Avant que je n'en aie plus le courage (Luc, ce n'est pas un reproche, je sais que tu es très pris! ), compte-rendu d'une petite série de Jura dégustés aux Jardins de Saint-Vincent en compagnie d'une armée de Belges le dimanche 14 août:



Les Foulards Rouges, Maria Bonita, Vin de table
C'est pas du Jura, mais c'était pour la mise en bouche! Un Pet Nat à base de Muscat et Macabeu! Plus original, est-ce possible? La robe est encore trouble, les arômes sont plutôt muscatés, la bulle est vive et fringante, même si d’apparition récente dans la bouteille, apparemment (la semaine d’avant, elle était restée dans le Midi! ). Festif et sympa!

Fleur de Savagnin 2001, Alain Labet
Nez très mûr, grande structure acide, ossature d’une grande droiture d’expression, finale persistante sur une petite pointe d’amertume. Pas un vin facile, mais qu’est-ce que c’est bon, quand même!

Fleur de Chardonnay 2003, Alain Labet
On retrouve dans ce vin le côté chaleureux de 2003, avec de l’alcool et un manque de nerf inhabituel. L’équilibre est globalement satisfaisant néanmoins, presque une prouesse?

Côtes du Jura 2003, Jean Macle
Petite touche réglissée lactique, façon bonbon Batna, peut-être en provenance du fût, mais qui évoque une oxydation ménagée fine. Un vin élégant, rond, mais pas lourd, porté par une belle acidité, maîtrisé de bout en bout et extrêmement raffiné. Une grande réussite, plutôt typique du domaine, même dans ce millésime si atypique!

Fleur 2002, Alain Labet
La seule cuvée non parcellaire du domaine, assemblage des jeunes vignes (de 15 ans minimum!) des différents terroirs. Goûté (de façon imprévue) après les 2003, il tranche tout de même un peu! Sur les agrumes, avec un côté indéniablement exotique, il revient sur le citron, avec des notes acidulées marquées, contribuant à la longueur. Un peu strict pour l’instant, il possède une très grande pureté qui devrait se révéler avec le temps.

L‘Etoile Chardonnay 1999, Domaine de Montbourgeau
On bascule dans le monde de l’oxydation ménagée avec ce vin au nez typique de curry et d’épices, un peu noix verte, un peu miellé. Une grande distinction qui perdure jusque dans la finale, avec une rétro sur les épices. Un Jura traditionnel, mais d'une grande beauté formelle.

L‘Etoile Savagnin 2000, Domaine de Montbourgeau
Une dimension supérieure dans l’oxydation ménagée. Agrumes, un peu confits, très mûrs en fait, écale de noix, il possède à la fois plus de puissance, plus de longueur, plus de persistance que le Chardonnay. La structure est à la fois plus acide et plus enrobée, donnant un sentiment de plénitude. Très beau vin!

L‘Etoile Vin Jaune 1997, Domaine de Montbourgeau
Paradoxalement, le nez est plutôt réservé, mais très fin, avec un léger côté éthanal. Dépouillé au sens noble, c’est une épure de jaune d’une grande droiture d’expression et doté d’une acidité remarquable. Longueur immense et caudalies inchiffrables! Un vin magnifique, à attendre absolument!

Château Chalon 1998, Jean Macle
Juvénile, une structure crescendo qui laisse percer la minéralité sous les arômes de jaune, d’une grande finesse, un vin totalement incontournable pour un amateur de jaune! Une bouteille immense, dans la lignée des grands vins de ce domaine.

Arbois Vin Jaune 1996, J. Puffeney
Arbois derrière Château Chalon, la différence saute aux narines et aux papilles! Puissant, étheré, avec des arômes de miel et d’épices, il est à la fois plus large, plus ample, plus parfumé, s’exprimant avec plus de caractère et de détermination. Moins de finesse, peut-être, mais pas au détriment de l’équilibre. Un style résolument différent, lié au mode d’élevage (caves non fraîche), qui va favoriser une teneur en éthanal plus importante.

Au total, une dégustation d'exception, avec quelques-uns des domaines phares de la région, reflet de la variété de style que l'on peut rencontrer dans le Jura. Et paradoxalement dans l'oxydatif également! Pas un de ces 3 jaunes ne se présentait de la même manière. Qui a dit que ce mode d'élevage nivelait tous les vins dans leur expression?

Olif