SERIE 3 : "LES VINS A AVALER"
Ok nous avons faim...
Mais n'empêche, toutes ces bouteilles chemisées que l'on nous indique comme à boire... C'est à dire étrangères (non suisses).
C’est tentant.
C'est que nous avons le gosier sec à force de déguster
.
Puisqu'il faut savoir souffrir et que les rumeurs de l'appréciation d'Yves lui faisant pétiller les yeux avant son départ titillent certains qui trépignent (mais non il n'y pas que Claudius qui s'impatiente), nous passons sans attendre à
LA Série.
Celle humblement intitulée "Les vins à ne pas recracher… Voire à avaler ».
Cornalin ajoute : "
Les vins goulûment avalés" tandis que Claudius et FrançoisC se contentent d’un simple : «
Enfin ! ».
Vous l'avez compris, n'étant jamais trahis que par les siens, nombre de convives ont amicalement souhaité faire plaisir à ceux qu'ils allaient rencontrer en apportant des bouteilles non suisses, pour le plaisir de nos gourmands palais.
Rien d’helvète donc...
«
…Mais si ! », dit Claudius toujours bien informé, "
Saint-Emilion a été rattaché à la Suisse, non ?".
.
Winemega-Alain est le moins enthousiaste (comme le montre cette photo :
) en s’exclamant :
«
Pourvu qu’il n’y ait pas de Bordeaux… J’aime pas ça ».
Elle est bonne celle là.
Les 8 bouteilles (PAS DE MODERATION !! – PLUS DE MODERATION !!!) sont disposées camouflées, mais dans un ordre lié à ce que chacun des contributeurs indique rapidement comme typicité à trouver (Nous oublions juste les 2 bouteilles d'Aidan qui auraient peut-être dues être goûtées avant, mais comme nous le verrons elles s'en sont bien sorties).
Bouteille n°1 apportée par FrançoisC :
Robe : assez évoluée, tendant vers le vieux rose, mais suffisamment soutenu pour être alléchant.
Nez : un peu sur l’asperge, mais rapidement il prend des tournures évanescentes de fleurs. Aucune idée de ce que c’est.
Bouche :
Habitués aux vins relativement musclés des séries précédentes nous sommes un peu désarçonnés.
Mais la bouche se fait tendre, ciselée. Quelle finesse ! Comme les subtils dégradés de la robe.
Les arômes se découpent comme la lumière du coucher de soleil qui nous a envoûtée à notre arrivée, se dévoilant par profonds paliers sur les épices.
C’est relativement ancien, mais c’est quoi ?
«
Du 90% grenache » indique FrançoisC…. Oui, mais encore… encore un p’ti verre pour se faire une idée
…Allez juste une goutte… Mince y’en a déjà plus.
Solution : C’est, c’est…. Nous n'allons pas vous mâcher le travail tout de même.
Encore moins alimenter les conflits « Bettaniens »
… Si c’est pas un indice ça !
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Ok, nous avons bien franchi la frontière et comme pour faire plaisir à Winemega-Alain ce n’est pas un Bordeaux …..C’est, ….
C’est un
« Châteauneuf du Pape 1999» de chez Rayas. Rien que ça !
Merrrrrrcccccccccccciiiiiiiiiiiiiiiii FrançoisC
.
Etonnant et typique du domaine ce côté évolué (mais si fin) pour une bouteille plutôt jeune.
FrançoisC nous indique qu’il a la chance de suivre la maison d’année en année et qu’à part le 1995 (dont il n’a plus de flacon), c’est toujours le cas.
Bouteille n°2 apportée par Claudius :
Robe : Grenat sombre. Magnifique de profondeur.
Nez : Plutôt fermé.
Bouche :
Elle est finement épicée avec du corps. C’est profond sans trace de boisé si ce n’est une petite torréfaction discrète.
La finale est une peu courte, mais c’est du bon vin qui mérite d’être avalé. Il n’a pas l’air français.
Solution :
En effet, ce n’est pas un vin français, c’est un
« Falesco Montiano Lazio Merlot 2001 » - du Latium italien
.
