Nous avons 1843 invités et 37 inscrits en ligne

Situation alarmante pour certains...

  • Guest
  • Portrait de Guest Auteur du sujet
  • Visiteur
  • Invité

Situation alarmante pour certains... a été créé par Guest

Les jeunes viticulteurs du Bordelais très inquiets pour l'avenir

BORDEAUX, 18 mars 2004 (AFP) - "Si rien ne change cette année, il ne reste plus qu'à  mettre la clef sous la porte"... le constat de Denis, jeune viticulteur fraîchement installé dans l'Entre-deux-Mers, en Gironde, est amer. Comme lui, six jeunes agriculteurs sur dix se trouvent actuellement en "situation fragile" dans le Bordelais et leurs difficultés s'aggravent depuis trois ans, selon des chiffres publiés cette semaine par le Centre de gestion et de comptabilité agricole de la Gironde (CGCA).

"Les jeunes exploitations sont plus sensibles à  la crise viticole" liée à  la surproduction mondiale et la baisse de la consommation, souligne Denis Olivier, de la CGCA, qui a mené une étude sur la situation économique de 1.300 producteurs locaux.

Thierry, lui, a déjà  "baissé les bras": il vient de mettre en vente la propriété familiale de 27 ha qu'il gérait depuis dix ans en appellation Bordeaux pour les rouges.

"On aurait pu tenir 12 mois de plus mais la crise est telle que ça ne vaut pas le coup", affirme ce viticulteur de 35 ans qui envisage désormais de "devenir ouvrier viticole, en France ou ailleurs".

Le cours des vins en vrac n'a cessé de baisser depuis trois ans, pour atteindre le cours plancher de 850 euros le tonneau de 900 litres. Et ceux qui, comme Thierry, ont investi pour améliorer la qualité de leur production, en sont réduits, comme lui, à  vendre à  perte, alors que "certains négociants spéculent à  la baisse", comme le reconnait Xavier Carreau, le président de la Fédération des Grands vins de Bordeaux.

"Si ça continue, on va se retrouver au RMI", proteste Roland, viticulteur à  Sainte-Foy-La Grande, où le syndicat des Jeunes Agriculteurs a organisé cette semaine un débat sur le thème provocateur "Liquidation totale, Bordeaux à  1 euro".

Car la région bordelaise, qui a vu ses surfaces de vignobles augmenter de 10% en cinq ans, connait aujourd'hui un excédent structurel d'un million d'hectolitres.

Aussi les producteurs et négociants bordelais se sont-ils lancés dans une vaste réflexion pour tenter d'"éviter la catastrophe".

Arrachage temporaire, limitation des rendements, réforme de l'agrément, création de vin de pays, refonte de la stratégie de marketing, éducation pédagogique des consommateurs, relance de la consommation... tous ces sujets seront débattus lors des prochaines "Assises du vin" sur l'avenir de la filière prévues le 9 avril à  Bordeaux.

Signe de l'ampleur de la crise, des voix de plus en plus nombreuses bravent la loi du silence d'un milieu peu enclin à  l'autocritique pour dénoncer les "brebis galeuses" qui ternissent l'image des Bordeaux, exception faite des grands crus de renommée mondiale.

Montrés du doigt ouvertement, lors du débat organisé à  Sainte-Foy-La-Grande: les terroirs "inappropriés à  la viticulture" qui ont été plantés dans l'euphorie du boom de la fin des années 90 et les propriétaires qui commercialisent toute leur récolte alors que certains lots mériteraient la distillation.

Actuellement, 6 à  9 % des vins agréés en AOC (Bordeaux, Médoc, Côte-de-Bourg, etc...) sont "à  la limite impropres à  la consommation" et 25% "à  peine passable", a ainsi affirmé Christian Delpeuch, le président de l'Union des Maisons de Bordeaux. Et selon lui, "il y a toujours des négociants pour vendre" quelle que soit la qualité.

A défaut d'une reprise en main sélective, les jeunes viticulteurs qui se sont endettés pour améliorer la qualité de leur produit redoutent de disparaître en premier.
20 Mar 2004 16:37 #1

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck