Désolé du retard, mais c’est à mon tour de donner mon impression sur ces grands Chavignol 2007, et autres intrus.
Domaine Enclos de la Croix – IGP Pays d’Hérault
Ce premier vin apporté par Eric avait pour but de nous rappeler (et apprendre pour certains d’entre nous) que le cabernet sauvignon est un cousin du sauvignon puisqu’il est un croisement du cabernet franc et du sauvignon. Vinifié en blanc, c’est donc un blanc de noirs, et il est d’habitude très « sauvignon ». A l’aveugle, nous nous sommes dits qu’Eric avait amené un sauvignon d’une autre région mais qui ne sauvignonnait que très peu, voire pas du tout !
Ouverte juste avant service, non carafée.
D’une robe très pâle, le vin s’est révélé très peu aromatique, tant au nez qu’en bouche. Celle-ci est très vive et tendue, ce qui doit pouvoir la faire apprécier sur des crustacés.
Assez Bien
Domaine Bailly-Reverdy – Les Monts Damnés – 2007
Ouverte 4h avant et carafée 2h avant service.
La robe est assez dorée.
Le nez s’exprime bien (plus qu’à l’ouverture de la bouteille) sur des arômes de fruits blancs et de grillé.
La bouche large, dotée d’une belle matière, est encore marquée par le bois, ce qui l’arrondit bien mais dans un style très « international ». Sur les feuilletés au chèvre maison, le vin prend de la tension.
Le reste de la bouteille bu cinq jours après s’est transformé : le boisé a fait place à de beaux arômes exotiques, l’ensemble étant bien fondu !
Bien + le jour J,
Très Bien cinq jours après.
Domaine Henri Bourgeois – Les Monts Damnés – 2007
Ouverte 4h avant et carafée 2h avant service.
La robe est très dorée.
Le nez expressif développe des senteurs de fruits blancs et exotiques.
La bouche, légèrement oxydative, présente un bon volume à l’attaque mais se referme assez vite sur une finale où les arômes réglissés signalent l’élevage. L’accord est réussi sur les rillettes aux deux saumons.
Bien
Le reste de la bouteille goûté cinq jours plus tard montre une accentuation nette de l’oxydation et fait apparaître des arômes peu avenants de pipi de chat…
Domaine François Cotat – Les Monts Damnés – 2007
Ouverte 36 h avant et carafée 2h avant service.
La robe est de couleur paille.
Le nez intense et part sur les fruits blancs, avec des notes florales (rose) et une touche végétale (menthe). J’avais déjà noté les fruits blancs et la menthe à l’ouverture de la bouteille, mais avec des arômes lactés qui ont disparu.
La bouche est d’abord ample et expressive puis une belle fraîcheur prend le dessus et se teinte d’une fine amertume en finale.
Très Bien mais manque un peu de personnalité à ce stade par rapport à l’attendu.
Domaine Gérard Boulay – Clos de Beaujeu – 2007
Ouverte 36 h avant et carafée 3h avant service.
La robe est de couleur paille.
Le nez qui était discret mais fin à l’ouverture de la bouteille a gagné en intensité. Les fruits blancs se marient aux agrumes, avec une touche d’anis.
La bouche est flatteuse, enrobante, dotée d’une belle matière. Elle donne une impression de sucre résiduel, mais ce n’est pas du tout sûr qu’il y en ait… La finale est plus stricte mais bien persistante.
Très Bien ++
Domaine François Cotat – Culs de Beaujeu – 2007
Ouverte 36 h avant et carafée 3h avant service.
La robe est aussi claire que les deux vins précédents.
Le nez engageant est assez étonnant, non par ses arômes prégnants de mandarine mais par ses notes gréseuses.
Plus rigoureuse que celle de Boulay, la bouche possède une matière concentrée mais qui ne se libère pas encore. On sent le gros potentiel de cette bouteille qui s’est pour moi mieux accordée avec les délicieuses gambas Daniéli (fines herbes et curcuma).
Très bien (+) pour le moment…
Domaine Edmond Vatan – Clos de la Néore – 2007
Ouverte 36 h avant et carafée juste avant service.
La robe est encore de couleur paille.
Très légèrement réduit à l’ouverture de la bouteille, le nez fait preuve, plus d’un jour et demi après, d’une belle complexité avec des arômes aussi variés que la pêche, la réglisse et le champignon.
J’ai aimé le beau gras à l’attaque et une matière toute en chair bien mûre, ainsi que la finale où la finesse se dévoile mieux.
Pour moi, le vin n’était pas bouchonné ! On a tous des sensations différentes et je conçois que deux convives sur douze aient pu le trouver bouchonné. En revanche je ne comprends pas le commentaire de Matthieu, que je vais taquiner un peu
: « Le nez est joli, de fruit mûr » puis « Rien à faire, pour moi c'est imbuvable ». Si un vin est bouchonné, cela se sent au nez, surtout si la bouche est marquée à ce point, non ? C’est d’autant plus étonnant que, pour ma part, c’est au nez que j’ai ressenti des notes de champignon et pas du tout en bouche. Il est vrai qu’avec le service des vins j’ai eu moins de temps que les autres pour forger et conforter mon jugement.
Très bien.