Pour un vin à 37 francs (25€) c’est top. Même s’il était plus cher cela vaudrait la dépense malgré la finale qui mériterait mieux car on aimerait avoir des vins bien faits comme celui-ci plus souvent.
Bouteille n°3 apportée par L’eaurend :
Robe : un parfait rubis.
Nez : du lait frais et tiède qui sortirait de la vache
. Difficile de passer au delà à part finalement dénicher une petite pointe de caramel.
Bouche :
C’est mieux. Elle est suave quoique un peu fluette. Finale un peu courte.
Le vin reprend du corps avec l’air. C’est rond et agréable. Pas aussi grand que les 2 précédents, mais intéressant et bon.
Solution :
Là encore ce n’est pas un vin français, c’est un ibérique
« Dominio de Tares » - Cepas Viejas
.
Bouteille n°4 (en fait une 1/2 bouteille la seule de la soirée) apportée par dfried :
Je suis assez fébrile car impossible de rattraper le bouchon qui glisse inexorablement dans le flacon. La nappe en profite un peu pour goûter quelques gouttes avant nous lorsque je commence le service.
J’ai un doute avec ce vin retrouvé récemment en ½ bouteille dans ma cave et qui pourrait être défectueux…
Robe : rubis avec quelques teintes brunes d’évolution.
Nez : fruits rouges mûrs, fondus avec une ombre de poivron. J’ai un peu peur, mais au moins pas de TCA. Après avoir bien aéré le contenu de leur verre, Claudius et Winemega-Alain s’accordent sur le «
plaisir du nez ».
Bouche :
Humus, sous-bois, quelques arômes tertiaires. Mais aussi et surtout du fruit, des baies noires et du pruneaux. Bel équilibre et belle longueur.
Stéphano a le sourire : «
Plaisir en bouche ! » s’exclame-t-il avant de lorgner du côté de ce qui reste dans la ½ bouteille.
Personne n’arrive a trouver le terroir, si ce n'est de ce diriger à l'évidence vers le Bordelais. Aidan pense à un Moulis, Claudius à Calon Ségur 1988.
A leur décharge, j'ai goûté ce vin en bouteille il y a quelques temps. Il se montrait plus jeune et typique, mais tout aussi rond et soyeux.
Solution :
C’est un
« Lynch-Bages 1990 » Pauillac. Nous ne l’avions pas goûté lors de notre horizontale zürichoise de mai dernier. Cela ne fait que nous conforter dans notre confiance envers ce millésime et pour Lynch Bages lorsque le millésime est grand.
Bouteille n°5 apportée par dfried :
C’était une bouteille que j’avais promis à Claudius. Mais il ne la reconnaît pas dans un 1er temps.
Robe : Grenat sombre et profond.
Nez : On sent presque la puissance au nez, mais les fruits noirs sont présents avec un écho légèrement torréfié. Un 2nd nez se fait plus précis et fin. Claudius (qui semble-t-il a la chance d'avoir plus de nectar dans son verre et prend son temps) est hypnotisé par le nez. Il n'arrive pas à décoller le sien du verre et est frappé par "
(...)la finesse et la complexité de ce bouquet qui me charment profondément. Un tout organique où chaque élément est à sa place et joue un contrepoint sans erreur. ".
Bouche :
Autour de la table les exclamations sont assez flatteuses.
«
Plus de commentaire analytique, place à l’hédonisme » indique notre «ordinateur humain» Cornalin
.
C’est une preuve de la qualité de la bouteille. Tant mieux. Nous n'allons pas bouder notre plaisir. Avalons goulument, nous réfléchirons plus tard...
Le vin offre du fruit, de la concentration et une trame serrée. Mais transperce déjà le velouté qui n’attend que les années pour se faire vraiment velours. Texture soyeuse et longueur exemplaire. Comme je l’avais indiqué dans un CR il y a quelques mois, le potentiel d’amélioration est évident.
Aidan repère à la longue un petit côté qu’il qualifie de féminin, ce qui le met soudainement sur la piste de l’origine.
Solution :
Aidan a raison c’est bien un Margaux. Plus précisément il s'agit de
« Palmer 1999 ».
Je continue a trouver ce millésimes plein de très bonnes surprises et ce domaine de très haut niveau.
