Essayez de mettre la main sur quelques bouteilles de 2018, parmi les plus grands secs du millésime que j'ai pu boire.

Et le 2016? Lavinia fait des grandes braderies et le 2016 est à tout juste 40 euros.

C'est à peu près le prix "normal" en Allemagne (ces vins sont malheureusement peu disponibles en France). 2016 est également très bien (mais moins bien que 2018), donc pourquoi pas prendre quelques bouteilles. A vous de voir .

Oui, je sais que c'est le prix domaine à quelques centimes près. La petite cave est remplie et j'ai déjà du Doosberg en 2017 et mon objectif est plutôt d'encaver des GG de Mosel, Ruwer & Rheinessen car mes PJK & Dönnhoff couvrent la partie Rheingau & Nahe.

Weingut Peter Jakob Kühn - Oestricher Riesling Doosberg 2017 GG
Riesling de la Rheingau, viticulture biodynamique, philosophie se rapprochant du nature. Autre facteur distinctif : 18 mois de passage en fût. Sols de loess et argiles en profondeur. Exposition Sud-Ouest. A accompagné une barbue au beurre maître d'hôtel. Comme souvent, le vin s'est mis en place après 24h d'aération.

Oeil : La robe est d'un doré soutenu et pour tout dire très beau.

Nez : Le nez est amylique avec des arômes de fleurs blanches, kiwi, poire, les herbes aromatiques ainsi que des petites baies (grenades et groseilles) sont également de la partie. Le beurre de barratte ultra-frais avait une présence importante à l'ouverture mais s'est estompé 24h après. L'intensité aromatique est élevée et engageante.

Bouche : Une matière importante que l'on peut associer au passage en fût avec ce côté beurré est éperonnée par l'expression du fruit et finalement de l'acidité du riesling rhénan qui déchire cette masse et la prolonge avec une jolie finesse. C'est un fruit gorgé de soleil sans les amertumes des agrumes (plutôt ananas, kiwi, myrtilles ou papaye que citron, pomelos ou yuzu) qui est juteux et la trame finale est sur une acidité joliment soutenue par les quelques sels minéraux.

Accord : la barbue cuite 1h à 120 degrés avait une texture superbe et enlever la peau fût un jeu d'enfant. La fermeté de la chair sous la fourchette permettait de profiter d'autan plus fort du moelleux des morceaux en bouche. Le vin s'est accordé à la fois sur le volume amylique avec le beurre maitre d'hôtel dont l'assaisonnement recoupait une partie de l'aromatique primaire du vin ainsi que sur la texture ferme où la tension finale permettait d'alléger l'ensemble et préparer le palais pour la bouchée suivante. 

Conclusion : La bouteille était très bonne. L'évolution de la bouteille ainsi que la matière m'indiquent que l'apogée n'était pas si loin. Je pense que l'attendre 3 ans de plus aurait permis de mieux profiter de la finale saline, en permettant au côté beurré de mieux s'intégrer. Parfaite bouteille de gastronomie. J'ai lu que c'était une sorte de riesling bourguignon vu le passage en fût, en tout cas, sans notes de pétrole j'ai trouvé que l'acidité émergente en finale procurait un équilibre idéal à ce vin.

Par conséquent, l'horizontale des 4 GG (Doosberg, Jungfer, Lenchen, Skt Nikolaus) en 2018 que j'ai en cave attendra encore 4-5 ans. 

Rheingau - Weingut Peter Jakob Kühn - Hallgartener Hengelberg 2020 Kabinett
Erste Lage (2ème niveau de qualité de la classification des terroirs de la VDP). Viticulture bio & biodynamique. Sols composé de phyllites multicolores (roche de degré métamorphique intermédiaire entre l'ardoise et les micaschistes), jusqu'à 300m d'altitude avec une exposition Sud-Sud-Ouest. 16 mois d'élevage en fûts, pressage doux et 10° (ce qui doit donner un SR entre 20 et 50g/L).
Je continue à découvrir la gamme de PJK et passe cette fois-ci dans le Prädikat. 36h d'aération nécessaire pour la mise en place.

Oeil : La robe est très transparente d'un jaune doré clair avec des reflets verts.