Domaine Alphonse Mellot – Cuvée Edmond – 2007
C’est le premier intrus, sur un terroir de caillottes, donc calcaire, contrairement au terroir de terres blanches, ou marnes kimméridgiennes, de Chavignol.
Ouverte et carafée 3h avant service.
Cette fois-ci la robe est nettement dorée.
Le nez est puissant, axé sur les fruits secs, avec également du grillé et des fruits blancs.
La bouche déroule la même aromatique tout en étant large, ample et dense. On sent l’élevage luxueux et une légère oxydation que j’apprécie, même si ce n’est pas vraiment ce que l’on attend d’un Sancerre ! L’énorme différence avec les autres vins ne provient manifestement pas du terroir mais de l’élevage…
Il écrase d’ailleurs le râble de lapin au chou vert, très fin, qui s’était mieux accordé à La Néore.
Très bien +
Domaine Gérard Boulay – Comtesse – 2007
Ouverte 36 h avant et carafée juste avant service.
On retrouve les robes de couleur paille de Boulay et Cotat.
Le nez dévoile une superbe finesse, sur des arômes fruités complexes : fruits blancs, agrumes et fruits exotiques.
La parenté en bouche avec le Clos de beaujeu est évidente, avec la même gourmandise, mais d’une opulence supérieure. Ce vin s’est d’ailleurs accordé à merveille avec un poulet au curry et à la mangue.
Excellent.
Domaine François Cotat – La Grande Côte – 2007
Ouverte 36 h avant et carafée juste avant service.
Le nez n’est pas très expressif, plutôt sur des arômes pierreux voire gréseux et fumés. Il l’était plus à l’ouverture de la bouteille, sur les fruits exotiques et le menthol.
La bouche est droite, la matière contrainte mais sous-jacente.
Cinq jours plus tard, le vin a les mêmes arômes, avec un peu de fruits exotiques en supplément, et plus d’expression et de volume en bouche, toujours marquée par la minéralité.
Bien +(+) le jour J (moi je l’ai préféré au blanc de noirs
),
Très Bien après cinq jours.
Domaine Vacheron – Les Romains – 2007
Il s’agit du deuxième intrus, cette fois-ci sur un terroir de silex.
Ouverte et carafée trois heures avant service.
La robe présente un bel or clair.
Le nez est abouti et élégant, composé d’arômes floraux et fruités et nuancé de notes minérales du plus bel effet.
En bouche la sève remarquable et la matière corsée se combinent à une tension énorme pour aboutir à un équilibre remarquable. La finale très sapide se prolonge encore et encore…
Pour ne rien gâcher, le mariage avec le chèvre sec de Chavignol est des plus réussis. Et pourtant le vin n’est pas du même village !
Excellent.
Domaine Gérard Boulay – Les Monts Damnés – 2007
Ouverte 36 h avant et carafée juste avant service.
Dans mon esprit ce devait être le plus tendu des trois cuvées de Boulay, c’est pourquoi je l’avais réservé pour le fromage de chèvre. Des notes de réglisse très prégnantes à l’ouverture de la bouteille et une bouche assez riche auraient dû m’alerter…
La robe est de couleur paille, pas de loup de ce côté-là.
Le nez d’une belle finesse nous fait voyager entre les fruits blancs et les fruits exotiques.
La bouche est gourmande, décidément un marqueur des cuvées de Boulay sur ce millésime, mais tellement gourmande et suave qu’on a nettement l’impression de SR. Cette fois-ci ce pourrait ne pas être qu’une impression… Heureusement elle propose aussi avec brio une bonne vivacité et une finale plus digeste.
Très Bien +
Domaine des petits Quarts – Coteaux du layon – 1990
Pour finir avec le dessert, pas de liquoreux de Sancerre dans ma cave ! C’est donc cette vieille bouteille qui a fait le job.
Ouverte et carafée juste avant service.
La robe est d’un or fluo un peu suspect (merci à Matthieu qui me souffle que cela peut provenir d’un excès de soufre, ce qui a comme conséquence de stabiliser non seulement le vin mais aussi la couleur).
Le nez est disert, surtout floral, ce qui peut aider à reconnaître le chenin.
Les sucres se sont bien fondus et la bouche se présente ainsi assez équilibrée avec une acidité correcte. Pour moi la troisième composante, la matière fruitée, n’est cependant pas au rendez-vous.
L’accord est naturellement très bon avec la tarte aux pommes caramélisées.
Bien +
Mon tiercé gagnant sera sans surprise proche de ceux de Matthieu et Julien :
1. Vacheron – Les Romains
2. Boulay – Comtesse
3. Boulay – Clos de Beaujeu
C’était une dégustation sympa, même si deux grands noms n’ont pas été vraiment au rendez-vous, sans doute car trop jeunes. On recommencera, mais avec d’autres thèmes car je n’ai pas toutes ces bouteilles en double !
Merci à Franck qui m'avait donné des conseils sur l'ordre de service et qui m'avait aussi conseillé d'attendre une dizaine d'années de plus, mais je craignais d'une part que les vins des autres producteurs que Cotat et Boulay ne puissent attendre, et d'autre part que je sois moins en forme dans dix ans !
Jean-Loup