissant est gorgé de raisins secs, comme souvent, mais on y décèle aussi des notes de poire et de citron !
La bouche affiche une belle densité, avec un sucre fondu dans la matière, sur la même aromatique qu’au nez, une belle fraîcheur et une finale qui s'étire avec une allonge XXL.
Seul bémol : le sucre ressort un peu en finale.
Très Bien  


Merci Laurent pour cette dégustation réussie, ces beaux vins, notamment ceux remarquables de Lucien Aviet, et cette œuvre d’art de Jacques Puffeney !

Jean-Loup