Bouteille n°6 apportée par Paski55 :
J’avais poussé à ce que cette bouteille soit dégustée après les autres car quelles que soient leurs qualités celle-ci les surpasse.
En effet, passer après les nectars qui venaient de nous donner tant de plaisir, ne fera qu’ajouter à la réussite du vin de Paski55.
A noter que j’en avais goûté une minuscule gorgée une petite ½ heure plus tôt sans savoir ce que c’était.
Je goûte donc ma dose à l’aveugle comme les autres.
Robe : sombre, jeune avec des reflets flamboyants.
Nez : de la pivoine, mais aussi du poivre et des épices (Saint-Julien ?), des fleurs des champs (Pomerol ?... non trop viril).
Nous imaginons bien qu’avec un carafage le vin délivrerait des senteurs d’une complexité rare. Mais il est déjà flatteur même s'il demeure déroutant.
Bouche :
Masse tannique. Enorme texture et tout aussi grand potentiel. C’est puissant, mais il y a du fruit (mûres, cerise), du beau végétal (et pas de poivron). En écho encore une petite touche de pivoine. Certes, le vin a besoin de nombreuses années pour trouver son harmonie. Mais quelle musique déjà. Comment peut-on à la fois être si massif et offrir tant de texture dans le même temps.
Des idées fusent. Mais personne ne trouve à la grande ironie de Paski55.
Il indique à Claudius et à moi que cela devrait nous dire quelques chose au vue de certains de nos commentaires sur le Forum, et de notre dégustation relative aux 90…
J’ai un doute. Ce n’est tout de même pas un jeune Saint-Estèphe ?
Ce serait bien plus austère.
Solution :
Bah si…..
Hé oui Luc, mais si Milleret, il n’y a pas que Haut-Brion 1989 dans la vie, il y a aussi…….
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« Montrose 2003 », Saint-Estèphe de tous les excès financiers comme extatiques. Devil's in me
.
J’ai eu la chance de pratiquer quelques millésimes du domaine et j’ai toujours le préjugé d’un vin magnifiquement prometteur mais extrêmement dur dans sa jeunesse. Là c’est un bouquet expressif. Encore une autre exception de l’année 2003 ? Je m’en fiche, c’est juste fabuleux.
Merci Oh Grand Paski55, pardon
Paski66, pardon Paski77, …. Non Paski100/100
Non, je ne peux pas faire ça… Il faut que je vous avoue tout (la vérité me libérera).
C’est une horreur en fait.
Scandaleux ! Dire que des gens se sont battus jusqu'au sang en primeurs puis en FAV pour en avoir. Certains se sont même attendus en bas des chez eux après s'être frappés vitruellement sur le Forum.
Pauvre d’eux, tout ça pour ça.... C’en est désespérant.
Quelqu’un a des bouteilles à me donner
?
(NB : Paski55 est également prêt à vous aider avec sa camionnette)
C’est humanitaire, pour vous débarrasser avant Noël. Vous aurez tellement de meilleurs vins à encaver (les 2005, 2006, ...), dommage de ne pas leur laisser la place qu'ils méritent…
Non ?! Vous êtes sûrs ? C’est vraiment certain ?
Même si je vous informe que ce n’est qu’un 85 Parker qui a décidé de porter plainte contre le domaine pour escroquerie ?;
«
Un vin sans terroir donc sans pedigree » selon Bettane ?
«
Un vin qui aurait mérité que l’on y ajoute du sucre, voire du sirop de fraise » Selon J.M. Quarin
;
Et surtout un vin que «
(...) Je ne boirai même pas après ma mort » d’après une interview exclusive de F.Audouze sur la TSR…
C’est à tel point médiocre et décevant que Claudius s’est mis au blanc depuis
.
Vous me dites si je ne suis plus crédible là
.
Mais il faut se remettre au labeur car il reste 2 bouteilles.
Pauvre Aidan, nous les avions oubliées dans un coin...
Passer après Montrose 2003...
Bouteille n°7 apportée par Aidan :
Robe : jeune et sombre.
Nez : très cassis et même fleur de cassis comme l’indique Cornalin.