Nez : D'une grande énergie, il était à l'ouverture emberlificoté de fruits acides, d'herbes aromatiques et d'une pointe de fruits exotiques. Il s'est considérablement ordonné après aération avec une dominante de citron vert, orange sanguine, menthe, abricot et fruit de la passion. Par analogie, 60% Fritz Haag et 40% Dönnhoff pour ceux qui connaissent.

Bouche : Initialement d'une énergie rutilante et sauvage, l'acidité laser était trop dominante pour être consensuelle. Après aération, la palette du nez se retrouve en bouche avec toute la dynamique du style Kabinett : un corps léger et particulièrement vif, dansant et rassérénant avec une persistance aromatique étonnante pour tant de légèreté. Le point remarquable est la durée de la finale constituée d'une très fine amertume d'orange sanguine qui - loin d'être désagréable au contraire de certaines de mes expériences sur des rieslings secs alsaciens dernièrement - fait se resservir. Les SR étant parfaitement éperonnés par la tension si bien que ce Kabi goûtent sec tendre en milieu de bouche (pour finir en sec sur cette belle finale).

Conclusion : Tellement facile de passer à côté par méconnaissance, j'ai trouvé ce Kabinett très surprenant et bien réussi pour mes goûts personnels. En effet, le degré alcoolique élevé pour le style ne se fait pas ressentir et cette cuvée parvient à associer la vivacité délicate et fruitée des Kabinetts mosellans à la Weiser-Künstler avec la densité du Rheingau. Par rapport au Kabinett de Corvers-Kauters bu récemment de la même région, je n'ai pas retrouvé la note fumée et minérale en finale mais le PJK a une personnalité plus affirmée et attachante pour ceux qui y sont sensibles.

A 15€, les bons Kabinett sont à mon goûts parmi les meilleurs RQP, le potentiel d'évolution et de garde est important, et cette bouteille se boit aussi bien à l'apéritif pour se dérider que sur de la cuisine sucré-salé.

 

Weingut Peter Jakob Kühn, Oestricher Klosterberg Erste Lage 2015, Rheingau
100% riesling / Sols de loess sableux riches en quartzite, à une altitude de 160 m / alc. : 12,5%

Un vin bu lors de cette dégustation .
Robe légèrement dorée.

Nez d’agrumes, de fruits exotiques, plus typé riesling que d’autres vins de la soirée.

Bouche très minérale, avec des terpènes, des agrumes (citron vert), des épices, un petit côté beurré. Belle Salinité et belle amertume minérale en finale. Belle longueur.

Un vin plus en finesse que le précédent. Très bien : 15,5/20.

Fred 

Peter Jakob Kühn - Riesling trocken 2013

Un caviste découvert depuis quelques semaines seulement et dont je suis déjà ami très proche (c'est inoui cette faculté à devenir pote des cavistes...) me tend cette bouteille "Tiens, j'ai trouvé ça au fond du foutoir, je te l'offre"

Nez éclatant de fruit à la fois citron mûr et fruit jaune, un peu de fumé, lointain terpène.
Bouche vive, aérienne, acidulée, fraîche, précise, gourmande, très jeune encore (annoncer 10 ans à l'aveugle relèverait probablement du prodige) avec un sucre résiduel qui me paraît conséquent. J'aurais rangé l'affaire dans les vins tendres mais m'y connaissant encore moins en vins allemands que français (c'est dire le niveau...) c'est peut-être considéré comme sec, là-bas, sous les tropiques d'outre-Rhin. Comme on s'en fiche un peu finalement du rangement dans les cases, on en arrive à la simple conclusion que c'est délicieux.

Je vais demander à mon nouvel ami de mieux fouiller dans ses réserves et de me faire signe au cas où.

Weingut Peter Jakob Kühn, Oestricher Klosterberg Erste Lage 2015, Rheingau
100% riesling / Sols de loess sableux riches en quartzite, à une altitude de 160 m / alc. : 12,5%

J’avais déjà bu ce vin il y a un an lors d’une dégustation à l’aveugle. Je le regoûte un an après lors de cette dégustation .
Le vin s’est encore bonifié/magnifié !
Robe : d’un doré léger.

Nez : assez intense sur les agrumes confits, les fruits blancs au sirop, le beurre, les terpènes, des notes minérales. C’est beau.

Bouche : verticalité, minéralité, ampleur, longueur, notes beurrées, épices, aspect volcanique. Très légèrement asséchant en finale mais un vin très impressionnant et racé.

Superbe : 17/20.

Fred