Bouche :
C’est rond et soyeux. Vraiment bon et bien plus complexe que le nez ne le laissait présager. Vraiment très harmonieux avec un joli équilibre fruité, de la rondeur et de la matière en bouche.
La finale moyennement longue reste très fine.
Très agréable et gouleyant !
La bouteille après le monument Montrose 03 réussit à nous émouvoir.
Bravo Aidan !
.
Solution :
Et en plus c’est un vin chilien, le
« Dix de Los Vascos 1999 », des Domaines Barons de Rothschild (Lafite).
La contre-étiquette outre un laïus incompréhensible indique que ce vin commémore le 10e anniversaire des Domaines Barons de Rothschild au Chili.
Dire que l'on trouve ce vin à la Coop...
Je suis vraiment surpris, moi qui ai souvent un préjugé défavorable dès que je vois les 3e, 4e, 5e, etc. vins de domaines prestigieux étendant leur marketing sur tous les continents.
Comme le rappelle Claudius c’est d’autant plus insolite, qu’il est très difficile de trouver des bons vins sud-américains en dehors de leurs pays de production respectifs à cause d'une politique d’export très restrictive.
La classe Aidan !
Et voilà la dernière bouteille :
Bouteille n°8 apportée par Aidan :
Robe : très jeune, tirant sur le vermillon.
Nez : sur la finesse fleurie. C’est assez séduisant.
Bouche :
Un peu tannique, mais agréablement fruité. Cependant, plutôt que de s’améliorer avec le temps le vin se termine de plus en plus abruptement.
On attend plus d'équilibre et moins de sécheresse.
Je ne pense pas qu’il s’améliorerait.
Solution :
C’est un vin espagnol «
Casa De La Ermita – Jumilia 2001 ».
Bof
Quelle série !!!!!!!!!!
C’est effectivement une toute autre dimension que nous avons approchée là.
Pas de réduction chevaline, ni de boisé ou d'acidité outrancière.
Une frustration : ne pas avoir l'occasion d'étudier l'évolution de ces vins tout au long de la soirée.
Comme pour les autres séries, nos CR sont donc des moments volés au temps T. de la vie de ces vins. Mais le plaisir est réel .
Certains (non je ne dénoncerai pas Paski55 ni Stéphano
) ont l’intelligence (et la longue expertise) de rapprocher certaines bonnes bouteilles de leur assise.
Nous passons à un autre grand moment de la soirée : le repas.
.
Yves rate malheureusement un magnifique dîner gourmand et fin.
Riz blanc basmati qui accompagne de l'agneau à l'indienne avec de vraies épices (muscade, bâtons de canelle, …). Miam.
Crevettes, houmous à l'ail (attention Aidan), salade verte assaisonnée tip top, très bon pain, jambon de parme tranché finement et à point.... Et surtout hummmmm, une belle tête de Moine sur sa girolle
.
Les desserts sont à l'avenant. Jolie tarte aux myrtilles apportée par FrançoisC, nougat, mais aussi quelques bons chocos pralinés aux différentes saveurs apportés par votre serviteur et quelques petits cigares pour la fin (/faim)
.
Sans oublier les meringues double-crème (fournies par Yves ?).
Il y en a pour 20 personnes, mais l'ambiance aidant nous raclons les plats.
Inutile de dire que toutes les bouteilles de vin rouge restées sur la table ne sont plus que des cadavres.
Quand je vous disais que nous étions aussi assoiffés qu'affamés...
.
La conversation se fait débridée. Passant des merveilles dégustées aux sujets plus généraux. Les convives ont encore plus de talents que les flacons et chacun apporte sa touche de bonne humeur communicative et de partage.
Quelle soirée
!!!! (Ca va de mieux en mieux moi...).
Mais le temps passe trop vite et Claudius et moi voyons l'heure avancer à grand pas avec inquiétude (et déjà de la nostalgie
).
Si nous ne voulons pas rater le dernier train pour Zürich, le 22h39 précises (enfin le train à 3 changements pour faire Grandvaux - Zûrich HB de 22h39 à 1h27 soient presque 3 heures... Un record par temps sec ici), il nous faut revenir à la dégustation de la dernière série consacrée aux liquoreux suisses.
@ suivre,
dfried